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Posts Tagged ‘môme’

Tout l’univers (Carl Norac)

Posted by arbrealettres sur 6 septembre 2022



Illustration: Géraldine Alibeu
    
Tout l’univers

Il est une fois le môme qui court et la môme qui danse.
Le môme qui court sait pourquoi.
Pressé, il se prépare
à la vie des grands hasards.
La môme qui danse ne sait pas vraiment
pourquoi elle danse autant.
Mais, en dansant, elle rêve.
Le môme qui court vite rêve moins
jusqu’au jour où il s’arrête enfin.
Quand ils dansent ensemble,
le soleil ralentit sa course
à l’endroit, à l’envers,
la terre et les étoiles aussi.
Il est une fois rien qu’eux deux
et tout l’univers.

(Carl Norac)

Recueil: Petits poèmes pour passer le temps
Traduction:Editions: Didier Jeunesse

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Demain de bon matin (Boulevard Des Airs)

Posted by arbrealettres sur 2 août 2021



    
Demain de bon matin

Mes chers amis je suis en fête
Mes chers voisins, mon cher facteur
Je vous laisse enfin une lettre
Que vous lirez tout à l’heure

On va pas se mentir cette fois
Pour la dernière je veux être clean
C’est le coeur libre que je vous quitte
Sans grand discours et sans émoi

Je laisse tomber j’abandonne
Je largue tout, je pars devant
A vrai dire, je me trouvais morne
Un peu pervers, un peu navrant

Ce n’est pas pour vous fâcher
Et entre nous, ça changera rien
Mais je m’en vais déserter
Je pars voyager avec mon chien

Demain de bon matin
Je pars seul sans escorte
J’irai sur les chemins
Retrouver mes amours mortes

Demain de bon matin
Je pars seul sans escorte
J’irai sur les chemins
Retrouver mes amours mortes

J’ai l’impression que pour le môme que j’étais
Tout était tracé
Jusqu’à devenir une homme
Alors je me suis laissé

Le changement se déroule
D’un coup d’un seul comme un coup de boule
C’est lorsque plus rien ne vous choque
Qu’on accepte de baisser son froc

Alors tout devient secondaire
Les enfants, la mère et le froid
Et l’important c’est la carrière
Vous comprendrez mon désarroi.

Alors demain de bon matin
Je laisserai tout derrière moi
Et ce sera moi l’orphelin
De mes projets et de nos choix

Demain de bon matin
Je pars seul sans escorte
J’irai sur les chemins
Retrouver mes amours mortes

Demain de bon matin
Je pars seul sans escorte
J’irai sur les chemins
Retrouver mes amours mortes

Hoo ooo ooo
Hoo ooo ooo

Je deviendrai vagabond
Et en passant mais pas plus con
Mon coeur et mon corps à l’envie
Renaîtront petit à petit

Si je croise un ou deux vauriens
En cours de route et j’en suis sûr
Nous trinquerons à la nature
A nos amours et à mon chien

Qu’on me parle plus jamais
Ni de mon job ni de ces faits
Qui ont fait de moi un dégueulasse
Qui sont des faits qui me dépassent

Ceux qui jugent ou me recherchent
Car je suis pas tout blanc je l’avoue
Je sais pas, dites leur que je me perche
Inutile de me mettre au trou

Demain de bon matin
Je pars seul sans escorte
J’irai sur les chemins
Retrouver mes amours mortes

Demain de bon matin
Je pars seul sans escorte
J’irai sur les chemins
Retrouver mes amours mortes

Hoo ooo ooo
Hoo ooo ooo
Hoo ooo ooo
Hoo ooo ooo

(Boulevard Des Airs)

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JOLIE MÔME (Léo Ferré)

Posted by arbrealettres sur 25 mars 2021



 

Harding Meyer 1964 - Brazilian Portrait painter -   (4) [1280x768]

T’es tout’ nue
Sous ton pull
Y a la rue
Qu’est maboul’
Jolie môme
T’as ton cœur
A ton cou
Et l’bonheur
Par en d’ssous
Jolie môme
T’as l’rimmel
Qui fout l’camp
C’est l’dégel
Des amants
Jolie môme
Ta prairie
Ça sent bon
Fais-en don
Aux amis
Jolie môme
T’es qu’un’ fleur
Du printemps
Qui s’fout d’l’heure
Et du temps

T’es qu’un’ rose
Eclatée
Que l’on pose
A côté
Jolie môme
T’es qu’un brin
De soleil
Dans l’chagrin
Du réveil
T’es qu’un’ vamp
Qu’on éteint
Comm’ un’ lampe
Au matin
Jolie môme
Tes baisers
Sont pointus
Comme un accent aigu
Jolie môme
Tes p’tits seins
Sont du jour
A la coque
A l’amour
Jolie môme
Ta barrière
De frou-frous
Faut s’la faire
Mais c’est doux
Jolie môme
Ta violette
Est l’violon
Qu’on violente
Et c’est bon
Jolie môme
T’es qu’un’ fleur
De pass’ temps
Qui s’fout d’l’heure
Et du temps
T’es qu’une étoile
D’amour
Qu’on entoile
Aux beaux jours
Jolie môme
T’es qu’un point
Sur les « i »
Du chagrin
De la vie
Et qu’une chose
De la vie
Qu’on arrose
Qu’on oublie
Jolie môme

T’as qu’un’ paire
De mirettes
Au poker
Des conquêtes
Jolie môme
T’as qu’un’ rime
Au bonheur
Faut qu’ça rime
Ou qu’ça pleure
Jolie môme
T’as qu’un’ source
Au milieu
Qu’éclabousse
Du bon dieu
Jolie môme
T’as qu’un’ porte
En voil’ blanc
Que l’on pousse
En chantant
Jolie môme
T’es qu’un’ pauv’
Petit’ fleur
Qu’on guimauv’
Et qui meurt
T’es qu’un’ femme
A r’passer
Quand son âme
Est froissée
Jolie môme
T’es qu’un’ feuille
De l’automne
Qu’on effeuille
Monotone
T’es qu’un’ joie
En allée
Viens chez moi
La r’trouver
Jolie môme

T’es tout’ nue
Sous ton pull
Y a la rue
Qu’est maboule

JOLIE MÔME !

(Léo Ferré)

Illustration: Harding Meyer

 

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Je vous ai bien eus (Michel Sardou)

Posted by arbrealettres sur 2 juillet 2020




Je sortais tout droit du Grand Meaulnes
Avec mes airs d’adolescent.
Je n’étais pourtant plus un môme
Depuis déjà longtemps.

Tu me prenais pour un poète,
Le pauvre type de toujours.
Les filles se payaient ma tête
Quand je parlais d’amour.

Je vous ai bien eus.
Je vous ai bien eus.

Je disais souvent : « L’Amérique,
Je sais que moi j’irai un jour
Et que j’en reviendrai plus riche
Que Dupont de Nemours. »

J’ai pris tous les avions du monde,
Dormi dans tous les trains de nuit,
Aimé dans des bordels immondes
Des femmes aux cheveux gris.

Je vous ai bien eus.
Je vous ai bien eus.

Je n’vous ressemblais pas.
Vous ne m’avez pas cru
Mais je vous ai bien eus,
Je vous ai bien eus.

J’ai toujours dansé sur les vagues
Quand on croyait que je sombrais.
Ma vie avait l’air d’une blague
Et pourtant, c’était vrai.

Je me suis fait, des jours de fête,
Eclater des fusées d’amour,
Comme je vais faire sauter ma tête
A l’aube du dernier jour.

Je vous ai bien eus.
Je vous ai bien eus.

Y avait déjà longtemps
Que je ne m’aimais plus
Mais je vous ai bien eus,
Je vous ai bien eus.

(Michel Sardou)

Illustration

 

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CHANSONS DU BOUT DU QUAI (Philippe Soupault)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2020



Illustration: Maximilien Luce
    
CHANSONS DU BOUT DU QUAI

Les filles de Gentilly
sont toutes lumineuses
et les gars de Bagnolet
songent aux pêches miraculeuses
À quoi pensent donc les enfants
de Bécon-les-Bruyères
est-ce aux rêves aux tourments
des mômes d’Asnières
Et les gosses de Paris
les petites de la cité
se penchent sur les reflets
suivant méditant des baisers
Ainsi nous jouons à qui mieux mieux
pour le plaisir d’en rire
Parisiens du samedi
promeneurs du dimanche
flâneurs de la semaine

(Philippe Soupault)

 

Recueil: Poèmes et poésies
Traduction:
Editions: Grasset

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Milord (Georges Moustaki)

Posted by arbrealettres sur 31 août 2019



 

Régis Bernard _Fille_de_joie_a_Amsterdam_78

Milord

Allez, venez, Milord!
Vous asseoir à ma table;
Il fait si froid, dehors,
Ici c’est confortable.
Laissez-vous faire, Milord
Et prenez bien vos aises,
Vos peines sur mon coeur
Et vos pieds sur une chaise
Je vous connais, Milord,
Vous ne m’avez jamais vue
Je ne suis qu’une fille du port,
Qu’une ombre de la rue…

Pourtant je vous ai frôlé
Quand vous passiez hier,
Vous n’étiez pas peu fier,
Dame! Le ciel vous comblait:
Votre foulard de soie
Flottant sur vos épaules,
Vous aviez le beau rôle,
On aurait dit le roi…
Vous marchiez en vainqueur
Au bras d’une demoiselle
Mon Dieu!… Qu’elle était belle…
J’en ai froid dans le coeur…

Allez, venez, Milord!
Vous asseoir à ma table;
Il fait si froid, dehors,
Ici c’est confortable.
Laissez-vous faire, Milord,
Et prenez bien vos aises,
Vos peines sur mon coeur
Et vos pieds sur une chaise
Je vous connais, Milord,
Vous ne m’avez jamais vue
Je ne suis qu’une fille du port
Qu’une ombre de la rue…

Dire qu’il suffit parfois
Qu’il y ait un navire
Pour que tout se déchire
Quand le navire s’en va…
Il emmenait avec lui
La douce aux yeux si tendres
Qui n’a pas su comprendre
Qu’elle brisait votre vie
L’amour, ça fait pleurer
Comme quoi l’existence
Ça vous donne toutes les chances
Pour les reprendre après…

Allez, venez, Milord!
Vous avez l’air d’un môme!
Laissez-vous faire, Milord,
Venez dans mon royaume:
Je soigne les remords,
Je chante la romance,
Je chante les milords
Qui n’ont pas eu de chance!
Regardez-moi, Milord,
Vous ne m’avez jamais vue…
…Mais vous pleurez, Milord?
Ça je l’aurais jamais cru!

Eh ben, voyons, Milord!
Souriez-moi, Milord!
…Mieux que ça! Un petit effort…
Voilà, c’est ça!
Allez, riez, Milord!
Allez, chantez, Milord!
La-la-la…

Mais oui, dansez, Milord!
La-la-la…
Bravo Milord!
La-la-la…
Encore Milord!…
La-la-la…

(Georges Moustaki)

Illustration: Régis Bernard


 

 

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LUCIE (Charles Aznavour)

Posted by arbrealettres sur 2 octobre 2018



 

LUCIE

Lorsque Lucie s’amuse
A me parler tout bas
J’ai la mine confuse
Et rougis malgré moi
Ell’ me dit tu es bête
Car ell’ ne comprend pas
Ce qu’il y a dans ma tête
Que mes pensées s’arrêtent

Lorsque Lucie me frôle
J’ai le coeur en émoi
Et ça me fait tout drôle
Je ne sais pas pourquoi
Je ne vois plus personne
Il n’y a qu’elle et moi
Mais elle m’impressionne
Et souvent je frissonne

Lorsque Lucie m’ignore
Je ne sais où aller
Le chagrin me dévore
J’ai envie de pleurer
Mes idées se mélangent
Elle rit sans arrêt
Moi pour donner le change
Je dis des choses étranges

Lorsque Lucie me quitte
Je reste dans mon coin
Ma vie part à sa suite
L’accompagne de loin
Mes amis ça les choque
Ils ne comprennent rien
Ils ne sont plus d’époque
Et bêtement se moquent

Parc’ que j’aime une môme
Qui n’a que dix-huit ans
Parc’ que je suis un homme
Et qu’elle n’est qu’un enfant
Ma déception est vive
Car ils ne savent pas
Que lorsque Lucie arrive
L’amour entre chez moi

(Charles Aznavour)

Illustration: Andrzej Malinowski

 

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À la mémoire d’une chatte naine que j’avais (Jules Laforgue)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2018



À la mémoire d’une chatte naine que j’avais

Ô mon beau chat frileux, quand l’automne morose
Faisait glapir plus fort les mômes dans les cours,
Combien passâmes-nous de ces spleeniques jours
À rêver face à face en ma chambre bien close.

Lissant ton poil soyeux de ta langue âpre et rose
Trop grave pour les jeux d’autrefois et les tours,
Lentement tu venais de ton pas de velours
Devant moi t’allonger en quelque noble pose.

Et je songeais, perdu dans tes prunelles d’or
— Il ne soupçonne rien, non, du globe stupide
Qui l’emporte avec moi tout au travers du Vide,

Rien des Astres lointains, des Dieux ni de la Mort?
Pourtant!… quels yeux profonds !… parfois… il m’intimide
Saurait-il donc le mot? — Non, c’est le Sphinx encor.

(Jules Laforgue)

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Ma môme est grande (Edward Estlin Cummings)

Posted by arbrealettres sur 4 février 2018



Illustration: Oi-Oei    
    
ma môme est grande avec de longs yeux durs lorsqu’elle
se tient debout,avec de longues mains dures gardant
le silence sur sa robe,parfait pour le sommeil
est son long corps dur aussi rempli de surprise
qu’un électrique fil blanc,lorsqu’elle sourit
d’un dur et long sourire ça fait parfois gaîment
venir à travers moi de cruels chatouillis
et le bruit faible de ses yeux met aisément
mon impatience à vif—ma môme est grande,
la chair ferme,ses jambes aussi fines qu’une vigne
qui a passé sa vie sur le mur d’un jardin
et va mourir. Quand nous allons au lit sans joie
ces deux jambes elle commence à enrouler sur moi
et haletant,mes tête et visage elle étreint.

***

my girl’s tall with hard long eyes
as she stands,with her long hard hands keeping
silence on her dress,good for sleeping
is her long hard body filled with surprise
like a white shocking wire,when she smiles
a hard long smile it sometimes makes
gaily go clean through me tickling aches,
and the weak noise of her eyes easily files
my impatience to an edge—my girl’s tall
and taut,with thin legs just like a vine
that’s spent all of its life on a garden-wall,
and is going to die. When we grimly go to bed
with these legs she begins to heave and twine
about me,and to kiss my face and head.

(Edward Estlin Cummings)

 

Recueil: Erotiques
Traduction: Jacques Demarcq
Editions: Seghers

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FEUILLAGE DE CŒUR (Maurice Maeterlinck)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2017



FEUILLAGE DE CŒUR

Sous la cloche de cristal bleu
De mes lasses mélancolies,
Mes vagues douleurs abolies
S’immobilisent peu à peu :

Végétations de symboles,
Nénuphars mômes des plaisirs,
Palmes lentes de mes désirs,
Mousses froides, lianes molles.

Seul, un lys érige d’entre eux,
Pâle et rigidement débile,
Son ascension immobile
Sur les feuillages douloureux,

Et dans les lueurs qu’il épanche
Comme une lune, peu à peu,
Élève vers le cristal bleu
Sa mystique prière blanche.

(Maurice Maeterlinck)

Illustration

 

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