L’inaccessible, comme il est proche.
Le dévoiler, scruter ? interdit ! mais
tel un mot dans la main glissé prière
d’y répondre sans tarder !
(Ossip Mandelstam)
Traduction: Traduction du russe par Christiane Pighetti
Editions: Allia
Posted by arbrealettres sur 15 mars 2021
L’inaccessible, comme il est proche.
Le dévoiler, scruter ? interdit ! mais
tel un mot dans la main glissé prière
d’y répondre sans tarder !
(Ossip Mandelstam)
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Posted by arbrealettres sur 15 mars 2021
[…]
comme j’aimerais me laisser prendre au jeu,
lier conversation… dire la vérité…
envoyer le spleen au diable et
prendre l’autre par la main — sois gentil,
si nous faisions un bout de route ensemble ?
(Ossip Mandelstam)
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Posted by arbrealettres sur 15 mars 2021
Il était un musicien juif,
un Alexandre Herzevitch
qui faisait tournoyer Schubert
comme un diamant pur.
Du matin jusqu’au soir — et couac !
Ressassant la ritournelle,
la même sonate éternelle
il bassinait les oreilles…
Quoi, Alexandre Herzevitch,
dehors… il fait si noir ?
Laisse, Alexandre Serce-vitch :
Là-bas ? qu’importe va !
Que l’Italienne mignonette
tant que crisse la neige
sur ses jolis traîneaux étroits
vole après Schubert là-bas…
aux accents d’une musique de ciel
la mort ne nous fait pas peur
ni même pendre à la patère,
triste pelisse de corneille…
laisse, Alexandre Scherzo-vitch
là-bas ? qu’importe va!
***
Жил Александр Герцевич,
Еврейский музыкант, –
Он Шуберта наверчивал
Как чистый бриллиант.
И всласть, с утра до вечера,
Заученную вхруст,
Одну сонату вечную
Играл он наизусть…
Что, Александр Герцевич,
На улице темно ?
Брось, Александр Сердцевич, –
Чего там ? Все равно !
Пускай там итальяночка,
Покуда снег хрустит,
На узеньких на саночках
За Шубертом летит :
Нам с музыкой-голубою
Не страшно умереть,
Там хоть вороньей шубою
На вешалке висеть…
Все, Александр Герцевич,
Заверчено давно.
Брось, Александр Скерцевич.
Чего там ! Все равно !
(Ossip Mandelstam)
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Posted by arbrealettres sur 15 mars 2021
N’en souffle mot à personne,
oublie ce que tu as vu :
l’oiseau, la vieille, la prison
et le reste …
Car, si tu desserres les lèvres,
d’imperceptibles frissons
comme aiguilles de pin, le
jour venu, te saisiront.
Et tu te rappelleras la guêpe,
l’encre, le plumier d’enfant à
la datcha, et les myrtilles
que tu n’as jamais cueillies.
(Ossip Mandelstam)
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Posted by arbrealettres sur 15 mars 2021
Des cinémas pleins à craquer
déboulent, abruties, chloroformées,
des foules — ô combien enfiévrées,
ô combien d’oxygène assoiffées !
(Ossip Mandelstam)
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Posted by arbrealettres sur 11 mars 2021
Quel rosignuol che si soave piagne
Tel, esseulé, le rossignol dans la nuit
bleue célèbre les siens parmi la gent ailée,
tel par les combes, les vals et les collines
module et coule le silence des prés,
il émaille et chatouille la grande nuit et
m’accompagne, solitaire désormais… oui
moi ! pose lacs et rets, distille la mémoire à
la mortelle angoisse qu’instille la déesse.
Ô iris de la peur !
Éther d’yeux clairvoyants au profond de
l’éther qu’enfouit la terre en son berceau de
cendres aveugle
— ainsi toi, la fileuse, te voilà satisfaite !
En larmes je l’affirme : tout le charme du monde
dure à peine ce que dure un battement de cils.
(Ossip Mandelstam)
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Posted by arbrealettres sur 26 août 2020
La niche de neige est plus lente,
Plus transparente la fenêtre,
Voile turquoise négligemment
Jeté sur une chaise.
Un tissu ivre de soi, sous
La caresse de la lumière,
Éprouve l’été — puisse-t-il
N’être pas touché par l’hiver.
Et si, en diamants de glace,
Le froid ruisselle, ici c’est
Tremblement de demoiselles
Si vivantes, aux yeux bleus.
(Ossip Mandelstam)
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Posted by arbrealettres sur 26 août 2020
Sans doute te suis-je inutile,
O nuit; de l’abîme du monde,
Comme une coquille sans perle,
Je suis jeté sur ton rivage.
Indifférente tu fais écumer ton flot
Et tu chantes sans conciliation,
Mais tu vas aimer et apprécier
D’une coquille inutile le mensonge.
Sur le sable tu seras près d’elle,
Vêtiras ta chasuble, à
Jamais unie avec elle
L’énorme cloche de la houle.
Et la frêle paroi de la coquille,
Maison d’un coeur inhabité,
Tu la rempliras des murmures
De l’écume, de vent, de pluie, de brume
(Ossip Mandelstam)
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Posted by arbrealettres sur 26 août 2020
Les feuilles confuses respirent,
Un noir vent bruit,
Au ciel une hirondelle tremble
Et trace un cercle.
Faiblement dispute, en
Mon coeur tendre et mourant,
Le crépuscule qui tombe,
Avec le dernier rayon.
Au-dessus de la forêt sombre
Se lève une lune de cuivre;
Pourquoi si peu de musique
Et pourquoi un tel silence?
(Ossip Mandelstam)
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