Posts Tagged ‘(Nuno Judice)’
Posted by arbrealettres sur 3 février 2021
Recueil: Un chant dans l’épaisseur du temps suivi de méditation sur des ruines
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Nuno Judice), briller, chercher, couloir, Dieu, exister, inquiétude, longtemps, lueur, lumière, motif, nuit, ombre, persister, point, préoccupation, reflet, retourner, s'effacer, saisir, savoir, se lever, se pencher, se rendre compte, ver luisant, vrai | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 février 2021

CONFESSION
De l’un et l’autre côté que je suis,
de la lumière et de l’obscurité,
de l’or et de la poussière,
j’entends que l’on me demande de choisir;
d’abandonner l’inquiétude,
la douleur,
le poids de je ne sais quelle anxiété.
Mais je porte en moi tout
ce que je récuse. Je sens
se coller à mon dos
un lambeau de nuit;
et je ne sais comment me tourner
vers l’avant, où le matin
se lève.
(Nuno Jùdice)
Recueil: Un chant dans l’épaisseur du temps suivi de méditation sur des ruines
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Nuno Judice), abandonner, anxiété, avant, côte, choisir, coller, comment, confession, demander, dos, douleur, entendre, inquiétude, lambeau, lumière, matin, nuit, obscurité, or, poids, porter, poussière, récuser, savoir, se lever, se tourner, sentir, tout | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 février 2021

Illustration: Waldemar Nobre
FRAGMENTS
1
Accepte le transitoire ; rien de ce qui
est définitif, et dur, ne peut t’atteindre.
2
Quelque chose de visible émerge
dans les limites de l’être.
3
La nuit, le vent a brisé
une des vitres de derrière.
4
Seul le bruit de la nuit survit à la
lumière et la fureur matinales.
5
(Si ces nuages, à l’horizon,
parvenaient jusqu’à moi…)
6
Le fragment, néanmoins, exprime
l’éclatement de l’intensité.
7
Dans l’ultime fragment, fixe
l’éphémère et repose.
(Nuno Jùdice)
Recueil: Un chant dans l’épaisseur du temps suivi de méditation sur des ruines
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Nuno Judice), accepter, atteindre, éclatement, émerger, éphémère, être;nuit, briser, bruit, définitif, derrière, dur, exprimer, fixer, fragment, fureur, horizon, intensité, limite, lumière, matinal, nuage, nuit, parvenir, quelque chose, reposer, rien, seul, survivre, transitoire, ultime, vent, visible, vitre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 février 2021

ÉPITAPHE
Ils moururent de l’épidémie, les meilleurs : les uns,
la peste les emporta; d’autres, la grippe que l’on
appela espagnole ; et il y eut ceux de la
danse de Saint-Guy ; ceux de la lèpre, ceux de la
phtisie, galopante ou non. Et cela, quand
ils ne se tiraient pas un coup de feu dans la tête, ne se
pendaient pas à un réverbère, ne se jetaient pas
dans le fleuve. Il y eut encore ceux qui cessèrent
d’écrire; ceux qui burent jusqu’à perdre
la raison ; ceux qui, purement et simplement,
renoncèrent sans explication. Comme si
la vie dépendait de si peu —
des lignes griffonnées sur du papier brouillon,
des phrases qui pouvaient rimer ou non,
des pensées… qu’ils auraient pu
garder pour eux-mêmes. Cependant,
quand je les lis, je comprends leur
désespoir. La beauté n’apparaît pas
tous les jours aux yeux d’un homme;
la perfection ne paraît pas toujours
une chose de ce monde. Oui :
je monte les escaliers jusqu’en haut,
d’où l’on voit la ville, bien que
le temps soit à la tempête. Que
se passe-t-il, en cet instant, sous
ces toits ? Quelle épidémie, plus
subtile, saisit au sol ceux qui,
naguère encore, rêvaient de s’envoler?
(Nuno Jùdice)
Recueil: Un chant dans l’épaisseur du temps suivi de méditation sur des ruines
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Nuno Judice), apparaître, écrire, épidémie, épitaphe, beauté, boire, brouillon, comprendre, coup de feu, danse, dépendre, désespoir, emporter, en haut, escalier, explication, fleuve, garder, griffoner, grippe, homme, lèpre, ligne, lire, monter, mourir, papier, paraître, pensée, perdre, perfection, peste, phrase, phtisie, raison, réverbère, rêver, renoncer, rimer, s'envoler, saisir, se jeter, se pendre, sol, subtile, tempête, toit, toujours, vie, ville, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 février 2021

PLUIE
Il pleut comme toujours.
Et, comme toujours quand il pleut, les gens s’abritent
(ceux qui ne s’attendaient pas à ce qu’il pleuve) ;
ou ils ouvrent, simplement, leur parapluie —
de préférence à ouverture automatique.
Parce que, quand il pleut, nous devons tous faire quelque chose :
même nous, qui sommes à l’intérieur de la maison.
Les uns vont à la fenêtre, en commentant : «Quel hiver ! »;
les autres s’assoient, un papier devant eux :
et ils écrivent un poème, comme celui-ci.
(Nuno Jùdice)
Recueil: Un chant dans l’épaisseur du temps suivi de méditation sur des ruines
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Nuno Judice), automatique, écrire, commenter, faire, fenêtre, gens, hiver, intérieur, maison, ouverture, ouvrir, papier, parapluie, pluie, poème, préférence, s'abriter, toujours | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 février 2021

Illustration: Anne-François-Louis Janmot
ÉLÉGIE
Quel jardin habitent les vertes adolescentes ?
Quand elles chantent, leurs voix sont pures comme le cristal des collines ;
dans le silence du soir, quelle blanche obscurité les recouvre ?
Le prétexte du poème les poursuit.
Il leur donne l’éternité d’un chemin forestier,
en automne, parmi les troncs qui blanchissent.
Il entend leurs rires d’oiseaux
dans leur fièvre de partir.
La nuit tombe plus tôt.
Les champs ont abandonné l’écho des eaux,
le murmure indistinct d’un dieu.
Même un regard attentif ne reconnaît pas,
en ces fleurs piétinées par le couchant,
les lèvres que l’ombre a tues.
(Nuno Jùdice)
Recueil: Un chant dans l’épaisseur du temps suivi de méditation sur des ruines
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Nuno Judice), abandonner, adolescent, attentif, automne, écho, élégie, éternité, blanc, blanchir, champs, chanter, chemin, colline, couchant, cristal, Dieu, donner, eau, entendre, fièvre, fleur, forestier, habiter, indistonct, jardin, lèvres, murmuré, nuit, obscurité, oiseau, ombre, partir, piétiner, poème, poursuivre, prétexte, pur, reconnaître, recouvrir, regard, rire, silence, soir, taire, tomber, tronc, vert, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 février 2021

ZOOLOGIE : LE CHAT
Un chat, à la maison, seul, monte
sur le rebord de la fenêtre pour, de la rue, être vu.
Le soleil frappe les vitres et réchauffe le chat qui, immobile, semble un objet.
Il reste ainsi pour susciter l’envie — indifférent même si on l’appelle.
Par je ne sais quel privilège, les chats connaissent l’éternité.
(Nuno Jùdice)
Recueil: Un chant dans l’épaisseur du temps suivi de méditation sur des ruines
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Nuno Judice), appeler, éternité, chat, connaître, envie, fenêtre, immobile, indifférent, maison, monter, objet, privilège, réchauffer, rebord, rester, rue, sembler, seul, soleil, susciter, vitre, voir, zoologie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 février 2021

Illustration: Catherine Suchocka
CAMONIENNE
Qui es-tu, barbara, qui demeures
dans un poème que l’on étudie et récite
dans les écoles,
— toi qui t’es limitée à être aimée
d’un poète qui, peut-être, ne t’a
rien donné d’autre en échange de cet amour
qu’un poème que toi, peut-être,
tu n’as jamais entendu? Qui es-tu,
ô femme plus réelle que ce
poète qui t’a chantée, et dont nul ne
sait rien — si ce n’est
qu’il t’a aimée, et mise dans
ce poème où tu vis encore, et respires,
comme au jour où il l’a écrit,
se rappelant ton corps, et tes
lèvres, et les jours, ou les nuits,
qu’il passa près de toi? Qui es-tu,
femme réelle et rêvée qui habites
tous les poèmes que ce poème
a inspirés, et tous les rêves qui
ont trouvé en cette barbara une image
précise et définitive ? Retourne-toi,
dans ces vers, pour que nous voyions
ton visage, et dis-nous ton nom — ton nom
authentique, et non pas celui que le poète
a inventé pour t’appeler dans un poème
qui ne garde le secret que de toi seule ;
et ensuite, dors, oublie
ce que l’on a dit de toi, et les commentaires
dont tu as été le prétexte, et les images
où chaque fois davantage, tu as perdu
cette image unique, la tienne.
(Nuno Jùdice)
Recueil: Un chant dans l’épaisseur du temps suivi de méditation sur des ruines
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Barbara), (Nuno Judice), aimer, amour, appeler, échange, école, écrire, étudier, chanter, commentaire, corps, donner, dormir, entendre, image, inspirer, inventer, nuit, oublier, passer, perdre, poème, poète, prétexte, réciter, rêver, respirer, rien, savoir, se limiter, se rappeler, secret, unique, visage, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 février 2021

Illustration: Annie Predal
La nuit, on se connaît par la voix, par la respiration,
par une noire tendresse des bras ;
on se connaît lentement,
comme si on ne s’était jamais rencontré,
ni échangé les mots étranges d’un adieu;
on se connaît par le désespoir de l’ignorance,
qui aux uns et aux autres dérobe le sentiment,
les laissant livrés à la sécheresse d’un reflet.
(Nuno Jùdice)
Recueil: Un chant dans l’épaisseur du temps suivi de méditation sur des ruines
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Nuno Judice), adieu, échanger, étrange, bras, dérober, désespoir, ignorance, jamais, laisser, lent, livrer, mot, noir, nuit, reflet, respiration, sécheresse, se connaître, se rencontrer, sentiment, tendresse, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 février 2021
HORAIRE
Le vent, dans les gares de province, fait un bruit semblable à celui que j’entendais enfant.
Ce vent ne ressemble à rien
de ce qui m’environne : la ville, des rues, des immeubles, images fugitives du vide.
Cependant, je m’arrête par instants pour mieux me souvenir de ce bruit qui a disparu.
Au loin, un bout de fleuve m’emmène de l’autre côté, où le vent souffle comme toujours.
Je sors de l’ombre pour marcher sur le quai que le soleil de l’après-midi rend insupportable, bien que je n’aille nulle part.
Le vent, parfois, se limite à dire que le terminus peut être une gare de passage.
(Nuno Jùdice)
Recueil: Un chant dans l’épaisseur du temps suivi de méditation sur des ruines
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Nuno Judice), aller, après-midi, bruit, dire, disparaître, emmener, enfant, entendre, environner, fleuve, furtif, gare, horaire, image, immeuble, insupportable, marcher, nulle part, ombre, passage, province, quai, ressembler, rien, rue, s'arrêter, se souvenir, semblable, soleil, sortir, souffler, terminus, toujours, vent, vide, ville | Leave a Comment »
CONFESSION (Nuno Jùdice)
Posted by arbrealettres sur 3 février 2021
CONFESSION
De l’un et l’autre côté que je suis,
de la lumière et de l’obscurité,
de l’or et de la poussière,
j’entends que l’on me demande de choisir;
d’abandonner l’inquiétude,
la douleur,
le poids de je ne sais quelle anxiété.
Mais je porte en moi tout
ce que je récuse. Je sens
se coller à mon dos
un lambeau de nuit;
et je ne sais comment me tourner
vers l’avant, où le matin
se lève.
(Nuno Jùdice)
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard
Partager
WordPress:
Posted in poésie | Tagué: (Nuno Judice), abandonner, anxiété, avant, côte, choisir, coller, comment, confession, demander, dos, douleur, entendre, inquiétude, lambeau, lumière, matin, nuit, obscurité, or, poids, porter, poussière, récuser, savoir, se lever, se tourner, sentir, tout | Leave a Comment »