Posts Tagged ‘(Paul Verlaine)’
Posted by arbrealettres sur 26 mars 2021
![Alexander Sulimov (12) [1280x768]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2013/09/alexander-sulimov-12-1280x768.jpg?w=865&h=665)
La chanson des ingénues
Nous sommes les Ingénues
Aux bandeaux plats, à l’oeil bleu,
Qui vivons, presque inconnues,
Dans les romans qu’on lit peu.
Nous allons entrelacées,
Et le jour n’est pas plus pur
Que le fond de nos pensées,
Et nos rêves sont d’azur ;
Et nous courons par les prés
Et rions et babillons
Des aubes jusqu’aux vesprées,
Et chassons aux papillons ;
Et des chapeaux de bergères
Défendent notre fraîcheur
Et nos robes – si légères –
Sont d’une extrême blancheur ;
Les Richelieux, les Caussades
Et les chevaliers Faublas
Nous prodiguent les oeillades,
Les saluts et les « hélas ! »
Mais en vain, et leurs mimiques
Se viennent casser le nez
Devant les plis ironiques
De nos jupons détournés ;
Et notre candeur se raille
Des imaginations
De ces raseurs de muraille,
Bien que parfois nous sentions
Battre nos coeurs sous nos mantes
À des pensers clandestins,
En nous sachant les amantes
Futures des libertins.
(Paul Verlaine)
Illustration: Alexander Sulimov
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Posted by arbrealettres sur 6 mars 2021

Pantomime
Pierrot, qui n’a rien d’un Clitandre,
Vide un flacon sans plus attendre,
Et, pratique, entame un pâté.
Cassandre, au fond de l’avenue,
Verse une larme méconnue
Sur son neveu déshérité.
Ce faquin d’Arlequin combine
L’enlèvement de Colombine
Et pirouette quatre fois.
Colombine rêve, surprise
De sentir un coeur dans la brise
Et d’entendre en son coeur des voix.
(Paul Verlaine)
Illustration: Georges Barbier
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Posted by arbrealettres sur 4 décembre 2020

Allez, vagabonds sans trêves
Leurs jambes pour toutes montures,
Pour tous biens l’or de leurs regards,
Par le chemin des aventures
Ils vont haillonneux et hagards.
Le sage, indigné, les harangue;
Le sot plaint ces fous hasardeux;
Les enfants leur tirent la langue
Et les filles se moquent d’eux.
C’est qu’odieux et ridicules,
Et maléfiques en effet,
Ils ont l’air, sur les crépuscules,
D’un mauvais rêve que l’on fait:
C’est que, sur leurs aigres guitares
Crispant la main des libertés,
Ils nasillent des chants bizarres,
Nostalgiques et révoltés;
C’est enfin que dans leurs prunelles
Rit et pleure -fastidieux-
L’amour des choses éternelles,
Des vieux morts et des anciens dieux!
Donc, allez, vagabonds sans trêves,
Errez, funestes et maudits,
Le long des gouffres et des grèves,
Sous l’oeil fermé des paradis!
La nature à l’homme s’allie
Pour châtier comme il le faut
L’orgueilleuse mélancolie
Qui vous fait marcher le front haut.
Et, vengeant sur vous le blasphème
Des vastes espoirs véhéments,
Meurtrit votre front anathème
Au choc rude des éléments.
Les juins brûlent et les décembres
Gèlent votre chair jusqu’aux os,
Et la fièvre envahit vos membres,
Qui se déchirent aux roseaux.
Tout vous repousse et tout vous navre,
Et quand la mort viendra pour vous,
Maigre et froide, votre cadavre
Sera dédaigné par les loups!
(Paul Verlaine)
Illustration: Adolph Friedrich Erdmann von Menzel
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Posted by arbrealettres sur 20 octobre 2020
![Victor Hugo Le Pendu b384 [1280x768]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2013/09/victor-hugo-le-pendu-b384-1280x768.gif?w=687&h=900)
La nuit. La pluie. Un ciel blafard que déchiquette
De flèches et de tours à jour la silhouette
D’une ville gothique éteinte au lointain gris.
La plaine. Un gibet plein de pendus rabougris
Secoués par le bec avide des corneilles
Et dansant dans l’air noir des gigues non-pareilles,
Tandis que leurs pieds sont la pâture des loups.
Quelques buissons d’épine épars, et quelques houx
Dressant l’horreur de leur feuillage à droite, à gauche,
Sur le fuligineux fouillis d’un fond d’ébauche.
Et puis, autour de trois livides prisonniers
Qui vont pieds nus, un gros de hauts pertuisaniers
En marche, et leurs fers droits, comme des fers de herse,
Luisent à contresens des lances de l’averse.
(Paul Verlaine)
Illustration: Victor Hugo
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Posted by arbrealettres sur 4 septembre 2020

MARINE
L’océan sonore
Palpite sous l’oeil
De la lune en deuil
Et palpite encore,
Tandis qu’un éclair
Brutal et sinistre
Fend le ciel de bistre
D’un long zigzag clair,
Et que chaque lame,
En bonds convulsifs
Parmi les récifs,
Va, vient, luit et clame,
Et qu’au firmament,
Où l’ouragan erre
Rugit le tonnerre
Formidablement.
(Paul Verlaine)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 4 septembre 2020

Crépuscule du soir mystique
Le Souvenir avec le Crépuscule
Rougeoie et tremble à l’ardent horizon
De l’Espérance en flamme qui recule
Et s’agrandit ainsi qu’une cloison
Mystérieuse où mainte floraison —
Dahlia, lys, tulipe et renoncule–
S’élance autour d’un treillis, et circule
Parmi la maladive exhalaison
De parfums lourds et chauds, dont le poison
–Dahlia, lys, tulipe et renoncule–
Noyant mes sens, mon âme et ma raison,
Mêle, dans une immense pâmoison,
Le Souvenir avec le Crépuscule.
(Paul Verlaine)
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Posted by arbrealettres sur 11 juillet 2020

Dans les bois
D’autres, – des innocents ou bien des lymphatiques, –
Ne trouvent dans les bois que charmes langoureux,
Souffles frais et parfums tièdes. Ils sont heureux !
D’autres s’y sentent pris – rêveurs – d’effrois mystiques.
Ils sont heureux! Pour moi, nerveux, et qu’un remords
Épouvantable et vague affole sans relâche,
Par les forêts je tremble à la façon d’un lâche
Qui craindrait une embûche ou qui verrait des morts.
Ces grands rameaux jamais apaisés, comme l’onde,
D’où tombe un noir silence avec une ombre encor
Plus noire, tout ce morne et sinistre décor
Me remplit d’une horreur triviale et profonde.
Surtout les soirs d’été: la rougeur du couchant
Se fond dans le gris bleu des brumes qu’elle teinte
D’incendie et de sang; et l’angélus qui tinte
Au lointain semble un cri plaintif se rapprochant.
Le vent se lève chaud et lourd, un frisson passe
Et repasse, toujours plus fort, dans l’épaisseur
Toujours plus sombre des hauts chênes, obsesseur,
Et s’éparpille, ainsi qu’un miasme, dans l’espace.
La nuit vient. Le hibou s’envole. C’est l’instant
Où l’on songe aux récits des aïeules naïves…
Sous un fourré, là-bas, là-bas, des sources vives
Font un bruit d’assassins postés se concertant.
(Paul Verlaine)
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Posted by arbrealettres sur 17 juin 2020

AUTRE
CAR tu vis en toutes les femmes
Et toutes les femmes c’est toi.
Et tout l’amour qui soit, c’est moi
Brûlant pour toi de mille flammes.
Ton sourire tendre ou moqueur,
Tes yeux, mon Styx ou mon Lignon,
Ton sein opulent ou mignon
Sont les seuls vainqueurs de mon coeur.
Et je mords à ta chevelure
Longue ou frisée, en haut, en bas,
Noire ou rouge et sur l’encolure
Et là ou là — et quels repas !
Et je bois à tes lèvres fines
Ou grosses, — à la Lèvre, toute !
Et quelles ivresses en route,
Diaboliques et divines !
Car toute la femme est en toi
Et ce moi que tu multiplies
T’aime en toute Elle et tu rallies
En toi seule tout l’amour : Moi !
(Paul Verlaine)
Illustration: Charles J. Dwyer
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Posted by arbrealettres sur 17 juin 2020

L’espoir luit comme un brin de paille dans l’étable
L’espoir luit comme un brin de paille dans l’étable.
Que crains-tu de la guêpe ivre de son vol fou ?
Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou.
Que ne t’endormais-tu, le coude sur la table ?
Pauvre âme pâle, au moins cette eau du puits glacé,
Bois-la. Puis dors après. Allons, tu vois, je reste,
Et je dorloterai les rêves de ta sieste,
Et tu chantonneras comme un enfant bercé.
Midi sonne. De grâce, éloignez-vous, madame.
Il dort. C’est étonnant comme les pas de femme
Résonnent au cerveau des pauvres malheureux.
Midi sonne. J’ai fait arroser dans la chambre.
Va, dors ! L’espoir luit comme un caillou dans un creux.
Ah ! quand refleuriront les roses de septembre !
(Paul Verlaine)
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Posted in poésie | Tagué: (Paul Verlaine), âme, étable, boire, brin, caillou, cerveau, craindre, dorloter, dormir, espoir, femme, guêpe, luire, midi, paille, poudroyer, puits, résonner, rêve, refleurir, rose, s'endormir, septembre, sieste, soleil, trou | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 11 juin 2020

LES MÉFAITS DE LA LUNE
SUR
mon front, mille fois solitaire,
Puisque je dois dormir loin de toi,
La lune déjà maligne en soi,
Ce soir jette un regard délétère.
Il dit ce regard — pût-il se taire !
Mais il ne prétend pas rester coi, —
Qu’il n’est pas sans toi de paix pour moi;
Je le sais bien, pourquoi ce mystère,
Pourquoi ce regard, oui, lui, pourquoi ?
Qu’ont de commun la lune et la terre ?
Bah, reviens vite, assez de mystère !
Toi, c’est le soleil, luis clair sur moi !
(Paul Verlaine)
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