Il était un musicien juif,
un Alexandre Herzevitch
qui faisait tournoyer Schubert
comme un diamant pur.
Du matin jusqu’au soir — et couac !
Ressassant la ritournelle,
la même sonate éternelle
il bassinait les oreilles…
Quoi, Alexandre Herzevitch,
dehors… il fait si noir ?
Laisse, Alexandre Serce-vitch :
Là-bas ? qu’importe va !
Que l’Italienne mignonette
tant que crisse la neige
sur ses jolis traîneaux étroits
vole après Schubert là-bas…
aux accents d’une musique de ciel
la mort ne nous fait pas peur
ni même pendre à la patère,
triste pelisse de corneille…
J’ai cherché dans l’obscurité le sommeil que j’avais perdu
je l’ai trouvé pendu à la poche de ma chemise accrochée à une patère
— recroquevillé, en quelque sorte.
Pourquoi ne prends-tu pas possession de mes yeux
et me joues-tu des tours ô toi sommeil?
Je reste là à me retourner dans mon lit
torturé par des pensées aussi éloignées que deux continents
Cela te laisse-t-il donc indifférent?
Reprends ton ombre qui glisse sur les murs
Et décampe là où la solitude s’étrangle…
(Lisandri Kola)
Traduit de l’albanais par Évelyne Noygues.
Recueil: Voix Vives de méditerranée en méditerranée Anthologie Sète 2019
Traduction:
Editions: Bruno Doucey