S’enfoncer dans l’étau d’une ville
Longer les parois de sa nuit
Marcher sur sa membrane d’asphalte
Avancer sous la dalle de son ciel
Arpenter ses méandres
Tressaillir de son cri
Forer l’os des solitudes
Se heurter au mutisme des seuils
Frôler l’arbre aux aguets
Se glisser dans la texture
Des pierres
Pénétrer la trame
Des murailles
S’imprégner des noces
Du fleuve et des pavés
Débusquer ses lueurs
Puiser sources sous son gravier
Faire émerger la Ville
De ses suaires
Les disciples de la lumière n’ont jamais inventé que des ténèbres peu opaques.
La rivière roule un petit corps de femme et cela signifie que la fin est proche.
La veuve en habits de noces se trompe de convoi.
Nous arriverons tous en retard à notre tombeau.
Un navire de chair s’enlise sur une petite plage. Le timonier invite les passagers à se taire.
Les flots attendent impatiemment Plus Près de Toi ô mon Dieu!
Le timonier invite les flots à parler. Ils parlent.
La nuit cachette ses bouteilles avec des étoiles et fait fortune dans l’exportation.
De grands comptoirs se construisent pour vendre des rossignols. Mais
ils ne peuvent satisfaire les désirs de la Reine de Sibérie qui veut un rossignol blanc.
Un commodore anglais jure qu’on ne le prendra plus à cueillir la sauge
la nuit entre les pieds des statues de sel.
A ce propos une petite salière Cérébos se dresse avec difficulté sur ses
jambes fines. Elle verse dans mon assiette ce qu’il me reste à vivre.
De quoi saler l’Océan Pacifique.
Vous mettrez sur ma tombe une bouée de sauvetage.
Parce qu’on ne sait jamais.
De ton visage
fais couler le reste de la clarté
que ton visage se répande
ainsi que d’une amphore
la cascade du lait
lisse et portant ses mûres
pour ma soif et ma faim.
Je t’aime encore
tout cela qui t’enferme
donne-le-moi nu jusqu’au fond
Ma blanche mon unique étoile
ce n’est plus au ciel
qu’il faut te clouer
mais sur la terre
où tu règnes seule
mais sur le drap
que purifient nos noces