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Poésie

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Encore une fois des fruits, des roses encore une fois (José Saramago)

Posted by arbrealettres sur 21 mai 2022




    
Encore une fois des fruits, des roses encore une fois

Mais si mes mains en coquille n’ont pas moulé
Les roses que tu portes dans ton sein,
Si ma bouche ne mord pas dans ta bouche
Le miel de la fleur, transformé en fruit,
Que mes mains tombent, mes lèvres se clouent,
Car des mirages de vie je n’en veux pas
De ce côté-ci de ton verger,
Devant le jardin tout muré.

***

Outra vez frutos, rosa soutra vez

Mas se estas mãos em concha não moldarem
As rosas que levantas no teu seio,
Se a boca não morder na tua boca
O mel da flor, em fruto transformado,
Caiam as mãos, os lábios se me preguem,
Que miragens de vida não as quero
Deste lado de cá do teu pomar,
Diante do jardim todo murado.

(José Saramago)

Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond

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Art poétique (José Saramago)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2022




    
Art poétique

D’où vient le poème ? A quoi sert
De tracer à l’équerre la semence :
Fleur ou herbe, forêt et fruit.
Mais avancer un pied n’est pas voyager,
Comme ne sera peinture la couleur qui ne s’inscrit
Avec tact rigoureux et harmonie.
Amour, s’il y a, de peu se contente
Si, pour les loisirs d’une âme accompagnée,
Du corps lui suffit la prescience.

Le poème ne s’oublie pas, ne s’ajourne pas,
Si le corps du mot est moulé
Avec rythme, assurance et conscience.

***

Arte poética

Vem de quê o poema? De quanto serve
A traçar a esquadria da semente:
Flor ou erva, floresta e fruto.
Mas avançar um pé não é fazer jornada,
Nem pintura será a cor que não se inscreve
Em acerto rigoroso harmonia.
Amor, se o há, com pouco se conforma
Se, por lazeres de alma acompanhada,
Do corpo lhe bastar a presciência.

Não se esquece o poema, não se adia,
Se o corpo da palavra for moldado
Em ritmo, segurança e consciência.

(José Saramago)

 

Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond

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UN MIOCHE (H. Leivick)

Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2019



Illustration: Périclès Pantazis

    

UN MIOCHE

Nuit, lucioles d’orage,
Un tortueux chemin
Je leur cherche un langage,
Je leur cherche un refrain.

Tous les mots s’émerveillent
Du plus petit discours –
Juste créé, s’éveille
Le monde âgé d’un jour.

Un bruit d’orage roule,
La voie lactée se tord
L’odeur du divin moule
Flotte partout encore.

Juste issu de l’abîme
Vers son but, son sens vrai,
Tout demeure anonyme –
Sourire, jeu, secret.

La lune, hochet-cloche,
Paraît puis déguerpit
Dieu lui-même – un mioche
Joue avec sa toupie.

(H. Leivick)

 

Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard

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Parmi des chênes, accoudée (Jean Moréas)

Posted by arbrealettres sur 21 juillet 2018



Parmi des chênes, accoudée

Parmi des chênes, accoudée
Sur la colline au vert gazon,
Se dresse la blanche maison,
De chèvrefeuille enguirlandée.

A la fenêtre, où dans des pots,
Fleurit la pâle marguerite,
Soupire une autre Marguerite :
Mon coeur a perdu son repos…

Le lin moule sa gorge plate
Riche de candides aveux,
Et la splendeur de ses cheveux
Ainsi qu’un orbe d’or éclate.

Va-t-elle murmurer mon nom ?
Irons-nous encor sous les graves
Porches du vieux burg des burgraves ?
Songe éteint, renaîtras-tu ? -non !

(Jean Moréas)

 

 

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Ce qui s’inscrit sous les paupières de la passion (Sylvie Fagre G.)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2018



    

Ce qui s’inscrit sous les paupières de la passion,
qui saura m’en révéler la source ?

Une forme légère, et pourtant très certaine, moule son chemin en moi.
Elle chatoie, est-ce mon âme, et me tend, avide soudain du dévoilement
et du centre, sa musique qui résonne jusqu’en la plus secrète de mes ramures.

À travers elle, c’est le coeur de mes demeures coutumières que je vois,
et ce qui me guide n’est plus seulement cette ardente nudité de la chair
mais une marque inscrite qui dit : aucune porte ne se ferme,

Ô donnez-moi la grâce d’être toujours dans cette touche de la félicité.
Et ainsi se cherche le nom au creux d’un visage qui serait la lumière.
Et l’on ne voit dans son absence que flamme accrue de l’ombre.
Et l’on pressent, éblouie, sa forme parfaite.

Savoir où fixer son regard.
Ordonner cette quête,
quitter le tourbillon
de lumière et de nuit
qui nous enferme.

(Sylvie Fagre G.)

 

Recueil: Frère humain
Traduction:
Editions: L’AMOURIER

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Il suffit d’un regard (Nadia Tueni)

Posted by arbrealettres sur 13 octobre 2017




    
Il suffit d’un regard pour que germe la haine
et déferle l’angoisse au fond des galaxies
il suffit d’un regard pour que mon être porte
aux sommets du plaisir les épaves de toi

Il suffit d’un regard pour que pleure la neige
et que monte la sève au levain de l’amour

il suffit d’un regard pour se tordre et s’enfuir
et d’un regard aussi pour que gicle le rêve!

Il suffit d’un regard pour que gronde la pierre
d’un regard qui embrasse et moule l’univers
il suffit d’un regard pour dans une prière
voir s’étendre la vie au néant vaste et mou !

(Nadia Tueni)

 

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Tu es prise dans les jardins de mes rides (Djamal Amrani)

Posted by arbrealettres sur 6 août 2016



IL N’EST PAS jusqu’à tes feux
qui n’aient arrêté mon sourire
Tu es prise dans les jardins
de mes rides
à moins que ce ne soit toi qui me moules
dans l’immobilité craintive
d’un arc-en-ciel.
Ma vie est toujours en avance d’un pas
Peu m’importe le matin qui se plante
entre mes dents
le monde qui s’insinue dans
des cendres mordorées
Peu m’importe les oiseaux de pierre
les algues lisses les chevaux fous
et la face nue de mes planètes
peu m’importe l’épaule et le sein
l’insulte et le joyau.
Tu coules toujours immense
dans mes paupières jusqu’à l’impudique
dénouement. Chair matinale qui me regarde.

(Djamal Amrani)

Illustration: Irina Kotova

 

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