Les anecdotes, évidemment… Tous les êtres humains se ressemblent.
A quoi bon égrener de nouvelles anecdotes ?
Caractère inutile du roman.
Il n’y a plus de morts édifiantes ; le soleil fait défaut.
Nous avons besoin de métaphores inédites ;
quelque chose de religieux intégrant l’existence des parkings souterrains.
Et bien sûr on s’aperçoit que c’est impossible.
Beaucoup de choses, d’ailleurs, sont impossibles.
L’individualité est essentiellement un échec.
La sensation du moi, une machine à fabriquer le sentiment d’échec.
La culpabilité semble offrir une voie intéressante, à condition qu’il fasse beau.
Presque impossible à développer. Intelligent et inédit, en tout cas. Grande objectivité.
Ils ont emporté tout ce que j’avais en
double et je me suis retrouvée
sur le parking
avec le strict minimum: une seule
chaussure, une seule chaussette,
un seul
pied, une seule jambe, un seul
bras, une
seule oreille, un seul regard, une
seule
larme,
Avant de filer, ils ont crié: « T’as
encore de
la chance qu’on te laisse le
coeur! »
Alors j’ai eu l’idée de fouiller
dedans avec
la seule main qu’il me restait et
j’ai tout
retrouvé.
On prend le ticket, les pneus crissent
La hauteur du plafond interroge
On se demande à quoi pouvait
Servir Bach
Avant
L’invention des parkings souterrains
Chercher par la fenêtre
et puis fouiller sur les trottoirs
dans les poubelles
dans les coins d’ombre
sur les toits les balcons
dans l’égout
Fouiller les noeuds
des platanes torturés
les fossés les ruelles
le terrain de foot
le parking
l’école
les terrasses de bistrot
le poissonnier
le cambouis du matin
Mettre ses yeux dedans
leur mettre quelque chose
sous la dent
(Thomas Vinau)
Recueil: Juste après la pluie
Traduction:
Editions: Alma
Perdu au milieu de la ville
L’arbre tout seul, à quoi sert-il ?
Les parkings, c’est pour stationner,
Les camions pour embouteiller,
Les motos pour pétarader,
Les vélos pour se faufiler.
L’arbre tout seul, à quoi sert-il ?
Les télés, c’est pour regarder,
Les transistors pour écouter,
les murs pour la publicité,
les magasins pour acheter.
L’arbre tout seul, à quoi sert-il ?
Les maisons, c’est pour habiter
Les bétons pour embétonner
Les néons pour illuminer,
Les feux rouges pour traverser.
L’arbre tout seul, à quoi sert-il ?
Les ascenseurs, c’est pour grimper
Les présidents pour présider,
Les montres pour se dépêcher,
Les mercredi pour s’amuser.
L’arbre tout seul, à quoi sert-il ?
Il suffit de le demander
A l’oiseau qui chante à la cime.