La boulangère a des écus
Qui ne lui coûtent guère.
La boulangère a des écus
Qui ne lui coûtent guère.
Elle en a, je les ai vus,
J’ai vu la boulangère aux écus
J’ai vu la boulangère.
Et d’où viennent tous ces écus,
Charmante boulangère?
Et d’où viennent tous ces écus,
Charmante boulangère?
Ils me viennent d’un gros Crésus
Dont je fais bien l’affaire, vois-tu,
Dont je fais bien l’affaire.
À mon four aussi sont venus
De galants militaires.
À mon four aussi sont venus
De galants militaires.
Moi je préfère les Crésus
À tous les gens de guerre, vois-tu,
À tous les gens de guerre.
Des petits maîtres sont venus
En me disant: Ma chère,
Des petits maîtres sont venus
En me disant: Ma chère
Vous êtes plus belle que Vénus.
Je n’les écoutai guère, vois-tu,
Je n’les écoutai guère.
Des abbés coquets sont venus
Ils m’offraient pour me plaire
Des abbés coquets sont venus
Ils m’offraient pour me plaire
Des fleurettes au lieu d’écus.
Je les envoyai faire, vois-tu
Je les envoyai faire.
Moi, je ne suis pas un Crésus,
Abbé ou militaire.
Moi, je ne suis pas un Crésus,
Abbé ou militaire.
Mais mes talents sont bien connus
Boulanger de Cythère, vois-tu
Boulanger de Cythère.
Je pétrirai le jour venu
Notre pâte légère.
Je pétrirai le jour venu
Notre pâte légère.
Et la nuit, au four, assidu
J’enfournerai, ma chère, vois-tu
J’enfournerai, ma chère
Eh bien! épouse ma vertu,
Travaille de bonne manière.
Eh bien! épouse ma vertu,
Travaille de bonne manière.
Et tu ne seras pas déçu
Avec moi boulangère, aux écus!
Avec moi boulangère.
La boulangère a des écus
Qui ne lui coûtent guère.
(Anonyme)
Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette
Aux jardins de mon père,
Les lilas sont fleuris;
Aux jardins de mon père,
Les lilas sont fleuris;
Tous les oiseaux du monde
Viennent y faire leurs nids …
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
Tous les oiseaux du monde
Viennent y faire leurs nids;
Tous les oiseaux du monde
Viennent y faire leurs nids;
La caille, la tourterelle
Et la jolie perdrix.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
La caille, la tourterelle
Et la jolie perdrix
La caille, la tourterelle
Et la jolie perdrix
Et ma jolie colombe,
Qui chante jour et nuit…
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
Et ma jolie colombe,
Qui chante jour et nuit
Et ma jolie colombe,
Qui chante jour et nuit
Elle chante pour les filles
Qui n’ont pas de mari.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
Elle chante pour les filles
Qui n’ont pas de mari.
Elle chante pour les filles
Qui n’ont pas de mari.
Pour moi ne chante guère,
Car j’en ai un joli…
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
Pour moi ne chante guère,
Car j’en ai un joli,
Pour moi ne chante guère,
Car j’en ai un joli,
« Dites-moi donc la belle,
Où donc est votre mari? »
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
« Dites-moi donc la belle,
Où donc est votre mari? »
« Dites-moi donc la belle,
Où donc est votre mari? »
Il est dans la Hollande,
Les Hollandais l’ont pris.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
Il est dans la Hollande,
Les Hollandais l’ont pris,
Il est dans la Hollande,
Les Hollandais l’ont pris.
Que donneriez-vous, belle,
Pour avoir votre ami? … »
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
Que donneriez-vous, belle,
Pour avoir votre ami?
Que donneriez-vous, belle,
Pour avoir votre ami?
Je donnerais Versailles,
Paris et Saint-Denis.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
Je donnerais Versailles,
Paris et Saint-Denis,
Je donnerais Versailles,
Paris et Saint-Denis,
Les tours de Notre-Dame
Et le clocher de mon pays.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
Les tours de Notre-Dame
Et le clocher de mon pays,
Les tours de Notre-Dame
Et le clocher de mon pays,
Et ma jolie colombe,
Pour avoir mon mari.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
(André Joubert)
Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette
Souvent elle s’assoit sur le pas de sa porte,
les mains abandonnées.
Elle regarde passer les saisons
qui s’en viennent et qui s’en vont
par le sang vermeil des vendanges
et par le givre de novembre,
attendant patiemment l’aube nouvelle,
ensoleillée, de chaque printemps,
promesse de l’été.
Depuis longtemps déjà elle s’applique à vivre.
Elle s’applique et pour ne rien oublier,
elle inscrit dans son livre la plainte des marais,
le cri obsédant des engoulevents tournoyant dans les champs.
Elle inscrit la mort, en lettres noires,
celle des bêtes, celle des gens
et puis aussi les arabesques
et le vagabondage des nuages.
Elle inscrit le parfum des roses pâles
et de la menthe sauvage qui envahit son coeur
d’une étrange langueur dans la tiédeur du soir.
Elle inscrit dans son livre le bleu-gris des toits d’ardoise,
le vert du lierre et le rouge perlant à la gorge des oiseaux.
Jours après nuits, elle inscrit
l’éclat des pierres, de l’éclair et du feu.
Elle inscrit
l’air léger qui l’emporte et la berce,
aussi fragile qu’un nouveau-né.
(Martine Laffon)
Recueil: Le Dit d’Amour
Traduction:
Editions: Alternatives
Les mousserons
Sont des champignons
Qui poussent en rond
Dans la clairière.
Ce sont des ronds de sorcières,
Car c’est là, dit-on, qu’elles vont danser,
Lorsque la nuit est tombée.
Mais au petit matin,
Il ne reste plus rien
Que des champignons.
(Corinne Albaut)
Recueil: Comptines des secrets de la Forêt
Traduction:
Editions: Actes Sud Junior
Après une nuit d’amour j’ai rêvé d’amour
sans me limiter au battage de cuisses et de seins
Qui portent mon poids ainsi qu’un esprit
Léger et libre. Je voulais être lié
À l’intérieur d’une liberté fraîche comme le nom de Dieu
À travers tous les siècles d’absence de Dieu.
Après une nuit d’amour je me suis tourné vers l’amour,
Les cuisses batteuses, les seins chantants,
Épuisé par l’acte, le désirant encore,
Dans une liberté vieille comme la terre
Et fraîche comme le nom de Dieu, à travers tous
Les siècles de beauté assombrie.
(Nissim Ezekiel) (1924-2004)
Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard
J’ai regardé la nuit,
J’ai écouté la pluie.
Scène de tempête :
Tonnerre, éclairs,
Une multitude de spectres parmi les arbres,
L’obscurité, le froid et l’agitation,
Un hibou hurlait, des chauves-souris,
Beaucoup de voix étranges.
Quelqu’un pleurait, un enfant peut-être,
Une femme sur la route glissante,
Des cloches, au loin,
Deux hommes, plusieurs hommes,
Un long trait de lumière volant vers moi,
Puis une corde de silence autour de ma gorge
Quand je me suis réveillé il faisait déjà jour.
J’ai refait la même chose :
Regarder et écouter la nuit.
(Nissim Ezekiel) (1924-2004)
Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard
N’est-il pas vrai Marie que c’est prier pour vous
Que de lui dire «Je t’aime» en tombant à genoux?
N’est-il pas vrai Marie que c’est prier pour vous
Que pleurer de bonheur en riant comme un fou
Que couvrir de tendresse nos païennes amours
C’est fleurir de prières chaque nuit, chaque jour?
N’est-il pas vrai Marie que c’est chanter pour vous
Que semer nos chemins, de simple poésie?
N’est-il pas vrai Marie que c’est chanter pour vous
Que voir en chaque chose, une chose jolie
Que chanter pour l’enfant qui bientôt nous viendra
C’est chanter pour l’Enfant qui repose en vos bras?