Posts Tagged ‘outrager’
Posted by arbrealettres sur 16 décembre 2020

Illustration: Erich Heckel
LES DERNIÈRES PIÈCES
à Jacques
Comme ceux qui crurent un jour dépasser l’horizon
et qui, le geste las, ne parlent plus qu’avec leur chien
tu répètes que le bonheur est plein de vide
et qu’on a beau crier contre les murs sournois,
l’herbe demeure le chemin le plus tendre
vers l’abattoir — et le boucher peut encore
caresser sa femme avec des mains de soie.
Et tu cries, oui tu cries, mais de plus en plus bas :
bonheur, bonheur, comme on jette,
couché sur la margelle du ciel,
ses dernières pièces dans le bleu qui bouge :
ces yeux que rien ne comble plus
sinon dans la nuit des amants outragés
la sourde et lente montée des larmes.
(Guy Goffette)
Recueil: Le pêcheur d’eau
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Guy Goffette), abattoir, amant, bas, bleu, bonheur, boucher, bouger, caresser, chemin, chien, ciel, combler, coucher, crier, croire, dépasser, demeurer, dernier, femme, geste, herbe, horizon, jeter, larme, las, lent, main, margelle, monter, mur, nuit, outrager, parler, pièce, plein, répéter, soie, sourd, sournois, tendre, vide, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 9 juin 2020

Illustration
CICATRICES…
Dans le miroir, je me suis surpris
Avec sur ma face les baisers de qui ?
Cicatrices, cicatrices !
Au fond du coeur,
Comme au fond d’un verre vidé,
Rien que la lie amère.
Aucun souvenir.
Ni d’un effluve
De ses cheveux affolés,
Ni d’une lueur fugitive
Dans ses yeux égarés,
Ni d’une étreinte
Laissant le corps convalescent,
Ni d’un abîme
Où sur le bord j’aurais posé ma tête
Pour y plonger mes yeux.
Sur mes habits
Aucun cheveu d’autrui.
Quelle sorcière vient donc dans mon sommeil,
Outrage ma face
De sa bouche de feu ?
Rompez le charme,
Toi, basilic de mon jardin,
Toi, hirondelle nichée sous l’auvent de chez moi,
Et prie pour moi,
Ange papillon,
Sur l’autel de la rose-trémière.
(Mihai Beniuc)
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Posted in poésie | Tagué: (Mihai Beniuc), abîme, affoler, amer, ange, autel, autrui, auvent, égarer, étreinte, baiser, basilic, bord, bouche, charmé, cheveu, cheveux, cicatrice, coeur, convalescent, corps, effluve, face, feu, fond, fugitif, habit, hirondelle, jardin, laisser, lie, lueur, miroir, nicher, outrager, papillon, plonger, poser, rompre, rose trémière, sommeil, sorcier, souvenir, surprendre, tête, venir, verre, vider, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 février 2020

CIRQUE KLUDSKY, PLACE 461
Cirque.
Galerie.
Place n° 461.
La colombine
Se déshabille, se déshabille.
Tous regardent.
Nul ne voit
Qu’elle se tient par les dents.
Elle s’élève. Déjà sous le faîte.
Commentaires égrillards.
Rire obscène.
Maintenant elle jette le dernier voile.
Eux, ils la regardent,
Ils mordent des yeux
Son corps tendre.
Ils battent des mains.
Elle a de belles cuisses.
Des seins onduleux.
Ils battent des mains,
Se gaussent
De son mal
Et l’outragent.
Voyez : l’animal
Applaudit l’homme.
d’homme est animal.
L’animal est homme.
La soupape saute.
Les lions se déchaînent.
(Srecko Kosovel)
Illustration
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Srecko Kosovel), animal, applaudir, cirque, Colombine, cuisse, galerie, lion, main, mordre, obscène, outrager, regarder, s'élever, se déchaîner, se déshabiller, se gausser, sein, soupape, tendre, voile | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 12 octobre 2019

FAUNE
Plus sournois qu’un regard, mon silence t’outrage.
L’odeur te fait mourir de mon désir tapi.
Ton corps est violé dans mon coeur, sans répit.
Prométhée envieux du feu de ton visage,
Je le vole à toute heure et rien ne me trahit.
(François Mauriac)
Illustration: Edmond Grandjean
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Posted by arbrealettres sur 14 septembre 2019

Illustration: ArbreaPhotos
Les pierres
Ce matin je suis descendu
vers les pierres, oh les pierres!
Et j’ai provoqué et estampé
un pugilat de pierres.
Notre Mère, si mes pas
dans le monde font souffrir,
c’est qu’ils sont les feux
d’une aurore absurde.
Les pierres n’outragent pas; ne convoitent
rien. Elles ne demandent
que de l’amour pour tous, et demandent
même de l’amour pour le Néant.
Et si certaines d’entre elles
vont tête baissée, ou sont
contrites, c’est bien
qu’elles font quelque chose d’humain…
Mais, il y a toujours quelqu’un
pour en frapper une pour le plaisir.
Ainsi, la lune est pierre blanche
que fit voler un coup de pied…
Notre Mère, ce matin
je me suis glissé dans les lierres,
en voyant la bleue caravane
des pierres,
des pierres,
des pierres…
(César Vallejo)
Recueil: Poésie complète 1919-1937
Traduction: Nicole Réda-Euvremer
Editions: Flammarion
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Posted in poésie | Tagué: (César Vallejo), absurde, amour, aurore, baisser, blanc, bleu, caravane, contrir, convoiter, coup, demander, descendre, estamper, feu, frapper, glisser, humain, lierre, lune, matin, mère, monde, néant, outrager, pierre, plaisir, provoquer, pugilat, souffrir, tête, voler | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 30 juin 2017

A son amie toute tremblante de l’abord d’une abeille
As-tu peur qu’en suçant elle outrage les roses,
En boutons incarnats sur tes lèvres écloses ?
Non, non, le doux baiser qu’elle prend sur leur sein
N’est pas comme le tien un baiser assassin,
Qui porte d’un accord amiable et farouche
L’aiguillon dans le cœur et le miel sur la bouche :
C’est un sucre sans fiel, un dommage innocent,
Moins nuisible qu’utile au lys qu’il va suçant.
Ces petits Amours appâtés,
On les a vus voler autour de ces beautés ;
Ils n’osaient toutefois s’arrêter sur leurs bouches ;
Dès le moment qu’ils y passaient,
Avec leur éventail elles les repoussaient,
Et chassaient les Amours comme on chasse les mouches.
(Balthazar de Bonnecorse)
Recueil: Poètes du Baiser
Editions: Société des Éditions LOUIS-MICHAUD
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Posted in poésie | Tagué: (Balthazar de Bonnecorse), abeille, accord, aiguillon, ami, amiable, amour, assassin, éclos, éventail, baiser, beauté, bouche, bouton, coeur, doux, fiel, incarné, lèvres, miel, mouche, outrager, prendre, rose, sein, sucer, sucre, tremblant, voler | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 février 2017

SOMBRES PLAISIRS
Il serait plus viril et plus noble sans doute
De croiser sur son cœur ses bras las et meurtris,
Et de ne point pousser de lamentables cris
Comme un enfant perdu la nuit sur la grand’route.
Il faudrait, ainsi qu’un cadavre qui dégoûte,
Enfouir son amour, en brûler les débris ,
Et chanter au besoin, et crier qu’on est gris,
Et boire en souriant ses larmes goutte à goutte.
Mais on est soulagé par les pleurs, les sanglots,
La rage folle. Ainsi vos mères, matelots,
Quand vous êtes noyés par la houle inhumaine,
Arrachent des galets au bord du gouffre amer,
Et, les jetant aux flots avec des cris de haine,
Apaisent leur douleur en outrageant la mer.
(Jean Richepin)
Illustration: Claude Cordier
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Jean Richepin), amer, amour, apaiser, boire, brûler, cadavre, coeur, cri, débris, douleur, enfant, enfouir, flot, fou, galet, gouffre, haine, houle, lamentable, larme, matelot, mère, mer, noble, nuit, outrager, perdu, plaisir, pleur, rage, sanglot, sombre, soulager | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2016

After Glow
JE poursuis mon chemin vers le havre inconnu.
Les Femmes de Désir ont blessé mon coeur nu.
Dans la perversité de leur inquiétude
Elles ont outragé ma calme solitude.
Elles n’ont respecté ni l’ordre ni la loi
Que j’observais, avec un très exact effroi.
Obéissant au cri de leurs aigres colères,
Elles ont arraché mes prunelles trop claires.
Et, voyant que j’étais debout en mon orgueil,
Elles ont déchiré mes vêtements de deuil.
*
Entrelaçant pour moi les lys de la vallée,
Les Femmes de Douceur m’ont enfin consolée.
Elles m’ont rapporté la ferveur et l’espoir
Dans leur robe, pareille à la robe du soir.
Je sens mourir en moi la tristesse et la haine,
En écoutant leur voix murmurante et lointaine.
Voyant planer sur moi l’azur des jours meilleurs,
Je les suivrai, j’irai selon leurs voeux, ailleurs.
Puisque ces femmes-là sont la rançon des autres,
Quels jours dorés et quels soirs divins seront nôtres !…
(Renée Vivien)
Illustration: Alexandru Darida
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