
Dans la suave minuit d’été
Une lune pure brillait à travers
La fenêtre ouverte du parloir
Et les rosiers mouillés de rosée —
Je songeais assise en silence —
Le vent caressait mes cheveux
Le Ciel, me disait-il, est splendide
Et belle la Terre en son sommeil —
Point n’était besoin de son haleine
Pour m’inspirer de telles pensées
Mais toujours chuchotant il ajouta :
« Comme les bois vont être noirs ! —
«Mon murmure comme en rêve
Fait bruire les feuillages épais,
Et leurs myriades de voix
D’âme semblent douées.»
j’ai dit : « Va, aimable chanteur,
Ta voix tendre veut séduire
Mais ne crois pas qu’elle a pouvoir
D’atteindre mon esprit —
«Joue avec la fleur odorante,
Le rameau souple du jeune arbre —
Mais laisse mes sentiments humains
Suivre leur propre cours. »
L’Errant ne voulait pas me quitter
Son baiser s’est fait plus ardent —
« Ô viens, susurrait-il,
Je ferai malgré toi ta conquête —
«Ne sommes-nous pas des amis d’enfance ?
N’y a-t-il pas longtemps que je t’aime?
Aussi longtemps que tu aimes la nuit
Dont le silence éveille mon chant ?
«Et quand ton coeur reposera en paix
Sous la pierre du cimetière
J’aurai tout loisir de me lamenter
Et toi d’être solitaire» —
***
In summer’s mellow midnight
A cloudless moon shone through
Our open parlour window
And rosetrees wet with dew —
I sat in silent musing —
The soft wind waved my hair
It told me Heaven was glorious
And sleeping Earth was fair —
I needed not its breathing
To bring such thoughts to me
But still it whispered lowly
`How dark the woods will be ! —
« The thick leaves in my murmur
« Are rustling like a dream,
« And all their myriad voices
« Instinct with spirit seem. »
I said, « Go gentle singer,
« Thy wooing voice is kind
« But do not think its music
« Has power to reach my mind —
« Play with the scented flower,
« The young tree’s supple bough —
« And leave my human feelings
In their own course to flow »
The Wanderer would not leave me
Its kiss grew warmer still —
« O come,’ it sighed to sweetly
« I’ll win thee ‘gainst thy will —
« Have we not been from childhood friends ?
« Have I not loved thee long ?
« As long as thou hast loved night
« Whose silence wakes my song ?
« And when thy heart is laid at rest
« Beneath the church-yard stone
« I shall have time enough to mourn
« And thou to be alone » —
(Emily Brontë)
Illustration: Szinyei Merse Pál