
Les douces eaux fument
Dans la grande chaleur ce soir. Je suis
Sans poids et sans peine.
Mon coeur gît sur la paille
Tiède. Ma mère sur cette aire
A battu la récolte.
(Leonardo Sinisgalli)
Posted by arbrealettres sur 4 décembre 2020
Les douces eaux fument
Dans la grande chaleur ce soir. Je suis
Sans poids et sans peine.
Mon coeur gît sur la paille
Tiède. Ma mère sur cette aire
A battu la récolte.
(Leonardo Sinisgalli)
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Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2020
CONTE DU SOLEIL ET DE LA ROUTE
(À une petite fille)
— Un peu plus d’ombre sous les marronniers des places,
Un peu plus de soleil sur la grande route lasse…
Des noces passeront, aux « beaux jours » étouffants,
sur la grand’route, au grand soleil, et sur deux rangs.
De très longs cortèges de noces campagnardes
avec de beaux habits dont tout le monde parle
Et de petits enfants, dans la noce, effarés,
auront de très petits « gros chagrins » ignorés…
— Je songe à l’Un, petit garçon, qui me ressemble
et, les matins légers de printemps, sous les trembles,
à cause du ciel tiède et des haies d’églantiers,
parce qu’il était seul, qu’on l’avait invité,
se prenait à rêver à la noce d’Été :
« … On me mettra peut-être – on l’a dit – avec Elle
qui me fait pleurer dans mon lit, et qui est belle…
(Si vous saviez – les soirs, quelquefois – ô mamans,
les pleurs de tristesse et d’amour de vos enfants !)
« … J’aurai mon grand chapeau de paille neuve et blanche ;
sur mon bras la dentelle envolée de sa manche… »
— Et je rêve son rêve aux habits de Dimanche.
« … Oh ! le beau temps d’amour et d’Été qu’il fera,
Et qu’elle sera douce et penchée, à mon bras.
J’irai à petits pas. Je tiendrai son ombrelle.
Très doucement, je lui dirai « Mademoiselle »
d’abord – Et puis, le soir, peut-être, j’oserai,
si l’étape est très longue, et si le soir est frais,
serrer si fort son bras, et lui dire si près,
à perdre haleine, et sans chercher, des mots si vrais
qu’elle en aura « ses » yeux mouillés – des mots si tendres
qu’elle me répondra, sans que personne entende… »
— Et je songe, à présent, aux mariées pas jolies
qu’on voit, les matins chauds, descendre des mairies
Sur la route aveuglante, en musique, et traîner
des couples en cortège, aux habits étrennés.
Et je songe, dans la poussière de leurs traînes
où passent, deux à deux, les fillettes hautaines
les fillettes en blanc, aux manches de dentelles,
Et les garçons venus des grandes Villes – laids,
avec de laids bouquets de fleurs artificielles,
— je songe aux petits gars oubliés, affolés
qu’on n’a mis, « au dernier moment », avec personne
— aux petits gars des bourgs, amoureux bousculés
par le cortège au pas ridicule et rythmé
— aux petits gars qui ne s’en vont avec personne
dans le cortège qui s’en va, fier et traîné
vers l’allégresse sans raison, là-bas, qui sonne.
— Et tout petits, tout éperdus, le long des rangs,
ne peuvent même plus retrouver leurs mamans.
— Un surtout… qui me ressemble de plus en plus !
un surtout, que je vois – un surtout… a perdu
au grand vent poussiéreux, au grand soleil de joie,
son beau chapeau tout neuf, blanc de paille et de soie
et je le vois… sur la route… qui court après
– et perd le défilé des « Messieurs » et des « Dames » –
court après – et fait rire de lui – court après,
aveuglé de soleil, de poussière et de larmes…
(Alain Fournier)
Posted in poésie | Tagué: (Alain-Fournier), affoler, amour, artificiel, aveugler, églantier, éperdu, étape, étouffant, étrenner, beau, blanc, bourg, bousculer, bras, campagnard, chagrin, chapeau, chaud, chercher, ciel, conte, cortège, couple, dame, défilé, dentelle, descendre, dimanche, doux, effaré, enfant, envoler, fillette, fleur, frais, gars, grand, habit, haie, haleine, hautain, ignorer, inviter, joie, joli, jour, lais, larme, las, léger, mademoiselle, mairie, maman, manche, Marie, marronnier, matin, messieur, mot, mouiller, musique, neuf, noce, ombre, ombrelle, oser, paille, passer, perdre, personne, petite fille, place, pleur, pleurer, poussière, poussiéreux, rang, répondre, rêver, ressembler, retrouver, ridicule, rire, route, rythme, se ressembler, soie, soir, soleil, tendre, tiède, traîne, traîner, tremble, tristesse, vent, ville, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 novembre 2020
Le chapeau de paille
on ne sait où le poser
Prairie fleurie
***
笠を置くとこを尋ぬる花野かな
kasa wo oku / toko wo tazunuru / hanano kana
(Chiyo-ni)
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Posted by arbrealettres sur 4 juillet 2020
Lorsque parait la lune citadine sur les places
Et la ville assoupie s’en illumine lentement,
Et la nuit s’épaissit, pleine de cuivre et de mélancolie,
Et la cire mélodieuse au temps cruel fait place;
Et le coucou gémit au sommet de sa tour de pierre,
Et la blême moissonneuse, en ce monde sans souffle descendue,
Fait bruire doucement les énormes aiguilles d’ombres
Et répand la paille jaune sur le plancher de bois…
(Ossip Mandelstam)
Illustration: Alina Maksimenko
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Posted by arbrealettres sur 26 juin 2020
LIEDER DU VENT À DECORNER LES BŒUFS
Le vent court à brise abattue
il court il court à perdre haleine
Pauvre vent perdu et jamais au but
où cours-tu si vite à travers la plaine
Où je cours si vite où je cours si vite
Le vent en bégaye d’émotion et d’indignation
Se donner tant de mal et de gymnastique
et qu’on vous pose après de pareilles questions
À quoi bon souffler si fort et si bête
et puis s’en aller sans rien emporter
Quelle vie de chien qui toujours halète
qui tire sa langue de chien fatigué
Jusqu’au bout du monde il faut que tu ailles
poussant ton charroi de vent qui rabâche
Vente vent têtu de sac et de paille
Gémir pleurer prier est également lâche
Déjà autre part j’ai entendu ça
Je ne veux plus être vent dit le vent qui boude
Je change de peau je change de pas
Je me fais flûtiau route ou pierre qui roule
Mais il dit tout ça sans conviction aucune
Il sait qu’il faut bien en passer par là
venter quand on est vent luner quand on est lune
et quand on n’est qu’un homme nommer ce qui est là
Le vent la pluie le froid le chaud la solitude
la belle vie qui prend de mauvaises habitudes.
(Claude Roy)
Posted in poésie | Tagué: (Claude Roy), abattre, aller, émotion, bégayer, bête, beau, boeuf, bouder, brise, changer, charroi, chaud, chien, courir, décorner, entendre, fatigue, flûtiau, froid, gémir, gymnastique, habitude, haleine, homme, importer, indignation, laché, langue, lieder, lune, luner, mal, nommer, paille, pauvre, peau, perdre, pierre, pleurer, pluie, poser, pousser, prier, pur, question, rouler, route, s'en aller, sac, solitude, souffler, têtu, tirer, vent, venter, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 juin 2020
L’espoir luit comme un brin de paille dans l’étable
L’espoir luit comme un brin de paille dans l’étable.
Que crains-tu de la guêpe ivre de son vol fou ?
Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou.
Que ne t’endormais-tu, le coude sur la table ?
Pauvre âme pâle, au moins cette eau du puits glacé,
Bois-la. Puis dors après. Allons, tu vois, je reste,
Et je dorloterai les rêves de ta sieste,
Et tu chantonneras comme un enfant bercé.
Midi sonne. De grâce, éloignez-vous, madame.
Il dort. C’est étonnant comme les pas de femme
Résonnent au cerveau des pauvres malheureux.
Midi sonne. J’ai fait arroser dans la chambre.
Va, dors ! L’espoir luit comme un caillou dans un creux.
Ah ! quand refleuriront les roses de septembre !
(Paul Verlaine)
Posted in poésie | Tagué: (Paul Verlaine), âme, étable, boire, brin, caillou, cerveau, craindre, dorloter, dormir, espoir, femme, guêpe, luire, midi, paille, poudroyer, puits, résonner, rêve, refleurir, rose, s'endormir, septembre, sieste, soleil, trou | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 mai 2020
IMPRESSION DU MATIN
La Tamise nocturne dont l’or et l’azur
Se fondent dans la grisaille ;
Un chaland couvert de paille
Ocre s’y avance : le brouillard sur
Les ponts, jaunâtre et glacé, se faufile
Jusqu’aux maisons, leurs fronts
Ne sont plus qu’ombres et Saint-Paul rond
Comme une bulle flotte sur la ville.
Et voici qu’éclate le cri
De la vie qui s’éveille ; les rues s’agitent,
Pleines de chariots : c’est la fuite
Des oiseaux qui vont chanter sur les toits éblouis.
Mais une femme spectrale et seule,
Dont le jour baigne les cheveux blafards,
A la lueur des réverbères rôde sur le tard,
Ses lèvres étincellent, son coeur n’est qu’une meule.
***
IMPRESSION DU MATIN
The Thames nocturne of blue and gold
Changed to a Harmony in grey :
A barge with ochre-coloured hay
Dropt from the wharf : and chill and cold
The yellow fog came creeping down
The bridges, till the houses’ walls
Seemed changed to shadows and St. Paul’s
Loomed like a bubble over the town.
Then suddenly arose the clang
Of waking life; the streets were stirred
With country waggons: and a bird
Flew to the glistening roofs and sang.
But one pale woman all alone,
The daylight kissing her wan hair,
Loitered beneath the gas lamps’ flare,
With lips offlame and heart ofstone.
(Oscar Wilde)
Posted in poésie | Tagué: (Oscar Wilde), azur, étinceler, brouillard, bulle, chariot, coeur, cri, grisaille, lèvre, lueur, maison, matin, meule, ocre, or, paille, pont, réverbère, s'agiter, Tamise | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 mai 2020
MARTINETS
Au moment orageux du jour
au moment hagard de la vie
ces faucilles au ras de la paille
Tout crie soudain plus haut
que ne peut gravir l’ouïe
(Philippe Jaccottet)
Posted in poésie | Tagué: (Philippe Jaccottet), crier, faucille, gravir, hagard, haut, martinet, moment, orageux, ouïe, paille, vie | Leave a Comment »