à nouveau la voix
dira la parabole
un doigt écrira
sur le sol muet
quelqu’un venant
sur la mer fera
cesser l’orage
déchaîné
(Silvia Baron Supervielle)
Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2021
déclaration d’identité
Non, je n’avalerai pas vos paroles
fantômes vos paraboles
d’inventaire, vos courbes de
Bourse de massacres.
Je choisis les cris
d’oiseaux de mer
le craquement des pierres
tout ce qui brave, hurle, éclate muettement dans le monde.
Le sang aux tempes, le coeur battant, le toc des artères,
c’est aussi ma parole
touchable
sous le doigt.
Au bord du temps
je tâte l’incertain
dans les feuilles des arbres
aux cellules pourtant si proches
de mes propres cellules, closes en cette chair
qui se retire et se rapproche
jusqu’à coller au tissu végétal
pour reconnaître
un rapport très sourd
un micron de complicité
main, feuille, ensemble,
toutes deux nervurées, actives, sève et sang,
nous affirmons, nous attestons la vie.
(Marie-Claire Bancquart)
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Posted by arbrealettres sur 24 juillet 2019
Sont les fleuves
Nous sommes temps. Nous sommes la fameuse
parabole d’Héraclite l’Obscur,
nous sommes l’eau, non pas le diamant dur,
l’eau qui se perd et non pas l’eau dormeuse.
Nous sommes fleuve et nous sommes les yeux
du Grec qui vient dans le fleuve se voir.
Son reflet change en ce changeant miroir,
dans le cristal changeant comme le feu.
Nous sommes le vain fleuve tout tracé,
droit vers sa mer. L’ombre l’a enlacé.
Tout nous a dit adieu et tout s’enfuit.
La mémoire ne trace aucun sillon.
Et cependant quelque chose tient bon.
Et cependant quelque chose gémit.
(Jorge Luis Borges)
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Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2019
Illustration
Poussière d’étoile
Mille fois
plus que mille fois
vaut mieux être une luciole
rien qu’une luciole
pour élucider dans la nuit
l’éloquence fine d’un grain de poussière
qui attend sa révolution de jour
avec le vent qui arrive
à bout de souffle
charriant dans la gueule
son champ de paraboles du semeur
mille fois
vaut mieux être une luciole
qu’une étoile filante
fiancée à sa chute
(James Noël)
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Posted by arbrealettres sur 3 décembre 2018
De l’aride billbergia les feuilles rigides
Décrivent chacune leur parabole. Lent
L’influx que l’eau reçoit de l’air,
L’air de l’espace tourbillonnant,
Vient à son terme, meurt et se fige.
Ici-bas comme là-haut,
Tracé par la danse des étoiles.
***
Arid bilbergia’s rigid leaves
Describe each its parabola. Slow the flow
Water takes from air, air from swirling space,
Comes to its term, to standstill dies.
As above, so below,
Traced by figures of the dancing stars.
(Kathleen Raine)
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Posted by arbrealettres sur 2 septembre 2018
Illustration: Robert Doisneau
L’ÉCOLIER
J’écrirai le jeudi j’écrirai le dimanche
quand je n’irai pas à l’école
j’écrirai des nouvelles j’écrirai des romans
et même des paraboles
je parlerai de mon village je parlerai de mes parents
de mes aïeux de mes aïeules
je décrirai les prés je décrirai les champs
les broutilles et les bestioles
puis je voyagerai j’irai jusqu’en Iran
au Tibet ou bien au Népal
et ce qui est beaucoup plus intéressant
du côté de Sirius ou d’Algol
où tout me paraîtra tellement étonnant
que revenu dans mon école
je mettrai l’orthographe mélancoliquement
(Raymond Queneau)
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Posted by arbrealettres sur 2 août 2018
Illustration: René Baumer
Parabole
Le poète imite les voix des oiseaux
il étire son long cou
et sa pomme d’adam saillante
est comme un doigt maladroit sur l’aile de la mélodie
en chantant il croit vraiment
hâter le lever du soleil
la chaleur de son chant en dépend
et la pureté de ses aigus
le poète imite le sommeil des pierres
la tête dans les épaules
il est comme un fragment de sculpture
à la respiration rare et pénible
en dormant il croit que lui seul
percera le secret de l’existence
et que sans l’aide des théologiens
il happera l’éternité de sa bouche assoiffée
que serait le monde
s’il n’était plein
de l’incessant va-et-vient du poète
parmi les pierres et les oiseaux
(Herbert Zbigniew)
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Posted by arbrealettres sur 1 avril 2018
Il existe un pays, plutôt une frontière,
Où la lumière est douce et pratiquement solide
Les êtres humains échangent des fragments de lumière,
Mais ils n’ont pas la moindre appréhension du vide.
La parabole du désir
Remplissait nos mains de silence
Et chacun se sentait mourir,
Nos corps vibraient de ton absence.
Nous avons traversé des frontières de craie
Et le second matin le soleil devint proche
Il y avait dans le ciel quelque chose qui bougeait,
Un battement très doux faisait vibrer les roches.
Les gouttelettes de lumière
Se posaient sur nos corps meurtris
Comme la caresse infinie
D’une divinité – matière
(Michel Houellebecq)
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Posted by arbrealettres sur 10 février 2018
Illustration: Carle Van Loo
L’aveugle de l’aube
Beau monde où la lumière est la parabole du don de chair
Pensée du monde où je passe enveloppé de ce qui pense
Tout s’oublie le réel est ce qu’on ne peut oublier
Il ne voulait qu’éveiller tout entre ses bras grandir dans ce qui le liait à son vœu
Les images ont fait la lumière plus seule et le vent et les jours
Je ne suis presque rien je suis ce qui me perd
Tombe pour devenir la main qui te retient
l’homme naît de rêver qu’il ne se connaît pas
Une femme est passée elle devient sont rêve
Rend à l’homme une chair en se prenant pour lui
La nuit a froid
Il est le jour d’avant ses yeux où son regard fit son asile
l’amour de son amour durera sans le voir
Sous tant de chants la même étreinte avec l’oubli la même absence
Il est ce qui la voit comme un espoir dont ce qu’il vit serait l’épreuve
Ton être a choisi ton malheur pour demeurer en toi
L’amour s’unit à ton amour t’écrase avec ce que tu es s’emplit d’un espoir d’outre-tombe
Qui t’enterre en se déterrant
Le son des cloches et l’aurore
et l’oiseau du froid dans ton souffle
entre les ailes de ton souffle
et qu’il soit plus près de toi que ton cœur
Ce que l’aurore a traversé entre les feuilles
et les eaux tous les fantômes des caresses
quand mon regard devient la chair de ce qu’il aime
et que rien ne lui ment
Mon cœur est enterré dans ce qui les éloigne
comme il a sa prison dans ce qui lie les jours
Femme je crie vers toi à travers ce qui passe
pour que mon corps soit mon secret comme le tien
(Joë Bousquet)
Posted in poésie | Tagué: (Joë Bousquet), aimer, amour, aurore, éloigner, épreuve, étreinte, éveiller, beau, bras, caresse, chair, chant, choisir, cloche, coeur, connaître, corps, crier, devenir, don, eau, enterrer, envelopper, espoir, faire, fantôme, femme, feuille, froid, grandir, homme, image, lier, lumière, main, malheur, mentir, monde, nuit, oiseau, oublier, outre-tombe, parabole, passer, pensée, penser, perdre, près, prison, réel, rêve, rêver, regard, rendre, retenir, rien, s'oublier, s'unir, secret, seul, souffle, tomber, traverser, vent, voeu | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2017
C’est tout un art de balayer
c’est un métier digne d’estime
les ruisseaux comme des torrents
cavalent cavalent cavalent
on doit savoir les diriger
y concentrer les ordures
qu’il faut absolument glisser
sous les ouatures
crottes de chiens vieilles lettres
mégots bâtonnets de sucettes
épingle à cheveux verre brisé
l’ajonc mouillé
d’une gracieuse parabole
les fait choir
en bas du trottoir
sans une parole
ces artistes municipaux
ont depuis peu souvent la peau noire
ils ont un air mélancolique.
pensent-ils à la Martinique ?
à un marigot africain ?
lorsqu’ils ont le balai en main
du matin
au soir
(Raymond Queneau)
Posted in poésie | Tagué: (Raymond Queneau), africain, ajonc, art, artiste, épingle, balai, balayer, cavaler, choir, concentrer, crotté, digne, diriger, estime, glisser, gracieux, lettre, loin, marigot, Martinique, matin, mégot, mélancolique, métier, municipal, noir, ordure, parabole, ruisseau, soir, sucette, torrent, tropique, trottoir | Leave a Comment »