Posts Tagged ‘parfum’
Posted by arbrealettres sur 3 février 2023


Illustration: Marie Boutroy
Souvent elle s’assoit sur le pas de sa porte,
les mains abandonnées.
Elle regarde passer les saisons
qui s’en viennent et qui s’en vont
par le sang vermeil des vendanges
et par le givre de novembre,
attendant patiemment l’aube nouvelle,
ensoleillée, de chaque printemps,
promesse de l’été.
Depuis longtemps déjà elle s’applique à vivre.
Elle s’applique et pour ne rien oublier,
elle inscrit dans son livre la plainte des marais,
le cri obsédant des engoulevents tournoyant dans les champs.
Elle inscrit la mort, en lettres noires,
celle des bêtes, celle des gens
et puis aussi les arabesques
et le vagabondage des nuages.
Elle inscrit le parfum des roses pâles
et de la menthe sauvage qui envahit son coeur
d’une étrange langueur dans la tiédeur du soir.
Elle inscrit dans son livre le bleu-gris des toits d’ardoise,
le vert du lierre et le rouge perlant à la gorge des oiseaux.
Jours après nuits, elle inscrit
l’éclat des pierres, de l’éclair et du feu.
Elle inscrit
l’air léger qui l’emporte et la berce,
aussi fragile qu’un nouveau-né.
(Martine Laffon)
Recueil: Le Dit d’Amour
Traduction:
Editions: Alternatives
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Posted in poésie | Tagué: (Martine Laffon), abandonner, air, aller, arabesque, ardoisenéclat, attendre, aube, éclair, été, bête, bercer, bleu, champ, coeur, cri, emporter, engoulevent, ensoleiller, envahir, feu, fragile, gens, givre, gorge, gris, langueur, léger, lettre, lierre, livre, longtemps, main, marais, menthe, mort, noir, nouveau, nouveau-né, Novembre, nuage, nuit, obsédant, oiseau, oublier, parfum, pas, passer, patience, pâle, pierre, plainte, porte, printemps, promesse, regarder, rien, rose, s'appliquer, s'asseoir, saison, sang, sauvage, soir, souvent, tiédeur, toit, tournoyer, vagabondage, vendange, venir, vermeil, vert, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 janvier 2023

Soudain commence à éclore
la fleur sans parfum
de la conscience profonde.
Je me débarrasse de ma peau,
comme le serpent.
(Namdeo Dhasal) (1949-2014)
Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 21 janvier 2023

Illustration: Dai Dunbang
SUR L’AIR D’UN MAÎTRE EN DIVINATION
Un chant au prunier
À l’écart de la grand-route, près du pont rompu,
Silencieux, solitaire, il fleurit à sa guise.
Voici déjà le crépuscule, et seul à son chagrin
Il subira encore le vent avec la pluie.
Sans intention de s’acharner pour gagner le printemps,
Seul à soutenir d’une volée de fragrances la jalousie.
Que ses fleurs fanent et tombent, réduites en boue et poussière,
Subsistera toujours ce parfum comme avant.
***

(Lù Yóu) (1125-1210)
Recueil: Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes Poèmes Song illustrés par Dai Dunbang
Traduction: du Chinois par Bertrand Goujard
Editions: De la Cerise
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Posted in poésie | Tagué: (Lu You), avant, écart, chagrin, chant, crépuscule, devination, faner, fleur, fleurir, fragrance, gagner, grand-route, guise, intention, jalousie, maître, parfum, pluie, pont, poussière, printemps, prunier, réduire, rompre, s'acharner, seul, silencieux, solitaire, soutenir, subire, subsister, tomber, toujours, vent, volée | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2023

Pleine lune
J’aurais dû
murmurer ton nom
une soirée durant
pour que ce ciel
s’élargisse un peu
regarder ta voix souffler
de loin pour que
l’obscurité ne revienne
plus remplir mon sommeil
maintenant
ton parfum apparaît
dans un autre jardin
je ne fais rien
j’écoute seulement
la lune de mon remords
entrer dans sa plénitude
***

(Salih Diyab)
Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral
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Posted in poésie | Tagué: (Salih Diyab), écouter, ciel, devoir, durant, entrer, faire, jardin, loin, lune, maintenant, murmurer, nom, obscurité, parfum, plénitude, pleine lune, regarder, remords, remplir, revenir, rien, s'élargir, seulement, soirée, sommeil, souffler, un peu, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2022

POUR VIVRE ICI
I
Je fis un feu, l’azur m’ayant abandonné,
Un feu pour être son ami,
Un feu pour m’introduire dans la nuit d’hiver,
Un feu pour vivre mieux.
Je lui donnai ce que le jour m’avait donné :
Les forêts, les buissons, les champs de blé, les vignes,
Les nids et leurs oiseaux, les maisons et leurs clés,
Les insectes, les fleurs, les fourrures, les fêtes.
Je vécus au seul bruit des flammes crépitantes,
Au seul parfum de leur chaleur;
J’étais comme un bateau coulant dans l’eau fermée,
Comme un mort je n’avais qu’un unique élément.
II
Le mur de la fenêtre saigne
La nuit ne quitte plus ma chambre
Mes yeux pourraient voir dans le noir
S’ils ne se heurtaient à des ruines
Le seul espace libre est au fond de mon coeur
Est-ce l’espace intime de la mort
Ou celui de ma fuite
Une aile retirée blessée l’a parcouru
Par ma faiblesse tout entier il est cerné
Durerai-je prendrai-je l’aube
Je n’ai à perdre qu’un seul jour
Pour ne plus même voir la nuit
La nuit ne s’ouvre que sur moi
Je suis le rivage et la clé
De la vie incertaine.
III
La lune enfouie les coqs grattent leur crête
Une goutte de feu se pose sur l’eau froide
Et chante le dernier cantique de la brume
Pour mieux voir la terre
Deux arbres de feu emplissent mes yeux
Les dernières larmes dispersées
Deux arbres de feu me rendent la vie
Deux arbres nus
Nu le cri que je pousse
Terre
Terre vivante dans mon coeur
Toute distance conjurée
Le nouveau rythme de moi-même
perpétuel
Froid plein d’ardeur froid plein d’étoiles
Et l’automne éphémère et le froid consumé
Le printemps dévoué premier reflet du temps
L’été de grâce par le coeur héros sans ombres
Je suis sur terre et tout s’accommode du feu.
IV
Autour des mains la perfection
Mains pâles à déchirer le sang
Jusqu’à ce que le sang s’émousse
Et murmure un air idéal
Autour de tes mains la nature
Compose ses charmes égaux
À ta fenêtre
Aucun autre paysage
Que le matin toujours
Toujours le jour au torse de vainqueur
La jeunesse comblant la chair
En caressant un peu la terre
Terre et trésor sont mêlés
En écartant quelques brins d’herbe
Tes mains découvrent le soleil
Et lui font de nouveaux berceaux.
V
Aucun homme n’est invisible
Aucun homme n’est plus oublié en lui-même
Aucune ombre n’est transparente
Je vois des hommes là où il n’y a que moi
Mes soucis sont brisés par des rires légers
J’entends des mots très doux croiser ma voix sérieuse
Mes yeux soutiennent un réseau de regards purs
Nous passons la montagne et la mer difficiles
Les arbres fous s’opposent à ma main jurée
Les animaux errants m’offrent leur vie en miettes
Qu’importe mon image s’est multipliée
Qu’importe la nature et ses miroirs voilés
Qu’importe le ciel vide je ne suis pas seul.
(Paul Éluard)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Paul Éluard)mer, abandonner, aile, ami, azur, chair, chaleur, champ, charmé, ciel, clé, cri, découvrir, distance, fête, fenêtre, feu, flamme, fleur, forêt, herbe, heurter, hiver, ici, idéal, image, insecte, jeunesse, larme, miroir, montagne, multiplié, murmurer, nature, nu, nuit, parfum, perdre, perpétuel, réseau, regard, rivage, ruine, s'émousser, saigner, soleil, souci, terre, vainqueur, vide, vigne, vivre, voile, voir | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2022

PREMIER AMOUR
Premier amour ! Parfum de la nouvelle rose !
Sur le clavier du coeur premiers accords plaqués
Par une main de femme insaisissable et rose;
Premiers souffles du vent sur la voile morose
Qui devine la mer dans le calme des quais.
Premières floraisons dans le verger de l’âme,
Premiers jets d’eau montant au milieu des jardins
Où des noces en blanc chantent l’épithalame;
Premiers regards qu’on jette à l’horizon de flamme
Où les palais du rêve étagent leurs gradins.
Premier amour ! Souffrance heureuse ! Désirs vagues
De lui prendre les mains, plus douces que des fleurs,
A celle dont les yeux ont la couleur des vagues,
Et, feignant d’admirer le chaton de ses bagues,
De rafraîchir sa lèvre à ses doigts cajoleurs.
Délices, au milieu des fêtes et des danses,
De ressembler pour elle aux galants d’éventail;
Puis, quand on reste seul, sous les ramures denses,
Charme de chuchoter de longues confidences
A la Lune qui rit comme au fond d’un vitrail.
C’est le moment de joie unique où l’on épie
Les yeux encor voilés d’une fausse rigueur,
Où, sans s’imaginer que tout bonheur s’expie,
On tire fil à fil, comme de la charpie,
L’aveu qui guérira la blessure du coeur.
Ce qu’on aime à vingt ans, c’est la tiède atmosphère
Des premiers abandons sous un ciel vierge et bleu;
Qu’importe la liqueur, ce qu’on veut c’est le verre;
C’est le mal glorieux de monter au Calvaire,
Car on a Véronique et l’on se sent un Dieu!
Ce qu’on aime surtout, c’est bien l’amour lui-même;
On aime sans savoir ni pourquoi, ni comment !
Mais on veut être ainsi, si c’est ainsi qu’on aime
Et l’on sent à jamais que c’est le bien suprême
Et que le plus suave est le commencement !
Qu’importe son visage ou son âme ! Qu’importe
Ce qu’elle a de frivole ou de spirituel!
Aimer, c’est croire ! Aimer, cela vous réconforte,
Et quel que soit l’autel où le hasard vous porte
C’est du ciel qu’il s’agit dans chaque rituel.
Qu’importe à ce moment quelle Madone on prie.
On est assez heureux de murmurer : Je crois !
Dans l’église d’amour résonnante et fleurie
Où, parmi l’encens pâle, une vierge Marie
Vous sourit et vous tend ses bras comme une croix !
(Georges Rodenbach)
Illustration: Rémy Disch
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Posted in poésie | Tagué: (Georges Rodenbach), accord, admirer, aimer, amour, église, bleu, cajoleur, calme, calvaire, ciel, clavier, commencement, confidence, croix, désir, Dieu, doigt, douce, encens, expier, femme, flamme, fleur, fleurie, hasard, heureuse, jardin, lèvre, liqueur, madone, main, mer, murmurer, palais, parfum, premier, résonnante, regard, rituel, rose, souffle, souffrance, sourire, suave, verger, verre, vierge, vitrail, voile | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022

Illustration: Shan Sa
Assis avec ma femme au début du printemps
Toilettes et parures audacieuses,
Tu t’apprêtes toujours d’avant-garde.
L’herbe encore courte perce au travers des sandales
Les prunes en promesse détachent leur parfum d’à venir
Les arbres s’inclinent pour cueillir ton châle de brocarts
Et l’air s’élève délicat puis dégage ton col écarlate
Remplis ma coupe de vin d’orchidée !
Cette seule vue fait chanter mon esprit.
(Xu Junqian)
(540-609)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
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Posted in poésie | Tagué: (Xu Junqian), air, arbre, assis, au travers, audacieux, avant-garde, à venir, écarlate, brocart, chanter, châle, col, coupe, court, cueillir, début, dégager, délicat, détacher, esprit, faire, femme, herbe, orchidée, parfum, parure, percer, printemps, promesse, prune, remplir, s'apprêter, s'élever, s'incliner, sandale, toilette, toujours, vin, vue | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2022

Illustration: Shan Sa
Vent d’automne
Le vent d’automne se lève,
La course tranquille des nuages blancs se précipite.
Plantes et arbres jaunissent et se dépouillent.
Les oies sauvages rejoignent le sud.
L’orchidée garde sa beauté
Et le Chrysanthème son parfum
Je me languis de mon unique amour,
Impuissant à oublier.
Nous lançons le grand navire sur la rivière Fen
Il fend sans peine son courant,
S’agitant en vagues blanches.
L’écho des tubes et des tambours
Amplifie le chant des rameurs.
Au sommet de la joie, les pensées tristes me pointent
Jeunesse et force, comme vous passez vite !
Sans espoir possible, nous déclinons.
(Liu Che)
l’empereur Wu des Han (156-87)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
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Posted in poésie | Tagué: (Liu Che), amour, amplifier, arbre, automne, écho, beauté, bla, blanc, c, chant, chrysanthème, courant, course, décliner, espoir, fendre, force, garder, impuissant, jaunir, jeunesse, joie, lancer, navire, nuage, oie, orchidée, oublier, parfum, passer, peine, pensée, plante, possible, rameur, rejoindre, rivière, s'agiter, sauvage, se dépouiller, se languir, se lever, se pointer, se précipiter, sommet, sud, tambour, tranquille, triste, tube, unique, vague, vent, vite | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 décembre 2022

Illustration: Shan Sa
L’esprit des nuées
Je baigne mon corps dans l’eau d’orchidée
Et mille parfums se mêlent à mes cheveux.
Je passe des robes colorées à la trame fleurie.
L’esprit des nuées tourne et virevolte.
Il s’équilibre enfin.
Radieux et souverain dans sa gloire éternelle,
Il vient se délasser dans le temple de Longue Vie.
Le soleil et la lune ornent son éclat.
Son char est attelé d’un dragon.
Sa main divine est ferme sur les rênes.
Il vagabonde dans l’ampleur du ciel.
À peine descendu, le voilà déjà qui s’envole jusqu’aux nuages.
Ses yeux limpides embrassent le Nord et les régions des quatre mers.
Quelle contrée n’a-t-il pas encore visitée ?
Je pense à vous beau seigneur en soupirant.
Grave est ce coeur que vous seul savez affliger.
(Anonyme)
Le Recueil des chants du Sud (Chuci)
(IV III siècles : période des Royaumes combattants)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
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Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022

Certains êtres sont comme le lilas
qui sature de son parfum, jour et nuit,
l’air dans lequel il trempe,
condamnant ceux qui entrent
dans son cercle embaumé
à éprouver aussitôt une ivresse intime
qui fait s’entrechoquer,
comme des verres de cristal de Bohême,
les atomes de leurs âmes.
(Christian Bobin)
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Posted in poésie | Tagué: (Christian Bobin), air, atome, âme, éprouver, être, cercle;embaumé, condamner, cristal, entrer, jour, lilas, nuit, parfum, s'entrechoquer, saturer, tremper, tristesse, verre | Leave a Comment »