LA JEUNE MORTE SAUTE
à pieds joints
dans une flaque de lumière.
(Christian Bobin)
Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2022
Posted in poésie | Tagué: (Christian Bobin), flaque, jeune, lumière, morte, sauter | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2022
Terre morte sous un suaire de neige
Ciel plombé
Où règne un silence religieux
Que trouble à peine une procession de corbeaux
Le givre coagule les branches et vitrifie les herbes
Les arbres tendent leurs moignons
Vers le ciel pour mendier l’aumône
D’un regard voilé de brume
Où ne brille qu’un soleil qui vacille
(Jean-Baptiste Besnard)
Posted in poésie | Tagué: (Jean-Baptiste Besnard), brume, ciel, coaguler, givre, herbe, mendier, moignon, morte, plombé, procession, religieux, silence, soleil, suaire;neige, terre, vaciller | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 juin 2022
C’est Moi, c’est moi qui frappe à votre porte
Ici comme ailleurs, à toutes les portes
Ne vous effrayez pas si je reste invisible
On ne peut voir une petite morte.
J’étais ici voici dix ans déjà
J’ai trouvé la mort à Hiroshima,
Je ne suis qu’une enfant, je n’avais que sept ans
Mais les enfants morts ne grandissent pas.
Mes longs cheveux tout d’abord ont pris feu
Mes mains ont brûlé tout comme mes yeux
Mon corps ne fut plus rien qu’une poignée de cendres
Mêlées au vent dans un ciel nuageux.
Je ne veux rien de vous en vérité,
Pour moi, nul ne peut plus me dorloter
Car l’enfant qui brûla comme papier journal
Vos bonbons jamais ne pourra goûter.
Je frappe à la porte, écoutez-moi donc
Et de votre nom faites-moi le don
Afin que l’on ne tue les enfants désormais
Qu’ils puissent toujours goûter les bonbons.
(Nâzim Hikmet)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Nazim Hikmet), écouter, bonbon, cendre, cheveux, don, dorloter, feu, frapper, goûter, grandir, Hiroshima, invisible, main, morte, nom, porte, s'effrayer, tuer, vent, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 mai 2022
Le muguet rougit — le
sang tire à soi
les blancs, nous
sommes suspendus
au-dessus du chagrin,
désarticulés, gauches,
paroles défleuries,
mémoire au rebut,
nous bourlinguons
dans nos noirceurs,
nos bouches s’unissent,
ténèbres — traversée
des étoiles mortes.
(Richard Rognet)
Posted in poésie | Tagué: (Richard Rognet), étoile, blanc, bouche, bourlinguer, chagrin, défleuri, désarticulé, gauche, mémoire, morte, muguet, noirceur, parole, rougir, s'unir, sang, ténèbres, traversée | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2021
GABELLES
Près des mers je vous ai guettés, manants. Voici la face
Avide. Puis les rocs. Déhanchées, les écumes.
Comme traces sur la mer d’un lourd passage d’ortolans.
La nuit est morte dans le jour, morte la faute dans l’été !
Ainsi la malemort ainsi l’odeur d’aridité
Meurent, pour se connaître sur la mer.
Et vous, vivants dans la mort claire.
— Quel est celui qui hèle ? Sur nous, quelle cette mer ?
Et pour laver la tour d’un feu de chênes nous appelle ?
Je suis l’obscur témoin, le mandement. Vous êtes mains
Amères, qui chantez dans l’amer tournoiement. Et vous,
Dans cet éclat et cet étonnement vous êtes
La mutité le vide la tempête
Où crie le noir silence qui m’étreint.
(…)
(Edouard Glissant)
Posted in poésie | Tagué: (Edouard Glissant), aridité, avide, éclat, écume, étonnement, étreindre, chêne, faute, feu, gabelle, guetter, manant, mer, mort, morte, mutité, nuit, ortolan, silence, tempête, trace, vide | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2021
Annie-Anna
Tandis qu’Anna se met à la machine à coudre
Voyez sa sœur Annie qui se met de la poudre.
Tandis qu´Anna toujours nettoie le linge sale
En ascenseur sa sœur Annie s´en va au bal.
Annie
Vous êtes bien plus jolie qu´Anna.
Anna
Je vous aime beaucoup plus qu´Annie.
Annie
Vous avez des yeux bleus qu´Anna n´a.
Anna
Je préfère vos jolis yeux gris.
L´amour est entré dans mon cœur depuis
Le jour béni
Où je vous vis.
Annie
Vous avez séduit un maharajah.
Anna
Eh bien vous n´avez séduit que moi.
Tandis qu´Anna dans sa maison fait la lessive
Dans les salons, sa sœur Annie fait la lascive.
Le maharajah met des bijoux sur sa poitrine
Cette poitrine m´a tout l´air d´une vitrine
Tous vos amis font du cinéma.
Anna
Je suis vraiment votre seul ami.
Annie
Cet hindou vous dit toujours « Ça va »
Anna
Il ne faut pas envier sa vie.
Rajah, je préfère aux trésors d´un jour
Un bel amour
Qui dure toujours.
Annie
Vous sortez en robe d´apparat.
Anna
Vous restez toujours seule à Paris.
Un jour la pauvre Annie vient frapper à ma porte.
Elle a des yeux qui font des plis, l´air d´une morte.
Le maharajah vient de partir pour Singapour
En emportant ses bijoux faux comme son amour.
Annie
Vous vous êtes jetée dans mes bras.
Anna
Tous trois nous avons pleuré sans bruit.
Annie
Vous êtes restée trois jours dans le coma.
Anna
Hier vous avez épousé le commis
Et moi qui ne suis pas un maharajah.
Mais un ami
Je suis parti
Parti
Je suis parti pour Bratislava
Là-bas.
Je vais essayer de refaire ma vie
En oubliant Anna-Annie.
(Charles Trenet)
Illustration: Charles J. Dwyer, Jr.
Posted in poésie | Tagué: (Charles Trenet), aimer, ami, amour, Anna, Annie, apparat, ascenseur, épouser, bal, bijoux, coma, faux, joli, jolie, lascive, lessive, linge, machine à coudre, maharajah, morte, nettoyer, Paris, partir, pleurer, poitrine, poudre, séduire, seule, trésor, yeux | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2021
Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie.
Suis-je Amour ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J’ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène…
Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.
(Gérard de Nerval)
Posted in poésie | Tagué: (Gérard de Nerval), amour, étoile, baiser, consolé, cri, fée, grotte, inconsolé, luth, lyre, mélancolie, morte, prince, sainte, sirène, soupir, ténébreux, tombeau, tour, treille, vainqueur, veuf | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 9 novembre 2021
La moisson sera belle. La terre s’enrichit.
Pourvu qu’il ne gèle pas
que le gel ne tue pas
tout, laissant broussaille morte.
Sur le versant sud j’ai planté des haricots.
Il y a beaucoup de mauvaises herbes.
Les semis sont maigres.
Je me lève tôt pour aller bêcher,
Quand je reviens avec ma bêche,
je porte aussi le clair de lune
sur mon épaule.
Le sentier est étroit
hautes les fleurs sauvages et l’herbe.
Mes habits sont trempés de rosée.
Ça m’est égal,
si rien ne vient troubler ma paix.
(Tao Yuan Ming)
Posted in poésie | Tagué: (Tao Yuan Ming), étroit, bêcher, belle, broussaille, clair de lune, fleur, geler, haricot, maigre, moisson, morte, paix, revenir, rose, s'enrichir, sauvage, sentier, terre, trempé, troubler, tuer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2021
La faute du temps
Elle était venue dans l’été
Et sa robe était si légère
Le gravier crissait sous ses pas
Il y a longtemps il y a longtemps déjà
Je ne sais plus si la vie me connaît
Par la faute du temps
J’erre dans ma mémoire
Je ne sais plus où sont les choses
Que je croyais rangées
A tout jamais entre l’espoir
Et le passé encore vivant
Elle était belle comme le jour
Où je l’ai rencontrée
Les pierres de la nuit étaient chaudes
De soleil et de baisers
Et déjà elle est morte
Je crois que la vie n’en sait rien
(Robert Momeux)
Posted in poésie | Tagué: (Robert Momeux), été, baiser, belle, chaude, errer, espoir, faute, gravier, jour, légère, longtemps, mémoire, morte, passé, rencontrer, rien, robe, savoir, soleil, temps, vivant | Leave a Comment »