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Poésie

Posts Tagged ‘mystérieux’

Quand tu vas rire (Jean-Pierre Lemaire)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2023




    
Quand tu vas rire, au fond de tes yeux graves
qui ne semblent pas changer de couleur
naissent des cristaux, des myosotis un bouquet mystérieux,
une fontaine sous-marine mille fenêtres qui sont les nôtres
éclairées par le jour inverse de ta joie

(Jean-Pierre Lemaire)

Recueil: Le pays derrière les larmes Poèmes choisis
Editions: Gallimard

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LE VENT DU SOIR (Jean-Pierre Lemaire)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2023



    

LE VENT DU SOIR

Des génies habitaient à l’intérieur des arbres
et sortaient le soir, quand il faisait grand vent
par un trou noir dans un noeud du tronc
où l’on ne pouvait passer que deux doigts
Le jardin entier devenait leur domaine
il n’était plus question d’aller dehors
et nous suivions derrière la vitre, anxieusement
les ravages de leur sarabande impalpable
Le matin, le jardin était presque intact
Il fallait se dépêcher, avec des brindilles
et des bouts d’écorce tombés
d’aller boucher le trou mystérieux
Puis on touchait le tronc, à demi rassuré
et l’on pouvait enfin jouer tranquillement

(Jean-Pierre Lemaire)

Recueil: Le pays derrière les larmes Poèmes choisis
Editions: Gallimard

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Une fois, presque à la fin de la journée (Marie Noël)

Posted by arbrealettres sur 24 mai 2023



    

Une fois, presque à la fin de la journée,
elle (ma nourrice) m’a conduite très loin,
au bord du monde, dans un champ mystérieux
où nous avons coupé avec la faucille
de grandes fougères.

Je n’ai jamais retrouvé ce champ.
Il n’avait pas d’entrée.
Mais un bonheur était dedans,
sur le bord du soleil qui allait partir.

Comment étions-nous venues là
toutes les deux,
sans route ni sentier?

*

Quand viendra le soir, au bout des années
Où, l’épaule basse et les yeux rougis,
Je ne serai plus, traînante et fanée,
Qu’une vieille en trop qui vague au logis.

Alors, quand le jour hésite et décline,
Comme une étrangère à jamais qui part,
A jamais… alors, comme une orpheline
Dont le cri n’a plus d’abri nulle part,

Je m’en irai seule avec mon pauvre âge
Qui n’a plus ni chant, ni charme, ni fleur,
Je m’en irai seule à la mort sauvage,
Sans faire alentour ni bruit ni malheur.

J’irai retrouver le pré seul au monde
0ù je traversai, petite, un bonheur
Que nul autre pré ne sut à la ronde,
Le champ oublié de tous les faneurs;

Le champ égaré depuis mon enfance
Que les bois au fond de leur secret noir
Ont si loin serré dans un grand silence
Que nul sentier clair n’a su le revoir.

Là se tient la fleur qui n’est pas sortie
Pour d’autres que moi dans mon prime temps.
Peut-être en ce champ, derrière l’ortie,
Que l’oiseau de l’aube à mi-ciel m’attend?

J’entrerai dedans sans bouquet ni gerbe,
La fleur et l’oiseau perdus y seront.
Je m’enfermerai dans ma chambre d’herbe…
Ce que j’y viens faire, eux seuls le sauront.

…….

Pas à pas le temps faible qui persiste
A battre en mon coeur sans savoir pourquoi
Sortira du monde… Et les feuilles tristes
Qui meurent le soir tomberont sur moi.

(Marie Noël)

Recueil: Poètes d’aujourd’hui – Marie Noël
Editions: Pierre Seghers

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L’amour par terre (Paul Verlaine)

Posted by arbrealettres sur 20 mai 2023




    
L’amour par terre

Le vent de l’autre nuit a jeté bas l’Amour
Qui, dans le coin le plus mystérieux du parc,
Souriait en bandant malignement son arc,
Et dont l’aspect nous fit tant songer tout un jour !

Le vent de l’autre nuit l’a jeté bas ! Le marbre
Au souffle du matin tournoie, épars. C’est triste
De voir le piédestal, où le nom de l’artiste
Se lit péniblement parmi l’ombre d’un arbre.

Oh ! c’est triste de voir debout le piédestal
Tout seul ! Et des pensers mélancoliques vont
Et viennent dans mon rêve où le chagrin profond
Évoque un avenir solitaire et fatal.

Oh ! c’est triste ! – Et toi-même, est-ce pas ? es touchée
D’un si dolent tableau, bien que ton œil frivole
S’amuse au papillon de pourpre et d’or qui vole
Au-dessus des débris dont l’allée est jonchée.

(Paul Verlaine)

Recueil: Poésies Verlaine
Editions: Hachette

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NOTÉ UNE NUIT D’AVRIL (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2023




    
NOTÉ UNE NUIT D’AVRIL

Qu’il y ait des couleurs, c’est étrange :
Blanc, jaune, bleu, vert, rouge, orange !

Etrange qu’il y ait des sons :
Cors, sopranos, hautbois, bassons !

Qu’il y ait une langue encore :
Vocables, vers, rimes, cadence,
Inflexion délicate ou sonore,
Syntaxe qui marche ou qui danse !

Qui se plaît à ces jeux,
Dans leur charme se baigne,
Pour lui le monde rit, joyeux,
Fleurit et lui enseigne
Son coeur, son sens mystérieux.

Ce que tu aimas, voulus,
Que tu rêvas ou vécus
Pour toi garde existence.
Fut-ce heure bonne ou mauvaise ?
Sol dièse ou la bémol, mi bémol ou ré dièse,
Fait-on la différence ?

***

NACHTS IM APRIL NOTIERT

O daß es Farben gibt :
Blau, Gelb, Weiß, Rot und Grün !

O daß es Töne gibt :
Sopran, Baß, Horn, Oboe !

O daß es Sprache gibt :
Vokabeln, Verse, Reime,
Zärtlichkeiten des Anklangs,
Marsch und Tänze der Syntax !

Wer ihre Spiele spielte,
Wer ihre Zauber schmeckte,
Ihm blüht die Welt,
Ihm lacht sie und weist ihm
Ihr Herz, ihren Sinn.

Was du liebtest und erstrebtest,
Was du träumtest und erlebtest,
Ist dir noch gewiß.
Ob es Wonne oder Leid war ?
Gis und As, Es oder Dis —
Sind dem Ohr sie unterscheidbar ?

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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LA VIE (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 14 janvier 2023




    
LA VIE
(pour Pierre Caizergues)

Ce temps qui nous engloutit
Ce souffle de passage
Cette brièveté des jours
Ce secret souterrain
Cette surprenante
Cette remuante
Ce presque rien :
La vie !

Cet aimant vers l’ailleurs
Cette flamme dans la nuit
Cette entaille de l’ombre
Cette esquisse d’éternité
Cet essor vers l’avenir
Cet élan du désir
Cette mystérieuse
Cette fabuleuse
Ce presque tout :
La vie !

(Andrée Chedid)

 

Recueil: L’Étoffe de l’univers
Traduction:
Editions: Flammarion

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Lumière (Sri Aurobindo)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022



Illustration
    
Lumière

Lumière, Lumière sans fin ! L’obscurité n’a plus de place,
les gouffres ignorants de la vie livrent leur secret :
les abysses inconscients encore insondés
s’étalent miroitants dans une vaste expectative.

Lumière, Lumière hors du temps, immuable et solitaire !
S’ouvrent les portes saintes, scellées, mystérieuses.
Lumière, Lumière qui brûle du coeur de diamant de l’Infini
et vibre en mon coeur où fleurit la rose immortelle.

Lumière ivre bondissant le long des nerfs !
Lumière, embrassement de Lumière ! Chaque cellule,
passionnée, frappée par ce muet flamboiement d’extase
conserve un sens vivant de l’Impérissable.

J’avance dans un océan de prodigieuse Lumière
joignant mes profondeurs à Ses hauteurs éternelles.

(Sri Aurobindo)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust

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Le Troisième Oeil (Eugenio De Signoribus)

Posted by arbrealettres sur 25 juillet 2022


oeildeus

d’un geste furtif, avant de se coucher
et d’éteindre la lumière,
la grand-mère enlevait son oeil de verre
et le posait dans la transparence du gobelet
sur la table de nuit…
Des persiennes filtrait un fil de lune poussiéreuse
que l’oeil attirait tout à lui…
Dans l’angle du lit, l’enfant impressionné
fixait cette rencontre mystérieuse…
incapable de s’en détacher …
jusqu’au sommeil…
et dans le rêve agité
il sentait cet oeil se loger entre les siens,
comme un phare incandescent…
Dans ce temps,
il put voir toute la terre qu’il imaginait
et plus encore …

(Eugenio De Signoribus)

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J’ai souvent fait et refait un rêve (Jean-François Manier)

Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2022



 

 

J’ai souvent fait et refait un rêve
qui raconte toujours plus ou moins la même chose :
je me retrouve dans une maison très familière,
la mienne ou peut-être une maison de vacances, ou d’amis proches,
quand soudain sans raison apparente,
je comprends avec un immense bonheur
qu’une partie de cette habitation m’était demeurée cachée.
Que j’avais ainsi vécu longtemps, des années peut-être,
à côté d’une chambre close, sans le savoir,
jusqu’à ce moment précis où je vais pousser la porte.
Le rêve s’arrête là,
à cette joie qui me laisse ému, tremblant, au seuil de l’inconnu.

J’ai eu envie d’écrire un long poème
qui serait comme une invitation à entrer dans l’espace réel et mystérieux
qui commence derrière cette porte.

(Jean-François Manier)

 

 

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LA ROUTE (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2022




LA ROUTE

Les nuages de poussière se soulèvent.
Les cailloux se brisent.
Les claquements de fouets, des hennissements,
des grincements de charrettes montent de la route.
J’ai entendu des essieux gémir,
des jurons et des malédictions,
des chagrins d’enfants et des cris de mères,
des abois et des meuglements,
des complaintes et des prières.
Mais je n’ai rien vu.
Interrogés, les vieux ont eu des regards mystérieux et,
baissant la voix m’ont dit:
« C’est l’Ancien Temps qui passe ».

(Jean-Baptiste Besnard)

 

 

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