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Poésie

Posts Tagged ‘(Pablo Neruda)’

PAMPOÉSIE (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022




    
PAMPOÉSIE

Poésie, patrimoine étoilé :
il fallut découvrir peu à peu ventre vide et sans guide
ton terrestre héritage,
la clarté lunaire et l’épi secret.

La clef, de la solitude à la foule,
se perdait dans les rues et dans les bois
et sous les pierres et dans les trains.

La condition obscure en est le premier sceau,
l’ivresse grave avec un simple verre d’eau,
le corps rassasié sans avoir mangé,
le coeur qui mendie avec son orgueil.

Et bien d’autres choses que taisent les livres
remplis d’une splendeur sans joie : il faut
entamer peu à peu la pierre qui écrase,
dissoudre peu à peu le minerai de l’âme
jusqu’à ce que tu sois celui qui lit,
jusqu’à ce que l’eau chante par ta bouche.

Ce qui est plus facile que la mer à boire
et plus difficile aussi que naître sans fin.
C’est un étrange office qui te cherche
et qui se cache quand on l’a cherché,
c’est une ombre au toit crevassé
mais où dans chaque trou il y a une étoile.

(Pablo Neruda)

Recueil: Mémorial de l’Île Noire
Traduction: Claude Gouffon
Editions: Gallimard

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Je pense que ma poésie a pris racine (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022



Illustration: Zinovy Shersher   
    
Je pense que ma poésie a pris racine
non dans l’unique solitude mais dans un corps
et dans un autre corps, à pleine peau de lune
et avec tous les baisers de la terre.

(Pablo Neruda)

Recueil: Mémorial de l’Île Noire
Traduction: Claude Gouffon
Editions: Gallimard

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J’ai senti que quelque chose changeait (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 12 octobre 2022




    
j’ai senti que quelque chose
changeait
dans mon sang
et que vers ma bouche montait,
que vers mes mains montait
une fleur
électrique,
la
fleur
affamée
et pure
du désir.

(Pablo Neruda)

Recueil: Mémorial de l’Île Noire
Traduction: Claude Gouffon
Editions: Gallimard

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Topaze (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022



Je te convie à la topaze,
à la niche
de la pierre jaune,
ses abeilles,
au miel gelé
de la topaze,
son jour d’or,
la famille
de la tranquillité réverbérante :
Il s’agit d’une église
minuscule, établie dans une fleur,
comme une abeille, comme
la contexture du soleil, feuille d’automne
de la plus jaune profondeur,
de l’arbre incendié
foudre à foudre, éclair à corolle,
insecte, miel, automne
se sont transformés en sel du soleil:
ce miel-là, ce frisson du monde,
ce blé du ciel
ont été travaillés pour se changer enfin
en soleil tranquille, en topaze pâle.

(Pablo Neruda)


Illustration

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MON AMOUR, SI JE MEURS… (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 31 mai 2022



Illustration: Marc Chagall
    
MON AMOUR, SI JE MEURS…

Mon amour, si je meurs et si tu ne meurs pas
Mon amour, si tu meurs et si je ne meurs pas
N’accordons pas à la douleur plus grand domaine
Nulle étendue ne passe celle de nos vies.

Poussière sur le blé, et sable sur les sables
L’eau errante et le temps, et le vent vagabond
Nous emportaient tous deux comme graine embarquée
Nous pouvions dans ce temps ne pas nous rencontrer.

Et dans cette prairie où nous nous rencontrâmes
Mon petit infini, nous voici à nouveau
Mais cet amour, amour, est un amour sans fin,

Et de même qu’il n’a pas connu de naissance il
ignore la mort, il est comme un long fleuve, Il
Change seulement de lèvres et de terre.

(Pablo Neruda)

Recueil: 35 siècles de poésie amoureuse
Traduction: J. marcenac et A. Bonhomme
Editions: Saint-Germain-des-Prés Le Cherche-Midi

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Et rien d’autre (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 19 avril 2020



Pablo Neruda l [800x600]

Et rien d’autre

De la vérité je fus solidaire:
pour instaurer la clarté sur la terre.

J’ai voulu être à tous comme le pain:
la lutte ne m’a pas surpris au loin.

Mais je retrouve ici ce que j’aimais,
la solitude que j’avais perdue:
je ne repose pas auprès de ce rocher.

Et la mer oeuvre en mon silence.

(Pablo Neruda)

 

 

 

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A qui vais-je demander l’heure ? (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2020



Si je suis mort sans l’avoir su,
à qui vais-je demander l’heure ?

Où donc, en France, le printemps
puise-t-il tant et tant de feuilles ?

Où un aveugle peut-il vivre,
harcelé par un vol d’abeilles ?

Si le jaune un jour disparaît,
avec quoi ferons-nous le pain ?

(Pablo Neruda)

Illustration

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LA CREATION (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2020



LA CREATION

Cela survint au sein du grand silence
lorsque l’herbe naissait,
la lumière venait de se déprendre
créant le vermillon et les statues,
alors
dans la solitude sans fin
un cri fleurit,
une chose roula en larmes,
les ombres s’entrouvrirent et elle monta seule,
on aurait dit que les planètes sanglotaient,
et puis l’écho
roula de cahot en cahot
jusqu’au moment où cela qui naissait se tut.

Mais la pierre a gardé le souvenir.

Elle a gardé le mufle ouvert des ombres,
la palpitante épée du hurlement,
et dans la pierre gîte un animal sans nom
qui, sans voix, hurle encore vers le vide.

(Pablo Neruda)

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L’écorce du bouleau (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2020



L’écorce du bouleau

Comme l’écorce du bouleau
tu es argent, tu es parfum,
et je dois emprunter tes yeux
lorsque je décris le printemps.

J’ignore ton nom mais il n’est
de premier volume sans femme:
on écrit avec des baisers
(et je réclame le silence
pour laisser la pluie s’approcher)

[…]

Tu es celle que tu seras,
la femme innée de mon amour,
celle qui fut faite d’argile
ou de plumes, la femme-oiseau,
ou la femme territoriale,
chevelure dans le feuillage,
ou bien la femme concentrique
tombée comme une monnaie nue
dans le bassin d’une topaze
ou celle d’à présent qui soigne
mon incorrecte indiscipline
ou celle qui n’est jamais née
et que je continue d’attendre.

Car la lumière du bouleau
est la peau même du printemps.

(Pablo Neruda)


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Que signifie continuer d’être (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2020



Que signifie continuer d’être,
dans la venelle de la mort ?

Dans le vaste désert du sel,
comment fleurir est-il possible ?

Dans la mer du rien-ne-se-passe
trouve-t-on tenue pour mourir ?

Lorsque les os s’en sont allés,
qui vit dans l’ultime poussière ?

(Pablo Neruda)


Illustration

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