Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘osciller’

Si j’étais simplement un sapin de la forêt (Nils Collett Vogt)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022



Si j’étais simplement un sapin de la forêt

C’est maintenant tard en automne,
l’air ne vibre plus,
l’air reste silencieux et voit
de son regard froid, bleu glacé,
les jeunes bouleaux droits,
aubes jaunes brillant
dans l’église de la forêt.

Quand vient la tempête hivernale,
toute la forêt tremble,
les cierges jaunes de l’autel
s’éteignent au premier frisson,
les feuilles s’envolent, flammèches,
l’air pâlit, et la neige tombe,-
alors les grands sapins,
comme de noirs drapeaux, murmurent
dans les salles de la forêt.

Et alors je vais en forêt,
j’écoute le murmure du vent
glisser dans les cimes vieillies,
gémir sur la montagne sombre,
si ténébreuse, là-haut.
Et je pense en moi-même :
tu n’es pas lumière terrestre
qu’éteint le premier coup de vent.

Si j’étais seulement un sapin de la forêt,
quand vient la tempête hivernale,
l’air pâlit, et la neige tombe,
les salles des forêts murmurent
comme un drapeau oscillant, loin,
guettant l’été pour reverdir !

(Nils Collett Vogt)

Découvert ici: https://eleonoreb.wordpress.com/

Illustration

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

METRONOME (Daniel Birnbaum)

Posted by arbrealettres sur 31 août 2022



METRONOME

Un voyage
un temps lointain
une corde incertaine
qui oscille dans l’air
comme les bras de mon père
un saut de quelques mètres
un plongeon contrôlé
le sourire de ma mère
le rire dans mes yeux
j’étais le métronome
du rythme du bonheur
sur cette balançoire.

(Daniel Birnbaum)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Où es-tu? (Zen)

Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2021



    

Où es-tu?

Le disciple confie au maître :

«Je suis dépassé.
Je n’arrête pas d’osciller entre deux états :
soit je me noie, soit je flotte.
Quand vais-je me libérer de ce monde de souffrance ?
Quand serai-je libre?»

Le maître ne répond rien.
Au bout de quelques minutes,
le disciple surpris intervient à nouveau :

« Maître ! Ne suis-je pas là, assis en face de vous,
en train de vous poser une question?

— Où es-tu maintenant? demande le maître.
En train de flotter ou en train de te noyer?»

(Zen)

 

Recueil: Le doigt et la lune (Alexandro Jodorowsky)
Traduction:
Editions: Albin Michel

Posted in méditations | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

PARIS (André Frénaud)

Posted by arbrealettres sur 14 juillet 2021



OLYMPUS DIGITAL CAMERA 

PARIS

O vaisseau endormi
qui m’attend
loin de moi,ô Paris
mon honneur et ma fête
mon secret réchauffé
dans tes yeux

O ma Seine arrimée
dans les eaux printanières
O charniers innocents
de mémoire, ô ma vie
trépassée qui verdoies,
plus comblée que tes jours
quand ils luirent

O la neige en mon âme
et mes fleurs, ô manteau
pour briller dans l’hiver
de mon âge
mes blessures
sont couleur de ton ciel

O Paris tes arènes
pour combattre mes bêtes
mes taureaux blanchissant
par la nuit et ma mort
piétinée et mon sang
qui surgit dans leurs yeux
et mon rire

O Paris tes ponts-neufs
pour passer mes abîmes
tes deux îles mes yeux
oscillant sur le flux
les fenêtres du soir
mes attentes lointaines
et les portes d’hôtel
mes entrées du mystère

O Montmartre ta proue
et tes tours pour hausser
mes refus les rosaces
pour mirer la beauté
et les Halles au matin
et les cris du jardin
la tendresse du jour

O Paris,mon amande
bleue amère,
ma réserve songeuse
jusqu’au pierres
de ton sein
mes douces graminées
tes marchands de couleurs
arbres de ma voix vive
et ton ciel pourrissant,
ô mon baume enchanté…

(André Frénaud)

Illustration: ArbreaPhotos

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

MARINE (Fernand Gregh)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2021



MARINE

Les mâts geignent sous les voiles,
Doucement,
Et bercent dans le gréement
Les étoiles.

Et le roulis si doux,
Si tranquille,
Que le pont semble immobile
Devant nous,

Et qu’à travers le ciel libre,
Au vent frais
Où l’écheveau des agrès
Tremble et vibre,

On dirait que, dans l’air bleu,
Oscillante,
C’est toute la nuit qui, lente,
Roule un peu…

A peine si la mer gronde
Aux bords sourds
D’un récifs que bat toujours
L’eau profonde.

L’humble odeur des foins fauchés
Du rivage
Glisse avec l’odeur sauvage
Des rochers.

L’ombre est orageuse et chaude ;
Dans les flots,
Un marsouin, près des hublots,
Souffle et rôde.

Et, sourd murmure à l’avant
Monotone,
J’écoute l’eau qui moutonne
En rêvant.

Oui, ce soir, dans le silence
De la nuit,
Le monde sans fin, sans bruit,
Se balance…

Et je suis aussi bercé
Sur l’eau grise
Je me sens parmi la brise
Balancé,

Au long murmure de la grève
Doux amer,
Par deux infinis, la mer
Et le rêve…

(Fernand Gregh)

Illustration: Geneviève Goulley

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LA COULEUVRE ET LE POISSON (Gyula Illyès)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2020



 

couleuvre

LA COULEUVRE ET LE POISSON

Parmi les cailloux au bord de l’étang
dans l’eau basse et limpide
dont le flot devient aussi transparent
que l’air soudain visible

dans ce monde fait pour d’autres poumons
ô pureté vivante !
où la pierre oscille au reflet mouvant
comme au vent une branche,

en cet eden clos, la couleuvre glisse,
suivant la vieille loi
à ses crocs pendu un poisson palpite
hurlant on ne sait quoi.

(Gyula Illyès)

Illustration

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

IVRESSE DE MORT (Srecko Kosovel)

Posted by arbrealettres sur 28 février 2020



 

Otto Dix   Painting 156 [1280x768]

IVRESSE DE MORT

Tout est gris, silence, mort.
Les hommes voltigent
Comme chauves-souris
De pierre en pierre.
Exténués de vol,
Las, tués.

Leurs coeurs sont minéraux,
La sève n’irrigue plus leurs branches,
L’esprit n’enfante plus l’espoir.
Les coeurs sont secs.

Meubles à l’encan,
Coeurs au clou,
Raisons enrôlées,
La foule se pend aux croisées.

Les suicidés,
Les pendus
Oscillent aux fenêtres.

(Srecko Kosovel)

Illustration: Otto Dix 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Tout le paysage matinal (Nicolas Dieterlé)

Posted by arbrealettres sur 22 décembre 2019



 

feuilles

Tout le paysage matinal baigne dans un bleu très doux qui s’assombrit un peu à l’horizon,
là où les arbres dressent contre le ciel leurs ramures fines comme de la dentelle.
En face de moi, le soleil encore bas ressemble à un feu blanc.
Parmi les ramures lointaines une fumée se déploie lentement, sans fin, avec une sérénité bonhomme,
et le regard est attiré par elle à cause de sa constance et de son caractère flagrant de signe.
A gauche, les arbres les plus proches sont revêtus d’une fine toison rose, formée par les bourgeons en nombre croissant,
et le soleil fait briller les branches légères qui oscillent très doucement dans un vent discret

(Nicolas Dieterlé)

Illustration: ArbreaPhotos
 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

À fleur de peau (Michel Butor)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2019




    
À fleur de peau

La sueur des ailes tourne
délicate vertigineuse intime
tourbillonne entre le jade séducteur
et la sombre goutte brûlante
mûrit parmi les pédoncules sensibles
improvise en émois de cristaux de sang

Les pétales

Les bijoux grandissent et s’agitent mouillés
des rameaux du café aux coques de la vigne
des clignements lointains aux chemins des nervures
les rubans se faufilent parmi les vagues des écailles

Le calice
la rosée des ailes
je t’aime

Le sexe oscille entre le fauve et le roux
les baisers des truites glissent dans leurs dentelles
entre les pépiements des rives et les galets ocellés
tandis que les cheveux se nouent dans les bijoux

La corolle
viens avec moi
vitrail d’aube
le parfum brille entre les roses
respire

Tout autour de nous
tout proche
le bonheur des sommeils

Respire encore

L’émail tourne entre le rose et le jaune
du sursaut vert aux volets doucement
lentement la mésange explore les remblais
lissant ses plumes dans les flaques de sueur

(Michel Butor)

 

Recueil: Collation précédé de HORS-D’OEUVRE scandés par les SOUVENIRS ILLUSOIRES D’UN JAPON TRES ANCIEN
Traduction:
Editions: Seghers

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

SUR UN LIT… (Menahem Boraisha)

Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2019



Illustration: Jules Bastien-Lepage
    
SUR UN LIT…

Sur un lit dur, derrière un mur de planches
On entend des pas comme un chuchotis,
La femme des bois fait bruire les branches,
Sa robe se froisse à longs plis.

Pareils à l’eau d’un lac ses seins ondoient,
Cordes nouées ses nattes sont de chanvre,
Vaste est son ventre, il oscille et se ploie
Au balancement de ses hanches.

Pour celui-là qui lui barre la route,
Homme viril qui saura la saisir,
Sa forme soudain devient frêle et douce,
Sa chair frémit d’attendre le plaisir.

À l’abandon les épaules pesantes,
Ses seins sont brûlants d’un feu germinal
Et sa beauté dévoile, consentante,
Le bois sauvage et le giron natal.

La moisson neuve ayant comblé ses sens
Elle a quitté son complice de chair,
Rêvant déjà retrouver la puissance
D’un autre amant sur les chemins déserts.

Où la terre est de mousse et sont tendres les touffes
Ses enfants furent allaités,
Dans chaque appel que la forêt étouffe
Lui vient l’écho de sa fécondité.

Tombent les plis, s’apaise la rumeur,
La femme des bois retient son élan,
Quelqu’un puissamment en elle demeure
Désir éternel et violent.

(Menahem Boraisha)

 

Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :