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VALSE POUR CAMILLE CLAUDEL (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 12 octobre 2020



Camille Claudel
    

VALSE POUR CAMILLE CLAUDEL

Mettre le cap près du soleil…
Ian Curtis

Tu tournes sans relâche
jusqu’à enlacer l’univers
tu cherches

infiniment
cette seconde avant le contact
celle qui nous mène

à l’essentiel vertige
tu tournes et t’en retournes
en suspens continu

en volutes instables
toute une vie en bascule
pour ce seul tourbillon

qui te prend maintenant
ce lent tourbillon de langueur
cette ronde enfantine

qui fait vaciller les siècles
en drapé de nuit
douce et profonde

l’enroulement
l’étreinte
l’ardent abandon

jamais
tu n’interromps
le souffle du vivant

par effleurements
par torsades
par souvenirs renversés

tu avances
petite châtelaine de l’intensité
spontanément universelle

tu avances et tournes
promesse
des plus savants déséquilibres

par sinuosités
par accès de véhémence
par étourdissements

voici le temps
d’offrir toute ta lumière
fol amour

qui tout emporte
tu sombres
et prends les poissons du ciel

dans un flot d’onyx
tu écoutes
ce qui tournoie en toi

pour jaillir
hors de tous les sillons
labourer les nuages

pénétrer la parole
éclairer les atomes
nue

si sauvage et si nue
te laissant submerger
par l’impossible

sous l’emprise d’un amour
qui se déverse
sans fin dans l’amour

bienheureuse
par l’étendue
de ta seule consumation

sous l’emprise d’un tourment
de haute haleine
tu sens

palpiter l’invisible
possédée dépossédée
tu ramasses

les comètes errantes
pour en faire des fagots
allez

allez
entre dans la ronde
jusqu’à son point de rupture

allez
entre dans la ronde
pour recueillir la vie

jusque dans la mort
allez
trois petits tours encore

et puis t’en vas vers le silence

(Zéno Bianu)

 

Recueil: Infiniment proche et Le désespoir n’existe pas
Traduction:
Editions: Gallimard

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C’est vaste nuit (Bernard Manciet)

Posted by arbrealettres sur 24 juillet 2020



c’est vaste nuit que l’agnelle en feux
braise d’encens ses sept glaïeuls noirs
de feu rayé et de violette
d’onyx office qu’abeilles tressent

(Bernard Manciet)

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Hermès Trismégiste (Hilda Doolittle)

Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2018



Hermès 1 [800x600] [800x600]

Hommage aux anges
[1]

Hermès Trismégiste
est le patron des alchimistes ;

sa province est la pensée,
inventive, rusée et curieuse ;

son métal est le vif-argent,
ses clients, orateurs, voleurs et poètes ;

vole donc, ô orateur,
pille, ô poète,

prends ce que la vieille-église
trouva dans la tombe de Mithra,

bougie et écriture et cloche,
prends ce sur quoi la nouvelle-église a craché

ce qu’elle a détruit et cassé ;
ramasse les fragments de verre brisé

et de ton feu et de ton haleine,
fais fondre et intègre,

ré-invoque, re-crée
l’opale, l’onyx, l’obsidienne,

à présent éparpillés en tessons
que foulent les humains.

***

Hermes Trismegistus
is patron of alchemists;

his province is thought,
inventive, artful and curious;

his metal is quicksilver,
his clients, orators, thieves and poets;

steal then, O orator,
plunder, O poet,

take what the old-church
found in Mithra’s tomb,

candle and script and bell,
take what the new-church spat upon

and broke and shattered;
collect the fragments of the splintered glass

and of your fire and breath,
melt down and integrate,

re-invoke, re-create
opal, onyx, obsidian,

now soattered in the shards
men tread upon.

(Hilda Doolittle)

 

 

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Japoneries (Paul Morin)

Posted by arbrealettres sur 26 avril 2018



 

Abraxsis Der Jen 21 [1280x768]

Japoneries

J’ai peint ces vers sur la soierie
D’un frêle éventail japonais,
Où courait une broderie
De fils d’or, de nacre et de jais:

Nid de polychromes mousmées
Dont les silhouettes s’en vont,
Grêles, mignardes et grimées,
Se perdre au clair de lune blond;

Fantasque pays d’hippogriffes
Dont les temples d’ocre vêtus
Et flanqués de monstres à griffes
Jaillissent, bulbeux ou pointus,

Et se reflètent dans la moire
Azuréenne d’un bassin
D’onyx rose ou de pâle ivoire,
De granit rouge ou de succin;

Rafales nippones, fleuries
De la neige des fleurs de thé
Que moissonne aux branches meurtries
Le vent nocturne de l’été;

Pagodes bizarres, dieux blêmes,
Geishas en robe de crépon,
Jardins gemmés de chrysanthèmes
D’iris, de jonquilles… Japon!

Pays où la brise sans trêve
Berce les lotus et les lis,
Pays secret d’extrême rêve
Peuplé de flamants et d’ibis;

Petit empire aux vertes rives,
Sensuel, bigarré, charmant,
Tu me déplais et me captives,
Tout chez toi me semble alarmant,

Et le vif carmin de ta lèvre,
Et tes masques et tes chansons…
Petit empire des frissons,
Des frissons d’angoisse et de fièvre
Dont meurent, au matin pâli,
Tes mille et une Butterfly…

(Paul Morin)

Illustration: Abraxsis Der Jen

 

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L’art (Théophile Gautier)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2018



Illustration: Juliette Choukroun
    
L’art

Oui, l’oeuvre sort plus belle
D’une forme au travail
Rebelle,
Vers, marbre, onyx, émail.

Point de contraintes fausses !
Mais que pour marcher droit
Tu chausses,
Muse, un cothurne étroit.

Fi du rhythme commode,
Comme un soulier trop grand,
Du mode
Que tout pied quitte et prend !

Statuaire, repousse
L’argile que pétrit
Le pouce
Quand flotte ailleurs l’esprit :

Lutte avec le carrare,
Avec le paros dur
Et rare,
Gardiens du contour pur ;

Emprunte à Syracuse
Son bronze où fermement
S’accuse
Le trait fier et charmant ;

D’une main délicate
Poursuis dans un filon
D’agate
Le profil d’Apollon.

Peintre, fuis l’aquarelle,
Et fixe la couleur
Trop frêle
Au four de l’émailleur.

Fais les sirènes bleues,
Tordant de cent façons
Leurs queues,
Les monstres des blasons ;

Dans son nimbe trilobe
La Vierge et son Jésus,
Le globe
Avec la croix dessus.

Tout passe. – L’art robuste
Seul a l’éternité.
Le buste
Survit à la cité.

Et la médaille austère
Que trouve un laboureur
Sous terre
Révèle un empereur.

Les dieux eux-mêmes meurent,
Mais les vers souverains
Demeurent
Plus forts que les airains.

Sculpte, lime, cisèle ;
Que ton rêve flottant
Se scelle
Dans le bloc résistant !

(Théophile Gautier)

 

Recueil: Émaux et Camées
Traduction:
Editions: Gallimard

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Le merveilleux absent (Marie Dauguet)

Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2017




   
Le merveilleux absent

Le soleil a noyé le fleuve de son sang;
Près d’une eau violette
J’attendrai l’éternel et merveilleux absent
Dont le couchant dessine au loin la silhouette.

Et tout est immobile et d’un fixité…!
Les nombres et les êtres
Et l’espace et le temps ont cessé d’exister;
Seul un merle gazouille aux branchages d’un hêtre.

Pressant contre mon coeur la palme avec l’anneau,
Tulipe sur sa tige,
Je viendrai sur la rive en somptueux manteau;
Le soleil dans mon coeur lugubrement se fige.

Les prés sont de sardoine et le ciel est d’onyx.
Qu’il est cruel de tendre
Au merveilleux absent, sous les noirs tamaryx
Le geste de mes bras que la mort vient surprendre.

(Marie Dauguet)

 

 

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Salomé (Marie Dauguet)

Posted by arbrealettres sur 30 juin 2017



Illustration: Lucien Lévy Dhurmer
    
Salomé

Parmi les cèdres bleus dont l’épaisseur l’encastre,
Dans un parfum d’encens, de cinname et de rose,
Le lourd palais d’Hérode aux somptueux pilastres,
Aux escaliers d’onyx, en silence repose.

Seul un chacal gémit, précurseur de désastres,
Flairant l’odeur du sang au bas des portes closes;
Et l’écoutant, perdue en quelqu’étrange hypnose,
Dans la salle déserte où pleut un frisson d’astre,

Salomé enraidie sur sa couche,
Rappelant son désir criminel, croit voir Jean,
Fantôme torturé, d’une étreinte d’amant

L’enlacer et défaille en sentant qui la touche
Et se colle à sa lèvre ardente, la mordant,
La bouche douloureuse où se glacent les dents.

(Marie Dauguet)

 

 

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Elle portait une bague de cornaline (Marie Dauguet)

Posted by arbrealettres sur 30 juin 2017



Illustration: Anna Dorothea Therbusch
    
Elle portait une bague de cornaline
Et son amant la traitait d’inhumaine
Baisant ses doigts à travers la mitaine.
On la voyait en mantelet de mousseline

Et sous ses cheveux plats lissés de bandoline,
Offrir à ses colombes de la graine
Sur ses lèvres, et, d’une grâce pleine
De mièvrerie, arroser les capucines

A son balcon. Au soir sentimental,
Elle chantait de vieux airs en cristal,
S’accompagnant du luth qu’on enrubanne

Et que mouillaient ses pleurs. Il s’agissait d’hymen,
De guerriers, de flambeaux, d’esclave, de harem:
“Jeune Grecque à l’oeil noir entre dans ma tartane.”

(Marie Dauguet)

 

 

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