Il était un petit homme
tout habillé de gris
qui s’appelait l’automne
et revenait sans bruit
dans la nuit
semant devant lui
des feuilles jaunies
et des chansons de pluie …
J’aime l’automne j’aime l’automne
et ses souvenirs de jadis
L’odeur des tabliers
de la rentrée des classes
parfum du tissu neuf
et des cartables bruns
et des plumiers de cuir
et des marrons qu’on casse
Odeur de l’encre fraîche
sur les premiers bons points.
Visages inconnus
des nouveaux camarades
Mystère des cahiers
que l’on ouvre en tremblant
Et les jeudis d’octobre
aux courtes promenades
La nuit tombe trop tôt
pour les petis enfants…
Mais si on retrouve au fond d’une poche
un peu de sable de l’été
c’est bien que ce jour-là quand on est un gosse
que l’on apprend à regretter
Il était un petit homme
tout habillé de blanc
qui courait sur la plage
derrière un cerf-volant
palpitant
courait sous le ciel courait follement
après son âme d’enfant
qui s’envolait qui s’envolait
qui s’envolait
dans le vent…
Nous sommes allongés
Sur l´herbe de l´été.
Il est tard.
On entend chanter
Des amoureux et des oiseaux.
On entend chuchoter
Le vent dans la campagne.
On entend chanter la montagne.
J´ai ta main dans ma main.
Je joue avec tes doigts.
J´ai mes yeux dans tes yeux
Et partout, l´on ne voit
Que la nuit, belle nuit, que le ciel merveilleux,
Tout fleuri, palpitant, tendre et mystérieux.
Viens plus près, mon amour,
Ton cœur contre mon cœur
Et dis-moi qu´il n´est pas de plus charmant bonheur
Que ces yeux dans le ciel, que ce ciel dans tes yeux,
Que ta main qui joue avec ma main.
Je ne te connais pas.
Tu ne sais rien de moi.
Nous ne sommes que deux vagabonds,
Fille des bois, mauvais garçon.
Ta robe est déchirée.
Je n´ai plus de maison.
Je n´ai plus que la belle saison
Et ta main dans ma main
Qui joue avec mes doigts.
J´ai mes yeux dans tes yeux
Et partout, l´on ne voit
Que la nuit, belle nuit, que le ciel merveilleux,
Tout fleuri, palpitant, tendre et mystérieux.
Viens plus près, mon amour,
Ton cœur contre mon cœur
Et dis-moi qu´il n´est pas de plus charmant bonheur.
On oublie l´aventure et la route et demain
Mais qu´importe puisque j´ai ta main.
Mais qu´importe puisque j´ai ta main.
Mais qu´importe puisque j´ai ta main.
Oh malheurs de janvier lorsque l’indifférent
midi établit son équation dans le ciel,
un or âpre comme le vin d’un verre plein
emplit la terre jusqu’en ses limites bleues.
Oh malheurs de ce temps pareils à de petits
raisins assemblés en leurs vertes amertumes,
en leurs confusions, larmes cachées des jours,
tant que l’intempérie n’a révélé leurs grappes.
Vous germes, vous douleurs, tous palpitant d’effroi
à la crépitante lumière de janvier,
les fruits ont bien brûlé : mûrissez et brûlez.
Nous allons faire le partage des regrets :
comme le vent soufflera l’âme, et la demeure
restera propre avec du pain frais sur la table.
***
Desdichas del mes de enero cuando el indiferente
mediodía establece su ecuación en el cielo,
un oro duro como el vino de una copa colmada
llena la tierra hasta sus límites azules.
Desdichas de este tiempo parecidas a uvas
pequeñas que agruparon verde amargo,
confusas, escondidas lágrimas de los días,
hasta que la intemperie publicó sus racimos.
Sí, gérmenes, dolores, todo lo que palpita
aterrado, a la luz crepitante de enero,
madurará, arderá como ardieron los frutos.
Divididos serán los pesares : el alma
dará un golpe de viento, y la morada
quedará limpia con el pan fresco en la mesa.
Ecoute
Le premier cri du jour
Dans son lit de velours
Les soupirs atténués
Du vent dans les nuées
L’haleine parfumée
Des terres embrumées
La rumeur imprécise
Des forêts sous la brise
La vibration limpide
De l’étang qui se ride
Le murmure gercé
De la source blessée
La mélodie secrète
Des rivières discrètes
Ecoute
L’orchestre palpitant
De la vie et du temps.
Multitude de l’abeille!
Élévation
sacrée
de l’unité,
collège
palpitant!
Bourdonnent
de sonores
nombres
qui travaillent
le nectar,
et passent
de rapides
gouttes
d’ambroisie :
c’est la sieste
de l’été dans les vertes
solitudes
d’Osorno. Là-haut
le soleil plante ses lances
dans la neige,
les volcans luisent,
vaste
comme
les mers
est la terre,
bleu est l’espace,
mais
il y a quelque chose
qui frémit, c’est
le coeur
brûlant
de l’été,
le coeur de miel
multiplié,
la bruissante
abeille,
le crépitant
rayon de miel,
d’envol et d’or!
Abeilles,
travailleuses pures,
ogivales
ouvrières,
fines, étincelantes
prolétaires,
parfaites,
téméraires milices
attaquant au combat
d’un aiguillon suicide,
bourdonnez,
bourdonnez par-dessus
les dons de la terre,
famille d’or,
multitude du vent,
secouez l’incendie
des fleurs,
la soif des étamines,
Les prés ont une odeur d’herbe verte et mouillée,
Un frais soleil pénètre en l’épaisseur des bois,
Toute chose étincelle, et la jeune feuillée
Et les nids palpitants s’éveillent à la fois.
Les cours d’eau diligents aux pentes des collines
Ruissellent, clairs et gais, sur la mousse et le thym ;
Ils chantent au milieu des buissons d’aubépines
Avec le vent rieur et l’oiseau du matin.
Les gazons sont tout pleins de voix harmonieuses,
L’aube fait un tapis de perles aux sentiers,
Et l’abeille, quittant les prochaines yeuses,
Suspend son aile d’or aux pâles églantiers.
Sous les saules ployants la vache lente et belle
Paît dans l’herbe abondante au bord des tièdes eaux ;
La joug n’a point encor courbé son cou rebelle,
Une rose vapeur emplit ses blonds naseaux.
Et par delà le fleuve aux deux rives fleuries
Qui vers l’horizon bleu coule à travers les prés,
Le taureau mugissant, roi fougueux des prairies,
Hume l’air qui l’enivre, et bat ses flancs pourprés.
La Terre rit, confuse, à la vierge pareille
Qui d’un premier baiser frémit languissamment,
Et son oeil est humide et sa joue est vermeille,
Et son âme a senti les lèvres de l’amant.
O rougeur, volupté de la Terre ravie !
Frissonnements des bois, souffles mystérieux !
Parfumez bien le coeur qui va goûter la vie,
Trempez-le dans la paix et la fraîcheur des cieux !
Assez tôt, tout baignés de larmes printanières,
Par essaims éperdus ses songes envolés
Iront brûler leur aile aux ardentes lumières
Des étés sans ombrage et des désirs troublés.
Alors inclinez-lui vos coupes de rosée,
O fleurs de son Printemps, Aube de ses beaux jours !
Et verse un flot de pourpre en son âme épuisée,
Soleil, divin Soleil de ses jeunes amours !
Je puis mourir ce soir! Averses, vents, soleil
Distribueront partout mon coeur, mes nerfs, mes
moelles.
Tout sera dit pour moi! Ni rêve, ni éveil.
Je n’aurai pas été là-bas, dans les étoiles!
En tous sens, je le sais, sur ces mondes lointains,
Pèlerins comme nous des pâles solitudes,
Dans la douceur des nuits tendant vers nous les mains,
Des Humanités soeurs rêvent par multitudes!
Oui! des frères partout! (Je le sais, je le sais!)
Ils sont seuls comme nous. – Palpitants de tristesse,
La nuit, ils nous font signe! Ah! n’irons-nous,
jamais?
On se consolerait dans la grande détresse!
Les astres, c’est certain, un jour s’aborderont!
Peut-être alors luira l’Aurore universelle
Que nous chantent ces gueux qui vont, l’Idée au front!
Ce sera contre Dieu la clameur fraternelle!
Hélas! avant ces temps, averses, vents, soleil
Auront au loin perdu mon coeur, mes nerfs, mes
moelles,
Tout se fera sans moi! Ni rêve, ni réveil!
Je n’aurai pas été dans les douces étoiles!