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Posts Tagged ‘nomade’

La Frontière (Bernard Lavilliers)

Posted by arbrealettres sur 12 mars 2023



    

La Frontière

Allongé sur le sable on dirait qu’il dort
Il est beau et très calme dans le froid qui mord
C’est un guerrier nomade, un homme du désert
Qui est couché dans le sable les yeux grands ouverts

Jusqu’où vont les nomades plus loin que la mort
Dans le chant des étoiles y’a le mirador
A quoi rêvent les nomades sous le ciel ouvert
A des pur-sang arabes écumant la mer.

Reste dans ton rêve, c’est peut-être mieux
Mais le jour se lève et en plein milieu
Il y a la frontière.

La violence est silence,
Silence est désert
Sentinelles de sable tournés vers la mer
Tirez sur tout ce qui bouge, même sur la poussière
Tirez sur le soleil rouge qui meurt dans la mer.

Qui partage les pierres, les jungles et le sable
Qui a mis l’univers à plat sur la table
Qui a peur de son ombre et qui fait la guerre
Mais déjà le vent efface ton nom sur la pierre.
Couché sur le sable, on dirait qu’il dort
Mais pour un nomade, c’est après la mort
Qu’y a plus de frontière.

Où est la frontière?
Où est la frontière?
Pour qui la frontière?
C’est loin la frontière?
Pourquoi la frontière?
C’est loin la frontière?
Où est la frontière?

(Bernard Lavilliers)

Recueil: Frontières Petit atlas poétique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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INDIFFÉRENTE A L’ESPOIR (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 13 janvier 2023




    
INDIFFÉRENTE A L’ESPOIR

Sans aventures
De lieu en lieu
J’erre en nomade
Et me promène
Au hasard

Dans les dédales du langage
Allant d’erreur en erreur
Je vagabonde et je m’égare
Où ai-je perdu mots et bagages ?

Renonçant à guérir
Indifférente à l’espoir
Amputée de moi-même
Je marche sans but
Et sans bonheur
Sans aventures.

(Andrée Chedid)

 

Recueil: L’Étoffe de l’univers
Traduction:
Editions: Flammarion

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L’aigrette d’une lueur parfois si fragile (Charles Dobzynski)

Posted by arbrealettres sur 4 septembre 2022


lueur

– Aucune échelle de Richter
pour les tremblements du coeur
dont la voûte s’effondre
sur toute une vie?

– Le réel est toujours l’à côté
Il n’y a pas de ligne droite
d’un point à l’autre de la vie.

– Alors, aucune rédemption?
– l’aigrette d’une lueur parfois si fragile
à l’intersection des choses. Rien de plus,
qu’un point d’interrogation nomade.

– Et ça change quoi, à votre avis?

– Ca ouvre une fenêtre
à la tête chercheuse.

(Charles Dobzynski)

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CAIRNS (Jacques Lacarrière)

Posted by arbrealettres sur 20 mars 2021




    
CAIRNS

À la croisée des vents,
il convient d’édifier pierre à pierre
son havre et sa maison de certitude.

Cairns : bouées de pierre
disposées tout au long des chemins d’éclairs et d’orages
pour orienter et pour aider les naufragés de l’altitude.

Une à une, sur le socle nu des saisons,
ces pierres déposées, distillées par le ciel,
comme les stalactites de l’azur.

Je suis seuil et je suis chemin.
Je suis pierre qui dit l’horizon.
Je suis l’enclos des pas nomades.

Je suis paume
où se lisent les lignes
de l’ailleurs.

(Jacques Lacarrière)

 

Recueil: A l’orée du pays fertile
Traduction:
Editions: Seghers

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Au fils du nomade (Hawad)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2020



    

Au fils du nomade

Chausse tes sandales
et foule le sable
qu’aucun esclave n’a piétiné

Éveille ton âme
et goûte les sources
qu’aucun papillon n’a frôlées

Déploie tes pensées
vers les voies lactées
dont aucun fou n’a osé rêver

Respire le parfum des fleurs
qu’aucune abeille n’a courtisées

Écarte-toi des écoles et des dogmes
Les mystères du silence
que le vent démêle dans tes oreilles
te suffisent

Éloigne-toi des marchés et des hommes
et imagine la foire des étoiles
où Orion tend son épée
où sourient les Pléiades
autour des flammes de la Lune
où pas un Phénicien n’a laissé ses traces

Plante ta tente dans les horizons
où aucune autruche n’a songé à cacher ses oeufs

Si tu veux te retrouver libre
comme un faucon qui plane dans les cieux
l’existence et le néant suspendus
à ses ailes
la vie la mort

(Hawad)

Caravane de la soif, traduit de la tamajadht des Touaregs par l’auteur et Hélène Claudot-Hawad, Édisud, 1985.

Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Anachorète (Habiba Djahnine)

Posted by arbrealettres sur 30 octobre 2020




    
Anachorète

Hier j’ai regardé ses rides une à une
J’ai dévisagé les sillons de son âme
Pour dérouler le fil des ans
Qui ont tissé tant d’histoires sur sa peau.

Hier je me suis approchée de sa demeure
Frêle et éphémère
Gardant les traces de sa vie nomade
Terre meuble, qui se déplace avec ses pas.

Hier je me suis approchée de son oasis
Son dromadaire m’accueille larmoyant
Face à la dune, l’unique dune
Il veille sur les rides de l’ermite.

Il enfile ses poèmes un à un pour conter le désert
Il dit que les poèmes ne lui appartiennent pas
Les vents lui ont offert les vers
Et les tempêtes la mémoire pour les garder.

Maintenant c’est l’heure du thé
Le bois sec brûle
C’est le moment
De se souvenir du sens des vents
Les plus belles histoires
Sont celles où les êtres s’aiment dans le dénuement
Et les plus cruelles
Sont celles où les êtres se font la guerre dans l’opulence.

Hier j’ai regardé ses rides une à une
J’ai dévisagé les sillons de son âme
Pour dérouler le fil des ans
Qui ont tissé tant d’histoires sur sa peau.

(Habiba Djahnine)

 

Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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NE SUIVEZ PAS LES ÉTOILES DE LA NUIT (Germain Droogenbroodt)

Posted by arbrealettres sur 14 juin 2020



Illustration: Vincent Van Gogh    
    
Dutch, English, Spanish, French, Italian, German, Portuguese, Romanian, Polish, Greek, Chinese, Arab, Hindi, Japanese, Farsi, Bulgarian, Icelandic, Russian, Malaysia

VOLG VAN DE NACHT niet de sterren
maar stroomopwaarts de duisternis
die aards en tastbaar is

spaar de aalmoes niet
deel met de nachtnomaden
het brood en de wijn

werp rozen in de dageraad.

GERMAIN DROOGENBROODT
Uit “Tegenlicht – Contraluz”
Uitgeverij POINT 2004

***

Don’t follow the stars of the night
but upstream the darkness,
which is earthly and palpable.

Don’t spare the alms —
share bread and wine
with the nomads of the night.

Throw roses at the break of day.

GERMAIN DROOGENBROODT
From “Counterlight”
POINT Editions 2004

***

NO SIGAS DE LA NOCHE las estrellas
sino río arriba la oscuridad
terrestre y palpable

no ahorres la limosna
comparte con los nómadas de la noche
el pan y el vino

arroja rosas en el alba.

GERMAIN DROOGENBROODT

Traducción de Rafael Carcelén en colaboración con el autor
de “el Camino – Contraluz”
Calima Ediciones 2004, Palma de Mallorca &
Editorial POINT 2004, Bélgica-España

***

NE SUIVEZ PAS LES ÉTOILES de la nuit

mais à contre-courant
l’obscurité
terrestre et perceptible

n’épargnez pas l’aumône
partagez avec les nomades de nuit
le pain et le vin

jetez des roses
dans l’aube.

GERMAIN DROOGENBROODT
Traduction de Elisabeth Gerlache
de “Contre-lumière”

***

Non inseguire le stelle notturne
ma controcorrente l’oscurità
terrestre e palpabile

non risparmiare l’elemosina
spartisci con i nomadi della notte
il pane e il vino

getta rose nell’alba.

GERMAIN DROOGENBROODT
Traduzione di Tiziana Orrù
di “Controluce”
Edizione puntoacapo, Novi Ligure, Italia

***

FOLGE DER NACHT, nicht den Sternen
sondern stromaufwärts der Finsternis
die irdisch und greifbar ist

spare an den Almosen nicht
teile mit den Nachtnomaden
das Brot und den Wein

wirf Rosen in die Morgenröte.

GERMAIN DROOGENBROODT
Nachdichtung in Zusammenarbeit mit dem Autor von
Charlotte Karner und Roman Baumgartner
Aus “Gegenlicht ─ Contraluz »

***

NÃO SIGAS AS ESTRELAS da noite
mas rio acima a escuridão
terrestre e palpável
não poupes a esmola

divida-a com os nómades da noite

o pão e o vinho
arroja rosas no amanhecer.

GERMAIN DROOGENBROODT

Tradução ao português: José Eduardo Degrazia

***

NU TE CĂLĂUZI după stelele nopții
ci după întunecimea din susul râului

terestră și palpabilă
nu cruța ce-i al tău
împarte pâinea și vinul
cu nomazii nopții

întâmpină cu trandafiri revărsatul zorilor.

GERMAIN DROOGENBROODT

Traducere: Daniela Andronache
Din „Counterlight ─ Contralumină”, Ed. Ex Ponto, Constanța 2004

***

Nie podążaj za gwiazdami nocy
ale pod prąd ciemności,
która jest taka realna i namacalna.

Nie skąp jałmużny —
dziel chleb i wino
z nomadami nocy.

Rzucaj róże u progu dnia.

GERMAIN DROOGENBROODT

Przekład na polski: Mirosław Grudzień – Małgorzata Żurecka
[z:] “Counterlight”[‘Przeciwświatło’]
Wyd. POINT Editions 2004 r.

***

ΜΗΝ ΑΚΟΛΟΥΘΕΙΣ

Μην ακολουθείς τ’ άστρα της νύχτας
σκοτάδι μόνο αντίθετα στο ρεύμα
μα γήινο και χειροπιαστό

δώσε αφειδώς ελεημοσύνη
μοιράσου το ψωμί και το κρασί
με τους νομάδες της νυχτιάς
μες στο ξημέρωμα πέταξε ρόδα.

Μετάφραση Μανώλη Αλυγιζάκη//

GERMAIN DROOGENBROODT
Translated in Greek by Manolis Aligizakis
From “Counterlight”
POINT Editions 2004

***

别跟夜晚的星星走
但走向黑暗的上游
黑暗就是人间的和可触的

不要吝啬施舍
与夜晚的游牧人
分享面包和葡萄酒

在天破晓时抛玫瑰。

原 作:西班牙 乔曼·卓根布鲁特

汉 译:中 国 周道模 2020-6-5
GERMAIN DROOGENBROODT

Chinese translation: William Zhou
From “Counterlight”, POINT Editions 2004

***

لا تهتدوا بنجوم الليل وأحرى لكم
أن تمخروا عباب الظلام،
فأنتم أدرى به وهو الأقرب إليكم.
لا تبذروا خبزكم الشهي ـ
ونبيذكم
مع من ترتحلون في الليل.
أنثروا الزهور مع إشراقة النهار.

جيرمان دروغنبروت
ترجمة عن الانجليزية: سارة سليم

من “Counterlight”
POINT Editions 2004

***

के तारों के
पीछे मत जाओ
लेकिन अंधेरे के ऊपर,
जो सांसारिकऔर गूढ़ है।
भिक्षा देना मत छोड़ो-
रोटी और शराब बांटे
रात के खानाबदोशों
के साथ।
दिन की भोर में
गुलाब फेंकते हैं।
जर्मेन ड्रोजेनोब्रोड्ट

Hindi translation by Jyotirmaya Thakur.

***

夜の明るい星々につき従うのではない
暗闇の流れに逆らって歩むのだ

そのほうが土のようにたくましく生きることができる

施しを惜しんではいけない
パンとワインを分かち合うのだ
夜の遊牧民たちとともに
夜明けにバラの花をまくがいい

ジャーマン・ドローゲンブロート(2004)
「Counterlight(逆光)」より
POINT Editions 2004

***

در شب ستاره ها را دنبال نکن
اما بالادست تاریکی
که زمینی و قابل لمس است
خوبی ها را صرفه جویی نکن
نان و شراب را قسمت کن
با خانه به دوشانی از شب
گلهای رز رادر سحرگاه پرتاب کن.
جرمین دروگنبرودت
ترجمه سپیده زمانی

***

Не следвай звездите на нощта,
но тръгни срещу тъмнината,
която е суетна и осезаема.

Не пести милостинята –
споделяй хляб и вино
с номадите на мрака.

Хвърляй рози с началото на деня.

Из „Контрасветлина”
И-во POINT 2004
ПРЕВОД ОТ АНГЛИЙСКИ: ИВАН ХРИСТОВ

***

Eltið ekki stjörnur næturinnar
heldur á móti straumnum
jarðneskt og áþreifanlegt myrkrið.

Sparið ekki ölmusu —
gefið flækingum næturinnar
af brauðinu og víninu.

Varpið rósum í morgunroðann.

GERMAIN DROOGENBROODT

Þór Stefánsson þýddi
Úr “Counterlight”
POINT Editions 2004

***

Ходи не за ночными звездами,
ходи против течения
земной и зримой тьмы.

Не жалей милосердия,
с ночными странниками
дели вино и хлеб,

Разбрасывай розы на рассвете.

ГЕРМАЙН ДРОГЕНБРОДТ

ПЕРЕВОД ДАРЬИ МИШУЕВОЙ
Из: «Подсветка» – “Tegenlicht – Contraluz”
Издательство POINT 2004

***

USAH IKUT BINTANG malam
tapi mudiklah kegelapan
yang lebih duniawi dan ada kewujudan
Usah hulurkan sedekah

sebaliknya agihkanlah makanan dan minuman

kepada nomad malam.

Taburkan bunga mawar pada waktu subuh.
GERMAIN DROOGENBROODT, SEPANYOL
Penterjemah : Dr. Raja Rajeswari Seetha Raman

Sumber: “Counterlight”
POINT Editions 2004

(Germain Droogenbroodt)

Recueil: ITHACA 635
Editions: POINT
Site: http://www.point-editions.com/en/

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Un testament d’équinoxe (Edouard J. Maunick)

Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2019



Illustration: Raymond Douillet
    

Un testament d’équinoxe

… si parler le poème
est une manière de vivre /
alors / j’ai bien vécu
le temps de tous les mots
sédentaires et nomades
dont j’ai forgé le sens
jusqu’au dire infini
du pain et de la boue /
des arbres et des grands vents /
des noces à jamais vives
des îles et de l’ailleurs /
à ma passion rebelle
à tout agenouillement /
mes bruyants soliloques
au nom des petites terres
et de la mienne en propre /
j’ai joint le tressaillement
des choses de la vie /
mais aussi de la mort /
si Dieu est une question /
peu importe la réponse /
l’éternité s’épelle /
elle ne s’écrit que peu.

(Edouard J. Maunick)

 

Recueil: Bris de vers Les émeutiers du XXè siècle
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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IN MEMORIAM (Giuseppe Ungaretti)

Posted by arbrealettres sur 1 octobre 2019



Illustration
    
IN MEMORIAM

Son nom c’était
Mohammed Scheab

Descendait
des émirs nomades
s’est suicidé
parce qu’avait
plus de Patrie

Aimait la France
changea de nom

Il fut Marcel
mais pas Français
savait plus vivre
sous la tente des siens
où l’on écoute
la cantilène du Coran
en buvant du café

Et ne savait
pas délivrer
la chanson
de son abandon
Je l’ai suivi
avec la patronne de l’hôtel
où nous vivions
à Paris
au numéro 5 de la Rue des Carmes
une ruelle en pente les murs fanés

Il repose
au cimetière d’Ivry
un faubourg qui semble
éternellement
dans une journée
où s’en va la foire

Et peut-être suis-je seul
à savoir encore
qu’il a vécu

***

In memoria

Si chiamava
Moammed Sceab

Discendente
di emiri di nomadi
suicida
perché non aveva più
Patria

Amò la Francia
e mutò nome

Fu Marcel
ma non era Francese
e non sapeva più
vivere
nella tenda dei suoi
dove si ascolta la cantilena
del Corano
gustando un caffè

E non sapeva
sciogliere
il canto
del suo abbandono

L’ho accompagnato
insieme alla padrona dell’albergo
dove abitavamo
a Parigi
dal numero 5 della rue des Carmes
appassito vicolo in discesa

Riposa
nel camposanto d’Ivry
sobborgo che pare
sempre
in una giornata
di una
decomposta fiera

E forse io solo
so ancora
che visse

(Giuseppe Ungaretti)

 

Recueil: Vie d’un homme Poésie 1914-1970
Traduction:
Editions: Gallimard

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QUAND ON REGARDE UNE MONTRE (Philippe Soupault)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2019



Illustration: Patricia Blondel 
    
QUAND ON REGARDE UNE MONTRE

Je n’ai pas fini d’espérer
infatigable comme une araignée vigilante
je guette pour les retenir
dans ma toile quotidienne
les joies du soir et du matin
qui filent à toute vitesse
Tant pis pour les chagrins et les douleurs
et les emmerdements
qui passent lentement
et qui s’accrochent

Oui mais voilà
je sais que je dois chaque jour
chaque heure
m’avancer vers cette falaise
et vers ce grand trou sans fond
je me retourne souvent
et j’aperçois très loin
le brouillard de ma naissance
Je suis le nomade qui marche la nuit
et qui attend le jour et l’oubli

(Philippe Soupault)

 

Recueil: Poèmes et Poésies
Traduction:
Editions: Grasset

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