Seigneur, pardonnez-moi. Parmi l’avoine grise,
J’ai trop aimé les soirs, les fleurs, et les fourmis;
Je préférais, aux lys d’argent de votre église,
Ceux, dans les sentiers frais, que vous-même aviez mis.
(Rosemonde Gérard)
Recueil: Je serai le FEU (Diglee)
Editions: La ville brûle
La ville des fabricants, des riches, des boxeurs cruels,
ville des inventeurs, des ingénieurs,
ville des généraux, des commerçants, des poètes patriotes,
par ses noirs péchés avait dépassé la mesure du courroux divin
et Dieu était en colère ;
cent fois il avait promis à cette cité
sa vengeance, une pluie de soufre, le feu
et les grondements du tonnerre
et cent fois il lui a pardonné
puisqu’il s’est rappelé avoir dit, un jour,
qu’il épargnerait la ville à cause de deux justes,
et qu’il est difficile à Dieu de parler en l’air :
deux amants allaient dans le verger printanier,
respirant à pleins poumons l’odeur des aubépines en fleur.
(Jaroslav Seifert)
Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud
La blancheur des cheveux ne vaut celle du coeur;
Ma forme déjà ressemble à un vieil arbre mort.
Les causes dans le calme se sont toutes dissoutes;
J’ai pour seule pensée de voir venir l’unique.
Le ciel a pardonné ma bêtise insouciante,
Le chan force à quitter l’être et son opposé.
De vie ce qui me reste est un soleil couchant,
Voici que je regagne pas à pas la demeure.
(Hanshan Deqing)
Recueil: Poèmes Chan
Traduction: du chinois par Jacques Pimpaneau
Editions: Philippe Picquier
Il existe un endroit pour nous,
Quelque part, un endroit pour nous.
Paisible et tranquille, en plein air
Nous attend
Quelque part.
Il existe un temps pour nous,
Un jour, un temps pour nous,
Du temps pour nous, à partager,
Du temps pour apprendre, du temps pour nous,
Un jour !
Quelque part.
Nous trouverons une nouvelle façon de vivre,
Nous trouverons un moyen de pardonner
Quelque part…
Il existe un endroit pour nous,
Un temps et un endroit pour nous.
Tiens-moi par la main, nous y sommes presque.
Prends ma main, je t’y amènerai
D’une manière ou d’une autre,
Un jour,
Quelque part !
(West Side Story)
***
WEST SIDE STORY – SOMEWHERE L
There’s a place for us,
Somewhere a place for us.
Peace and quiet and open air
Wait for us
Somewhere.
There’s a time for us,
Some day a time for us,
Time together with time to spare,
Time to learn, time to care,
Some day!
Somewhere.
We’ll find a new way of living,
We’ll find a way of forgiving
Somewhere . . .
There’s a place for us,
A time and place for us.
Hold my hand and we’re halfway there.
Hold my hand and I’ll take you there
Somehow,
Some day,
Miserere !
Encore une fois, ma colombe,
O mon beau trésor adoré,
Viens t’agenouiller sur la tombe
Où notre amour est enterré.
Miserere !
I.
Il est là dans sa robe blanche ;
Qu’il est chaste et qu’il est joli !
Il dort, ce cher enseveli,
Et comme un fruit mûr sur la branche,
Son jeune front, son front pâli
Incline à terre, et penche, penche…
Miserere !
Regarde-le bien, ma colombe,
O mon beau trésor adoré,
Il est là couché dans la tombe,
Comme nous l’avons enterré,
Miserere !
II.
Depuis les pieds jusqu’à la tête,
Sans regret, comme sans remord,
Nous l’avions fait beau pour la mort.
Ce fut sa dernière toilette ;
Nous ne pleurâmes pas bien fort,
Vous étiez femme et moi poète.
Miserere !
Les temps ont changé, ma colombe,
O mon beau trésor adoré,
Nous venons pleurer sur sa tombe,
Maintenant qu’il est enterré.
Miserere !
III.
Il est mort, la dernière automne ;
C’est au printemps qu’il était né.
Les médecins l’ont condamné
Comme trop pur, trop monotone :
Mon cœur leur avait pardonné…
Je ne sais plus s’il leur pardonne.
Miserere !
Ah ! je le crains bien, ma colombe,
O mon beau trésor adoré,
Trop tôt nous avons fait sa tombe,
Trop tôt nous l’avons enterré.
Miserere !
IV.
Il est des graines de rechange
Pour tout amoureux chapelet.
Nous pourrions, encor, s’il voulait,
Le ressusciter, ce cher ange.
Mais non ! il est là comme il est ;
Je ne veux pas qu’on le dérange.
Miserere !
Par pitié, fermez cette tombe ;
Jamais je n’avais tant pleuré !
Oh ! dites pourquoi, ma colombe,
L’avons-nous si bien enterré ?
Miserere !