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Poésie

Posts Tagged ‘montrer’

Ne montrez surtout pas vos ailes (Karel Logist)

Posted by arbrealettres sur 23 mai 2023



Illustration: Paul Klee
    
Ne montrez surtout pas vos ailes :
mon rire vous les brûlerait.

(Karel Logist)

Recueil: J’arrive à la mer
Editions: De la Différence

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J’ai la fureur d’aimer (Paul Verlaine)

Posted by arbrealettres sur 21 mai 2023




    
J’ai la fureur d’aimer

J’ai la fureur d’aimer. Mon cœur si faible est fou.
N’importe quand, n’importe quel et n’importe où,
Qu’un éclair de beauté, de vertu, de vaillance
Luise, il s’y précipite, il y vole, il s’y lance,

Et, le temps d’une étreinte, il embrasse cent fois
L’être ou l’objet qu’il a poursuivi de son choix;
Puis, quand l’illusion a replié son aile,
Il revient triste et seul bien souvent, mais fidèle,

Et laissant aux ingrats quelque chose de lui,
Sang ou chair. Mais, sans plus mourir dans son ennui,
Il embarque aussitôt pour l’île des Chimères
Et n’en apporte rien que des larmes amères

Qu’il savoure, et d’affreux désespoirs d’un instant,
Puis rembarque. – Il est brusque et volontaire tant
Qu’en ses courses dans les infinis il arrive,
Navigateur têtu, qu’il va droit à la rive,

Sans plus s’inquiéter que s’il n’existait pas
De l’écueil proche qui met son esquif à bas.
Mais lui, fait de l’écueil un tremplin et dirige
Sa nage vers le bord. L’y voilà. Le prodige

Serait qu’il n’eût pas fait avidement le tour,
Du matin jusqu’au soir et du soir jusqu’au jour,
Et le tour et le tour encor du promontoire,
Et rien ! Pas d’arbres ni d’herbes, pas d’eau pour boire,

La faim, la soif, et les yeux brûlés du soleil,
Et nul vestige humain, et pas un cœur pareil !
Non pas à lui, – jamais il n’aura son semblable –
Mais un cœur d’homme, un cœur vivant, un cœur palpable,

Fût-il faux, fût-il lâche, un cœur ! quoi, pas un cœur !
Il attendra, sans rien perdre de sa vigueur
Que la fièvre soutient et l’amour encourage,
Qu’un bateau montre un bout de mât dans ce parage,

Et fera des signaux qui seront aperçus,
Tel il raisonne. Et puis fiez-vous là-dessus ! –
Un jour il restera non vu, l’étrange apôtre.
Mais que lui fait la mort, sinon celle d’un autre ?

Ah, ses morts ! Ah, ses morts, mais il est plus mort qu’eux !
Quelque fibre toujours de son esprit fougueux
Vit dans leur fosse et puise une tristesse douce;
Il les aime comme un oiseau son nid de mousse;

Leur mémoire est son cher oreiller, il y dort,
Il rêve d’eux, les voit, cause avec et n’en sort
Plein d’eux que pour encor quelque effrayante affaire.
J’ai la fureur d’aimer. Qu’y faire ? Ah, laisser faire!

(Paul Verlaine)

Recueil: Poésies Verlaine
Editions: Hachette

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COMME UN LABOUR (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 13 mai 2023




    
COMME UN LABOUR

Je me revois au coeur d’une maison d’amour
Où mon père et ma mère à l’intuitive flamme
Nous chérissaient des yeux en éduquant notre âme
Sachant la cultiver comme on fait au labour.
Très sûrs d’enraciner en elle l’espérance
Montraient qu’en toute vie apparaît la souffrance
Leur exemple entraînait bien mieux qu’un long discours
Si même au fil des ans subsiste un long parcours.
Oui, près d’eux je reviens comme pour rajeunir
Accorder ma pensée et refaire ma force
Rien ne semble plus fort qu’un vivant souvenir
Tant fut marqué mon cœur en sa première écorce…

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

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AU TEMPS PRÉSENT (Henrique Huaco)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023




    
AU TEMPS PRÉSENT

Au crépuscule je me lève et m’envole
dans ma grande chemise d’ange
au-dessus de la terre ;
je vole sur les fleuves et les arbres,
je vole sur le bois tendre et fragile
des paliers de ce monde.

Mais mes yeux restent fermés.
Ma bouche à peine montre la tristesse,
pour les humbles jours de terreur qui m’attendent
derrière et devant moi,
comme un grand pont.

Penché sur le bord de ce fleuve à Paris
appelé la «Seine»,
celui qui va aux marchés
les matinées du Samedi
transportant la cendre et la lumière d’autres temps,
je me suis retourné pour me deviner
plus clairement dans l’eau.

Peut-être je me suis perdu,
comme disent les bonnes gens.
Peut-être je me suis perdu
en bougeant la tête,
en secouant la manche de chemise,
en retournant la chaussure
multipliant mon ombre
sur la terre
à chaque geste, chaque mot,
avec la voix qui s’éloigne
et la voix qui revient
sur ce miroir d’eaux.

Nous imaginons des anges et des voix,
nous imaginons des bois et des visages
au travers de l’obscurité
sans personne qui grandit,
au travers du linceul
que jours et nuits nous imposent
avec leurs quatre saisons,
leurs jours, leurs mois,
leurs heures.

Mais où est la grâce ?
En regardant dans quelle direction
au-dessus ou au-dessous de moi ?
Mais où est la grâce ?

Je suis suspendu
sans ombre entre les doigts,
sans ombre aux semelles,
espérant qu’ils m’empoignent
pour entendre.

***

EN EL TIEMPO PRESENTE

Al anochecer me levanto y vuelo
en mi gran camisón de ángel
sobre la tierra;
vuelo sobre los ríos y los árboles,
vuelo sobre la madera tierna y fácil
de los pisos de este mundo.

Pero mis ojos permanecen cerrados.
Mi boca apenas muestra la tristeza,
po los días humildes de terror que me aguardan,
detrás y delante de mí,
como un gran puente.

Reclinado al borde de ese río en París,
llamado «La Seine »,
aquel que va a los mercados
en las mañanas del sábado
trayendo la ceniza y luz de otros tiempos,
me he volteado para adivinarme
más claramente sobre las aguas.

Acaso me he perdido,
como dicen las buenas gentes.
Acaso me he perdido
moviendo la cabeza,
sacudiendo la manga de la camisa,
doblando el zapato,
multiplicando mi sombra
sobre la tierra
con cada gesto, cada palabra,
con la voz que se aleja
y la voz que regresa
sobre este espejo de aguas.

Imagínamos ángeles y voces,
imaginamos bosques y rostros
a través de la oscuridad
sin gente que crece,
a través de la mortaja
que los días y las noches nos imponen
con sus cuatro estaciones,
sus días y sus meses,
sus horas.

Pero dónde está la gracia ?
Y mirando hacia qué lado,
encima o debajo de mí?
Pero dónde está la gracia ?

Estoy suspendido
sin sombra entre los dedos,
sin sombra en las suelas,
esperando que me empujen
para oír.

(Henrique Huaco)

Recueil: La peau du temps
Traduction: Anne-Marie Vindras
Editions: des Crépuscules

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Une mante religieuse (Kobayashi Issa)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023



Illustration
    
une mante religieuse
fait montre
de sa grande âme

(Kobayashi Issa)

Recueil: Ora Ga Haru Mon année de printemps
Traduction: Brigitte Allioux
Editions: Cécile Defaut

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TISSERANDES DE ZINACANTA (Rosario Castellanos)

Posted by arbrealettres sur 12 avril 2023




    
TISSERANDES DE ZINACANTA

Au val des nuages et des
sveltes pins Zinacanta
des grands troupeaux je
suis venue.

Je suis venue telle que je suis
sans maison et sans ami afin
de rencontrer des femmes de
travail et de mystère.

Habiles et secrètes
sont leurs mains entre les fils
mêlant d’étranges couleurs
dessinant des signes rares.

Je ne sais ce qui se tisse dans
la trame qui est mienne.
Tisserandes, montrez-moi le
dessein de mon destin.

(Rosario Castellanos)

Recueil: Poésie du Mexique
Traduction: Jean-Clarence Lambert
Editions: Actes Sud

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RETOUCHE AU POÈTE DÉCADENT (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 25 mars 2023



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RETOUCHE AU POÈTE DÉCADENT

Du cygne il ne montre que l’oie
gavée de vers nacrés.
Péniche
bourrée de meubles en bois de rose à jours,
avec un lit qui n’en finit plus
porté par de grosses musiques
où l’on discerne le bruit d’enfant qui tète
d’une eau sans voyage
à quai dont les pierres se descellent.

(Daniel Boulanger)

Illustration: ArbreaPhotos
 

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Fleur de lune (Guy Meunier)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2023



Illustration
    
Fleur de lune

L’endymion est une fleur qui
En dit long sur les sous-bois qui
Sont revenus de leur maquis
Où l’hiver les avait requis.

L’endymion est une fleur que
Je m’en vais retrouver dès que
Décembre nous montre sa queue
Et que Mars devient belliqueux.

L’endymion est une fleur dont
La délicatesse est un don
Pour le timide céladon
Oui lui confie ses abandons.

L’endymion est une fleur dont
Le nom usuel est clochette ou
Bien jacinthe des bois, et qui
Fleurit lorsque la lune est … bleue.

(Guy Meunier)

Recueil: On fait comme on a dit
Editions: Lavillatte
  

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Dans mon souvenir fleurissent (Heinrich Heine)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2023




    
Dans mon souvenir fleurissent
Les images usées depuis longtemps
— Qu’y a-t-il donc dans ta voix
Qui me bouleverse aussi profondément?

Non, ne dis pas que tu m’aimes !
Je le sais : ce qu’il y a de plus beau sur terre,
Le printemps aussi bien que l’amour,
Sont condamnés à prendre fin.

Non, ne dis pas que tu m’aimes !
Embrasse-moi seulement et tais-toi,
Et souris lorsque demain matin
Je te montrerai les roses fanées.

(Heinrich Heine)

errer,

Recueil: Nouveaux poèmes
Traduction: Anne-Sophie et Jean Guégan
Editions: Gallimard

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LE PRINTEMPS DANS UN FILET DE PÊCHEUR (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023




    
LE PRINTEMPS DANS UN FILET DE PÊCHEUR

Dans le filet bordé par des bouchons
c’est le printemps. Des arbres pleins de fleurs
nous montrent, souriants, les dents de leurs boutons
lorsque nous regardons en arrière.

Dans le filet bordé par des bouchons
et qui plus est plié triplement
il y a de même les astres ; ils me connaissent
et l’un d’eux se souvient, toujours quand

je rentre — et il m’éclaire, alors que dans l’ombre
vers le seuil aimé j’avance de nouveau.
Qui d’autre a donc les étoiles pour amies ?
D’un petit nombre seulement c’est le lot.

Dans le filet bordé par des bouchons
le vent s’est fait prendre ; et son rire,
c’est le rire que, si elles parlent des hommes,
les femmes font à chaque fois retentir.

Dans le filet bordé par des bouchons
sont prises maintenant les griffes d’une douce peur.
Et c’est la peur que, toujours, éprouvent les hommes
quand ils évoquent les femmes, se parlant entre eux.

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

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