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Posts Tagged ‘païen’

Prière païenne (Jacques Brel)

Posted by arbrealettres sur 25 janvier 2023



Illustration: William-Adolphe Bouguereau
    
Prière païenne

N’est-il pas vrai Marie que c’est prier pour vous
Que de lui dire «Je t’aime» en tombant à genoux?
N’est-il pas vrai Marie que c’est prier pour vous
Que pleurer de bonheur en riant comme un fou
Que couvrir de tendresse nos païennes amours
C’est fleurir de prières chaque nuit, chaque jour?

N’est-il pas vrai Marie que c’est chanter pour vous
Que semer nos chemins, de simple poésie?
N’est-il pas vrai Marie que c’est chanter pour vous
Que voir en chaque chose, une chose jolie
Que chanter pour l’enfant qui bientôt nous viendra
C’est chanter pour l’Enfant qui repose en vos bras?

N’est-il pas vrai Marie?
N’est-il pas vrai Marie?

(Jacques Brel)

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CONSTELLATIONS D’HUMILITÉ (Aksinia Mihaylova)

Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2020




    
CONSTELLATIONS D’HUMILITÉ
Je n’ai pas pu être ton printemps…
STANKA PENTCHEVA

Pendant que j’évoque les esprits
de mes ancêtres païens
pour qu’ils m’apprennent les pas de la ronde
qui peut amener deux jours d’été
en plein décembre,
il aiguise les cisailles rouillées
de ses devoirs familiaux
et découpe les soleils
que je dessine au-dessus de la ville.

Tu n’étais pas encore née
quand j’ai vécu mon printemps,
me dit-il, tu es venue trop tard
pour être mon automne
et je ne sais que faire
avec tous ces soleils
qui font mal aux yeux
de mon quotidien.

Chaque matin depuis lors j’étale
tous les soleils et lunes découpés
pour composer une nouvelle carte céleste :
celle des constellations d’humilité.

Chaque matin il s’assoit sur le balcon
pour boire son café
mais un brouillard épais et humide
s’empare de son corps
et j’ai du mal à trouver
sur ma carte
où placer le soleil noir
qui apparaît
au fond de sa tasse de café.

(Aksinia Mihaylova)

 

Recueil: Le baiser du temps
Traduction:
Editions: Gallimard

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VIEILLIR (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 12 novembre 2019



Jean-Baptiste Besnard

VIEILLIR

A force d’être jeune, on devient vieux.
Les ans passent trop vite et l’on ignore
Si un monde meilleur existe encore
Ou s’il est exilé en d’autres lieux.
Un été se termine et c’est l’automne
Dont la splendeur annonce un autre hiver.
Les arbres dépouillés ne sont plus verts
Et le décor paraît bien monotone.
Il nous faudrait, d’après l’auteur ancien,
Sans attendre cueillir toutes les roses.
La vie ne suffit pas à un païen
Pour pouvoir savourer toutes les choses.
Et je croyais triompher du destin,
Me réchauffer toujours près de la flamme
Mais, froid, j’avais déjà perdu mon âme,
Convive repoussé hors du festin.

(Jean-Baptiste Besnard)

Son blog ici: https://jeanbaptistebesnard.wordpress.com/
 

 

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GAUDEAMUS (George Bacovia)

Posted by arbrealettres sur 1 avril 2019



GAUDEAMUS

Les flûtes chantent vainement
En ces tristes, païennes heures.
Désirs dissipés par le vent…
Plus rien, non, plus rien ne demeure…

Exposés au vent, à l’oubli,
Ployant sous le temps qui les leurre,
Etres et choses ont péri,
Et plus rien, plus rien ne demeure…

(George Bacovia)

Illustration

 

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La Prière d’un païen (Charles Baudelaire)

Posted by arbrealettres sur 19 novembre 2018



 

La Prière d’un païen

Ah! ne ralentis pas tes flammes;
Réchauffe mon coeur engourdi,
Volupté, torture des âmes!
Diva! Supplicem exaudi!

Déesse dans l’air répandue,
Flamme dans notre souterrain!
Exauce une âme morfondue,
Qui te consacre un chant d’airain.

Volupté, sois toujours ma reine!
Prends le masque d’une sirène
Faite de chair et de velours,

Ou verse-moi tes sommeils lourds
Dans le vin informe et mystique,
Volupté, fantôme élastique!

(Charles Baudelaire)

 

 

 

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Vierge-de-la-mer (Hilda Doolittle)

Posted by arbrealettres sur 30 juillet 2018



La floraison du bâton

[ 22]
Mais l’hôte, Simon, pensa,
il faut se fixer une limite quelque part ;

il avait vu quelque chose de semblable
sur une image païenne

ou à l’entrée d’un temple marin interdit,
sculpté sur le portail en pierre ;

on appelait la créature
ainsi représentée,

assise au bord de la mer
ou sur un rocher, une Sirène,

une vierge-de-la-mer, mer-maid ;
d’aucuns disaient que cette sirène chantait

et que le chant d’une sirène était fatal
et que des épaves jonchaient le sillage de tels cheveux ;

elle n’était pas invitée,
il se pencha pour chuchoter

à l’oreille de son Convive,
je ne la connais pas.

[23]
Toujours une foule attendait devant chaque porte
par laquelle son Convive était entré ;

il ne voulait pas créer une scène,
il demanderait à quelqu’un de l’expulser discrètement

Simon, bien que tendu et excité,
avait pris note de tous ses convives ;

tout s’était très bien passé jusqu’à présent,
mais ceci était embarrassant ;

elle était en fait en train de baiser Ses pieds ;
Il ne comprend pas ;

ils l’appellent Maître,
mais Simon questionna :

s’il était prophète, il saurait bien qui est,
et quelle est cette femme qui le touche.

[24]
Simon l’ignorait mais Balthasar
ou Melchior aurait pu lui expliquer,

ou mieux encore, Gaspar ou Kaspar,
qui, dit-on, apporta la myrrhe ;

Simon voulait éviter une scène
mais Kaspar savait que la scène était inévitable

et déjà écrite sur une étoile
ou une configuration d’étoiles

qui revient rarement, peut-être une fois
en un peu plus de deux mille ans.

[25]
Simon pouvait dire, oui,
elle avait l’air d’une image

païenne ou idole sculptée
dans un temple marin interdit ;

et Simon avait peut-être entendu
que cette femme de la ville,

était accablée de démons ou l’avait été ;
mais Kaspar pouvait appeler

les diables daemons,
et pouvait même nommer les sept

dans sa barbe, car techniquement
Kaspar était un païen ;

il pouvait chuchoter tendrement, ces noms
sans crainte de la damnation éternelle,

Isis, Astarté, Cyprus
et les quatre autres ;

il pouvait les renommer,
Ge-meter, De-meter, mère-terre

ou Vénus
dans une étoile.

[26]

Mais il n’est pas juste de comparer
Kaspar à Simon ;

ce Simon n’est pas Simon Pierre, évidemment,
ce n’est pas Simon le Zélote, le Cananéen

ni Simon, de Cyrène
ni le Simon plus tardif, le sorcier,

ce Simon est Simon le lépreux ;
mais Simon faisant partie de la bande,

était, l’on suppose, guéri de ce fléau,
guéri dans son corps, tandis que l’autre,

la sirène peu virginale, Marie de Magdala
était guérie dans son âme ; d’elle, le Maître

avait chassé sept démons ;
mais Simon, bien que guéri dans son corps,

n’était pas préparé pour savoir
que ces diables eux-mêmes ou daemons,

comme les aurait appelés Kaspar,
faisaient dorénavant définitivement partie du table

ils avaient pénétré séparément ou ensemble
la belle jeune fille, peut-être sans lubricité,

mais en franchissant le seuil
de ce temple pas si désagréable,

ils désiraient peut-être rendre hommage,
tout comme l’avaient fait Kaspar,

et Melchior
et Balthasar.

[27]
Et Kaspar (car évidemment le marchand était Kaspar)
tout d’abord ne la reconnut pas ;

elle était frêle et svelte, ne portait ni bracelet
ni autre ornement, et avec ce foulard

enveloppant sa tête, drapant ses épaules,
elle était impersonnelle, pas une servante

envoyée faire une course mais, pour ainsi dire,
une confidente, envoyée par quelque grande dame ;

elle était la discrétion même
dans sa robe et sa coiffure sombres ;

Kaspar ne la reconnut
qu’une fois que son foulard eût glissé à terre,

et alors, non seulement il reconnut Marie
comme l’avaient dit les étoiles (Vénus à l’ascendant

ou Vénus en conjonction avec Jupiter,
ou tout autre nom qu’il donnait à ces feux errants),

mais quand il vit la lumière dans ses cheveux
pareille à un clair de lune sur une rivière perdue,

Kaspar
se rappela.

[28]
Et Kaspar entendit
l’écho d’un écho dans un coquillage,

en elle étaient pardonnés
les péchés des sept démons chassés d’elle ;

et Kaspar vit comme dans un miroir,
une autre tête découverte et deux têtes couronnées,

l’une d’un simple tortil, l’autre d’un tortil de gemmes
que même lui n’aurait pu nommer ;

et Kaspar, maître des caravanes,
avait connu des splendeurs que peu ont connues,

et vu des joyaux taillés ou non qui changeaient
comme l’eau au lever et au coucher du soleil,

et des pierres de sang et des saphirs ;
point besoin d’énoncer de détails quant au savoir précis de Kaspar

ni d’inventaire de ses propres possessions,
tout ce qu’il nous faut savoir est que Kaspar

en savait plus sur les pierres précieuses que quiconque,
davantage encore que Balthazar ;

mais son coeur était plein d’une extase plus exaltée
qu’aucun expert devant une nouvelle teinte de rose ou de gris fumé

sur une opale ou une perle indienne ; c’était Kaspar
qui vit comme dans un miroir,

une tête sans couronne et une autre avec un simple tortil
puis une tête avec un tortil de gemmes d’une couleur inimitable ;

elles étaient bleues et pourtant proches du violet,
pourtant très bleues ; si on vous demandait de les décrire,

vous diriez que c’étaient des pierres bleues
d’une taille carrée étrange et serties de sorte que la lumière

surgissait comme du dedans ; les facettes intérieures semblaient
miroiter et lancer d’incalculables angles de lumière,

ce bleu traversé de violet ;
comment exprimer ce qu’il ressentait ?

il vit comme dans un miroir; distinctement, oh très distinctement,
un tortil de pierres taillées carré sur la tête d’une dame,

et ce qu’il vit mit tant de bonheur dans son coeur
que ce fut comme s’il souffrait,

son coeur peinait tellement
avec son extase.

[29]
Ce n’était pas uniquement du fait de la beauté
bien que cela eût aussi compté,

c’était la découverte, la découverte qui l’exaltait
car il savait que la vieille tradition, la vieille, vieille légende,

son père l’avait eue de son grand-père
et son grand-père de son arrière grand-père (et ainsi de suite),

était vraie ; on n’en parlait jamais, même en chuchotements secrets ;
la légende était contenue dans de vieux signes et symboles,

et seule la plus pénible application pouvait les déchiffrer;
et seuls quelques-uns pouvaient même tenter de le faire,

après une enfance et une jeunesse dédiée
aux plus rigoureuses séances de concentration

et l’étude du thème et de la loi
des relations de temps et de la rétention de mémoire ;

mais pour finir, Kaspar aussi reçut le titre de Magian
(il est traduit dans l’Écriture, Homme Sage).

***

But Simon the host thought,
we must draw the line somewhere;

he had seen something like this
in a heathen picture

or a carved stone-portal entrance
to a forbidden sea-temple ;

they called the creature,
depicted like this,

seated on the sea-shore
or on a rock, a Siren,

a maid-of-the-sea, a mermaid;
some said, this mermaid sang

and that a Siren-song was fatal
and wrecks followed the wake of such hair;

she was not invited,
he bent to whisper

into the ear of his Guest,
I do not know her.

There was always a crowd hanging about outside
any door his Guest happened to enter;

he did not wish to make a scene,
he would call someone quietly to eject her;

Simon though over-wrought and excited,
had kept careful count of his guests;

things had gone excellently till now,
but this was embarrassing;

she was actually kissing His feet;
He does not understand;

they call him a Master,
but Simon questioned:

this man if he were a prophet, would have known
who and what manner of woman this is.

Simon did not know but Balthasar
or Melchior could have told him,

or better still, Gaspar or Kaspar,
who, they say, brought the myrrh;

Simon wished to avoid a scene
but Kaspar knew the scene was unavoidable

and already written in a star
or a configuration of stars

that rarely happens, perhaps once
in a little over two thousand years.

Simon could say, yes,
she looked like a heathen

picture or carved idol
from a forbidden sea-temple;

and Simon might have heard
that this woman from the city,

was devil-ridden or had been;
but Kaspar might call

the devils daemons,
and might even name the seven

under his breath, for technically
Kaspar was a heathen;

he might whisper tenderly, those names
without fear of eternal damnation,

Isis, Astarte, Cyprus
and the other four;

he might re-name them,
Ge-meter, De-meter, earth-mother

or Venus
in a star.

But it is not fair to compare
Kaspar with Simon;

this Simon is not Simon Peter, of course,
this is not Simon Zelotes, the Canaanite

nor Simon of Cyrene
nor the later Simon, the sorcerer,

this Simon is Simon, the leper;
but Simon being one of the band,

we presume was healed of his plague,
healed in body, while the other,

the un-maidenly mermaid, Mary of Magdala
was healed of soul; out of her, the Master

had cast seven devils;
but Simon, though healed of body,

was not conditioned to know
that these very devils or daemons,

as Kaspar would have called them,
were now unalterably part of the picture;

they had entered separately or together
the fair maid, perhaps not wantonly,

but crossing the threshold
of this not un-lovely temple,

they intended perhaps to pay homage,
even as Kaspar had done,

and Melchior
and Balthasar.

And Kaspar (for of course, the merchant was Kaspar)
did not at first know her;

she was frail and slender, wearing no bracelet
or other ornament, and with her scarf

wound round her head, draping her shoulders,
she was impersonal, not a servant

sent on an errand, but, as it were,
a confidential friend, sent by some great lady;

she was discretion itself
in her dark robe and head-dress;

Kaspar did not recognise her
until her scarf slipped to the floor,

and then, not only did he recognise Mary
as the stars had told(Venus in the ascendant

or Venus in conjunction with Jupiter,
or whatever he called these wandering fires),

but when he saw the light on her hair
like moonlight on a lost river,

Kaspar
remembered.

And Kaspar heard
an echo of an echo in a shell,
in her were forgiven
the sins of the seven
daemons cast out of her;

and Kaspar saw as in a mirror,
another head uncovered and two crowned,

one with a plain circlet, one with a circlet of gems
which even he could not name;

and Kaspar, master of caravans,
had known splendour such as few have known,

and seen jewels cut and un-cut that altered
like water at sun-rise and sun-set,

and blood-stones and sapphires;
we need no detailed statement of Kaspar’s specific knowledge

nor inventory of his own possessions,
all we need to know is that Kaspar

knew more about precious stones than any other,
more even than Balthasar;

but his heart was filled with a more exalted ecstasy
than any valuer over a new tint of rose or smoke-grey

in an Indian opal or pearl; this was Kaspar
who saw as in a mirror,

one head uncrowned and then one with a plain head-band
and then one with a circlet of gems of an inimitable colour;

they were blue yet verging on purple,
yet very blue; if asked to describe them,

you would say they were blue stones
of a curious square cut and set so that the light

broke as if from within; the reflecting inner facets
seemed to cast incalculable angles of light,

this blue shot with violet;
how convey what he felt?

he saw as in a mirror, clearly, O very clearly,
a circlet of square-cut stones on the head of a lady,

and what he saw made his heart so glad
that it was as if he suffered,

his heart laboured so
with his ecstasy.

It was not solely because of beauty
though there was that too,

it was discovery, discovery that exalted him
for he knew the old tradition, the old, old legend,

his father had had from his grandfather
and his grandfather from his great-grandfather (and so on),

was true; this was never spoken about, not even whispered in secret;
the legend was contained in old signs and symbols,

and only the most painful application could decipher them,
and only the very-few could even attempt to do this,

after boy-hood and youth dedicated
to the rigorous sessions of concentration

and study of the theme and law
of time-relation and retention of memory;

but in the end, Kaspar, too, received the title Magian
(it is translated in the Script, Wise Man).

(Hilda Doolittle)

Illustration: Frederic Leighton

 

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SUR LE PRESSOIR (Gaston Couté)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2018



    

SUR LE PRESSOIR

Sous les étoiles de septembre
Notre cour a l’air d’une chambre
Et le pressoir d’un lit ancien;
Grisé par l’odeur des vendanges
Je suis pris d’un désir étrange
Né du souvenir des païens.

Couchons ce soir
Tous les deux, sur le pressoir !
Dis, faisons cette folie ?…
Couchons ce soir
Tous les deux sur le pressoir,
Margot, Margot, ma jolie !

Parmi les grappes qui s’étalent
Comme une jonchée de pétales,
O ma bacchante ! roulons-nous
J’aurai l’étreinte rude et franche
Et les tressauts de ta chair blanche
Ecraseront les raisins doux.

Sous les baisers et les morsures,
Nos bouches et les grappes mûres
Mêleront leur sang généreux ;
Et le vin nouveau de l’Automne
Ruissellera jusqu’en la tonne,
D’autant plus qu’on s’aimera mieux !

Au petit jour, dans la cour close,
Nous boirons la part de vin rose
Œuvrée de nuit par notre amour ;
Et, dans ce cas, tu peux m’en croire,
Nous aurons pleine tonne à boire
Lorsque viendra le petit jour !

(Gaston Couté)

 

 

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DES RUMEURS VONT… (Rainer Maria Rilke)

Posted by arbrealettres sur 22 mai 2018



 

Titien_Sisyphe

DES RUMEURS VONT…

Des rumeurs vont qui te soupçonnent,
des doutes viennent qui t’effacent.
Les paresseux et les rêveurs,
se méfiant de leurs ardeurs,
demandent que îles montagnes saignent,
pour croire en toi.
Mais toi, tu inclines ta face.
Tu pourrais trancher les veines des monts,
en signe d’un grand tribunal;
mais peu t’importent
les païens.
Tu ne veux pas lutter contre toutes ces ruses,
ni chercher la faveur de la lumière.
Car peu t’importent
les chrétiens.

Ceux qui questionnent peu t’importent.
Avec tendresse tu regardes
tous ceux qui portent.

(Rainer Maria Rilke)

Illustration: Titien

 

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PAR L’INFLUENCE DU PRINTEMPS (Rubén Darío)

Posted by arbrealettres sur 24 février 2018



Illustration
    
PAR L’INFLUENCE DU PRINTEMPS

Dans le vase de cristal
il y a des fleurs nouvelles. Cette nuit,
il y eut une pluie de baisers.
Elle réveilla un faune bicorne
à la poursuite d’une âme émotive.
Nombre de fleurs exprimèrent leur parfum.
Dans la passionnelle syrinx
grandirent sept voix
qui dans sept roseaux furent placées
par Pan.

D’anciens rites païens
se renouvelèrent. L’étoile
de Vénus brilla, plus limpide
et diamantine. Les fraises
des bois rendirent leur sang.
Le nid se mit en fête.
Un rêve florentin
refleurit de printemps,
de façon qu’en chair vive
resurgirent les aspirations perdues.
Imaginez un chêne
donnant une rose fraîche ;

un bon ægipan latin
avec une bacchante grecque
et parisienne. Une musique
magnifique. Une suprême
inspiration primitive,
emplie de choses modernes.
Un vaste orgueil viril
que parfume l’odor di femina ;
un trône de pierre où
repose un lys.

Divine Saison ! Divine
Saison ! L’aube sourit
plus tendrement. La traîne
du paon exalte
son prestige. Le soleil augmente
son intime influence, et la harpe
nerveuse vibre seule.
Ô Printemps sacré !
Ô jouissance du don sacré
de la vie ! Ô palme superbe
sur nos fronts ! Cou
du cygne ! Colombe blanche !
Rose rouge ! Pallium bleu !
Et tout pour toi, ô mon âme !
Et pour toi, mon corps, et pour toi,
idée qui les relies.
Et pour Toi, que nous cherchons
et jamais ne trouverons —
jamais !

(Rubén Darío)

 

Recueil: Chants de vie et d’espérance
Traduction: Lionel Igersheim
Editions: Sillage

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Fleurs orgiaques (Renée Vivien)

Posted by arbrealettres sur 18 août 2017



 

Illustration: Carlo Farneti  
    
Fleurs orgiaques

Tes doigts frais effeuillent les fleurs
Qui parsèment de leurs pâleurs
Les tapis aux rudes couleurs.

Vois mourir les roses païennes
Que les mains des Musiciennes
Mêlent aux lyres doriennes.

Aux soirs de voluptés, les fleurs
Neigent, ineffables pâleurs,
Parmi les sons et les couleurs.

Et leurs fébriles agonies
Ensanglantent les harmonies
Des corruptions infinies.

Les femmes masquent leurs pâleurs
Dans le soir ivre de couleurs
Qu’hallucine la mort des fleurs.

(Renée Vivien)

 

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