Dans le Paris de Notre-Dame
De Notre-Dame de Paris
Y a un clochard qu’en a plein le dos
De porter Notre-Dame sur son dos
Il se prend pour Quasimodo
Regarde en l’air, la vie qui grouille
Au lieu de faire des ronds dans l’eau
Tu peux pas vivre comme une grenouille
Moitié sur terre, moitié sur l’eau
Moi, je préfère rester là-haut
Dans le jardin de Notre-Dame
Où l’on se fait de bons amis
Y a qu’à se promener chaque matin
Un peu de maïs au creux des mains
Les pigeons, moi, je les aime bien
Les péniches
Se fichent
Des pigeons de la Cité
Goélettes
Mouettes
Elles n’ont que ça dans l’idée
Oui, mais autour de Notre-Dame
Y a des voyages à bon marché
Et ces petits coins où le bonheur
Empêche les maisons de pousser
On l’appelle « Marché aux fleurs »
Henri Quatre
Verdâtre
Aime sous son verre de gris
La vieille flèche
Qui lèche
Le plafond gris de Paris
Et toi, sous le pont de Notre-Dame
Regarde en l’air, tu comprendras
Que si tout le monde faisait comme toi
Dans ton pinard y’aurait de la pluie
Même les ponts, ça se construit
Car pour aller de Notre-Dame
De Notre-Dame jusqu’à Paris
Il a bien fallu se mettre au boulot
Et porter de pierres sur son dos
Pour passer par-dessus l’eau
Voilà pourquoi Paris s’enroule
S’enroule comme un escargot
Pourquoi la terre s’est mise en boule
Autour des cloches du parvis
De Notre-Dame de Paris
Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être
Enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître ;
Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher
Comme un loup fait un bœuf, cette carcasse lourde,
Tordra ses nerfs de fer, et puis d’une dent sourde
Rongera tristement ses vieux os de rocher !
Bien des hommes, de tous les pays de la terre
Viendront, pour contempler cette ruine austère,
Rêveurs, et relisant le livre de Victor :
— Alors ils croiront voir la vieille basilique,
Toute ainsi qu’elle était, puissante et magnifique,
Se lever devant eux comme l’ombre d’un mort !
Il était monté tout en haut de Notre-Dame,
Se tenant, essoufflé, près du lourd carillon.
L’infirme caressait le fabuleux bourdon
Et la vue de Paris émerveillait son âme…
Sous ses pieds s’étendaient la Seine et ses bateaux,
L’île de la Cité, ses places, ses venelles,
Les flèches et les tours, tranquilles sentinelles…
Plus loin, c’était Montmartre et ses charmants coteaux.
Quasimodo pencha la tête et regarda :
Sur le parvis dansait la belle Esmeralda,
Créoles, caraco doré, châle vermeil.
Et le bossu, parmi les gargouilles sévères,
Les griffons, les serpents, les guivres, les chimères,
Rêvait d’un peu d’amour et d’un rai de soleil…
Le clair de lune quand il vient frapper la prairie
Je ne sais quelles choses il me rappelle…
Il me rappelle la voix de la vieille servante
Qui me racontait des contes de fées
Et comment Notre-Dame déguisée en mendiante
Cheminait la nuit sur les routes
Portant secours aux enfants maltraités…
Si je ne peux plus croire que c’est la vérité,
Dans quel but le clair de lune vient-il frapper la prairie?
Orléans Beaugency
Notre Dame de Félonie
pardonne pardonne.
Notre Dame des Dés pipés
Notre Dame de la Foi mentie
Notre Dame de la Folie
Notre Dame de l’Aveu truqué
Notre Dame de la Mariée vendue
Notre Dame de la Tricherie
Notre Dame de la Pureté perdue
Notre Dame de l’Amour fourgué
Notre Dame de l’inconsciente Cruauté
Notre Dame des faux Témoins des faux Amis
Notre Dame de la triste Vérité
Notre Dame du juste Mépris
Orléans Beaugency
Notre Dame de Félonie
pardonne pardonne
pour les femmes et pour les hommes
Rose mystique, tour d’ivoire, maison d’or,
Vase spirituel d’amour et de science,
Miroir de la justice et de la patience,
Etoile dont s’ajoute aux aubes le trésor,
Nid d’espoir d’où le chant d’un peuple prend l’essor,
Refuge où le pécheur au pardon se fiance,
Trône de la sagesse, arche de l’alliance
Où deux races mille ans ont confondu leur sort,
Main divine, de grâce et d’encens parfumée,
Qui tenez sur les coeurs votre paume fermée
Et qui, sur les cités d’Alsace et ses labours,
Montrez de votre index la route à leurs prières,
Je vous salue, ô Notre-Dame de Strasbourg,
Car vous êtes bénie entre toutes les pierres.