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Posts Tagged ‘musc’

Elle est brise embaumée (Ibn Zaydûn)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2022




    
Elle est brise embaumée qui vient guérir mon mal,
parfum délicieux, savoureuse haleine.
Elle me fait signe, d’un doigt délicat, et va
d’un pas gracieux, la magie relevant encore le fard de ses yeux.

Au creux de la ramure, elle rayonne, fidèle, dans la nuit,
lumière à l’état pur, tout imbibée de musc.
Quand, de sa paume ouverte, elle m’offre des fleurs de jasmin,
ce sont blanches étoiles que je cueille sur cette lune épanouie.

Corps habillé de grâce, être tout de douceur,
enveloppe de pur parfum, vin capiteux,
Elle berce mon coeur de mots que je savoure
comme autant de rêves, comme une rencontre, au bout de l’exil.

(Ibn Zaydûn)

Recueil: Pour l’amour de la Princesse (Pour l’amour de Wallâda)
Traduction: André Miquel
Editions: Actes Sud

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Mignonne, allons nous en dans un pays de songe (Jean Richepin)

Posted by arbrealettres sur 1 mai 2021



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Mignonne, allons nous en dans un pays de songe,
Joli, capricieux, absurde, comme vous,
Azuré d’impossible et fleuri de mensonges,
Où les arbres, les eaux et les ciels seront fous.

Regardez ! Le soleil sort de chez sa maîtresse
En galant négligé du matin, pâli, las,
Tandis qu’à l’horizon traînant sa noire tresse
Elle lui jette au nez des bouquets de lilas.

Lilas de l’aube, blancs lilas semés de perles !
Mettez à votre front ce nimbe gracieux.
La diane déjà chante au gosier des merles.
Les feuilles au réveil s’ouvrent comme des yeux.

Le ruisseau qui gazouille a pour vous des cascades
De diamant ou bien des miroirs de cristal.
Les cailloux du sentier roulent des noix de muscades,
Et l’écorce du bois est un bois de santal.

Le vent luxurieux sur vos lèvres dérobe
L’arôme des baisers et le vol des chansons,
Et le désir troublant qui dort sous votre robe
Fait courir un frisson d’amour dans les buissons.

Et sous vos pieds, vos mains, vos regards, votre haleine,
Tout va fleurir dans la foręt d’enchantement.
De fleurs aux mille noms pour que l’herbe soit pleine,
Ô fée, il vous suffit de m’aimer un moment.

L’héliotrope sombre embaumant la vanille,
L’aspérule aux relents de musc, le romarin,
La marjolaine en blanc qu’on nomme la gentille,
La sauge qui dans l’air met un souffle marin,

L’encens du basilic, la myrrhe des glycines,
L’oeillet qui sent le poivre et l’anis plein de miel,
La gueule ouverte rouge et or des capucines,
Le bleu myosotis, gouttelette de ciel,

La mauve, le muguet, les lis, les violettes,
Le chèvrefeuille avec ses coraux blancs-rosés,
La lavande, l’iris, le thym, ces cassolettes,
Tous les pois de senteur, ces papillons posés,

La jacinthe, l’arum, l’ache, les amarantes,
Les clochetons ambrés des pâles liserons,
Les roses, firmament d’aurores odorantes,
Tout va s’épanouir quand nous nous baiserons.

Au printemps de nos coeurs tout se mêle et s’enivre.
Étreintes de parfums, de formes, de couleurs !
Notre baiser d’aveu, comme un clairon de cuivre,
Sonne la charge en rut aux batailles des fleurs.

Mignonne, nous voici noyés dans cette foule.
Tu n’y peux échapper, c’est en vain que tu cours.
Les fleurs aiment encor sous ton pied qui les foule.
Sous nos corps enlacés les fleurs aiment toujours.

Leur sang coule embaumé du coeur de leurs calices,
Bu par les vents pareils à des chiens maraudeurs,
Qui traînent dans l’air chaud saturé des délices
Des lambeaux de couleurs, de formes et d’odeurs.

Elles meurent d’aimer. Elles meurent, qu’importe ?
Mort d’amour, ô le plus savoureux des trépas !
Et leur dernier soupir est un souffle qui porte
L’âpre besoin d’aimer ŕ ceux qui n’aiment pas.

O mignonne, mourrons comme ces fleurs qui s’aiment.
Donnons tout notre sang de désirs parfumé,
Et que les vents, grisés par nos baisers qu’ils sèment,
Aillent dire partout que nous avons aimé.

Qu’ils le disent au bois, au champ, à la ravine,
Le disent à la nuit et le disent au jour,
Qu’ils disent par sanglots notre extase divine
Au monde fatigué qui ne sait plus l’amour !

Qu’ils le disent au ciel, à la nature entière,
Qu’ils racontent que nous nous sommes épousés
Et que l’éternité de toute la matière
A fleuri ce jour-là dans un de nos baisers !

(Jean Richepin)

 Illustration: Dimitra Milan

 

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Le piège des cheveux (Hâfez Shirâzi)(Hafiz)

Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2020



Illustration: Oleg Zhivetin
    
Le piège des cheveux

J’ai pris mon coeur dans tes cheveux,
au filet de ton propre piège.
Tue-moi, d’un clin d’oeil, si tu veux :
pas d’autre sort qui me convienne !
Si tu te trouves en mesure
de contenter notre désir,
Exauce-le, car tu feras
une oeuvre pie pour me servir.
Par ta vie ! O ma douce idole,
je jure que, dans la nuit noire,
Comme un cierge je me consume :
car je voudrais m’anéantir.
Lorsque tu me parles d’amour,
rossignol, je te mets en garde :
La rose n’est qu’une égoïste
qui ne pense qu’à son plaisir.
La fleur n’a pas besoin du musc
du Turkestan ou de la Chine,
Puisqu’elle abrite son parfum
aux plis de son propre manteau.
Ne va donc pas frapper à l’huis
des possédants d’âme mesquine :
Tu as sous ton toit le trésor
de tout le bonheur qu’il te faut.

Hâfez, tu brûles de passion.
Le jeu d’amour est un pari
Tu restes fidèle à toi-même
et bien ancré dans ton parti.

***

(Hâfez Shirâzi)(Hafiz)

 

Recueil: L’amour, l’amant, l’aimé
Traduction: Vincent-Masour Monteil
Editions: Actes Sud

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Encore aujourd’hui (Bilhana)

Posted by arbrealettres sur 25 août 2019




Encore aujourd’hui
Il me souvient de ma bien-aimée
Sur sa couche.
Son corps exhalait le parfum du musc mêlé à l’onctueuse
Pâte de santal
Et, sur ses yeux charmants,
Le battement des cils semblait
La caresse
De deux oiseaux.

(Bilhana)


Illustration: Giorgione

 

 

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SONNET DE LA JOCONDE RANIMÉE (André Berry)

Posted by arbrealettres sur 11 mai 2019




    
SONNET DE LA JOCONDE RANIMÉE

Errant dans mon sommeil par cette galerie
Où de nuit et de jour sourit Mona Lisa,
Sur la bouche, soudain, de l’image chérie
D’un spontané transport ma bouche se posa.

Sa joue à mon toucher se fit tiède et fleurie;
A son front vint un feu, son regard s’attisa;
Un fin pleur remouilla sa paupière tarie;
Sa lèvre reprit musc, soufflant : « Dolce cosa!

« Ah! depuis cinq cents ans que, muette figure,
Je restais là figée en ma sèche peinture,
Sans que nul pour ma chair fit plus qu’un froid passant!

« Mais, en retour, prends-moi, toi qui crus à ma vie! »
Elle m’ouvrait les bras, à son cadre ravie.
L’étoffe s’abaissait sur son sein frémissant.

(André Berry)

 

Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard

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Que l’on jette ces lis (Jean Moréas)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2019


 


 

Léon Spilliaert

Que l’on jette ces lis …

Que l’on jette ces lis, ces roses éclatantes,
Que l’on fasse cesser les flûtes et les chants
Qui viennent raviver les luxures flottantes
A l’horizon vermeil de mes désirs couchants.

Oh ! Ne me soufflez plus le musc de votre haleine,
Oh ! Ne me fixez pas de vos yeux fulgurants,
Car je me sens brûler, ainsi qu’une phalène,
A l’azur étoilé de ces flambeaux errants.

Oh ! Ne me tente plus de ta caresse avide,
Oh ! Ne me verse plus l’enivrante liqueur
Qui coule de ta bouche – amphore jamais vide –
Laisse dormir mon coeur, laisse mourir mon coeur.

Mon coeur repose, ainsi qu’en un cercueil d’érable,
Dans la sérénité de sa conversion ;
Avec les regrets vains d’un bonheur misérable,
Ne trouble pas la paix de l’absolution.

(Jean Moréas)

Illustration: Léon Spilliaert

 

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Hier soir (Alexandre Pouchkine)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2018




    
Hier soir, comme Léila
me quittait très froidement,
je lui dis : « Ah ! reste encore ! »
Elle de me répliquer
que ma tête est grisonnante.
A l’indiscrète railleuse
je dis : « Chaque heure a ses goûts
et le noir parfum du musc
en camphre s’est vu changé. »
Le propos fut malheureux,
Léila ne fit qu’en rire
et dit : « Si le musc éveille
l’ardeur des jeunes époux,
laissons le camphre aux cercueils. »

(Alexandre Pouchkine)

 

Recueil: Poésies
Traduction: Louis Martinez
Editions: Gallimard

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Le parfum (Charles Baudelaire)

Posted by arbrealettres sur 19 novembre 2018



Le parfum

Lecteur, as-tu quelquefois respiré
Avec ivresse et lente gourmandise
Ce grain d’encens qui remplit une église,
Ou d’un sachet le musc invétéré ?

Charme profond, magique, dont nous grise
Dans le présent le passé restauré !
Ainsi l’amant sur un corps adoré
Du souvenir cueille la fleur exquise.

De ses cheveux élastiques et lourds,
Vivant sachet, encensoir de l’alcôve,
Une senteur montait, sauvage et fauve,

Et des habits, mousseline ou velours,
Tout imprégnés de sa jeunesse pure,
Se dégageait un parfum de fourrure.

(Charles Baudelaire)

 

 

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Un hémisphère dans une chevelure (Charles Baudelaire)

Posted by arbrealettres sur 19 novembre 2018



Un hémisphère dans une chevelure

Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux,
y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l’eau d’une source,
et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l’air.

Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! tout ce que je sens ! tout ce que j’entends dans tes cheveux !
Mon âme voyage sur le parfum comme l’âme des autres hommes sur la musique.

Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures ;
ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats,
où l’espace est plus bleu et plus profond, où l’atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine.

Dans l’océan de ta chevelure, j’entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques,
d’hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes
découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l’éternelle chaleur.

Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan,
dans la chambre d’un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port,
entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes.

Dans l’ardent foyer de ta chevelure, je respire l’odeur du tabac mêlé à l’opium et au sucre ;
dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l’infini de l’azur tropical ; sur les rivages duvetés de ta chevelure
je m’enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l’huile de coco.

Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires.
Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles,
il me semble que je mange des souvenirs.

(Charles Baudelaire)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

 

 

 

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LE POISSON ROUGE (Allen Upward)

Posted by arbrealettres sur 10 novembre 2018




    
LE POISSON ROUGE

Comme un souffle de musc amassé,
Comme les nageoires d’or qui vont
Vers les ombres vertes du bassin —
Flammes vivantes issues du crépuscule —
Sont les battements lumineux de l’amour
Dans le coeur de l’amant passionné.

(Allen Upward)

 

Recueil: Des Imagistes Anthologie
Traduction:
Editions: La Nerthe

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