Posts Tagged ‘mesquin’
Posted by arbrealettres sur 14 mai 2022

Illustration: Amedeo Bocchi
Quoi qu’il en soit
Soit la nuit la plus noire, et plus profonde,
Et gelée, et sombre la mer des monstres:
Soit l’oeil de Dieu comme celui du serpent :
Une fente d’écailles dans une pierre.
Soit le centre de la terre feu ou cendres,
Et plus tortueuse et sulfureuse la cicatrice
Des incendies qui vont d’un côté à l’autre
De cette face mesquine, lamentable.
Soit la rue la plus longue et découverte,
Et à son extrémité le plus haut mur qui
De la suspension du pas fait commerce
D’étoffes ternes et d’ors sans poinçons.
Soit le fruit le plus pourri et trompeur,
Entre la main et le blé l’araignée noire.
Soit la chaleur du soleil autre fantasme
Dans la froideur de la grotte des spectres.
Soit le monde mordu et toute la chair
Par les mandibules difformes ou ventouses,
Ou des aiguilles mortelles de combien d’êtres
D’autres terres du ciel descendant sur celle-ci.
Peu importe quoi que ce soit, ou vienne à être,
Ou ait été de douleur et d’agonie,
De misère, épouvante et amertume,
Si ton ventre s’ouvre et me cherche.
***
Ainda que seja
Seja a noite mais negra, e mais profundo,
E gelado, e sombrio o mar dos monstros.
Seja o olho de Deus como o da cobra:
Urna fenda de escamas numa pedra.
Seja o centro da terra fogo ou cinzas,
E mais torta e sulfúrea a cicatriz
Dos incêndios que vão de lado a lado
Desta face mesquinha, lamentável.
Seja a rua mais longa e descoberta,
E mais alta a parede que ao fim dela
Da suspensão do passo faz comércio
De panos baços e ouros sem contraste.
Seja o fruto mais podre e enganoso,
Entre a mão e o trigo a aranha preta.
Seja o calor do sol outro fantasma
Na frieza da gruta dos espectros.
Seja o mundo mordido e toda a carne
Pelas mandíbulas disformes ou ventosas,
Ou agulhas mortais de quantos seres
Doutras terras do céu desçam a esta.
Seja là o que for, ou venha a ser,
Ou tenha sido em dor e agonia,
Em miséria, pavor e amargura,
Se o teu ventre se abre e me procura.
(José Saramago)
Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond
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Posted by arbrealettres sur 14 juin 2018

L’AMOUR, AU SOIR, INSPIRE LE РOÈTE
Au coeur de la forêt se taisent les corneilles;
Mon âme a délaissé ses plus sombres soucis,
La lune vierge envoie ses baisers indécis,
Ses caresses vermeilles,
Aux branches que couronne un millier de bourgeons.
Sur ce nouvel amour glisse ton blanc visage,
Tout se tait : prés, bois, ciel. Aucun bruit. Nul orage.
Et se taisent aussi les plus fières chansons.
Mais finiront un jour ces exquises merveilles,
Ce miracle éternel. Par de nouveaux soucis
Les coeurs seront transis.
As seront pris d’assaut comme le sont les treilles
Que la corneille coiffe. Et la lune en déclin
Mon rêve entraînera. Le combat sera triste.
Et sur ce point, j’insiste :
Il sera, je le sais, décidément mesquin.
Je suis Dieu, infime clochard. J’attends la brune…
Pour créer de mes mains une nouvelle lune.
(Attila József)
Recueil: Aimez-moi – L’oeuvre poétique
Traduction: Georges Kassaï
Editions: Phébus
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Posted by arbrealettres sur 3 mars 2018

Illustration: Pierre Bonnard
Que le jour semble étroit
que la lumière aujourd’hui paraît terne
et mesquine
ah que ne donnerais-je pour revoir
les incandescences et éclaboussements de jaune
les ondoiements bleu azur ou lilas
les marbrures ocre orangé
les palpitations des roses violets et vermillons
d’une peinture de Bonnard
(Jean-Pierre Chambon)
Recueil: Tout-venant
Traduction:
Editions: Héros-Limite
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Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2018

Chaque caillou
Chaque caillou rêve de lui-même
Chaque feuille a un projet
Le soleil a le désir
de voyager sur un rayon
Vaincu je ne peux offrir
mon coeur à la paix sainte
parce que je rêve de chaînes
et je rêve de liberté
J’ai dit cela au prisonnier
qui a tué celui que je hais
J’ai dit cela au mineur qui
a extrait mon assiette d’or
Ainsi je vis en enfer
car je rêve que l’enfer est
la distance que j’ose mettre
entre ma main et la sienne
J’ai rêvé de mon corps cette nuit
J’ai rêvé de l’univers
J’ai rêvé j’ai rêvé un millier d’années
afin de répéter
les sept jours des merveilles
quand, tiré de la brume
j’étais vêtu de nudité
et souffrais d’exister
J’ai rêvé qu’on me donnait une chanson
comme seule preuve
que ma vraie demeure avec toi
n’a ni poutres ni chevrons
ni fenêtres pour voir au-dehors
ni miroirs pour voir au-dedans
ni chansons pour en sortir
ni mort pour commencer
O mon enfant voici ton rêve humain
voici ton sommeil humain
et ne désire pas tant grimper
loin de ce qui est sain et profond
J’aime le rêve que tu as commencé
sous l’arbre toujours vert
J’aime le caillou et le soleil
et tout ce qui se trouve entre eux
Et pour cette conversation
dans la première lumière de l’aube
J’offre ces jours mesquins
qui s’effilochent sous tes yeux
Et je ne sais combien de jours
passeront avant ma délivrance
et ce qui restera de cette chanson
que tu as mise sur la langue de ta créature
(Léonard Cohen)
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Léonard Cohen), aimer, arbre, assiette, au-dehors, brume, caillou, chaîne, chanson, chevron, coeur, commencer, conversation, corps, créature, délivrance, désir, désirer, distance, donner, enfant, enfer, exister, extraire, feuille, haïr, humain, langue, liberté, main, merveille, mesquin, mineur, miroir, mort, nudité, offrir, or, oser, paix, poutre, preuve, prisonnier, projet, rayon, répéter, rêver, s'effilocher, saint, soleil, sommeil, souffrir, tuer, univers, vaincu, vert, vivre, voyager | 2 Comments »