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Posts Tagged ‘orage’

Ce sera toujours l’aurore (Georges Drano)

Posted by arbrealettres sur 23 mars 2023


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Tu t’avançais seule parmi les blés, les orages
étaient légers sur tes mains, et le beau temps
sortait de ses ruines.

Tu touchais les eaux du ciel avant de les donner à la terre
et j’applaudissais à la récolte

D’un trait de plume un oiseau traçait une
fleur sur un rocher, elle ressemblait à mon
espoir

mais Toi tu disais que même les fleurs sur les
rochers se fanent

Mais moi j’ai caressé l’eau des fontaines
avant d’abreuver les chevaux

et les chevaux t’ont conduit jusqu’au seuil de
ma maison

Alors j’ai congédié les lampes car ce sera
toujours l’aurore.

(Georges Drano)

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Accueille (Sappho)

Posted by arbrealettres sur 24 février 2023



Illustration: Erte
    
Accueille, immortelle Aphrodita, Déesse,
Tisseuse de ruse à l’âme d’arc-en-ciel,
Le frémissement, l’orage et la détresse
De mon long appel.

J’ai longtemps rêvé : ne brise pas mon âme
Parmi la stupeur et l’effroi de l’éveil,
Blanche Bienheureuse aux paupières de flamme,
Aux yeux de soleil.

Jadis, entendant ma triste voix lointaine,
Tu vins l’écouter dans la paix des couchants
Où songe la mer, car ta faveur hautaine
Couronne les chants.

Je vis le reflet de tes cheveux splendides
Sur l’or du nuage et la pourpre des eaux,
Ton char attelé de colombes rapides
Et de passereaux.

Et le battement lumineux de leurs ailes
Jetait des clartés sur le sombre univers
Qui resplendissait de lueurs d’asphodèles
Et de roux éclairs.

Déchaînant les pleurs et l’angoisse des rires,
Tu quittas l’aurore immuable des cieux.
Là-bas surgissait la tempête des lyres
Aux sanglots joyeux.

Et Toi, souriant de ton divin visage,
Tu me demandas : « D’où vient l’anxiété
A ton grave front, et quel désir ravage
Ton corps tourmenté ?

« Qui te fait souffrir de l’âpre convoitise ?
Et quelle Peithô, plus blonde que le jour
Aux cheveux d’argent, te trahit et méprise,
Psappha, ton amour ?

« Tu ne sauras plus les langueurs de l’attente.
Celle qui te fuit te suivra pas à pas.
Elle t’ouvrira, comme la Nuit ardente,
L’ombre de ses bras.

« Et, tremblante ainsi qu’une esclave confuse,
Offrant des parfums, des présents et des pleurs,
Elle ira vers toi, la vierge qui refuse
Tes fruits et tes fleurs.

« Par un soir brûlant de rubis et d’opales
Elle te dira des mots las et brisés,
Et tu connaîtras ses lèvres nuptiales,
Pâles de baisers. »

(Sappho)

 

Recueil: 52 poèmes d’Occident pour apprendre à s’émerveiller
Editions: Pocket

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Ode à une Femme aimée (Sappho)

Posted by arbrealettres sur 24 février 2023



Illustration: Lawrence Alma-Tadema
    
Ode à une Femme aimée

L’homme fortuné qu’enivre ta présence
Me semble l’égal des Dieux, car il entend
Ruisseler ton rire et rêver ton silence.
Et moi, sanglotant,

Je frissonne toute, et ma langue est brisée :
Subtile, une flamme a traversé ma chair,
Et ma sueur coule ainsi que la rosée
Âpre de la mer ;

Un bourdonnement remplit de bruits d’orage
Mes oreilles, car je sombre sous l’effort,
Plus pâle que l’herbe, et je vois ton visage
A travers la mort.

***

Εὶς ᾿Ερωμἐναν.

Φαἰνεταἰ μοι κἠνος ἲσος θἐοισιν
ἒμμεν ὤνηρ, Ὄστις ὲναντἰος τοι
ἰζἀνει, καὶ πλασίον ἇδυ φωνεύ−
σας ὑπακούει

καὶ γελαισας ἰμερόεν, τό μοι μάν
καρδίαν ἐν στήθεσιν ἐπτόασεν·
ὡς γὰρ εὔιδον βροχέως σε, φώνας
οὐδὲν ἒτ᾿ εἴκει·

(Sappho)

 

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En haut de l’escalier (Mireille Fargier-Caruso)

Posted by arbrealettres sur 16 février 2023




Illustration: Anicet Olivier
    
En haut de l’escalier les
certitudes tanguent
l’interrogation défroissée

tu cherches
un astre neuf des briques vraiment rouges
un peu de vent dessus
pour effacer la pluie et le sel des orages
un filet de sens à l’épaisseur charnelle

coûte que coûte un peu de beauté
pour limer la peur

l’emportement des hirondelles
leur retour si longtemps espéré
tu cherches

(Mireille Fargier-Caruso)

Recueil: Comme une promesse abandonnée
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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LA VIE, LE VENT (André Frénaud)

Posted by arbrealettres sur 8 février 2023




    
LA VIE, LE VENT

La vie qui bâclait en passant l’orage printanier et poursuivait,
la vie — le vent aux cent promesses tenues jamais — qui poursuivait,
aux cent prouesses et au désastre
et poursuivait la vie, le vent,

la vie si douce quand il lui plait.

(André Frénaud)

Recueil: Il n’y a pas de paradis
Traduction:
Editions: Gallimard

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Le port (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2023



Illustration: Takahiro Hara
    
Le port

Déchiré par les orages de l’amour
et ressoudé par les accalmies
de l’amour,

me voilà allongé dans un port
qui ne sait pas
où ton corps se termine
et où mon corps commence.

Des poissons nagent entre nos côtes
et des mouettes crient comme des miroirs
après notre sang.

***

The Harbor

Torn apart by the storms of love
and put back together by the calms
of love,

I lie here in a harbor
that does not know
where your body ends
and my body begins.

Fish swim between our ribs
and sea gulls cry like mirrors
to our blood.

(Richard Brautigan)

 

Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral

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LE LAC DES ORAGES (Michel Butor)

Posted by arbrealettres sur 19 décembre 2022



Illustration: Catherine Ernst
    
LE LAC DES ORAGES

Quelque bleu que soit le ciel
chaque jour au crépuscule
les nuages vont s’amassant
en une tour qui dépasse
les sommets les plus aigus
pour s’effondrer en tonnerre
dans l’éclair d’une émeraude

(Michel Butor)

 

Recueil: Montagnes en gestation
Traduction:
Editions: Notari

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Le mal appellera toujours le mal (Radovan Pavlovski)

Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022




    
[…]

Le mal appellera toujours le mal
Il y aura toujours plus d’enfants que de pères et de mères
Ici l’orage gronde
Je dis adieu aux insectes et aux dieux
J’écoute en silence le cri transparent des étoiles
Et chaque pas de plus vers l’exil
M’éloigne et m’éloignera chaque jour davantage
Jusqu’à ce que j’atteigne
L’ultime refuge en moi
Plus profond que moi-même

***

(Radovan Pavlovski)

Adaptation de Jean-Pierre Spilmont
d’après une traduction de Konstantin Plevnès

 

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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Les frontières sont là (Inger Christensen)

Posted by arbrealettres sur 25 novembre 2022



    

les frontières sont là, les rues, l’oubli

et l’herbe et les concombres, et les chèvres et le genêt,
l’enthousiasme est là, oui les frontières sont là;

les branches sont là, le vent qui les agite
est là, et l’unique signe des branches

de cet arbre qu’on appelle précisément le chêne est là,
de cet arbre qu’on appelle précisément le frêne, le bouleau
le cèdre est là, et le signe répété

est là, sur le gravillon de l’allée; elles sont là
aussi les larmes, l’armoise et le laurier sont là,
les otages, l’oie cendrée, et les petits de l’oie cendrée;

et les fusils sont là, un jardin d’énigmes,
sec et sauvage, orné des seules groseilles,
les fusils sont là; au milieu du ghetto
éclairé et chimique ils sont là les fusils oui,
avec leur précision ancienne et paisible ils sont là

les fusils, et les pleureuses sont là, rassasiées
comme hiboux inassouvis, le lieu du crime est là;
le lieu du crime oui, insouciant, naturel, abstrait,
baigné d’une lumière de chaux, pitoyable,
ce poème tout blanc, vénéneux, qui s’effrite

***

grænserne findes, gaderne, glemslen

og græs og agurker og geder og gyvel,
begejstringen findes, graenserne findes;

grenene findes, vinden der løfter dem
findes, og grenenes eneste tegning

af netop det træ der kaldes egetræet findes,
af netop det træ der kaldes asketræet, birketræet,
cedertrœet findes, og tegningen gentaget

findes, i havegangens grus; findes
også gråden, og gederams og gråbynke findes,
gidslerne, grågåsen, grågåsens unger;

og geværerne findes, en gådefuld baghave,
tilgroet, gold og kun smykket med ribs,
geværerne findes; midt i den oplyste
kemiske ghetto findes geværerne,
med deres gammeldags, fredelige præcision findes

geværerne, og grædekonerne findes, mætte
som grådige ugler, gerningsstedet findes;
gerningsstedet, døsigt, normalt og abstrakt,
badet i et hvidkalket, gudsforladt lys,
dette giftige, hvide, forvitrende digt

(Inger Christensen)

Traduction de Zéno Bianu,
avec la collaboration de Karl Ejby Poulsen

 

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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J’aime cette terre (Ai Qing)

Posted by arbrealettres sur 25 novembre 2022




    
J’aime cette terre

Si j’étais un oiseau,
Je chanterais d’une voix rauque :
La terre battue par les pluies des orages
Les fleuves tourmentés qui toujours nous inondent,
Ce vent furieux qui souffle éternellement,
Et ces aubes uniques et douces derrière la forêt…
Ensuite je mourrais,
Et même mon duvet se décomposerait sous la terre.

Pourquoi souvent des larmes dans mes yeux ?
Parce que j’aime cette terre profondément…

***

(Ai Qing)

Traduction de Thierry Renard,
avec le précieux concours de Joël Bel Lassen

 

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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