Posts Tagged ‘morceau’
Posted by arbrealettres sur 12 mars 2023

Aux frontières errantes
Variations sur une page de Jean-Jacques Rousseau
L’arbre a des racines, c’est bien
l’homme a des jambes, c’est mieux
GEORGES STEINER
les cartes
mappemondes planisphères
ont des lignes de partage des terres
comparables
aux cartes qu’on peut lire
dans certaines boucheries
découper la viande
selon les pointillés
les limites tracent les tranchées
entre deux morceaux
on se partage la bête
on se réserve la part du lion
on nous fait avaler qu’à chacun
il y a une part de gâteau
un premier
ayant enclos terrain
dit à moi
ce premier fonde
crimes guerres
meurtres misères
horreurs
un premier est
un imposteur
la terre n’est à personne
(Michaël Glück)
Recueil: Frontières Petit atlas poétique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted in poésie | Tagué: (Michaël Glück), arbre, avaler, bête, boucherie, carte, comparable, crime, découper, enclos, errer, fonder, frontière, gâteau, guerre, homme, horreur, imposteur, jambe, ligne, limite, lion, lire, mappemonde, meurtre, misère, morceau, page, part, partage, partager, personne, planisphère, pointillé, premier, racine, se réserver, terrain, terre, tracer, tranchée, viande, vriation | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 8 février 2023

SI L’AMOUR FUT
Mon amour, était-ce toi ou mon seul élan,
le nom que ma parole a donné à son désir.
As-tu existé, toi l’autre? Était-il véritable,
sous de larges pommiers entre les pignons,
ce long corps étendu tant d’années?
L’azur a-t-il été un vrai morceau du temps?
N’ai-je pas imaginé une vacance dans l’opaque?
Étais-tu venue, toi qui t’en es allée?
Ai-je été ce feu qui s’aviva, disparut?
Tout est si loin. L’absence brûle comme la glace.
Les ramures de mémoire ont charbonné.
Je suis arrêté pour jusqu’à la fin ici,
avec un souvenir arrêté qui n’a plus de figure.
Si c’est un rêve qu’éternel amour,
qu’importe j’y tiens.
J’y suis tenu ou je m’y trouve abandonné.
Désert irrémédiable et la creuse fierté.
Quand tu reviendras avec un autre visage,
je ne te reconnais pas, je ne sais plus voir, tout n’est rien.
Hier fut. Il était mêlé de bleu et frémissait,
ordonnancé par un regard qui change.
Une chevelure brillait, violemment dénouée,
recomposée autour de moi, je le croyais.
Le temps remuait parmi l’herbe souterraine.
Éclairés de colère et de rire, les jours battaient.
Hier fut.
Avant que tout ne s’ébranlât un amour a duré,
verbe qui fut vivant, humain amour mortel.
Mon amour qui tremblait par la nuit incertaine.
Mon amour cautionné dans l’oeil de la tempête
et qui s’est renversé.
(André Frénaud)
Recueil: Il n’y a pas de paradis
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (André Frénaud), abandonner, absence, amour, année, arrêter, autour, autre, azur, éclairer, élan, étendu, éternel, battre, bleu, brûler, briller, cautionner, changer, charbonner, chevelure, colère, corps, creux, croire, dénouer, désert, disparaître, durer, feu, fierté, figure, fin, frémir, glace, herbe, humain, ici, imaginer, incertain, irrémédiable, jour, large, loin, long, mémoire, mêler, morceau, mortel, nom, nuit, oeil, opaque, ordonnancer, parole, pignon, pommier, ramure, rêve, recomposer, reconnaître, regard, remuer, renverser, revenir, rien, rire, s'aviver, s'ébranler, s'en aller, se trouver, souterrain, souvenir, tempête, temps, toi, tout, trembler, vacance, véritable, venir, verbe, violent, visage, vivant, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2023
Illustration
Rien ne cesse rien n’est les morts ne sont pas morts
Les vivants s’imaginent vivre
Un acte continue où l’on ne peut le suivre
Rien n’est dedans rien n’est dehors.
Rien ne pèse tout pèse et notre marche lourde
Est légère dans le sommeil
Aveugles sont nos yeux et nos oreilles sourdes
Dans un monde au rêve pareil.
D’autres formes sont là que jadis accumule
Avec celles du lendemain
Et ce que notre temps par un mensonge annule
Reste dans son avare main.
Tout combine un seul bloc que le temps nous débite
Peu à peu morceau par morceau.
Le bâton se brise dans l’eau
Et l’immobilité se vante d’aller vite.
Or parfois dans le rêve ou par quelque ressort
Qui l’étrange machine embrouille
L’invisibilité de sa cachette sort
Comme la Vénus d’une fouille.
(Jean Cocteau)
Recueil: Clair-obscur
Traduction:
Editions: Points
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Cocteau), accumuler, acte, aller, annuler, avare, aveuglé, étrange, bâton, bloc, cachette, cesser, combiner, continuer, débiter, dedans, dehors, eau, embrouiller, forme, fouille, immobilité, invisibilité, jadis, léger, lendemain, lourd, machine, main, marche, mensonge, monde, morceau, mort, oreille, pareil, parfois, peser, peu à peu, rêve, ressort, rester, rien, s'imaginer, se briser, se vanter, sommeil, sortir, sourd, suivre, temps, Vénus, vite, vivant, vivre, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 avril 2022

Le secret du petit frère
Comme mon anniversaire approchait
Petit Frère avait un secret:
Il le gardait jour après jour
Et quand je l’interrogeais il fredonnait un petit air.
Mais une nuit il a plu,
Je me réveillai et l’entendis pleurer:
Alors il me dit:
« J’ai planté deux morceaux de sucre dans ton jardin
Parce que tu l’aimes tellement tellement
J’ai pensé qu’il pousserait tout un arbre à sucre pour ton anniversaire
Et maintenant il doit être tout fondu. »
Ô le chéri!
***
Little Brother’s Secret
When my birthday was coming
Little Brother had a secret:
He kept it for days and days
And just hummed a little tune when I asked him.
But one night it rained
And I woke up and heard him crying:
Then he told me.
I planted two lumps of sugar in your garden
Because you love it so frightfully
I thought there would be a whole sugar tree for your birthday,
And now it will all be melted. »
O the darling!
(Katherine Mansfield)
Recueil: Villa Pauline Autres Poèmes
Traduction: Philippe Blanchon
Editions: La Nerthe
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Posted in poésie | Tagué: (Katherine Mansfield), aimer, air, anniversaire, approcher, arbre, chéri, fondre, frère, fredonner, garder, interroger, jardin, morceau, nuit, penser, petit, planter, pleuvoir, pousser, secret, sucre, tellement | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 mars 2022

Bonsoir mon enfant,
bonsoir mon frère,
bonsoir mon amour.
Il y a des vérités simples que je n’ose pas écrire.
Elles se chamaillent en moi comme des chiots adorables.
Alors j’attends qu’elles se taisent,
et je regarde la nuit tenir les toits des immeubles bas
dans la poche de son manteau.
Demain matin, une fois de plus,
je rassemblerai tous mes morceaux.
Bonsoir mon enfant,
bonsoir mon frère,
bonsoir mon amour.
(Cécile Coulon)
Recueil: Noir Volcan
Traduction:
Editions: Le Castor Astral
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Posted in poésie | Tagué: (Cécile Coulon), adorable, amour, attendre, écrire, bonsoir, chiot, demain, enfant, frère, immeuble, manteau, matin, morceau, nuit, oser, poche, rassembler, regarder, se chamailler, se taire, simple, tenir, toit, vérité | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 juillet 2021

ILS CASSENT LE MONDE
Ils cassent le monde
En petits morceaux
Ils cassent le monde
A coups de marteau
Mais ça m’est égal
Ça m’est bien égal
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez
Il suffit que j’aime
Une plume bleue
Un chemin de sable
Un oiseau peureux
Il suffit que j’aime
Un brin d’herbe mince
Une goutte de rosée
Un grillon de bois
Ils peuvent casser le monde
En petits morceaux
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez
J’aurai toujours un peu d’air
Un petit filet de vie
Dans l’oeil un peu de lumière
Et le vent dans les orties
Et même, et même
S’ils me mettent en prison
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez
Il suffit que j’aime
Cette pierre corrodée
Ces crochets de fer
Où s’attarde un peu de sang
Je l’aime, je l’aime
La planche usée de mon lit
La paillasse et le châlit
La poussière de soleil
J’aime le judas qui s’ouvre
– Les hommes qui sont entrés
Qui s’avancent, qui m’emmènent
Retrouver la vie du monde
Et retrouver la couleur
J’aime ces deux longs montants
Ce couteau triangulaire
Ces messieurs vêtus de noir
C’est ma fête et je suis fier
Je l’aime, je l’aime
Ce panier rempli de son
Où je vais poser ma tête
(Boris Vian)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 27 mai 2021

Regrets de France
La lune dans l’étang
Se souvient d’elle-même,
Veut se donner pour thème
A son enchantement,
Mais sa candeur précise
Au frais toucher de l’eau,
De délices se brise,
Et flotte la surprise
Des lunaires morceaux.
(Jules Supervielle)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Jules Supervielle), étang, candeur, délice, donner, enchantement, flotter, lunaire, lune, morceau, regret, se briser, surprise, toucher | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2020

COL EN DENTELLES BLANCHES
à Roumiana
Nous émottons les années et elles se mettent à respirer.
Les non-partagées, on les couvre soigneusement
avec des toiles d’araignées
pour qu’elles ne saignent plus.
Le rouge n’est pas une couleur d’ange, dit-elle,
en dessinant des triangles dans l’air
pendant que j’essaie de trouver la place juste
d’un morceau du puzzle.
J’ai emmuré l’une des portes,
c’est pourquoi tu ne réussis pas à faire rentrer
la table au milieu du salon.
Les reflets de la bougie lèchent les nacres
incrustées dans l’ancien fauteuil viennois,
arrachent des runes bleuâtres
et les effacent tout de suite.
C’est le baiser du temps,
ajoute-t-elle à l’aube
et son doigt suit la ligne blanche
au creux de l’accoudoir
ayant amassé la poudre des ailes
de ce papillon mystique
qui avait survolé nos têtes
une nuit de février
comme s’il voulait démentir les saisons
et éclairer l’écriture secrète
dans l’âme de chacune de nous.
(Aksinia Mihaylova)
Recueil: Le baiser du temps
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Aksinia Mihaylova), accoudoir, aile, air, amasser, ancien, ange, année, arracher, aube, âme, éclairer, écriture, émotter, baiser, blanc, bleuâtre, bougie, col, couleur, couvrir, creux, démentir, dentelle, dessiner, doigt, effacer, emmurer, essayer, fauteuil, incruster, juste, lécher, ligne, milieu, morceau, mystique, nacre, nuit, papillon, partager, place, porte, poudre, puzzle, réussir, reflet, rentrer, respirer, rouge, runes, saigner, saison, salon, se mettre, secret, soigneux, suivre, survoler, table, tête, temps, toile d'araignée, triangle, trouver | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2020

Sucre Candide
Maman, l’hiver, m’en donnait un petit morceau pour la gorge, quand je partais à l’école.
L’instituteur m’apprit un jour qu’on ne dit pas le sucre candide mais le sucre candi.
Quelle déception ! Le lendemain je doutais du Père Noël et un peu plus tard, je réfléchis à l’existence de Dieu …
(Norge)
découvert ici chez laboucheaoreilles
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Norge), école, candi, candide, déception, Dieu, douter, existence, gorge, hiver, instituteur, maman, morceau, partir, père noël, réfléchir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 septembre 2020

Abattez mes branches
sciez-moi en morceaux
les oiseaux continueront à chanter
dans mes racines
(Anise Koltz)
Recueil: Somnambule du jour
Traduction:
Editions: Gallimard
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