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Posts Tagged ‘mésaventure’

Le chou (Charles Dobzynski)

Posted by arbrealettres sur 12 février 2020




    
Le chou

Un chou se prenant pour un chat
léchant son museau moustachu,
sa bedaine de pacha,
à ses feuilles s’arracha,
pour prouver que sous son poncho
couleur d’artichaut,
son pelage était doux et chaud,
sa queue de soie, sa robe blanche.

En miaulant à belle voix,
le chou se percha sur un toit,
puis dansa le cha-cha-cha
de branche en branche.
Or, le chou n’était pas un chat
aux pattes de caoutchouc,
sur la ramure il trébucha,
et c’est ainsi que le chou chut
fâcheusement et cacha
sa piteuse mésaventure
dans un gros tas d’épluchures.

(Charles Dobzynski)

Recueil: Les poèmes ont des oreilles
Traduction:
Editions: Rue du Monde

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Le Mal était actif dans le pays (Hilda Doolittle)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2016



le-caducee

Les murs ne tombent pas
[2]

Le Mal était actif dans le pays,
le Bien appauvri et triste ;

Aventure promise à un triste sort,
le Bien était gras et béat ;

le Mal-in nous poursuivait,
paré tel Jéhovah ;

le Bien était la cosse sans goût,
dépouillée de la fève de manne, de lentille

ils étaient furieux quand nous fûmes affamés
de nourriture, Dieu ;

ils ont arraché nos amulettes,
les charmes ne sont pas, dirent-ils, la grâce ;

mais les dieux voient toujours dans les deux sens,
sur les anciennes routes cherchons la présence

de la vraie-rune, la bonne formule,
recouvrons d’anciennes valeurs ;

sans écouter s’ils crient
ta beauté, Isis, Aset ou Astarté,

est une catin ; tu es rétrogressif,
zélote, rêvant des anciens lieux de plaisir ;

ton coeur, en outre,
est un chancre mort,

ils continuent, et
ton rythme est l’hymne du malin,

ton style est plongé dans le corrosif sublimé,
comment peux-tu gratter

l’encre indélébile du palimpseste
de la mésaventure passée ?

{3]

Laissez -nous, néanmoins, récupérer le Sceptre,
la verge du pouvoir :

elle est couronnée par la fleur de lis
ou le bouton de lis :

c’est Caducée ; parmi les mourants
il porte la guérison :

ou évoquant les morts,
il apporte la vie aux vivants.

***

Evil was active in the land,
Good was impoverished and sad;

Ill promised adventure,
Good was smug and fat;

Dev-ill was after us,
tricked up like Jehovah;

Good was the tasteless pod,
stripped from the manna-beans, pulse, lentils:

they were angry when we were so hungry
for the nourishment, God;

they snatched off our amulets,
charms are not, they said, grace;

but gods always face two-ways,
so let us search the old highways

for the true-rune the right-spell,
recover old values;

nor listen if they shout out,
your beauty, Isis, Aset or Astarte,

is a harlot; you are retrogressive,
zealot, hankering after old flesh-pots;

your heart, moreover,
is a dead canker,

they continue, and
your rhythm is the devil’s hymn,

your stylus is dipped in corrosive sublimate,
how can you scratch out

indelible ink of the palimpsest
of past misadventure?

Let us, however, recover the Sceptre,
the rod of power:

it is crowned with the lily-head
or the lily-bud:

it is Caduceus; among the dying
it bears healing:

or evoking the dead,
it brings life to the living.

(Hilda Doolittle)

 

 

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