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Poésie

Posts Tagged ‘partie’

Un poème Chandellion (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2023




    
Un poème Chandellion
Pour Michael

Retournez une chandelle comme un gant
et vous obtenez la plus petite
partie d’un lion qui se tient
là au bord des
ombres.

***

A Candlelion Poem
For Michael
Turn a candle inside out
and you’ve got the smallest
portion of a lion standing
there at the edge of the
shadows.

(Richard Brautigan)

 

Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral

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Le mouvement perpétuel (Delphine Popović)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2022




    
Le mouvement perpétuel

Le désespoir même s’est lassé désormais
de rejouer la partie que je perds toujours
où il m’attend sans surprise
embusqué au bord du chemin
pour m’offrir un moment sa compagnie glacée
et s’éloigne
laissant entre nous la distance de son ombre
qui porte encore mes pas jusqu’au grand vide
dans l’abîme des rêves sans lumière
que n’éloigne plus le signe précaire de l’Aube
tremblant au fond du chemin.

(Delphine Popović)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Recueil: L’ouverture du miroir et autres poèmes

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Icebergs (Louis MacNeice)

Posted by arbrealettres sur 23 novembre 2022




    

Icebergs

Si sous les eaux les icebergs étaient capables de chaleur
Nul ne grimacerait à leurs sommets dentés,
S’élevant et plongeant sur la houle
Ils pourraient signaler que tout est pour le mieux.

Mais dans les eaux obscures les icebergs sont froids,
Aussi froids à la base que blanchis à la crête,
Et ceux qui plongent pour en avoir la preuve
Peuvent ne trouver aucun indice qui change leur opinion.

Il n’y a pas de mots sous l’eau,
Pas davantage de locutions,
De phrases, excepté celle
Qui vous informe que votre vie est terminée

Et que ce dont vous avez joui
N’était que la neuvième ou la dixième partie;
Le reste, simple claque à ceux qui osèrent supposer
Les icebergs sous l’eau capables de chaleur.

***

Icebergs

If icebergs were warm below the water
One would not wince at their jagged tops,
Lifting and dipping on the swell
They still might signal all was well.

But icebergs are cold in the dark water,
Cold their base as white their crest,
And those who dive to check the fact
Can find no signal to retract.

There are no words below the water,
Let alone phrases, let alone
Sentences – except the one
Sentence that tells you life is done

And what you had of it was a mere
Ninth or tenth; the rest is sheer
Snub to those who dared suppose
Icebergs warm below the water.

(Louis MacNeice)

Traduction de Marie Etienne

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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Madame (Briceida Cuevas Cob)

Posted by arbrealettres sur 2 octobre 2022



Illustration: Eugène Prévost-Messemin

    
Madame,

tes seins sont deux filles qui jouent
à se frapper quand tu laves ton linge
L’arc-en-ciel de ton regard est tendu dans l’écume
Qui te verrait soutiendrait que tu ne souffres pas
Il ne saurait pas qu’au pied de ton bac à lessive
s’entasse une partie de ton histoire
Le sifflement que tu entonnes
est le fil sur lequel tu accroches ta fatigue
Le vent est un gamin moqueur
qui tire et tend ton linge
Sur les arbres de l’orient
le soleil est un nouveau-né
qui répand ses larmes tièdes et jaunes

(Briceida Cuevas Cob)

 

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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PARTENAIRES SOCIAUX DANS L’INDUSTRIE D’ARMEMENT (Hans Magnus Enzensberger)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2022




    
PARTENAIRES SOCIAUX DANS L’INDUSTRIE D’ARMEMENT

A en grincer des dents ce spectacle
de gros pourceaux sur les terrasses
et sur les golfs des palaces
remontés à coups d’engrais et de vols,
des chouchous du bon dieu.

Plus dur
à supporter, toi qui n’es personne,
foreur au ciré bon marché,
petit-bourgeois, huissier, assesseur, coursier,
plus triste ton visage jauni.

Foutu
toi qui t’abandonnes à qui te mène
par le bout du nez, dé de vent modéré,
forgeron de tes menottes,
accoucheur de ta mort,
épicier du poison
qui te sera administré.

Sans doute
ils sont nombreux à te promettre
l’abolition du meurtre.
Les meurtriers t’invitent
à partir en guerre contre lui.
Ce n’est pas le crime qui perdra
la partie, mais toi : le crime
ne fait que changer de visage.
Le sang des victimes, lui, reste noir.

(Hans Magnus Enzensberger)

 

Recueil: Mausolée
Traduction: Maurice Regnaut et Roger Pillaudin
Editions: Gallimard

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JE CHANTE (Charles Trenet)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2021



 

Charles Trenet

JE CHANTE

Je chante !
Je chante soir et matin,
Je chante sur mon chemin
Je chante, je vais de ferme en château
Je chante pour du pain je chante pour de l’eau
Je couche
Sur l’herbe tendre des bois
Les mouches
Ne me piquent pas
Je suis heureux, j’ai tout et j’ai rien
Je chante sur mon chemin
Je suis heureux et libre enfin.

Les elfes
Divinités de la nuit,
Les elfes
Couchent dans mon lit.
La lune se faufile à pas de loup
Dans le bois, pour danser, pour danser avec nous.
Je sonne
Chez la comtesse à midi :
Personne,
Elle est partie,
Elle n’a laissé qu’un peu d’riz pour moi
Me dit un laquais chinois

Je chante
Mais la faim qui m’affaiblit
Tourmente
Mon appétit.
Je tombe soudain au creux d’un sentier,
Je défaille en chantant et je meurs à moitié
« Gendarmes,
Qui passez sur le chemin
Gendarmes,
Je tends la main.
Pitié, j’ai faim, je voudrais manger,
Je suis léger… léger… »

Au poste,
D’autres moustaches m’ont dit,
Au poste,
« Ah ! mon ami,
C’est vous le chanteur vagabond ?
On va vous enfermer… oui, votre compte est bon. »
Ficelle,
Tu m’as sauvé de la vie,
Ficelle,
Sois donc bénie
Car, grâce à toi j’ai rendu l’esprit,
Je me suis pendu cette nuit… et depuis…

Je chante !
Je chante soir et matin,
Je chante
Sur les chemins,
Je hante les fermes et les châteaux,
Un fantôme qui chante, on trouve ça rigolo
Je couche,
Parmi les fleurs des talus,
Les mouches
Ne me piquent plus
Je suis heureux, ça va, j’ai plus faim,
Heureux, et libre enfin !

(Charles Trenet)

 

 

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REQUIEM POUR UN ENFANT (Anne Nantet)

Posted by arbrealettres sur 20 octobre 2021




REQUIEM POUR UN ENFANT

C’était l’automne,
tu es partie, aurais-tu donc suivi
la voie des hirondelles ?
Tu n’es pas revenue,
on aura coupé tes ailes
au seuil de l’inconnu.

C’est une histoire très ancienne,
le temps n’y pourra rien ;
un chant,
un refrain qui revient
et desserre tranquillement
les noeuds de la mémoire.

Tu es la fleur d’innocence,
tendre et douce,
mon enfant disparue,
mon soleil envolé
aux berges de l’absence.

Tu es la vague
qui murmure
des mots de marée basse
au coquillage
endormi sur la plage.

Tu es la lumière,
le mystère des matins triomphants,
un sourire transparent
à la joue mouvante des blés.

Tu es ce nuage
porté dans les bras du vent,
on dirait un oiseau pâle,
il te ressemble,
il est mon paysage,
mon rouge-gorge
en noir et blanc.

(Anne Nantet)

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Ron, ron, petit patapon (Jacqueline Milhaud)

Posted by arbrealettres sur 11 avril 2021



Vous étiez ma récréation,
Ron, ron, petit patapon.
Partie simple, petit garçon,
Sans rire et sans parler
On faisait semblant de s’aimer.

Vous aviez l’air un peu fripon
Comme le chat de la bergère
Et la vie paraissait légère
Petit tourbillon.

D’une main,
J’approchais votre visage
Du mien.

D’un pied
Je chassais les nuages
Inquiets.

Partie simple, petit garçon,
Vous étiez ma récréation.
Trois petits tours et puis s’en vont.
Grand tourbillon.

(Jacqueline Milhaud)


Illustration

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Des parties de mon corps (Rupi Kaur)

Posted by arbrealettres sur 7 mars 2021



Illustration: Rupi Kaur
    
des parties de mon corps continuent de souffrir
de la première fois qu’elles ont été touchées

(Rupi Kaur)

 

Recueil: le soleil et ses fleurs
Traduction: Sabine Rolland
Editions: NiL

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HAMLET (Nuno Jùdice)

Posted by arbrealettres sur 2 février 2021




    

HAMLET

Il y a un moment, avant le réveil, où
rêve et réalité se confondent. Certaines fois,
le sommeil empêche de faire cette distinction ;
d’autres, nous nous jugeons engagés
dans la vie sans savoir que nous ne sortons pas encore
des limbes nocturnes. Dans tous les cas,
émotions et sentiments saisissent
le corps; nous nous déplaçons d’un bord à l’autre
avec l’angoisse de cette double existence; en rien,
nous ne dominons les actions que, cependant,
nous subissons comme si quelque chose nous avait
arrachés
à notre lit. Pendant le petit déjeuner, en y
pensant, il reste déjà peu de chose
de la nuit. Ni les personnes, ni les mots,
ni les images ne nous tourmentent avec l’intensité
de naguère. Pourtant, c’est comme s’il manquait
une partie de nous-mêmes. Et, le jour, nous répétons
des gestes dont nous ignorons les destinataires;
nous entendons des phrases dont nous ne comprenons
le sens. Et nous ne savons pas, de fait,

(Nuno Jùdice)

 

Recueil: Un chant dans l’épaisseur du temps suivi de méditation sur des ruines
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard

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