Posts Tagged ‘noyade’
Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2022

Illustration: Alice de Miramon
JE TOUCHE TES LEVRES
Je touche tes lèvres,
je touche d’un doigt le bord de tes lèvres.
Je dessine ta bouche comme si elle naissait de ma main,
comme si elle s’entrouvrait pour la première fois
et il me suffit de fermer les yeux
pour tout défaire et tout recommencer.
Je fais naître chaque fois la bouche que je désire,
la bouche que ma main choisit et qu’elle dessine sur ton visage,
une bouche choisie entre toutes, choisie par moi
avec une souveraine liberté pour la dessiner de ma main sur ton visage et qui,
par un hasard que je ne cherche pas à comprendre,
coïncide exactement à ta bouche
qui sourit sous la bouche que ma main te dessine.
Tu me regardes, tu me regardes de tout près,
tu me regardes de plus en plus près,
nous jouons au cyclope,
nos yeux grandissent, se rejoignent, se superposent,
et les cyclopes se regardent, respirent confondus,
les bouches se rencontrent, luttent tièdes avec leurs lèvres,
appuyant à peine la langue sur les dents,
jouant dans leur enceinte où va et vient
un air pesant dans un silence et un parfum ancien.
Alors mes mains s’enfoncent dans tes cheveux,
caressent lentement la profondeur de tes cheveux,
tandis que nous nous embrassons
comme si nous avions la bouche pleine de fleurs ou de poissons,
de mouvement vivants, de senteur profonde.
Et si nous nous mordons, la douleur est douce
et si nous sombrons dans nos haleines mêlées
en une brève et terrible noyade,
cette mort instantanée est belle.
Et il y a une seule salive et une seule saveur de fruit mûr,
et je te sens trembler contre moi comme une lune dans l’eau.
(Julio Cortázar)
Recueil: Marelle
Traduction: Laure Bataillon & Françoise Rosset
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Julio Cortázar), bord, bouche, bref, cheveux, choisir, coïncider, comprendre, confondu, cyclope, défaire, désirer, dent, dessiner, doigt, douleur, doux, eau, fermer, fleur, fruit, grandir, haleine, instantané, jouer, langue, lèvres, liberté, lune, lutter, main, mordre, mort, mur, naître, noyade, plein, poisson, près, recommencer, regarder, respirer, s'embrasser, s'enfoncer, s'entrouvrir, salive, saveur, se rejoindre, se rencontrer, se superposer, sombrer, sourire, suffire, terrible, tiède, toucher, trembler, visage, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 septembre 2019

Personne et cependant l’immensité de l’être
L’infini lègue aux choses un vêtement d’éther
Chemin de l’un vers l’unité
Le présent se donne à l’instant
Ici l’intensité
L’arc du corps
Ici l’effort
La corde raide
Ici l’énergie
La flèche en vérité
La cible sans circonférence ni centre coïncide avec la visée
L’archer s’éveille à la réalité
C’est l’éclair de haute pression physique
Où la terre sombre dans l’eau
Et la noyade appelle la fièvre
Et l’eau sombre dans le feu
De ce brasier les corps s’évadent
Le feu sombre dans l’air
Alors du vide de la chute
Monte le souffle en partage
Avec la lumière
Et la lumière de la lumière
(André Velter)
Recueil: Le Haut-Pays suivi de La traversée du Tsangpo
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (André Velter), air, appeler, arc, archer, éclair, énergie, éther, être, brasier, chemin, chose, chute, cible, circonférence, coïncider, corde, corps, eau, effort, feu, fièvre, flèche, immensité, infini, instant, intensité, léguer, lumière, monter, noyade, partage, personne, physique, présent, pression, raide, réalité, s'évader, s'éveiller, se donner, sombrer, souffle, terre, unité, vérité, vêtement, vide, visée | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 septembre 2018

Illustration: Pascal Renoux
Ne crie pas…
Ne crie pas
sollicite à voix basse la sueur écarlate
traîne-la par les cheveux hors du mur circulaire
et de sa rouge meurtrière
Humecte la ligne de partage entre aine et plaine
là où guette l’abeille
celle qui perce le vide
étourdit le sang
enfume labyrinthe et gosier
Ne crie pas te dis-je si tu veux entraîner le monde dans ta noyade
nage en amont en abysses dans un bruit de vagues et de vasques
Refoule l’écume
elle encombre le seuil
obstrue la voûte
réveille par son clapotis barque et timonier
À main basse te dis-je
(Vénus Khoury-Ghata)
Recueil: L’Ardeur ABC poétique du vivre plus
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted in poésie | Tagué: (Venus Khoury Ghata), aîné, abeille, abysses, amont, écarlate, écume, étourdir, barque, cheveux, circulaire, clapotis, crier, encombrer, enfumer, entraîner, gosier, guetter, humecter, labyrinthe, main, meurtrière, monde, mur, nager, noyade, obstruer, partage, percer, plaine, réveiller, refouler, rouge, sang, seuil, solliciter, sueur, timonier, traîner, vague, vasque, vide, voûte, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 juin 2018

Illustration: Gilbert Garcin
Affiche bleue du poème
Finie la solitude !
Contre la vitre
une pie frappe du bec.
Dans la ville investie,
posons, la nuit,
l’affiche bleue du poème.
Si tu épouses le feu,
ne parle plus d’eau
ni de cendre.
Ma bonne action du jour:
sauvé de la noyade
un papillon.
Du bec l’oiseau pique une rose.
A la pointe du couteau
une guêpe se pose.
Le poète vient de parler.
La mésange à la fenêtre
dit: «Oui, oui, oui.»
Va-t-il enfin se poser
sur ma main
ce rouge-gorge?
Écoute bien, poète,
on dit que les cachalots
dorment la tête en bas.
Pour s’endormir
les moutons ne peuvent compter
que sur eux-mêmes.
À la cime des sapins
il chahute avec les branches
le vent d’automne.
Ah, ce matin, quel brouillard!
Et dans l’allée du jardin
le fantôme de mon père.
Une seconde de plus
sur le cadran de l’horloge.
Ah, je n’ai pas cessé de vieillir.
(Jean Joubert)
Recueil: Longtemps j’ai courtisé la nuit
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted by arbrealettres sur 15 janvier 2018

La Vague
Il est des mont Fuji montagne Boukornine
fiefs des oiseaux perdus dans les étendues d’eau
Quand la Vague est venue me portant sur son dos
j’ai vu leurs cimes fondre sous l’écume opaline
Des villes ont glissé lumières dans la mer
parcs mairies minarets auxquels manque le son
cyprès au bord des routes et des cimetières
trains de noyés hagards visitant les grands fonds
Moi perchée sur la Vague témoin impuissant
ne sachant s’il fallait plonger ou résister
flairant la mort proche comme un requin du sang
je me surpris soudain à vouloir et lutter
Parlai-je d’aujourd’hui ou d’un hier livide
Trépasser par noyade est la fin redoutée
des Naïades hantant les Golfes veloutés
Vertige inconnu et chute dans le vide
(Aya Cheddadi)
Recueil: Tunis marine
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 11 janvier 2017

J’ai des saisons dans le sang
J’ai le battement des mers
J’ai le tassement des montagnes
J’ai les tensions de l’orage
La rémission des vallées
J’ai des saisons dans le sang
J’ai des pavots qui m’encavent
J’ai des hélices pour l’éveil
J’ai des noyades
J’ai des leviers
J’ai des entraves
J’ai délivrance
J’ai des combats
J’ai fleur et paix.
(Andrée Chedid)
Illustration: Ernesto Arrisueño
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Posted by arbrealettres sur 3 novembre 2016

je suis fauché, dit le brin d’herbe
j’ai encore échappé à la noyade, dit le nénuphar
sur ma tige, comme le tournesol, dit la cigogne
le tournis est mon destin, dit la meule
évitons la précipitation, dit le nuage
alouette muette je gazouille, dit le cerf-volant
ne serai jamais comestible, dit le parasol
ne te promets aucun paradis, dit le parapluie
c’est fini les poèmes d’amour, dit le troubadour
(Lambert Schlechter)
Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/
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Posted by arbrealettres sur 30 juillet 2016

Autre Icare
Cela tient du vent, cela tient au vent.
Cela n’est qu’un accroc que l’on fait au passage,
Un noeud que l’on fait au fil fugace du temps
Et nous sentons bien qu’à travers
ce mince filet qu’on a fait,
Ces faibles appuis qu’on a pris
sur le cours de notre en-allée
Et ces liens ingénieux tendus
à travers des espaces trop vides,
Il n’y a qu’un cri au fond qui persiste,
Il n’y a qu’un cri
d’un lien persistant
Où les tiges des fruits sont déjà rompues,
Tes attaches des fleurs et pétales de fleurs
sont déjà rongés
Où ces ailes de plumes de notre coeur de cire
sont déjà détachées
Et plumes au vent, plumes flottant au vent
par-dessus cette noyade
Sans port d’attache.
(Hector de Saint-Denys Garneau)
Illustration: Henri Matisse
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Hector de Saint-Denys Garneau), accroc, ciré, coeur, cri, espace, fil, filet, fleur, flotter, fruit, fugace, Icare, lien, mince, noeud, noyade, passage, persister, plume, port, temps, tenir, vent, vide | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 juillet 2016

Sans loi pas de faute
Sans Coeur pas de Vie
Que les pouvoirs aillent jusqu’aux limites de la destruction
les limites suivront la noyade des pouvoirs
Les limites viennent des limites des capacités
Les capacités viennent des possibilités des limites
Désir et savoir, ces deux extrémités
à l’origine sont unité, vacuité
Dans le vide unique les deux s’identifient
chacun contenant les dix-mille-formes
Ne pas distinguer subtil et grossier
vaut mieux qu’être partial et sectaire
*

(Seng Ts’an)
Illustration: Daniel Martineau
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Posted in méditations | Tagué: (Seng Ts'an), destruction, distinguer, grossier, limite, Loi, noyade, partial, possibilité, pouvoir, s'identifier, sectaire, subtil, vide | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 avril 2016

Il nage jusqu’à la peur et sait bien
que son corps a déjà pris la texture de la mer.
Il aurait bien fait preuve de tendresse
si de nouveaux pays ne s’étaient pas dressés en lui, au départ de son sang.
Comme dans leur gorge descend une lave, il s’approche.
Pour défricher sa noyade, il touche enfin à elle,
il atteint ses muqueuses et se dit que ce n’est rien.
(Régine Foloppe Ganne)
Illustration: Pascal Renoux
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Posted in poésie | Tagué: (Régine Foloppe Ganne), atteindre, corps, défricher, elle, gorge, lave, mer, muqueuse, nager, noyade, pays, peur, preuve, rien, s'approcher, sang, savoir, se dresser, tendresse, texture, toucher | Leave a Comment »