Posts Tagged ‘moisissure’
Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022

Anna Akhmatova
Les secrets du métier
peu m’importent les bataillons des odes
Et le charme des fantaisies élégiaques.
Dans un poème, je l’affirme, tout doit être inattendu.
À la différence des gens — tellement prévisibles.
Si vous saviez sur quelles balayures
Poussent mes vers, sans connaître la honte,
Comme un pissenlit jaune sous une palissade,
Comme la bardane et l’épinard sauvage.
Un cri de colère, l’odeur fraîche du goudron,
Une indéchiffrable moisissure sur un mur…
Et déjà retentit le vers, si tendre, si fougueux,
Pour votre plaisir et le mien.
***

(Anna Akhmatova)
Traduction de Jean-Baptiste Para
Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers
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Posted in poésie | Tagué: (Anna Akhmatova), affirmer, élégiaque, épinard, balayure, bardane, bataillon, charmé, colère, connaître, cri, déjà, différence, Fantaisie, fougueux, frais, gens, goudron, honte, importer, indéchiffrable, innatendu, jaune, métier, moisissure, mur, ode, odeur, palissade, pissenlit, plaisir, poème, pousser, prévisible, retentir, sauvage, savoir, secret, tendre, vers | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 avril 2020
Un méandre de rivière
Sous un manteau d’ombre
Me renvoie l’image
Des amours perdues
Je m’exile dans ma propre ville
Sous la moisissure du ciel
J’entends de nouveau les musiques colorées
A chaque carrefour
Ou dans un parc troublé
Par un sentiment d’inquiétude
Hanté par des sculptures vivantes
Sous un ciel endommagé
Par l’insolence du soleil
La rue retentit
Et la rivière se blottit
Dans cette ville
A l’horizon la colline opulente
De l’Hautil domine la Seine
Dans la paix des brouillards
Ses pentes ruissellent de verdure
Et un loin de limpidité
Tremble sur un coteau de vigne bleue
J’écoute la musique de la ville.
CONFLANS 1981
(Jean-Baptiste Besnard)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 18 août 2019

Illustration: Gilbert Garcin
La voix du miroir
Ainsi passe la vie, comme un bizarre mirage.
La rose azur qui enfante et donne le jour au chardon!
À côté du dogme du fardeau
fatal, le sophisme du Bien et de la Raison!
On a saisi, au hasard, ce que la main a frôlé;
les parfums se sont envolés, et parmi eux on a senti
la moisissure qui à mi-chemin a poussé
sur le pommier sec de la morte Illusion.
Ainsi passe la vie,
avec les cantiques trompeurs d’une bacchante fanée.
J’avance tout effaré, en avant… en avant,
faisant gronder ma marche funèbre.
Avancent au pied de brahmaniques éléphants royaux,
au son du sordide bourdonnement d’une ardeur mercurielle,
des amants qui lèvent leurs coupes sculptées dans la roche,
et des crépuscules oubliés, une croix sur la bouche.
Ainsi passe la vie, vaste orchestre de Sphinx
qui jettent dans le Vide leur marche funèbre.
(César Vallejo)
Recueil: Poésie complète 1919-1937
Traduction: Nicole Réda-Euvremer
Editions: Flammarion
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Posted in poésie | Tagué: (César Vallejo), amant, ardeur, avancer, azur, éléphant, bacchante, bien, bizarre, bouche, bourdonnement, brahman, cantique, chardon, coupe, crépuscule, croix, dogme, donner, effaré, en avant, enfanter, faner, fardeau, fatal, frôler, funèbre, gronder, hasard, illusion, jeter, lever, main, marche, mercure, mi-chemin, mirage, miroir, moisissure, mort, orchestre, oublier, parfum, passer, pommier, pousser, raison, roche, rose, s'envoler, saisir, sculpter, sentir, son, sophisme, sordide, Sphinx, trompeur, vaste, vide, vie, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 mars 2019

Création
Voilà ce que c’est: une lassitude,
L’horloge ne veut pas se taire;
Un tonnerre s’apaise au loin.
Voix inconnues, voix prisonnières,
Je les entends gémir et se plaindre.
Un cercle mystérieux se resserre,
Mais dans cet abîme de bruits et de murmures
Se dresse un son, un seul, qui domine tout.
Autour de lui tout se tait si strictement
Qu’on entend pousser l’herbe dans la forêt,
Et passer le Mal avec sa besace sur la terre.
Mais voici que soudain on distingue des mots
Et les signaux des rimes légères,
Alors je commence à comprendre,
Et ces strophes simplement dictées
Se rangent dans le cahier blanc comme neige.
*
Je n’ai que faire des odes et de leurs bataillons,
Des subtiles élégies et de leurs séductions;
Pour moi, il faut dans les vers que tout soit à côté,
Pas comme chez les gens.
Si vous saviez avec quelles ordures
On fait pousser les vers, sans la moindre honte,
Comme un pissenlit jaune près de la clôture,
Comme les bardanes et l’arroche.
Un appel irrité, l’odeur du goudron frais,
Une mystérieuse moisissure sur le mur…
Et le vers chante déjà, railleur, tendre,
Pour votre joie et la mienne.
(Anna Akhmatova)
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Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2018
Les gouttes d’eau sont bien des mondes;
Elles ont leurs monstres flottants.
Qui connaît leurs aurores blondes?
Qui sait leurs combats de géants
Et les splendeurs que la nature
Prodigue dans la moisissure,
Qui leur forme des continents ?
Grondez, grondez, flots monotones!
Passez, passez, heures et jours!
Frappez vos ailes, noirs cyclones;
Ô vents des mers! soufflez toujours;
Emportez, houles monotones!
Hivers glacés, pâles automnes,
Et nos haines et nos amours.
(Louise Michel)
Illustration: Corrie White
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Posted by arbrealettres sur 28 août 2018

Dans le fruit, le ver
depuis toujours, et cette odeur de pourriture
à laquelle nous tenons si fort :
la moisissure et les oeufs centenaires,
l’amour et la venaison des corps.
Mais le pied parfumé du dieu
qu’on lave de son vivant. Le pied nu
de la femme qu’on caresse en s’endormant.
(Gérard Macé)
Recueil: Filles de la mémoire
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Gérard Macé), amour, caresser, centenaire, corps, Dieu, femme, fort, fruit, laver, moisissure, nu, odeur, oeuf, parfumé, pied, pourriture, s'endormir, tenir, toujours, venaison, ver, vivant | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 avril 2018

Illustration: Marc Chagall
Ô mon terroir abandonné,
Ô mon pays désert.
Le foin n’est pas coupé,
bois et monastère.
Les isbas sont de guingois,
il n’en reste plus que trois
et les faisceaux de l’aube
font mousser les toits.
Sous le couvert du chaume,
des rognures de chevrons ;
le vent asperge de soleil
une moisissure bleuâtre.
Aux fenêtres, les corbeaux
tambourinent de leurs ailes,
le merisier, comme le blizzard,
fait signe de la manche.
Ton vécu, ta vie dans la brande
n’est-elle déjà que légende ?
Que chuchote l’herbe folle
quand vient le soir, au passant ?
(Sergueï Essénine)
***

Recueil: Journal d’un poète
Traduction: Christiane Pighetti
Editions: De la Différence
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Posted by arbrealettres sur 25 octobre 2017

Illustration: Julia Chausson
METAMORPHOSES
Dans cette nuit noire
que nous fait l’Histoire
j’avance à tâtons
toujours étonné
toujours médusé :
je prends mon chapeau
c’est un artichaut
j’embrasse ma femme
c’est un oreiller
je caresse un chat
c’est un arrosoir
j’ouvre la fenêtre
pour humer l’air pur
c’est un vieux placard
plein de moisissures
je prends un crapaud
pour un encrier
la bouche d’égout
pour la boîte aux lettres
le sifflet du train
pour une hirondelle
le bruit d’un moteur
pour mon propre coeur
un cri pour un rire
la nuit pour le jour
la mort pour la vie
les autres pour moi.
(Jean Tardieu)
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Posted by arbrealettres sur 5 août 2017

Pour laver la moisissure des promesses non tenues
La main glisse sur le mur
Trace dans l’humidité verdâtre
Le chemin de l’oubli.
(Tahar Ben Jelloun)
Illustration: Ernest Pignon-Ernest
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Posted by arbrealettres sur 4 août 2017

DES MOTS AMOUR
Erreur
Charger les mots de dire l’amour
Tant ils sont boiteux étroits
Pris dans la moisissure de l’habitude
Usés dans la pâleur masquée
L’amour est ou n’est pas
Pas besoin de béquilles
Ni d’échelle pour monter au ciel
Une lumière aveuglante
Dans le sillage du silence élu
Une page blanche où le poème s’imprime
Amour sans annonce
Pudique comme un crime
Évident comme une nuit encombrée d’étoiles
Une belle nuit sans sommeil
Où nous sommes ce que nous sommes
Fragiles et abîmés
Espérant espérés
Vivants
(Tahar Ben Jelloun)
Recueil: Que la Blessure se ferme
Editions: Gallimard
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