
Quand tu me haches le coeur
J’ai si mal
Que je pourrais sans rien sentir
Courir jusqu’à la mer
Et mourir tranquille
Comme un coquillage
(Denise D.Jallais)
Posted by arbrealettres sur 24 mars 2023
Quand tu me haches le coeur
J’ai si mal
Que je pourrais sans rien sentir
Courir jusqu’à la mer
Et mourir tranquille
Comme un coquillage
(Denise D.Jallais)
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Posted by arbrealettres sur 22 mars 2023
;
Tant d’images entrevues
qui presque toujours meurent comme les papillons
certaines — plutôt rares — restent imprimées
à jamais dans la mémoire
(Hamid Tibouchi)
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Posted by arbrealettres sur 21 mars 2023
Quelque chose dénoue le guetteur, le rend friable à la gorge.
La hache de l’évidence précède les ruisseaux, aux portes des rivières,
entre les mains des enfants.
Alors nous savons mourir, être la proie des roseaux,
et dans leur bec, rejoindre la vase, le lichen, le goémon.
(Dominique Sampiero)
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Posted by arbrealettres sur 12 mars 2023
La Frontière
Allongé sur le sable on dirait qu’il dort
Il est beau et très calme dans le froid qui mord
C’est un guerrier nomade, un homme du désert
Qui est couché dans le sable les yeux grands ouverts
Jusqu’où vont les nomades plus loin que la mort
Dans le chant des étoiles y’a le mirador
A quoi rêvent les nomades sous le ciel ouvert
A des pur-sang arabes écumant la mer.
Reste dans ton rêve, c’est peut-être mieux
Mais le jour se lève et en plein milieu
Il y a la frontière.
La violence est silence,
Silence est désert
Sentinelles de sable tournés vers la mer
Tirez sur tout ce qui bouge, même sur la poussière
Tirez sur le soleil rouge qui meurt dans la mer.
Qui partage les pierres, les jungles et le sable
Qui a mis l’univers à plat sur la table
Qui a peur de son ombre et qui fait la guerre
Mais déjà le vent efface ton nom sur la pierre.
Couché sur le sable, on dirait qu’il dort
Mais pour un nomade, c’est après la mort
Qu’y a plus de frontière.
Où est la frontière?
Où est la frontière?
Pour qui la frontière?
C’est loin la frontière?
Pourquoi la frontière?
C’est loin la frontière?
Où est la frontière?
(Bernard Lavilliers)
Recueil: Frontières Petit atlas poétique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023
J’aurais pu dire :
Vieillir, c’est désolant, c’est insupportable,
C’est douloureux, c’est horrible,
C’est déprimant, c’est mortel.
Mais j’ai préféré « chiant »
Parce que c’est un adjectif vigoureux
Qui ne fait pas triste.
Vieillir, c’est chiant parce qu’on ne sait pas quand ça a commencé
et l’on sait encore moins quand ça finira.
Non, ce n’est pas vrai qu’on vieillit dès notre naissance.
On a été longtemps si frais, si jeune, si appétissant.
On était bien dans sa peau.
On se sentait conquérant.
Invulnérable.
La vie devant soi.
Même à cinquante ans, c’était encore très bien…. Même à soixante.
Si, si, je vous assure,
j’étais encore plein de muscles, de projets, de désirs, de flamme.
Je le suis toujours, mais voilà,
entre-temps j’ai vu le regard des jeunes…..
Des hommes et des femmes dans la force de l’âge
qui ne me considéraient plus comme un des leurs,
même apparenté, même à la marge.
J’ai lu dans leurs yeux
qu’ils n’auraient plus jamais d’indulgence à mon égard.
Qu’ils seraient polis, déférents, louangeurs, mais impitoyables.
Sans m’en rendre compte,
j’étais entré dans l’apartheid de l’âge.
Le plus terrible est venu des dédicaces des écrivains, surtout des débutants.
« Avec respect »,
« En hommage respectueux »,
« Avec mes sentiments très respectueux ».
Les salauds !
Ils croyaient probablement me faire plaisir
en décapuchonnant leur stylo plein de respect ?
Les cons !
Et du ‘cher Monsieur Pivot’ long et solennel
comme une citation à l’ordre des Arts et Lettres
qui vous fiche dix ans de plus !
Un jour, dans le métro, c’était la première fois,
une jeune fille s’est levée pour me donner sa place…
J’ai failli la gifler.
Puis la priant de se rasseoir,
je lui ai demandé si je faisais vraiment vieux,
si je lui étais apparu fatigué. !!!… ?
– « Non, non, pas du tout,
a-t-elle répondu, embarrassée. J’ai pensé que”.
– Moi aussitôt : « Vous pensiez que ? »
– « Je pensais, je ne sais pas, je ne sais plus,
que ça vous ferait plaisir de vous asseoir. »
– « Parce que j’ai les cheveux blancs ? »
– « Non, c’est pas ça, je vous ai vu debout
et comme vous êtes plus âgé que moi, ça a été un réflexe, je me suis levée. »
– « Je parais beaucoup… beaucoup plus âgé que vous ? »
– « Non, oui, enfin un peu, mais ce n’est pas une question d’âge. »
– « Une question de quoi, alors ? »
– « Je ne sais pas,
une question de politesse, enfin je crois. »
J’ai arrêté de la taquiner,
je l’ai remerciée de son geste généreux
et l’ai accompagnée à la station où elle descendait pour lui offrir un verre.
Lutter contre le vieillissement
c’est, dans la mesure du possible,
ne renoncer à rien.
Ni au travail, ni aux voyages,
ni aux spectacles, ni aux livres,
ni à la gourmandise, ni à l’amour, ni au rêve.
Rêver, c’est se souvenir,
tant qu’à faire, des heures exquises.
C’est penser aux jolis rendez-vous qui nous attendent.
C’est laisser son esprit vagabonder
entre le désir et l’utopie.
La musique est un puissant excitant du rêve.
La musique est une drogue douce.
J’aimerais mourir, rêveur, dans un fauteuil
en écoutant soit l’Adagio du Concerto n° 23 en La majeur de Mozart,
soit, du même, l’Andante de son Concerto n° 21 en Ut majeur,
musiques au bout desquelles se révéleront à mes yeux pas même étonnés
les paysages sublimes de l’au-delà.
Mais Mozart et moi ne sommes pas pressés.
Nous allons prendre notre temps.
Avec l’âge le temps passe, soit trop vite, soit trop lentement.
Nous ignorons à combien se monte encore notre capital.
En années ? En mois ? En jours ?
Non, il ne faut pas considérer le temps qui nous reste comme un capital.
Mais comme un usufruit dont, tant que nous en sommes capables,
il faut jouir sans modération.
Après nous, le déluge ?…
Non, Mozart.
(Bernard Pivot)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Bernard Pivot), adiago, adjectif, aimer, amour, apertheid, appétissant, assurer, attendre, âge, écrivain, étonner, bien, blanc, capable, capital, cheveux, chiant, citation, commencer, con, concerto, conquérant, considérer, débutant, décapuchonner, dédicace, déférent, déluge, déprimant, désir, désolant, debout, dire, donner, douloureux, doux, drogué, entre-temps, esprit, exquis, faillir, femme, finir, flamme, force, frais, généreux, geste, gifler, gourmandise, heure, hommage, homme, horrible, ignorer, impitoyable, indulgence, insupportable, invulnérable, jeune, jeune fille, jouir, lent, lire, livre, longtemps, louangeur, lutter, marge, métro, modération, mortel, mourir, Mozart, muscle, musique, naissance, offrir, ordre, peau, penser, place, plaisir, poli, politesse, préférer, projet, réflexe, rêve, regard, remercieux, rendez-vous, renoncer, respect, respectueux, rester, rien, s'asseoir, salaud, se lever, se révéler, se sentir, se souvenir, solennel, spectacle, stylo, terrible, travail, triste, usufruit, utopie, vagabonder, verre, vieillir, vieillissement, vigoureux, voir, voyage, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 février 2023
Illustration: Auguste Rodin
« LE PENSEUR » DE RODIN
Son menton sur sa main rude,
le Penseur se souvient qu’il est chair vouée à la fosse,
chair de fatalité, nue en face du destin,
chair qui hait la mort, qui a frémi de beauté,
frémi d’amour, tout le long de son ardent printemps
et maintenant, à son automne, sent l’envahir le flot de la vérité et de la tristesse.
Sur son front passe le « il faut mourir »
du bronze, lorsque la nuit tombe.
L’angoisse sillonne ses muscles tendus,
chaque creux de sa chair s’emplit de terreur;
il se fend, telle feuille d’automne, à la voix du Seigneur
qui l’appelle dans le bronze… Et il n’y a pas d’arbre tordu,
sur la plaine au feu du soleil, pas de lion blessé,
crispés comme cet homme qui médite sur la mort.
(Gabriela Mistral)
Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi
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Posted by arbrealettres sur 25 février 2023
MA MORT EST MORTE AVEC TOI
Ma mort
Est morte avec toi
Jamais plus je n’aurai les fleurs
Leurs confidences
D’enfant au rosier.
Jamais plus je n’aurai le saule
Son doux visage d’orphelin
Ce «oui» coloré
Qu’on appelle la vie.
Le printemps est venu sans toi
Et je mourrai sans toi
Sans lui
Sur le territoire des cigognes
Sous la protection des mûres
Le long des noisetiers
Contre leurs doigts de joueurs d’échecs.
Qu’on me donne l’hiver
Son ventre plat
Son rire éteint de graminée
La neige fine de sa lampe
Et que j’éclate au loin
En campagne
En mer
Que je coule avec toi
Et sans fin avec toi
Morte avec toi
Un soir de safran
Et d’ornières.
(Claude de Burine)
Recueil: A Henri de l’été à midi
Editions: Saint Germain des Prés
Posted in poésie | Tagué: (Claude de Burine), appeler, au loin, avoir, échec, éclater, éteindre, campagne, cigogne, colorer, confidence, contre, couler, doigt, donner, doux, enfant, fin, fleur, graminée, hiver, jamais, jouer, lampe, mûre, mer, mort, mourir, neige, noisetier, ornière, orphelin, oui, plat, printemps, protection, rire, rosier, safran, saule, soir, territoire, venir, ventre, vie, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 février 2023
Illustration: Odile Wysocki-Grec
Je t’ai possédée, ô fille de Kuprôs !
Pâle, je servis ta volupté cruelle…
Je pris, aux lueurs du flambeau d’Hesperôs,
Ton corps d’Immortelle.
Et ma chair connut le soleil de ta chair…
J’étreignis la flamme et l’ombre et la rosée,
Ton gémissement mourait comme la mer
Lascive et brisée.
Mortelle, je bus dans la coupe des Dieux,
J’écartai l’azur ondoyant de tes voiles…
Ma caresse fit agoniser tes yeux
Sur ton lit d’étoiles…
… Depuis, c’est en vain que la nuit de Lesbôs
M’appelle, et que l’or du paktis se prolonge…
Je t’ai possédée, ô fille de Kuprôs,
Dans l’ardeur d’un songe.
(Sappho)
Posted in poésie | Tagué: (Sappho), agoniser, appeler, ardeur, azur, écarter, étoile, étreindre, boire, briser, caresse, chair, connaître, corps, coupe, cruel, Dieu, en vain, fille, flambeau, flamme, gémissement, immortel, lascif, lit, lueur, mer, mortel, mourir, nuit, ombre, ondoyer, or, paktis, pâle, posséder, prendre, rosée, se promonger, servir, soleil, songe, voile, volupté, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 février 2023
Illustration: Serge Ceccarelli
Le Chemin
Il voit au-delà de notre âme
Le revers des mystères,
Est à vif jusqu’en son sommeil,
Se presse tranquillement solitaire.
En équilibre, son corps chaloupe
Sur la corde d’un chemin tendu.
Le chat parle une langue millénaire
Jauge, fixe, les yeux mi-clos,
Les fentes et les blessures
De nos plus vieilles lunes.
Il marche lentement son silence,
Mais connaît toutes les distances.
Il voit l’invisible
Et apprivoise celui qu’il a choisi.
Il prend la vie à pleines griffes
Et s’en va, impassible sage,
Se cacher pour mourir.
(Patrick Bertrand)
Posted in poésie | Tagué: (Patrick Bertrand), apprivoiser, au-delà, à vif, âme, équilibre, blessure, chalouper, chat, chemin, choisir, connaître, corde, corps, distance, fente, fixer, griffe, impassible, invisible, jauger, langue, lentement, lune, marcher, mi-clos, millénaire, mourir, mystère, parler, plein, prendre, revers, sage, se cacher, se presser, silence, solitaire, sommeil, tendu, tranquillement, vie, vieux, voir, yeux | Leave a Comment »