ODE A LA NEIGE
la
légère
candide
capricieuse
tourbillonante
ouatée
poudreuse
neige dont j’aime
la
lente lente
chute
(Henri Pichette)
Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard
Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023
ODE A LA NEIGE
la
légère
candide
capricieuse
tourbillonante
ouatée
poudreuse
neige dont j’aime
la
lente lente
chute
(Henri Pichette)
Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard
Posted in poésie | Tagué: (Henri Pichette), aimer, candide, capricieux, chute, léger, lent, neige, ode, ouate, poudreux, tourbilloner | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023
ODE À L’AMOUR TERRESTRE
Amour? Jamais je ne l’ai vu briller
aussi beau que dans les marchés,
caché dans les fromages,
ou déguisé en fleurs dans les paniers rouges;
jamais je n’ai imaginé sa fraîcheur séculaire
sa force souterraine,
à cette heure avant la création du soleil
dans l’obscurité.
Le merveilleux repose sur les nappes
des vieilles tables,
prêt pour être choisi, observé, senti,
prêt pour être palpé
par notre entendement,
prêt à s’abandonner et se donner, à nous.
Qui parle d’amour ?
Qui, caché dans les jardins,
sort à sa rencontre ?
Qui l’attend dans les nuits antiques ?
Nous chercherons une cinquième saison
pour nous aimer.
Nous chercherons le nouveau monde,
les plages
où goûter enfin la peau
obscure et parfumée du bonheur
la peau opaque de la mangue.
Nos angles sont riches en possibilités,
nous avons la soif qui produit la multiplication,
la soif de l’image pour l’image,
Pour les aïes ! et les voix qui nous réduisent
à une boule de feu;
qui nous soulèvent sur les toits
des vieux quartiers des villes,
haletants, comblés enfin,
ardents de nostalgie et de sagesse.
***
ODA AL AMOR TERRESTRE
¿Amor ? Nunca lo vi brillar
tan bello como en los mercados,
oculto entre los quesos,
o disfrazado de flor en las canastas rojas ;
nunca imaginé su frescura secular,
su subterranea fuerza,
en esa hora antes de la creación del sol
en la oscuridad.
Lo maravilloso yace sobre las mantas
de las viejas mesas,
listo para ser escogido, observado, olido,
listo para ser palpado
por nuestro entendimiento,
listo para dejarse y darse a nosotros.
¿ Quién habla de amor?
¿ Quién, escondido en los jardines,
sale a su encuentro ?
¿ Quién le espera en las antiguas noches ?
Buscaremos una quinta estación
para amarnos.
Buscaremos el nuevo mundo,
las playas
donde probar al fin la piel
oscura y perfumada de la dicha,
la opaca piel del mango.
Nuestros ángulos son ricos en posibilidades,
tenemos la sed que produce la multiplicación,
la sed de la imagen por la imagen.
Por ayes! Y voces que nos reduzcan
a una bola de luz;
que nos levanten sobre los techos
de los viejos barrios de las ciudades,
jadeantes, plenos al fin,
ardiendo con nostalgia y sabiduría.
(Henrique Huaco)
Recueil: La peau du temps
Traduction: Anne-Marie Vindras
Editions: des Crépuscules
Posted in poésie | Tagué: (Henrique Huaco), aïe, aimer, amour, angle, antique, ardent, attendre, beau, bonheur, boule, briller, cacher, chercher, choisir, combler, création, déguiser, entendement, feu, fleur, force, fraîcheur, fromage, goûter, haleter, image, imaginer, jamais, jardin, mangue, marche, mérveilleux, multiplication, nappe, nostalgie, nuit, obscur, obscurité, observer, ode, opaque, palper, panier, parfumer, parler, peau, plage, possibilité, prêt, produire, quartier, réduire, rencontre, reposer, riche, rouge, s'abandonner, sagesse, saison, séculaire, se donner, sentir, soif, soleil, soulever, souterrain, table, terrestre, toit, vieux, ville, voir, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 février 2023
Illustration: Lawrence Alma-Tadema
Ode à une Femme aimée
L’homme fortuné qu’enivre ta présence
Me semble l’égal des Dieux, car il entend
Ruisseler ton rire et rêver ton silence.
Et moi, sanglotant,
Je frissonne toute, et ma langue est brisée :
Subtile, une flamme a traversé ma chair,
Et ma sueur coule ainsi que la rosée
Âpre de la mer ;
Un bourdonnement remplit de bruits d’orage
Mes oreilles, car je sombre sous l’effort,
Plus pâle que l’herbe, et je vois ton visage
A travers la mort.
***
Εὶς ᾿Ερωμἐναν.
Φαἰνεταἰ μοι κἠνος ἲσος θἐοισιν
ἒμμεν ὤνηρ, Ὄστις ὲναντἰος τοι
ἰζἀνει, καὶ πλασίον ἇδυ φωνεύ−
σας ὑπακούει
καὶ γελαισας ἰμερόεν, τό μοι μάν
καρδίαν ἐν στήθεσιν ἐπτόασεν·
ὡς γὰρ εὔιδον βροχέως σε, φώνας
οὐδὲν ἒτ᾿ εἴκει·
(Sappho)
Posted in poésie | Tagué: (Sappho), aimer, à travers, âpre, égal, bourdonner, briser, bruit, chair, couler, Dieu, effort, enivrer, entendre, femme, flamme, fortune, frissonner, herbe, homme, langue, mer, mort, ode, orage, oreille, pâle, présence, rêver, remplir, rire, rosée, ruisseler, sangloter, sembler, silence, sombrer, subtile, sueur, traverser, visage, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 juillet 2022
La campagne est caressante
Au frais amour ébloui;
L’arbre est gai pourvu qu’il sente
Que Jeanne va dire oui.
Aimons-nous! et que les sphères
Fassent ce qu’elles voudront!
Il est nuit; dans les clairières
Les chansons dansent en rond;
L’ode court dans les rosées;
Tout chante; et dans les torrents
Les idylles déchaussées
Baignent leurs pieds transparents;
La bacchanale de l’ombre
Se célèbre vaguement
Sous les feuillages sans nombre
Pénétrés de firmament;
Les lutins, les hirondelles,
Entrevus, évanouis,
Font un ravissant bruit d’ailes
Dans la bleue horreur des nuits;
La fauvette et la sirène
Chantent des chants alternés
Dans l’immense ombre sereine
Qui dit aux âmes: Venez!
Car les solitudes aiment
Ces caresses, ces frissons,
Et, le soir, les rameaux sèment
Les sylphes sur les gazons;
L’elfe tombe des lianes
Avec des fleurs plein les mains;
On voit des pâles dianes
Dans la lueur des chemins;
L’ondin baise les nymphées;
Le hallier rit quand il sent
Les courbures que les fées
Font aux brins d’herbe en passant.
Vient; les rossignols t’écoutent;
Et l’éden n’est pas détruit
Par deux amants qui s’ajoutent
A ces noces de la nuit.
Viens, qu’en son nid qui verdoie,
Le moineau bohémien
Soit jaloux de voir ma joie,
Et ton coeur si près du mien!
Charmons l’arbre et sa ramure
Du tendre accompagnement
Que nous faisons au murmure
Des feuilles, en nous aimant.
A la face des mystères,
Crions que nous nous aimons!
Les grands chênes solitaires
Y consentent sur les monts.
(Victor Hugo)
Illustration: Myrtille Henrion Picco
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), aimer, amour, arbre, ébloui, baigner, campagne, caressante, chanson, chanter, chêne, clairière, crier, déchaussé, fée, frais, frisson, gai, gazon, hallier, hirondelle, idylle, lutin, mystère, nid, nuit, ode, oui, rosée, rossignol, sentir, solitude, sylphes, transparent | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 mai 2022
ODE
Tu poses devant moi le verre
Et la carafe
C’est un vieux geste qui m’est cher
Et dans ma main la tienne
Buvons voilà vingt ans
Que nous aimons ensemble
Sans que le verre soit cassé
Ni la carafe vide
Un jour viendra où l’un de nous
N’y sera plus pour boire
Ni pour verser
(Franz Hellens)
Posted in poésie | Tagué: (Franz Hellens), aimer, boire, carafe, cassé, ensemble, geste, ode, verre, verser | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 14 juillet 2021
ODE A L’ODALISQUE
L’intimité est graduée à traits de feu par la persienne
Ta nudité flotte vers moi sur l’or de ce radeau
C’est chez nous que le soleil a tendu son réseau
On attendait ces cables d’or pour que l’ancienne
Mine mît à jour mille et une nuits à l’heure
Nous admirons le tracé de ce plan de bonheur
Doigts d’ombre faites chanter ces cordes de lumière
Des versets de soleil enluminent la chambre
Et tout ce que n’a su exprimer le poème
Devient sur toi beauté plus claire
La persienne a filtré le paysage immense
Et même la poussière est devenue or pur
Nous sommes décidés à garder ce trésor
Pour toute notre vie
Nous avons fait provision d’or
Pour éblouir très vite
Les mirages d’horreur
Se dressant à l’improviste
Devant l’homme distrait
On a beau dire quel beau corps d’ambre
Les lèvres sont là et les bouts des seins
Pour tout rendre tendre
Et les yeux pleins de colorants d’humeur créatrice
Où sont en suspens comme paillettes
Des pigments qui savent raviver
La tache blême attaquant le monde
Des yeux pour tenir la beauté
Résolument devant soi sans faiblesse
Vase de la canéphore blessée à mort
Ou verre de cristal dans la main du mourant
Nous n’avons jamais eu qu’un bonheur sans défense
La triste nature morte
La vie du solitaire
Qui tient dans un seul verre
Et tout l’amer à boire
Se brise en mille éclats
Et danse autour de nous
Yeux follets feux bijoux
Les multiples pans de pénombre
Sont assemblés par ces soudures d’or
Par ces épingles d’or est retenue
Cette atmosphère de soie sombre
De l’obscur au clair ton éclat est au point
Des feux noirs des feux d’or dans tes yeux c’est la fête
Du jour qui danse avec la nuit
Les rayons de soleil sortant des mains des ombres
Les barreaux d’or du jour sciés distraitement
Dans tes trésors vont s’embellir
Quand la conscience s’accroît
S’accroît d’autant l’inconscient
C’est la sagesse de ta beauté
C’est la beauté de ta sagesse
C’est la promesse de tes yeux
La révélation de ton corps
C’est ton silence et tes aveux
C’est le bonheur toujours double
C’est l’amour toujours amoureux
De ce qu’il sait et qu’il ignore
De ce qu’il a et qu’il implore
Plus de lumière et d’ombre encore
C’est la sagesse avide de l’amour
(Ernest Delève)
Posted in poésie | Tagué: (Ernest Delève), admirer, amer, amour, attendre, avide, à l'improviste, beauté, bijou, boire, bonheur, câble, chanter, corde, danser, en suspens, enluminer, exprimer, faiblesse, garder, humeur, inconscient, intimité, nudité, odalisque, ode, ombre, or, paillette, persienne, plan, poème, provision, radeau, raviver, réseau, rendre, sagesse, soleil, sombre, trace, trésor | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 juillet 2020
Ode
Seins des femmes ! ô seins de lis ! ô seins de nacre !
Vos rythmes indolents dorlotent nos blessures.
Leurs lèvres ! Vous gardez, en vos calices l’âcre
Saveur des bigarreaux et des grenades sures.
Mais, aux bords fabuleux des fleuves du Levant,
J’eus mes rêves bercés aux ghazels des Péris ;
Et, dans l’antre fatal, la dame de Mervent
Scella mes yeux pensifs de ses baisers fleuris.
(Jean Moréas)
Posted in poésie | Tagué: (Jean Moréas), antre, âcre, baiser, bercé, blessure, calice, dorloter, fatal, femme, fleuri, fleuve, grenade, indolent, lèvres, lis, nacre, ode, pensif, rêve, rythme, saveur, sceller, sein, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 mars 2020
ODE AU MAGNOLIA
[…]
Une fleur de magnolia
pure
ronde comme un cercle
de neige
monta jusqu’à ma fenêtre,
me réconciliant avec la beauté.
Entre ses feuilles lisses
– ocre et vert –
fermée,
elle était parfaite
comme un oeuf
céleste,
ouverte
elle était la pierre
de la lune,
Aphrodite embaumée,
planète de platine.
Ses grands pétales me rappelèrent
les draps
de la première lune
amoureuse,
et son pistil
érigé
était tour nuptiale
des abeilles.
Ô blancheur
entre
toutes les blancheurs,
fleur immaculée,
amour resplendissant,
odeur de neige blanche
et de citrons,
secrète secrétaire
de l’aurore,
coupole
des cygnes,
rayonnante apparition!
Comment
te chanter sans
toucher
ta
peau très pure,
t’aimer
seulement
aux pieds
de ta beauté,
et t’emporter
dormante
dans l’arbre de mon âme,
resplendissante, ouverte,
aveuglante,
sur la forêt obscure
des songes!
(Pablo Neruda)
Posted in poésie | Tagué: (Pablo Neruda), abeilles, Aphrodite, apparition, arbre, aveuglante, âme, beauté, céleste, drap, fenêtre, fleur, lune, magnolia, neige, nuptiale, ocre, ode, oeuf, ouverte, parfaite, peau, pierre, pistil, pure, réconcilier, ronde, secrète, songe, vert | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 12 février 2020
Illustration: Marc Chagall
Ode à l’école du soir
Employés et manouvriers
s’en vont à l’école du soir
quand la peau des femmes est plus douce
et que les enfants translucides
tracent les dernières marelles
aux carrefours couleur de rose
et par-delà la ville s’étendent
des archipels de villages
remplis aussi d’écoles du soir ;
au haut d’un arbre l’idéal
chante par la voix d’un oiseau,
lentement les rivières coulent,
un fantassin sur un pont d’or
baise aux joues la servante blanche,
douceurs de vivre, ô serpents
emmêlés dans la pourpre vaine,
de lourds passés meurent au ciel ;
qu’Eve à jamais rendit amère
la lourde beauté du feuillage,
mais l’Ecole du soir dans ses bras
de République fortunée
recueille les grands apprentis sages.
(Jean Follain)
Posted in poésie | Tagué: (Jean Follain), amer, apprenti, arbre, archipel, école, baiser, beauté, blanc, bras, carrefour, ciel, couler, couleur, douceur, doux, emmêler, employé, enfant, Eve, fantassin, femme, feuillage, fortune, haut, idéal, joue, lent, lourd, marelle, mourir, ode, oiseau, or, par-delà, passé, peau, pont, pourpre, république, recueillir, remplir, rendre, rivière, rose, s'étendre, sage, serpent, servant, soir, tracer, translucide, vain, village, ville, vivre, voix | Leave a Comment »