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Poésie

Posts Tagged ‘montagne’

Ces gens de tout repos (Marie Noël)

Posted by arbrealettres sur 30 mai 2023



    

… ces gens de tout repos,
Qui font tout bonnement tous une même chose.
Je m’ennuie à mourir sur ce chemin morose…
Je n’aime pas brouter l’herbe déjà tondue,
Ce petit foin sans goût, sans fleur inattendue.
Rien de nouveau, rien, rien… Tout est toujours pareil.

Je m’échappe, je cours à travers la campagne,
Je bondis pour trouver quelque peu de montagne,
Je grimpe à des talus très hauts de chemins creux.

On est très bien tout seul, sans moutons, si loin d’eux
Qu’ils semblent tout au fond du val des pierres grises.
Les thyms inviolés ont des saveurs exquises…
Je cours, je broute ici, puis là… je perds du temps,
Je hume l’odeur froide et sauvage des vents.

(Marie Noël)

Recueil: Poètes d’aujourd’hui – Marie Noël
Editions: Pierre Seghers

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Île (Marie Noël)

Posted by arbrealettres sur 24 mai 2023




    
Île

Solitude au vent, ô sans pays, mon Île,
Que les barques de loin entourent d’élans
Et d’appels, sous l’essor gris des goélands,
Mon Île, mon lieu sans port, ni quai, ni ville,

Mon Île où s’élance en secret la montagne
La plus haute que Dieu heurte du talon
Et repousse… Ô Seule entre les aquilons
Qui n’a que la mer farouche pour compagne.

Temps où se plaint l’air en éternels préludes,
Mon Île où l’Amour me héla sur le bord
D’un chemin de cieux qui descendait à mort,
Espace où les vols se brisent, Solitude.

Solitude, Aire en émoi de Cœur immense
Qui sans cesse jette au large ses oiseaux,
Sans cesse au-dessus d’infranchissables eaux,
Sans cesse les perd, sans cesse recommence.

Désolation royale, terre folle
Que berce l’abîme entre ses bras massifs,
Mon Île, tu tiens un Silence captif
Qu’interroge en vain la houle des paroles.

(Marie Noël)

Recueil: Poètes d’aujourd’hui – Marie Noël
Editions: Pierre Seghers

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ANDALOUSIE (Roger Bevand)

Posted by arbrealettres sur 16 mai 2023




    
ANDALOUSIE

Cette terre a l’écorce de ses vieux sycomores,
La rudesse de ses pins, la douceur des lavandes,
Le parfum tourmenté des roseaux sur la lande,
Et dans son sang chrétien le fantôme des Mores.

Les oliviers crochus s’y tordent infiniment,
Cloués à des collines qui n’en finissent pas,
Et crucifiés d’ardeur sur leur brun Golgotha,
Ils languissent la pluie en verts tressaillements.

Quand le soir décadent incendie les remparts,
A l’heure où la montagne tourne fantomatique,
On peut voir indécise, sereine et famélique,
Quelque chèvre accrochée aux rochers du hasard.

Cette terre porte ses villes comme autant de diadèmes,
Cordoba la gitane et Séville la mauresque,
Et Granada la rouge et Cadiz l’arabesque,
Cette terre bâtit ses villes comme autant de poèmes.

Partout sont les mosquées et les blanches cathédrales,
Les minarets de fièvre et les clochers d’orgueil,
Les villages andalous assoupis sur le seuil,
Et la lourde torpeur de la mer orientale.

Ce pays est un rêve, un délire céramique,
Une harmonie bleutée de soleil et de mer,
Avec dans son âme le reproche doux-amer
D’une guitare flamenco sanglotant sa musique.

(Roger Bevand)

Recueil: Le Damier 6
Editions: France Europe

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CHANSON ENTRE L’AME ET L’EPOUX (Jean de la Croix)

Posted by arbrealettres sur 15 mai 2023



Illustration: Guy Baron
    
CHANSON ENTRE L’AME ET L’EPOUX

Epouse

Mais où t’es-tu caché
me laissant gémissante mon ami
toute tu m’as blessée
tel le cerf qui bondit
criant je suis sortie tu avais fui

Pâtres qui monterez
là-haut sur les collines aux bergeries
si par chance voyez
qui j’aime dites-lui
que je languis je souffre et meurs pour lui

Mes amours poursuivrai
à travers les montagnes les rivières
les fleurs ne cueillerai
ne craindrai lions panthères
et passerai les forts et les frontières

[…]

***

Esposa

Adónde te escondiste
amado y me dejaste con gemido ?
como el ciervo huiste habiéndome herido
salí tras ti clamando, y eras ido.

Pastores los que fuerdes
allá por las majadas al otero
si por ventura vierdes
aquel que yo más quiero
decidle que adolezco, peno, y muero

Buscando mis amores
iré por esos montes y riberas
ni cogeré las flores
ni temeré las fieras
y pasaré los fuertes y fronteras.

[…]

(Jean de la Croix)

Recueil: Nuit obscure Cantique spirituel
Traduction: Jacques Ancet
Editions: Gallimard

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Porteur (Langston Hughes)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023




    
Porteur

Je dois vous dire
Oui monsieur,
Tout le temps.
Oui monsieur !
Oui monsieur !
Tous les jours
J’gravis une énorme montagne
De oui monsieur !

Le monde appartient
Aux vieux riches blancs.
Donnez-moi vos chaussures
A cirer.

Oui monsieur !

***

Porter

I must say
Yes, sir,
To you all the time.
Yes, sir!
Yes, sir!
All my days
Climbing up a great big mountain
Of yes, sirs!

Rich old white man
Owns the world.
Gimme yo’ shoes
To shine.

Yes, sir!

(Langston Hughes)

Recueil: Mes beaux habits au clou
Traduction: Frédéric Sylvanise
Editions: JOCA SERIA

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As-tu vu sous la neige (Derviches anatoliens)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2023




    
As-tu vu sous la neige la montagne d’en face
Plus rare au fil des jours elle fond et s’en va

As-tu compris la leçon des eaux qui s’écoulent
Prosternées le front au sol et s’en vont

(Derviches anatoliens)

Recueil: Poèmes des derviches anatoliens
Traduction: Guzine Dino,Michèle Aquien,Pierre Chuvin
Editions: Fata Morgana

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JEUNE NOVICE DANS UN MONASTÈRE ZEN (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2023




    
JEUNE NOVICE DANS UN MONASTÈRE ZEN

Tout est mensonge et tout illusion,
La vérité reste indéfinissable,
Et j’ai, pourtant, la nette vision
De la montagne au loin reconnaissable.

Rose, corbeau, le cerf dans la forêt,
L’azur des mers et les couleurs du monde,
Concentre-toi, tout cela disparaît,
N’a plus forme ni nom qui lui réponde.

Rentre en toi-même ; ainsi te concentrant,
Apprends à lire, à voir, à reconnaître,
Concentre-toi — tout n’est plus qu’apparent.
Concentre-toi — l’apparent devient l’Être.

***

JUNGER NOVIZE IM ZEN-KLOSTER (II)

Ist auch alles Trug und Wahn
Und die Wahrheit stets unnennbar,
Dennoch blickt der Berg mich an
Zackig und genau erkennbar.

Hirsch und Rabe, rote Rose,
Meeresblau und bunte Welt :
Sammle dich — und sie zerfällt
Ins Gestalt- und Namenlose.

Sammle dich und kehre ein,
Lerne schauen, lerne lesen !
Sammle dich — und Welt wird Schein,
Sammle dich — und Schein wird Wesen.

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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MONDE ARDENT (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 30 mars 2023



Illustration: Albert Lynch
    
MONDE ARDENT

Ah, toujours, jeune ou vieux, je ressens cette même chimère :
Une montagne la nuit ; au balcon, en silence, une femme ;
Blanche route qui prend son élan quand la lune l’éclaire ;
Comme alors un désir passionné fait se tordre mon âme!

Monde ardent, forme blanche de femme à son balcon qui songe,
Aboi d’un chien dans la vallée, sourd roulement d’un train,
Vous fûtes bien des fois pièges, amers mensonges ;
Vous restez le plus doux de mes rêves ainsi que le plus vain.

Souvent j’ai pris la voie des réalités rudes :
Assesseur, cours du change, ou bien mode, ou bien loi,
Mais déçu, libéré, j’ai rejoint bientôt ma solitude,
Où jaillit le naïf idéal, où le rêve est chez soi.

Trouble vent de la nuit dans l’arbre, ô bohémienne noire,
monde de désirs fous, poèmes pleins d’odeur,
monde splendide auquel toujours j’ai voulu croire,
Quand ta voix vient vers moi au milieu des éclairs de chaleur.

***

O BRENNENDE WELT

Immer und immer fühl ich’s, ob alt oder jung :
Ein Gebirg in der Nacht, am Balkon ein schweigendes Weib,
Eine weiße Straße im Mondschein mit sanftem Schwung,
Das reißt mir vor Sehnsucht das bange Herz aus dem Leib.

O brennende Welt, o du weißes Weib am Balkon,
Bellender Hund im Tal, fernrollende Eisenbahn,
O wie loget ihr, o wie bitter betrogt ihr mich schon —
Dennoch seid ihr noch immer mein süßester Traum und Wahn !

Oft versucht ich den Weg in die schreckliche « Wirklichkeit »,
Wo Assessor, Gesetz, Mode und Geldkurs gilt,
Aber einsam entfloh ich immer, enttäuscht und befreit,
Dort hinüber, wo Traum und liebliche Narrheit quillt.

Schwüler Nachtwind im Baum, schwarze Zigeunerin,
Welt voll törichter Sehnsucht und Dichterduft,
Herrliche Welt, der ich ewig verfallen bin,
Wo dein Wetterleuchten mir zuckt, wo deine Stimme mir ruft!

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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RETOUCHE A LA MONTAGNE (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 27 mars 2023



 

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RETOUCHE A LA MONTAGNE

Les chemins en arpège
porteurs de ces petites notes noires
qui sont le chant de Dieu
mes semblables têtus
perdus qu’ils croient
mais placés dans l’ordre de la sublime voix.
Touche la bosse du monde,
bonheur.
Des cloches, des prairies.
Qui parle derrière la simplicité?

(Daniel Boulanger)

Illustration: ArbreaPhotos
 

 

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L’Echo (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 27 mars 2023


vide

qu’il vienne une voix
le signe d’un mal pareil au mien !

un caillou tombe de la montagne
et crève l’œil du vide

(Daniel Boulanger)

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