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Poésie

Posts Tagged ‘ondulation’

Ma solitude (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2022




    
Ma solitude est partout dans le monde
bien avant d’être en moi

Elle est dans cet homme qui passe avec son chien
elle est cet homme elle est ce chien
Elle est dans le chant de la pluie contre la vitre
Elle est ce chant elle est cette pluie elle est cette vitre
Elle est dans ce linge sur un fil tout au fond du jardin
cette lumineuse ondulation d’un drap blanc sur un ciel bleu
elle est ce fil elle est ce drap elle est ce ciel

Ma solitude je ne la reconnais vraiment
que lorsqu’elle vient vers moi
se jeter dans mes bras me raconter rieuse
ce qu’elle a fait dans la journée
qui elle a vu qui l’a blessée

(Christian Bobin)

 

Recueil: La Vie Passante
Editions: Fata Morgana

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OH ENFANTS (Margaret Atwood)

Posted by arbrealettres sur 20 août 2022



Illustration
    
OH ENFANTS

Oh enfants, allez-vous grandir dans un monde sans oiseaux ?
Y aura-t-il des grillons, là où vous êtes ?
Y aura-t-il des asters ?
Des palourdes, au minimum.
Peut-être pas des palourdes.

Nous savons qu’il y aura des vagues.
Pas besoin de beaucoup de vie pour celles-là.
Une brise, une tempête, un cyclone.
Des ondulations, aussi. Des pierres.
Les pierres sont une consolation.

Il y aura des couchers de soleil, tant qu’il y aura de la poussière.
Il y aura de la poussière.

Oh enfants, allez-vous grandir dans un monde sans chansons ?
Sans pins, sans mousses ?

une grotte scellée avec un conduit d’oxygène,
jusqu’à ce qu’il y ait une panne de courant ?
Vos yeux s’éteindront-ils
comme les yeux blancs des poissons sans soleil ?
Et là-dedans, quel voeu ferez-vous ?

Oh enfants, allez-vous grandir dans un monde sans glace ?
Sans souris, sans lichens ?

Oh enfants, allez-vous grandir ?

***

OH CHILDREN

Oh children, will you grow up in a world without birds?
Will there be crickets, where you are?
Will there be asters?
Clams, at a minimum.
Maybe not clams.

We know there will be waves.
Not much life needed for those.
A breeze, a storm, a cyclone.
Ripples, as well.
Stones.
Stones are consoling.
There will be sunsets, as long as there is dust.
There will be dust.

Oh children, will you grow up in a world without songs?
Without pines, without mosses?
Will you spend your life in a cave, a sealed cave with an oxygen line, until there’s a power failure?
Will your eyes blank out like the eggwhite eyes of sunless fish?
In there, what will you wish for?
Oh children, will you grow up in a world without ice?
Without mice, without lichens?
Oh children, will you grow up?

(Margaret Atwood)

Recueil:Poèmes tardifs
Traduction: Christine Évain & Bruno Doucey
Editions: Pavillons

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Entre le ciel et l’eau (Hector de Saint-Denys Garneau)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2019



Entre le ciel et l’eau

Entre le ciel et l’eau, je suis entre le ciel
Qui est hier fixé dans l’azur du passé
Un ciel qui n’est pas immobile mais qui reste
Le même presque — Et l’eau de l’avenir qui fut
troublante et donne
le vertige, où se reflète le ciel d’hier
pareil, mais pas du tout de la même façon
Instable, comme glissant, d’un pas mal sûr
Inquiet comme se tenant sur une boule,
Et puis aussi selon les ondulations
Changeantes toutefois, plus profond ou plus clair,
Allongé par des bouts et raccourci par d’autres
Très incertain, assurément, très incertain
Et je me tiens ainsi, entre le ciel et l’eau
Appuyé tout contre le ciel sans empêcher
la clarté que je fais irrévocablement
Vers l’eau, vers l’eau mal sûre et pleine
d’inconnu, fascinante parfois ou qui fait peur
Selon que tel reflet s’allonge ou se restreint
prend toute la place ou la laisse à un autre
toujours selon les ondulations.

(Hector de Saint-Denys Garneau)

Illustration

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Les cris jaune pâle des fous de Bassan (Judith Pointejour)

Posted by arbrealettres sur 29 avril 2019



 

Jocelyn Rochefort Simard  fou-de-bassan

Les cris jaune pâle des fous de Bassan
me vieillissent de mille ans
et à chaque résistance
l’ondulation
de chacun de leurs vols
bénit la terre
et bâtit le temple
de la Fascination

(Judith Pointejour)

Illustration: Jocelyn Rochefort Simard

 

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La mer est la main universelle (Charles Dantzig)

Posted by arbrealettres sur 8 mai 2018



La mer est la main
universelle
caressant les corps elle
hérisse les puristes
qui veulent femmes en bure et corps vêtus

voyez d’en haut le nageur avançant
son corps teinté d’ondulations blanches
c’est le passage du plaisir
la mer est la caresse
universelle

(Charles Dantzig)

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Sous mille formes (Johann Wolfgang Von Goethe)

Posted by arbrealettres sur 27 avril 2018



Illustration: Cécile Mendousse
    
Sous mille formes tu peux te cacher,
Pourtant, ô bien-aimée, sitôt je te reconnais ;
Tu peux te couvrir de voiles magiques,
Ô toute présente, sitôt je te reconnais.

Au jeune élan très pur du cyprès,
Ô femme de belle stature, sitôt je te reconnais ;
Dans l’ondulation des flots du canal,
Ô toute séduisante, sitôt je te reconnais.

Quand le jet d’eau montant se déploie,
Ô toute joueuse, avec joie je te reconnais ;
Quand la nue se forme et se transforme,
Multiple créature, je te reconnais bien.

Au tapis des prairies semées de fleurs,
Sous ta parure de mille étoiles, je reconnais ta beauté ;
Et quand s’épand partout le lierre aux mille bras,
Universelle étreinte, je te connais.

Quand à l’aube s’embrase la montagne,
Soudain, toute-sereine, je te salue,
Et qu’ensuite au-dessus de moi s’arrondisse la voûte des cieux,
Ô toi qui dilates les coeurs, je te respire.

Tout ce que je connais en moi et hors de moi,
Ô source de tout savoir, je le connais par toi ;
Et quand je nomme les cent noms d’Allah,
Avec chacun résonne aussi un nom pour toi.

(Johann Wolfgang Von Goethe)

 

Recueil: Goethe Le Divan
Traduction: Henri Lichtenberger
Editions: Gallimard

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LE CORMORAN (Textes chinois)

Posted by arbrealettres sur 9 avril 2018




    
LE CORMORAN
Sou-Tong-Po

Solitaire et immobile, le cormoran d’automne médite au bord du fleuve,
et son œil rond, suit la marche de l’eau.

Si quelquefois un homme se promène sur le rivage,
le cormoran s’éloigne, lentement, en balançant la tête ;

Mais, derrière les feuilles, il guette le départ du promeneur,
car il aspire à voir encore les ondulations du courant monotone ;

Et, la nuit, lorsque la lune brille sur les vagues,
le cormoran médite, un pied dans l’eau.

Ainsi l’homme, qui a dans le cœur un grand amour,
suit, toujours, les ondulations d’une même pensée.

(Textes chinois)

 

Recueil: Le Livre de Jade
Traduction: Judith Gautier
Editions: Plon

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Nouvel ami (Pierre Albert-Birot)

Posted by arbrealettres sur 8 mars 2018



J’ai regardé avec mes autres yeux l’Univers
Et l’Univers mon ami a eu sous mon regard
Une légère ondulation
Comme un chat sous la main qui le caresse
Vous terres roches et grandes eaux
Et vous vivants
Forêts et peuples
Avez-vous senti ma caresse
Non je sais et pourtant vous l’avez reçue
Et depuis vous avez quelque chose de changé
Et moi tandis qu’avec ma chair
J’essaie d’écrire sur ce papier l’esprit
Je sens qu’à trois cent milliards
Et deux millions cinq cent trois kilomètres d’ici
Une vie vient aussi de caresser l’Univers
Et me voici un nouvel ami

(Pierre Albert-Birot)


Illustration

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L’orbite elliptique (Auguste Bonel)

Posted by arbrealettres sur 25 décembre 2017



L’orbite elliptique
est interceptée
par le brûlant ballet des sauterelles
qui du frétillement de leurs pattes
accordent la harpe de l’espace
en y soufflant l’ondulation du sable mouvant
d’innombrables petites parcelles de prisme
et de bleu-miroirs délimitent
leur expansion de sel
à la coupe de la ciguë

(Auguste Bonel)

Illustration

 

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LE CORMORAN (Sou-Tong-Po)

Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2017



LE CORMORAN

Solitaire et immobile, le cormoran d’automne médite au bord du fleuve,
et son oeil rond, suit la marche de l’eau.
Si quelquefois un homme se promène sur le rivage,
le cormoran s’éloigne, lentement, en balançant la tête ;

Mais, derrière les feuilles, il guette le départ du promeneur,
car il aspire à voir encore les ondulations du courant monotone ;
Et, la nuit, lorsque la lune brille sur les vagues,
le cormoran médite, un pied dans l’eau.

Ainsi l’homme, qui a dans le coeur un grand amour,
suit, toujours, les ondulations d’une même pensée.

(Sou-Tong-Po)

 

 

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