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Posts Tagged ‘(Ossip Mandelstam)’

L’inaccessible, comme il est proche (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2021



    

L’inaccessible, comme il est proche.
Le dévoiler, scruter ? interdit ! mais
tel un mot dans la main glissé prière
d’y répondre sans tarder !

(Ossip Mandelstam)

 

Recueil: Nouveaux poèmes 1930-1934
Traduction: Traduction du russe par Christiane Pighetti
Editions: Allia

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Comme j’aimerais me laisser prendre au jeu (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2021




    
[…]

comme j’aimerais me laisser prendre au jeu,
lier conversation… dire la vérité…
envoyer le spleen au diable et
prendre l’autre par la main — sois gentil,
si nous faisions un bout de route ensemble ?

(Ossip Mandelstam)

 

Recueil: Nouveaux poèmes 1930-1934
Traduction: Traduction du russe par Christiane Pighetti
Editions: Allia

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Il était un musicien juif, un Alexandre Herzevitch (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2021




    
Il était un musicien juif,
un Alexandre Herzevitch
qui faisait tournoyer Schubert
comme un diamant pur.

Du matin jusqu’au soir — et couac !
Ressassant la ritournelle,
la même sonate éternelle
il bassinait les oreilles…

Quoi, Alexandre Herzevitch,
dehors… il fait si noir ?
Laisse, Alexandre Serce-vitch :
Là-bas ? qu’importe va !

Que l’Italienne mignonette
tant que crisse la neige
sur ses jolis traîneaux étroits
vole après Schubert là-bas…
aux accents d’une musique de ciel
la mort ne nous fait pas peur
ni même pendre à la patère,
triste pelisse de corneille…

laisse, Alexandre Scherzo-vitch
là-bas ? qu’importe va!

***

Жил Александр Герцевич,
Еврейский музыкант, –
Он Шуберта наверчивал
Как чистый бриллиант.

И всласть, с утра до вечера,
Заученную вхруст,
Одну сонату вечную
Играл он наизусть…

Что, Александр Герцевич,
На улице темно ?
Брось, Александр Сердцевич, –
Чего там ? Все равно !

Пускай там итальяночка,
Покуда снег хрустит,
На узеньких на саночках
За Шубертом летит :

Нам с музыкой-голубою
Не страшно умереть,
Там хоть вороньей шубою
На вешалке висеть…

Все, Александр Герцевич,
Заверчено давно.
Брось, Александр Скерцевич.
Чего там ! Все равно !

(Ossip Mandelstam)

 

Recueil: Nouveaux poèmes 1930-1934
Traduction: Traduction du russe par Christiane Pighetti
Editions: Allia

    

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N’en souffle mot à personne (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2021




    
N’en souffle mot à personne,
oublie ce que tu as vu :
l’oiseau, la vieille, la prison
et le reste …

Car, si tu desserres les lèvres,
d’imperceptibles frissons
comme aiguilles de pin, le
jour venu, te saisiront.

Et tu te rappelleras la guêpe,
l’encre, le plumier d’enfant à
la datcha, et les myrtilles
que tu n’as jamais cueillies.

(Ossip Mandelstam)

 

Recueil: Nouveaux poèmes 1930-1934
Traduction: Traduction du russe par Christiane Pighetti
Editions: Allia

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Des cinémas pleins à craquer (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2021




    
Des cinémas pleins à craquer
déboulent, abruties, chloroformées,
des foules — ô combien enfiévrées,
ô combien d’oxygène assoiffées !

(Ossip Mandelstam)

 

Recueil: Nouveaux poèmes 1930-1934
Traduction: Traduction du russe par Christiane Pighetti
Editions: Allia

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Tel, esseulé, le rossignol dans la nuit (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2021



Quel rosignuol che si soave piagne

Tel, esseulé, le rossignol dans la nuit
bleue célèbre les siens parmi la gent ailée,
tel par les combes, les vals et les collines
module et coule le silence des prés,

il émaille et chatouille la grande nuit et
m’accompagne, solitaire désormais… oui
moi ! pose lacs et rets, distille la mémoire à
la mortelle angoisse qu’instille la déesse.

Ô iris de la peur !
Éther d’yeux clairvoyants au profond de
l’éther qu’enfouit la terre en son berceau de
cendres aveugle
— ainsi toi, la fileuse, te voilà satisfaite !
En larmes je l’affirme : tout le charme du monde
dure à peine ce que dure un battement de cils.

(Ossip Mandelstam)

 

Recueil: Nouveaux poèmes 1930-1934
Traduction: Traduction du russe par Christiane Pighetti
Editions: Allia

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Pour réjouir ton cœur (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2021



    

Pour réjouir ton cœur voici dans mes paumes
Un peu de soleil et un peu de miel,
Selon la loi des abeilles de Perséphone.

Nul ne peut détacher la barque à la dérive,
Nul n’entend l’ombre bottée de fourrure,
Nul ne peut vaincre la peur au bois de la vie.

Il ne nous reste plus que des baisers
Aussi velus que les minces abeilles
Qui meurent, à peine enfuies de leur ruche.

Dans les fourrés de la nuit elles bruissent,
La forêt du Taygète est leur patrie,
Leur pâture le temps, la mélisse et la menthe…

Prends pour réjouir ton cœur mon offrande sauvage,
Ce simple collier sec d’abeilles mortes
Qui ont su changer le miel en soleil !

*

Возьми на радость из моих ладоней
Немного солнца и немного меда,
Как нам велели пчелы Персефоны.

Не отвязать неприкрепленной лодки,
Не услыхать в меха обутой тени,
Не превозмочь в дремучей жизни страха.

Нам остаются только поцелуи,
Мохнатые, как маленькие пчелы,
Что умирают, вылетев из улья.

Они шуршат в прозрачных дебрях ночи,
Их родина – дремучий лес Тайгета,
Их пища – время, медуница, мята.

Возьми ж на радость дикий мой подарок,
Невзрачное сухое ожерелье
Из мертвых пчел, мед превративших в солнце.

(Ossip Mandelstam)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Recueil: Poésies d’amour
Traduction: Henri Abril
Editions: Circé

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Tremblement de demoiselles (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 26 août 2020



La niche de neige est plus lente,
Plus transparente la fenêtre,
Voile turquoise négligemment
Jeté sur une chaise.

Un tissu ivre de soi, sous
La caresse de la lumière,
Éprouve l’été — puisse-t-il
N’être pas touché par l’hiver.

Et si, en diamants de glace,
Le froid ruisselle, ici c’est
Tremblement de demoiselles
Si vivantes, aux yeux bleus.

(Ossip Mandelstam)

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Sans doute te suis-je inutile, O nuit (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 26 août 2020



Sans doute te suis-je inutile,
O nuit; de l’abîme du monde,
Comme une coquille sans perle,
Je suis jeté sur ton rivage.

Indifférente tu fais écumer ton flot
Et tu chantes sans conciliation,
Mais tu vas aimer et apprécier
D’une coquille inutile le mensonge.

Sur le sable tu seras près d’elle,
Vêtiras ta chasuble, à
Jamais unie avec elle
L’énorme cloche de la houle.

Et la frêle paroi de la coquille,
Maison d’un coeur inhabité,
Tu la rempliras des murmures
De l’écume, de vent, de pluie, de brume

(Ossip Mandelstam)


Illustration: Alexandre Séon

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Les feuilles confuses respirent (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 26 août 2020



Les feuilles confuses respirent,
Un noir vent bruit,
Au ciel une hirondelle tremble
Et trace un cercle.

Faiblement dispute, en
Mon coeur tendre et mourant,
Le crépuscule qui tombe,
Avec le dernier rayon.

Au-dessus de la forêt sombre
Se lève une lune de cuivre;
Pourquoi si peu de musique
Et pourquoi un tel silence?

(Ossip Mandelstam)

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