Posts Tagged ‘office’
Posted by arbrealettres sur 26 février 2023

Illustration: Marianne Clouzot
LAMENTO
Tout prend, dans ma bouche,
un goût persistant de larmes :
le pain de chaque jour, le chant
et jusqu’à la prière.
Je n’ai point d’autre office,
après celui de t’aimer en silence,
que cet office de larmes, dur,
que tu m’as laissé.
Yeux gonflés
de chaudes larmes!
Bouche triste et tremblante
où tout devient prière!
J’ai honte de vivre
dans cette lâcheté,
sans aller à ta recherche
ni réussir à t’oublier!
Un remords me fait saigner
de voir un ciel
que ne voient plus tes yeux,
de caresser des roses
nourries de tes os!
Chair misérable,
pulpe piteuse, accablée de lassitude
qui ne descend pas dormir à ton côté,
mais s’accroche, tremblante,
au sein impur de la vie!
(Gabriela Mistral)
Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi
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Posted in poésie | Tagué: (Gabriela Mistral), accabler, aimer, aller, bouche, caresser, côte, chair, chant, chaud, ciel, descendre, devenir, dormir, dur, goût, gonfler, honte, impur, jour, laisser, lamento, larme, lassitude, lâcheté, misérable, nourrir, office, os, oublier, pain, persistant, piteux, prendre, prière, pulpe, réussir, recherche, remords, rose, s'accrocher, saigner, sein, silence, tremblant, trembler, triste, vie, vivre, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022

PAMPOÉSIE
Poésie, patrimoine étoilé :
il fallut découvrir peu à peu ventre vide et sans guide
ton terrestre héritage,
la clarté lunaire et l’épi secret.
La clef, de la solitude à la foule,
se perdait dans les rues et dans les bois
et sous les pierres et dans les trains.
La condition obscure en est le premier sceau,
l’ivresse grave avec un simple verre d’eau,
le corps rassasié sans avoir mangé,
le coeur qui mendie avec son orgueil.
Et bien d’autres choses que taisent les livres
remplis d’une splendeur sans joie : il faut
entamer peu à peu la pierre qui écrase,
dissoudre peu à peu le minerai de l’âme
jusqu’à ce que tu sois celui qui lit,
jusqu’à ce que l’eau chante par ta bouche.
Ce qui est plus facile que la mer à boire
et plus difficile aussi que naître sans fin.
C’est un étrange office qui te cherche
et qui se cache quand on l’a cherché,
c’est une ombre au toit crevassé
mais où dans chaque trou il y a une étoile.
(Pablo Neruda)
Recueil: Mémorial de l’Île Noire
Traduction: Claude Gouffon
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Pablo Neruda), âme, écraser, épi, étoile, étrange, boire, bois, bouche, chanter, chercher, clarté, clef, coeur, condition, corps, crevasse, découvrir, difficile, dissoudre, eau, entamer, facile, fin, foule, grave, guide, héritage, ivresse, joie, lire, livre, lunaire, manger, mendier, mer, minerai, naître, obscur, office, ombre, orgueil, pampoésie, patrimoine, pierre, poésie, premier, rassasier, remplir, rue, sceau, se cacher, se perdre, secret, simple, solitude, splendeur, taire, terrestre, toit, train, trou, ventre, verre, vide | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 juillet 2022

Office
Un mot — entrave ou désentrave,
ce couteau — ce médicament,
cette mort — cette naissance.
Un mot — celui qui blesse,
celui qui guérit
celui qui parle,
celui qui ne dit rien.
Un mot : clef,
fermeture, cadenas,
liberté, censure
prison.
Un mot — entrave ou désentrave.
***
Officio
A palavra — essa trave e desentrave,
essa faca — esse remédio, essa
morte — esse nascer,
A palavra — aquela que fere,
aquela que cura
aquela que fala,
aquela que cala.
A palavra: chave,
fechadura, cadeado,
liberdade, censura
prisão.
A palavra — trave e desentrave.
(Régine Limaverde)
Recueil: Poésie et chanson brésiliennes
Traduction: Claire Chevalier-Leibovitz
Editions: Mango
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Posted in poésie | Tagué: (Régine Limaverde), blesser, cadenas, censure, clef, couteau, désentrave, dire, entrave, fermeture, guérir, liberté, médicament, mort, mot, naissance, office, parler, prison, rien | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 août 2020
La claire saison du genièvre
s’assombrit en hiver.
Elle arrosa de liqueur les prunelles
et boucha le bocal de verre.
Lorsque je l’ai dévissé
j’ai senti l’âcre immobilité
troublée d’un buisson
se répandre dans l’office.
Lorsque je l’ai versée
elle tranchait comme une lame
et flambait comme Bételgeuse.
Je bois à toi,
avec ces prunelles
enfumées, bleu-noir,
polies, amères, mais sûres.
(Seamus Heaney)
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Posted in poésie | Tagué: (Seamus Heaney), amère, arroser, âcre, Bételgeuse, bocal, boire, genièvre, hiver, liqueur, office, polie, prunelle, s'assombrir, sûre | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 24 juillet 2020
c’est vaste nuit que l’agnelle en feux
braise d’encens ses sept glaïeuls noirs
de feu rayé et de violette
d’onyx office qu’abeilles tressent
(Bernard Manciet)
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Posted in poésie | Tagué: (Bernard Manciet), abeille, agnelle, braise, encens, feu, glaïeul, noir, nuit, office, onyx, tresser, vaste, violette | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 avril 2020

Le lait s’aigrit
dans l’office attiédi
un homme parle à l’autre
ardemment de la gnose
on voit se lever d’à genoux
la ménagère
une toute petite feuille morte
aux nervures rouges
collant à son auriculaire
à l’ongle ravagé.
(Jean Follain)
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Follain), auriculaire, feuille, gnose, homme, lait, ménagère, morte, office, ongle, ravage, s'aigrir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 mai 2019

LA NONNE GITANE
Silence de chaux et de myrte.
Mauves dans les herbes fines.
Sur une toile jaune paille
la nonne brode des giroflées.
Volent dans le lustre gris
les sept oiseaux du prisme.
Tel un ours panse en avant
loin de là grogne l’église.
Comme elle brode ! Quelle grâce !
Sur la toile jaune paille
elle aimerait bien broder
des fleurs à sa fantaisie.
Quel tournesol ! Quel magnolia
de faveurs et de clinquant !
Quels safrans et quelles lunes
sur la nappe de l’autel !
Cinq oranges en compote
cuisent dans l’office proche :
ce sont les plaies du Christ
cueillies près d’Almeria.
Dans le regard de la nonne
galopent deux cavaliers.
Une rumeur dernière et sourde
lui décolle la chemise,
la vue des monts et des nuées
dans les lointains arides
fait qu’alors son coeur se brise,
son mur de sucre et de verveine.
Oh, quelle plaine escarpée
sous l’éclat de vingt soleils !
Quelles rivières soulevées
entrevoit sa fantaisie !
Mais à ses fleurs elle s’applique
tandis que debout dans la brise
l’éclat du jour joue aux échecs
par les fentes de la jalousie.
(Federico Garcia Lorca)
Illustration: Louis Toffoli
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Posted in poésie | Tagué: (Federico Garcia Lorca), aride, autel, église, brise, broder, chemise, Christ, compote, décoller, debout, entrevoir, Fantaisie, fleur, gitane, grogner, lune, magnolia, nonne, nuée, office, oiseau, orange, plaie, regard, rivière, safran, silence, tournesol | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 mars 2019
Un rideau de lumière
interrompt l’office des ténèbres.
Alors nous comprenons que la lumière
est aussi un office,
le rite originaire,
la liturgie nue
d’une révélation
sans autre exégèse.
Et l’ombre le sait.
C’est pourquoi elle s’ouvre devant la lumière.
(Roberto Juarroz)
Illustration: Odilon Redon
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Posted by arbrealettres sur 22 février 2019

Illustration: ArbreaPhotos
C’est toi
Dans les intervalles de silence du vent
les paroles pressées de l’eau qui dévale
sa fraîcheur le long du sentier de montagne
c’est toi fraîcheur pensive de ma vie
L’été brûlant Le soleil feu perpendiculaire à l’herbe
A bouche fermée le bourdonnement grégorien
des abeilles célébrant l’office quotidien du miel
c’est toi basse continue de ma durée
Le cri d’une hirondelle cri que j’attrape au vol
(l’oiseau est déjà loin) rire plutôt qu’un cri
léger bonheur qui ricoche sur l’eau des rires de l’été
c’est toi douceur du sourire au creux des chagrins
Le silence soudain La nuit Déjà la neige
Le silence à pas de chat se pose sur le silence
et quand nous ouvrirons les volets le blanc sera très blanc
c’est toi qui ne dis rien et me parles sans mots
Et je te réponds Oui
(Claude Roy)
Recueil: À la lisière du temps suivi de Le voyage d’automne
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Claude Roy), abeille, attraper, été, blanc, bouche, bourdonnement, brûlant, chat, cri, dévaler, durée, eau, fraîcheur, herbe, hirondelle, intervalle, loin, miel, montagne, mot, neige, office, oiseau, oui, ouvrir, parler, parole, pensif, perpendiculaire, pressé, répondre, se poser, sentier, silence, soleil, toi, vent, vie, vol, volet | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 juin 2018

Illustration: René Magritte
Débaptiser le monde,
sacrifier le nom des choses
pour gagner leur présence.
Le monde est un appel nu,
une voix, pas un nom,
une voix porteuse de son propre écho.
Et la parole de l’homme est une part de cette voix,
non pas un signe du doigt
ni une étiquette d’archive
ni un profil de dictionnaire
ni une carte d’identité sonore
ni un drapeau indicatif
de la topographie de l’abîme.
L’оffiсе de la parole,
au-delà de la petite misère,
de la petite tendresse en désignant ceci ou cela,
est un acte d’amour : crier de la présence.
L’office de la parole
est que le monde puisse dire le monde,
que le monde puisse dire l’homme.
La parole : ce corps vers tout.
La parole : ces yeux ouverts.
(Roberto Juarroz)
Recueil: Poésie et Réalité
Traduction: Jean-Claude Masson
Editions: Lettres Vives
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Roberto Juarroz), abîme, acte, amour, appel, archive, écho, étiquette, carte, chose, corps, crier, débaptiser, désigner, dictionnaire, doigt, drapeau, gagner, identité, indicatif, misère, monde, nom, nu, office, ouvert, porteur, présence, profil, sacrifier, signe, sonore, tendresse, topographie, voix, yeux | Leave a Comment »