Posts Tagged ‘ongle’
Posted by arbrealettres sur 20 mai 2023

Illustration: Pierre-Auguste Renoir
Femme et chatte
Elle jouait avec sa chatte,
Et c’était merveille de voir
La main blanche et la blanche patte
S’ébattre dans l’ombre du soir.
Elle cachait – la scélérate ! –
Sous ces mitaines de fil noir
Ses meurtriers ongles d’agate,
Coupants et clairs comme un rasoir.
L’autre aussi faisait la sucrée
Et rentrait sa griffe acérée,
Mais le diable n’y perdait rien…
Et dans le boudoir où, sonore,
Tintait son rire aérien,
Brillaient quatre points de phosphore.
(Paul Verlaine)
Recueil: Poésies Verlaine
Editions: Hachette
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Posted in poésie | Tagué: (Paul Verlaine), aérien, acéré, agate, blanc, boudoir, briller, cacher, chat, clair, coupant, diable, faire, femme, fil, griffe, jouer, main, merveille, meurtrier, mitaine, noir, ombre, ongle, patte, perdre, phosphore, point, rasoir, rentrer, rien, rire, s'ébattre, scélérat, soir, sonore, sucre, tinter, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 février 2023

C’est facile, d’écosser les petits pois.
Une pression du pouce sur la fente de la gousse
et elle s’ouvre, docile, offerte.
Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes
– une incision de l’ongle de l’index
permet alors de déchirer le vert,
et de sentir la mouillure et la chair dense,
juste sous la peau faussement parcheminée.
Après, on fait glisser les boules d’un seul doigt.
La dernière est si minuscule.
Parfois, on a envie de la croquer.
Ce n’est pas bon, un peu amer,
mais frais comme la cuisine de onze heures,
cuisine de l’eau froide, des légumes épluchés
– tout près, contre l’évier,
quelques carottes nues brillent sur un torchon,
finissent de sécher.
Alors on parle à petits coups,
et là aussi la musique des mots
semble venir de l’intérieur, paisible, familière.
On parle de travail, de projets, de fatigue
– pas de psychologie.
L’écossage des petits pois n’est pas conçu pour expliquer,
mais pour suivre le cours, à léger contretemps.
Il y en aurait pour cinq minutes, mais c’est bien de prolonger,
d’alentir le matin, gousse à gousse, manches retroussées.
On passe les mains dans les boules écossées
qui remplissent le saladier.
C’est doux ; toutes ces rondeurs contiguës
font comme une eau vert tendre,
et l’on s’étonne de ne pas avoir les mains mouillées.
Un long silence de bien-être clair
[…]
(Philippe Delerm)
Recueil: La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules
Traduction:
Editions: L’Arpenteur
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Posted in poésie | Tagué: (Philippe Delerm), alentir, amer, écossage, écosser, éplucher, évier, bien-être, bon, boule, carotte, chair, clair, contigüe, contretemps, cours, croquer, cuisine, déchirer, dense, dernier, docile, doigt, doux, eau, envie, expliquer, facile, familier, fatigue, faussement, fente, finir, frais, froid, glisser, gousse, incision, index, intérieur, juste, légume, long, main, manche, matin, minuscule, mot, mouiller, mouillure, mur, musique, nu, offert, ongle, paisible, parcheminé, parfois, parler, passer, peau, permettre, petit, pois, pouce, pression, projet, psychologie, réticent, remplir, retrousser, rondeur, s'étonner, s'ouvrir, saladier, sécher, sentir, silence, suivre, tendre, torchon, travail, venir, vert | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 février 2023

Illustration: Jeanne Balas
Ma naissance n’existe pas
c’est un nombre
qui ouvre le ventre de ma mère
comme un coffre-fort
Ma mort n’existe
pas c’est un mirage
j’ai existé avant moi
le temps m’a plagiée
Avec le ciel et l’enfer
sous mes ongles
je marche
vers mon inconciliable éternité
(Anise Koltz)
Recueil: Un monde de pierres
Editions: Arfuyen
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Posted by arbrealettres sur 4 janvier 2023

Illustration: Freydoon Rassouli
Le Second Royaume
Dans le premier royaume
des étoiles,
tout est toujours
à moitié beau.
Tes ongles
sont des anges
dormant après
une longue nuit
d’amour.
Le bruit de
tes yeux : la neige
tombant
dans l’escalier
du vent.
Tes cheveux
sont la couleur
de Dieu
cueillant des fleurs.
Dans le second royaume des étoiles
il n’y a que
toi
*****
The Second Kingdom
In the first kingdom
of the stars,
everything is always
half-beautiful.
Your fingernails
are angels
sleeping after
a long night
of making love.
The sound of
your eyes: snow
coming down
the stairs
of the wind.
Your hair
is the color
of God picking
flowers.
In the second
kingdom of the stars
there is only
you
(Richard Brautigan)
Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral
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Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2022

Illustration: Edouard Boubat
Un enfant tient un trésor entre ses mains.
Un missel, une bille, un coquillage.
Il serre les mains si fort sur son bien qu’il le fait entrer sous ses ongles, dans ses veines, son cerveau,
le métamorphose en lumière dont l’enfant n’est plus lui-même qu’un accident bienheureux, comblé.
(Christian Bobin)
Recueil: La grande vie
Traduction:
Editions: Folio
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Posted by arbrealettres sur 5 septembre 2022

Les cils et les ongles
ne reprennent jamais leur place
après l’amour
D’autres doigts s’accrochent aux choses
d’autres yeux habitent les yeux
Le corps émigre
migrer est le propre d’aimer
De l’un se détache
tous ceux qui veulent naître
(Charles Dobzynski)
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Posted by arbrealettres sur 26 juin 2022

Je trahirai demain, pas aujourd’hui.
Aujourd’hui, arrachez-moi les ongles,
Je ne trahirai pas.
Vous ne savez pas le bout de mon courage,
Moi, je sais.
Vous êtes cinq mains dures avec des bagues,
Vous avez aux pieds des chaussures avec des clous.
Je trahirai demain. Pas aujourd’hui.
Demain
Il me faut la nuit pour me résoudre
Il me faut pas moins d’une nuit
Pour renier, pour abjurer, pour trahir
Pour renier mes amis
Pour abjurer le pain et le vin
Pour trahir la vie,
Pour mourir.
Je trahirai demain. Pas aujourd’hui.
La lime est sous le carreau
La lime n’est pas pour le bourreau,
La lime n’est pas pour le barreau,
La lime est est pour mon poignet.
Aujourd’hui je n’ai rien à dire.
Je trahirai demain.
(Marianne Cohn)
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Posted by arbrealettres sur 4 avril 2022

Illustration: ArbreaPhotos
LE CHAT
Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire
Par son être magique où s’incarne le sphinx ;
Par le charme câlin de la lueur si claire
Qui s’échappe à longs jets de ses deux yeux de lynx,
Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire.
Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,
Il ondule, se cambre et regimbe aux doigts lourds ;
Et lorsque sa fourrure abrite une chair grasse,
C’est la beauté plastique en robe de velours :
Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,
Vivant dans la pénombre et le silence austère
Où ronfle son ennui comme un poêle enchanté,
Sa compagnie apporte à l’homme solitaire
Le baume consolant de la mysticité
Vivant dans la pénombre et le silence austère.
Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre,
C’est bien l’âme du gîte où je me tiens sous clé ;
De la table à l’armoire et du fauteuil à l’âtre,
Il vague, sans salir l’objet qu’il a frôlé,
Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre.
Sur le bureau couvert de taches d’encre bleue
Où livres et cahiers gisent ouverts ou clos,
Il passe comme un souffle, effleurant de sa queue
La feuille où ma pensée allume ses falots,
Sur le bureau couvert de taches d’encre bleue.
Quand il mouille sa patte avec sa langue rose
Pour lustrer son poitrail et son minois si doux,
Il me cligne de l’œil en faisant une pause,
Et je voudrais toujours l’avoir sur mes genoux
Quand il mouille sa patte avec sa langue rose.
Accroupi chaudement aux temps noirs de décembre
Devant le feu qui flambe, ardent comme un enfer,
Pense-t-il aux souris dont il purge ma chambre
Avec ses crocs de nacre et ses ongles de fer ?
Non ! assis devant l’âtre aux temps noirs de décembre
Entre les vieux chenets qui figurent deux nonnes
À la face bizarre, aux tétons monstrueux,
Il songe à l’angora, mignonne des mignonnes,
Qu’il voudrait bien avoir, le beau voluptueux,
Entre les vieux chenets qui figurent deux nonnes.
Il se dit que l’été, par les bons clairs de lune,
Il possédait sa chatte aux membres si velus ;
Et qu’aujourd’hui, pendant la saison froide et brune,
Il doit pleurer l’amour qui ne renaîtra plus
Que le prochain été, par les bons clairs de lune.
Sa luxure s’aiguise aux râles de l’alcôve,
Et quand nous en sortons encor pleins de désir,
Il nous jette un regard jaloux et presque fauve
Car tandis que nos corps s’enivrent de plaisir,
Sa luxure s’aiguise aux râles de l’alcôve.
Quand il bondit enfin sur la couche entr’ouverte,
Comme pour y cueillir un brin de volupté,
La passion reluit dans sa prunelle verte :
Il est beau de mollesse et de lubricité
Quand il bondit enfin sur la couche entr’ouverte.
Pour humer les parfums qu’y laisse mon amante,
Dans le creux où son corps a frémi dans mes bras,
Il se roule en pelote, et sa tête charmante
Tourne de droite à gauche en flairant les deux draps,
Pour humer les parfums qu’y laisse mon amante.
Alors il se pourlèche, il ronronne et miaule,
Et quand il s’est grisé de la senteur d’amour,
Il s’étire en bâillant avec un air si drôle,
Que l’on dirait qu’il va se pâmer à son tour ;
Alors il se pourlèche, il ronronne et miaule.
Son passé ressuscite, il revoit ses gouttières
Où, matou lovelace et toujours triomphant,
Il s’amuse à courir pendant des nuits entières
Les chattes qu’il enjôle avec ses cris d’enfant :
Son passé ressuscite, il revoit ses gouttières.
Panthère du foyer, tigre en miniature,
Tu me plais par ton vague et ton aménité,
Et je suis ton ami, car nulle créature
N’a compris mieux que toi ma sombre étrangeté,
Panthère du foyer, tigre en miniature.
(Maurice Rollinat)
Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus
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Posted in poésie | Tagué: (Maurice Rollinat), abriter, accroupi, aiguiser, alcôve, amante, aménité, ami, amour, angora, apporter, ardent, armoire, austère, âme, âtre, été, étrangeté, être, baume, beauté, bizarre, bleu, bondir, bras, brin, bureau, câlin, chair, chambre, charmant, charmé, chat, chaud, clair, clair de lune, clé, cligner, colombe, compagnie, comprendre, consoler, corps, couché, courir, couvrir, créature, creux, cri, croc, cueillir, décembre, désir, doigt, doux, enchanté, encre, enfant, enfer, enjôler, ennui, face, fauteuil, fauve, femme, fer, feu, flamber, fomâtre, fourrure, foyer, frapper, frémir, frôler, gai, gîte, genêt, genoux, gouttière, gras, grâce, homme, humer, jet, jeter, laisser, langue, lourd, lovelace, lubricité, lueur, lustrer, luxure, lynx, magique, matou, membre, miauler, mignon, miniature, minois, mollesse, monstrueux, mouiller, mysticité, nacre, noir, nonne, nuit, objet, oeil, onduler, ongle, panthère, parfum, passé, passion, patte, pause, pénombre, pelote, plaire, plaisir, plastique, pleurer, poêle, poitrail, prunelle, purger, râle, regard, regimber, renaître, ressusciter, revoir, robe, ronfler, ronronner, rose, rouler, s'amuser, s'échapper, s'enivrer, s'incarner, salir, se cambrer, se pourlécher, serpent, silence, singe, solitaire, sombre, somnolent, souris, Sphinx, table, tache, téton, tête, temps, tigre, tour à tour, triomphant, triste, vague, velours, velu, vivre, volupté, voluptueux, yeux | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 24 mars 2022
Fruit qui jaillissez du couteau,
Beauté dont saveur est l’écho,
Aurore à gueule de tenailles,
Amants qu’on veut désassembler,
Femme qui portez tablier,
Ongle qui grattez la muraille,
Désertez ! désertez !
(René Char)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (René Char), amants, aurore, écho, beauté, couteau, déserter, femme, fruit, jaillir, muraille, ongle, saveur, tenailles | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 25 mai 2021

PAYS SECRET DENUDE
(Fragments)
Tu es une eau verte Tu dors Je plonge de si loin en toi
depuis le temps des os des chairs à naître que je dessine
ton corps avec des tremblements mathématiques des robes déchirées
par les couteaux des ongles des muscles : statue lasse mouvante
et draperie N’était le corail de ton regard Le foin de ta nuque
lorsque l’aube est nue
Eau jade mon amie Je hale le chaland au long de toi te nomme
Mes doigts ébauchent le chemin creux la croix des hêtres l’orme
Je veux le cercle de ton ventre l’oeuf entre les lèvres le sel
des reins Aisselles
Je geins dans le pourtour ouaté Chaud
Ni la main qui te crée La langue qui t’éveille Le reflux
du songe où tu te multiplies Le sexe noir soleil Le baiser
te lisse s’y vautre Tu es ma bauge
(Hubert Juin)
Illustration: Alex Alemany
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