Je cherche un être à envahir
Montagne de fluide, paquet divin,
Où es-tu mon autre pôle ? Etrennes toujours remises,
Où es-tu marée montante ?
Refouler en toi le bain brisant de mon intolérable tension!
Te pirater.
Présence de soi : outil fou.
On pèse sur soi
On pèse sur sa solitude
On pèse sur les alentours
On pèse sur le vide
On drague
Monde couturé d’absences
Millions de maillons de tabous
Passé de cancer
Barrages de génufléchisseurs et des embretellés.
Oh! Heureux médiocres
Tétez le vieux et la couenne des siècles et la civilisation des désirs à bon marché
Allez, c’est pour vous tout ça.
La rage n’a pas fait le monde, mais la rage y doit vivre.
Camarades du « Non » et du crachat mal rentré,
Camarades… mais il n’y a pas de camarades du « Non »,
Comme pierre dans le puits mon salut à vous!
Et d’ailleurs, Zut!
Ce n’est pas au moment où elle tomba sur toi,
ta mort, qu’elle fut la mort, ni lorsqu’on
t’emporta, comme un paquet, hors de chez nous,
dans une housse grise dont le gris de la nuit,
lui-même fut troublé, non, ce n’est pas à ce
moment-là qu’elle fut la mort, mais bien après
ton départ, lorsqu’elle explosa dans la vie,
vivante dans la cuisine, en chaque ustensile
sorti d’un placard, sur la nappe débarrassée
de ses miettes, après les repas, vivante dans
le jour accroché aux rideaux, dans le jeu des
mésanges que rassemble le pin, vivante dans
le jardin où les rhododendrons se souviennent
des regards attendris que tu portais sur eux.
ma vie a commencé dans un placard
sous les dépouilles et la poussière
je suçais des morceaux de sucre volés
dehors la lune à petits pas arpentait le toit
ponctuant le début de mon surcroit de vie
replié dans la fragilité de mon aventure
la curiosité me poussa dans l’escalier
mais je butai sur la douzième marche
et les portes ouvrirent des yeux muets
d’effarement devant ma nudité
pendant que je courais sous le ciel indifférent
les mains serrées sur un paquet de peur
une étoile jaune tomba du ciel
et frappa ma poitrine
c’est alors qu’ils m’attrapèrent
et m’enfermèrent dans une boîte
qu’ils trainèrent partout sur la terre
pour figurer ma honte
autour ils se battaient à coup de pierres
et faisaient des étoiles un énorme brasier
tous les jours ils venaient me toucher
mettre leurs doigts dans ma bouche
et me marquer de noir et ce bleu
mais par une fissure dans le mur
je vis un arbre en forme de feuille
et un matin un oiseau me vola dans la tête
je me mis à aimer si fort cet oiseau
que quand mon maître à l’oeil bleu
regarda le soleil et s’aveugla
j’ouvris la cage et cachai
mon coeur dans une plume jaune
***
ESCAPE
my life began in a closet
among empty skins and dusty hats
while sucking pieces of stolen sugar
outside the moon tiptoed across the roof
to denounce the beginning of my excessiveness
backtracked into the fragility of my adventure
curiosity drove me down the staircase
but I slipped on the twelfth step and fell
and all the doors opened dumb eyes
to stare impudently at my nakedness
as I ran beneath the indifferent sky
clutching a filthy package of fear in my hands
a yellow star fell from above and struck my breast
and all the eyes turned away in shame
then they grabbed me and locked me in a box
dragged me a hundred times over the earth
in metaphorical disgrace
while they threw stones at each other
and burned all the stars in a giant furnace
every day they came to touch me
put their fingers in my mouth
and paint me black and blue
but through a crack in the wall
I saw a tree the shape of a leaf
and one morning a bird flew into my head
I loved that bird so much
that while my blue-eyed master
looked at the sun and was blind
I opened the cage and hid my heart
in a yellow feather
Voici des cerveaux voici des cours
voici des paquets sanglants
et des larmes vaines et des cris
des mains retournées
Voici tout le reste pêle-mêle
tout ce que regrette l’agonie
Le vent peut bien souffler furieusement
en gesticulant
ou siffler doucement comme un animal rusé
et le temps s’abattre
comme un grand oiseau gris
sur ce tas où naissent des bulles
Il ne reste après tout
que cette cendre sur les lèvres
ce goût de cendre dans la bouche
pour toujours
(Philippe Soupault)
Recueil: Poèmes et Poésies
Traduction:
Editions: Grasset
Des paquets de lumière
à portée de la main
le sable les arrête,
tu n’en atteindras
jamais la musique,
absorbée jour à jour
nuit à nuit par l’espace
Lui, il efface le temps
dans ses plis, ses envolements,
la lumière seule l’occupe,
il joue d’elle sur tes saisons
et chante avec les astres
renouveau, disparition
audible dans les larges étoiles
ou le déchirement du bleu
sous les soleils jaunes à midi
Tel serait le rivage que tu suis
ses visages, ses vies,
il est la lumière même, l’absente
livrée en toi où tu la cherches,
on dirait celle des hirondelles
enlacées au parfum des myrtes
qui luiraient sous la mer
(Annie Salager)
Recueil: La Mémoire et l’Archet
Traduction:
Editions: La rumeur libre
J’ai mis tellement de pichenettes
sur
mon paquet souple
que je pourrais
sans efforts
élaborer ta nuit.
Comme un KO voulu
simple
abandon
sur un ring
trop
tendu.
Je frappe
désinvolte
l’aluminium
qui te garde
des brûlures.
Tu parais fragile
si près
de moi…
la rupture.
Le cellophane
compromis
de ton innocence
offerte
colle à ma peau
jusqu’à
l’asphyxie.
J’ai mis tant de coups
dans des cartons vides
des réceptacles
usés
que je pourrais
décider
de changer
mes poings
en lumière.
Des hommes viennent chercher
avec un lent sourire
des paquets clos
parfois une bougie blanche
dans cette boutique austère
où pendent les sabots ornés
leur voix clame :
« Y a-t-il du monde ? »
Une femme vient enfin
les servir de ses mains
ayant cueilli l’herbe
au bord de ces chemins
que traverse si vite un lièvre
d’espèce commune.
(Jean Follain)
Recueil: Des Heures
Traduction:
Editions: Gallimard
Les roses mouillées par la pluie et les moustaches des chatons
Les bouilloires en cuivre brillant et les chaudes mitaines en laine
Les paquets emballés qu’attachent des ficelles
Voilà quelques unes des choses que je préfère
Les poneys couleur crème et les streudels aux pommes bien croustillantes
Les sonnettes et les clochettes et du snitzels avec des nouilles
Le vol des oies sauvages, le reflet de la lune sur leurs ailes
Voilà quelques unes des choses que je préfère
Les jeunes filles en robe blanche, leurs écharpes de satin bleu
Les flocons de neige s’accrochant à mon nez et à mes cils
L’hiver d’un blanc argenté qui devient printemps
Voilà quelques unes des choses que je préfère
Quand le chien mord
Quand l’abeille pique
Si je me sens triste
Je n’ai qu’à penser aux choses que je préfère
Et alors, tout va bien
Les roses mouillées par la pluie et les moustaches des chatons
Les bouilloires en cuivre brillant et les chaudes mitaines en laine
Les paquets emballés qu’attachent des ficelles
Voilà quelques unes des choses que je préfère
Les poneys couleur crème et les streudels aux pommes bien croustillantes
Les sonnettes et les clochettes et du snitzels avec des nouilles
Le vol des oies sauvages, le reflet de la lune sur leurs ailes
Voilà quelques unes des choses que je préfère
Les jeunes filles en robe blanche, leurs écharpes de satin bleu
Les flocons de neige s’accrochant à mon nez et à mes cils
L’hiver d’un blanc argenté qui devient printemps
Voilà quelques unes des choses que je préfère
Quand le chien mord
Quand l’abeille pique
Si je me sens triste
Je n’ai qu’à penser aux choses que je préfère
Et alors, tout va bien
***
My Favorite Things
Raindrops on roses and whiskers on kittens
Bright copper kettles and warm woollen mittens
Brown paper packages tied up with strings
These are a few of my favorite things2
Cream colored ponies and crisp apple strudels
Doorbells and sleigh bells and schnitzel with noodles
Wild geese that fly with the moon on their wings
These are a few of my favorite things.
Girls in white dresses with blue satin sashes
Snowflakes that stay on my nose and eyelashes
Silver white winters that melt into springs
These are a few of my favorite things
When the dog bites, when the bee stings
When I’m feeling sad
I simply remember my favorite things
And then I don’t feel so bad
Raindrops on roses and whiskers on kittens
Bright copper kettles and warm woolen mittens
Brown paper packages tied up with strings
These are a few of my favorite things
Cream colored ponies and crisp apple strudels
Doorbells and sleigh bells and schnitzel with noodles
Wild geese that fly with the moon on their wings
These are a few of my favorite things
Girls in white dresses with blue satin sashes
Snowflakes that stay on my nose and eyelashes
Silver white winters that melt into springs
These are a few of my favorite things
When the dog bites, when the bee stings
When I’m feeling sad
I simply remember my favorite things
And then I don’t feel so bad.