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Poésie

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Je pense que je pense et d’y penser je suis (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2023



Illustration: Salvador Dali
    
Je pense que je pense et d’y penser je suis
Et ne suis parce que je pense
Et ce triste savoir embrouille ma science
Ajoute une nuit à mes nuits.

Que ne suis-je sans être et sans une mémoire
Mêlant le demain et l’hier
Et qui déroule en moi cette mouvante moire
Dangereuse comme la mer.

Mieux me va le sommeil et son vague mélange
Où je ne me charge de rien
Et son théâtre obscur dont la pièce me change
En un moi qui n’est plus le mien.

(Jean Cocteau)

 

Recueil: Clair-obscur
Traduction:
Editions: Points

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Je rêve de nommer les roses (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2022



 

Je rêve de nommer les roses avec la langue qui est la sienne,
et pas seulement avec les mots courants.

(Christian Bobin)

 

 

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Toutes les vies (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022



 

 

Toutes les vies me semblent plus réelles que la mienne.

(Christian Bobin)

Illustration: Euan Macleod

 

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AUX POÈTES (Bernard Dadié)

Posted by arbrealettres sur 6 juin 2021



Illustration: Pierre Paul Marchini
    
AUX POÈTES

pêcheurs d’aurores
briseurs de chaînes
dans la nuit,
Moissonneurs d’étoiles
Vieux paladins,
courant le monde,

Ma terre geint de tous les murmures
Mon ciel gronde de tous les cris étouffés

J’ai mal aux angles
Dans ma cage
Dans mon silence d’acier
d’orage.

Pêcheurs d’aurores
Moissonneurs d’étoiles
Faites-le Jour autour de moi,
Le jour autour des miens.

(Bernard Dadié)

 

Recueil: Anthologie Poésie africaine six poètes d Afrique francophone
Traduction:
Editions: Points

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J’habite sans rêver les décombres d’un cri (Luis Mizón)

Posted by arbrealettres sur 20 octobre 2020



J’habite sans rêver
les décombres d’un cri
qui n’est pas le mien.

Un paysage déchiré
uniquement lu par le vent

la cigale et le grillon.

(Luis Mizón)


Illustration

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Tu me tends une main qui n’est pas la tienne (Anise Koltz)

Posted by arbrealettres sur 8 septembre 2020




    
Tu me tends une main
qui n’est pas la tienne
La mienne non plus
ne m’appartient pas
Comment s’aimer
avec ces formes empruntées

(Anise Koltz)

 

Recueil: Somnambule du jour
Traduction:
Editions: Gallimard

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Ils m’ont précipité dans la vie (Mihai Beniuc)

Posted by arbrealettres sur 19 juin 2020




    
Ils m’ont précipité dans la vie, avec des milliers d’autres,
Comme, dans les crématoires d’Auschwitz,
Les nazis jetaient les cadavres.
Mais nous, le feu nous a rendus incandescents
Comme des barres de métal,
Comme de rouges lianes
Jaillies des laminoirs,
Comme des gerbes de flammes
Giclant hors du volcan,
Embrassant l’azur avec quelle ardeur !
Nous avons lapidé de mots déflagrants notre époque,
Abattant le bois desséché, vermoulu,
Et nous avons comblé plus d’un marais nauséabond.
Souvent aussi nous avons fait naufrage
Dans de bien tristes solitudes,
Enserrés dans les frontières du Cosmos,
Mais la vie de nouveau et toujours nous accueille
A bras ouverts :
« Vous, les miens, venez à moi ! »

(Mihai Beniuc)

 

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Les labours (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 27 mai 2020


Les labours s’étendent
pleins du fini de la substance.
Bien au-dessous du mur du son
tien mien forme et fond
se rejoignent
que les oiseaux chantent ou se taisent
près ou loin.

(Jean Follain)

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VERS DE HAUTES PORTES (Marc Chagall)

Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2019



Illustration: Marc Chagall 
    
VERS DE HAUTES PORTES

Seul est mien ce pays
Qui se trouve en mon âme;
Comme un familier, sans papiers,
Je m’y rends.
Il voit ma tristesse et ma solitude,
Il me couche pour m’endormir,
Me recouvrant d’une pierre d’odeurs.

Un vert jardin fleurit en moi, des fleurs imaginées,
En moi mes propres rues s’étendent.
Les maisons manquent
Depuis le temps de mon enfance elles sont en ruines,
Leurs habitants s’égarent dans les airs,
Ils cherchent un logis, ils vivent dans mon âme.

Voici pourquoi quelquefois je souris
Quand le soleil scintille à peine,
Ou bien je pleure
Comme une pluie légère dans la nuit.

Je me souviens d’un temps
Où je portais deux têtes…
C’était un temps
Où les deux têtes
Se couvraient d’un voile d’amour,
Se dissipaient comme le parfum d’une rose.

Il me semble à présent
Que même en revenant sur mes pas
J’avance
En direction de hautes portes
Qui cachent un chaos de murs
Où les tonnerres abattus passent leurs nuits
Et les éclairs brisés.

(Marc Chagall)

 

Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard

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LAURA (Menno Wigman)

Posted by arbrealettres sur 21 septembre 2019




Illustration: Agost Benkhard
    
LAURA

Heureusement, elle est partie. Maintenant elle sera
tout à fait et encore plus qu’elle ne le pense
mienne. Maintenant elle se tiendra de nouveau
nue, épanouie et sans vergogne,
devant mes yeux fermés.

Et, lourd de ses parfums, je refais passer
rapidement son sourire et me focalise
sur ses cuisses généreuses, sa peau
neige doucement sur mon grand écran,
déjà, elle prend de la voix, elle cajole,
elle jure, et puis, dernière image,
j’empoigne ses hanches et l’enneige à nouveau.

Heureusement, elle est partie. Mais moi,
je suis son chien, j’agite la queue quand
elle vient. Encore plus qu’elle ne le pense.

***

LAURA

Gelukkig, ze is weg. Nu zal ze
helemaal en meer nog dan ze denkt
de mijne zijn. Nu zal ze nogmaals,
naakt en vol en onbeschaamd,
voor mijn gesloten ogen staan.

En zwanger van haar geuren speel ik
snel haar glimlach af en spits
me op haar gulle dijen, haar huid
sneeuwt zachtjes op mijn witte doek,
ze krijgt al stem, ze fleemt,
ze vloekt, en dan, de laatste still,
yang ik haar schoot en sneeuw haar uit.

Gelukkig, ze is weg. Maar ik,
ik ben haar bond, ik kwispel als
zij komt. Meer nog dan ze denkt.

(Menno Wigman)

 

Recueil: L’affliction des copyrettes
Traduction: Pierre Gallissaires et Jan H. Mysjkin
Editions: Cheyne

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