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Poésie

Posts Tagged ‘paupière’

J’ai su comment les visages se défont (Anna Akhmatova)

Posted by arbrealettres sur 23 mai 2023




    
J’ai su comment les visages se défont,
Comment on voit la teneur sous les paupières,
Comment des pages d’écriture au poinçon
Font ressortir sur les joues la douleur,
Comment les boucles noires ou cendrées
Ressemblent soudain à du métal blanc.
Le sourire s’éteint sur les lèvres dociles
Et la peur tremble dans un petit rire sec.
Si je prie, ce n’est pas pour moi seule,
Mais pour tous ceux qui ont avec moi attendu
Dans le froid féroce, ou sous la canicule,
Au pied du mur rouge, du mur aveugle.

(Anna Akhmatova)

Recueil: Quelqu’un plus tard se souviendra de nous
Traduction: Jean-Louis Backès
Editions: Gallimard

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Viendras-tu? (Elizabeth Browning)

Posted by arbrealettres sur 23 mai 2023



Illustration: Vincent Van Gogh
    
Viendras-tu? Quand je m’en irai
Où toutes douceurs sont cachées
Où ta voix, mon tendre coeur, ne
Soulèvera plus de paupières.
Pleure, ô amant,
L’amour n’est plus !
Pleure, dessous le vert cyprès,
« Les plus doux yeux qu’on vit jamais » !

(Elizabeth Browning)

Recueil: Quelqu’un plus tard se souviendra de nous
Traduction: Lauraine Jungelson
Editions: Gallimard

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PETIT MATIN (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 15 mai 2023




    
PETIT MATIN

Je te reconnaîtrai aux algues de la mer
au sel de tes cheveux aux herbes de tes mains
Je te reconnaîtrai au profond des paupières
je fermerai les yeux tu me prendras la main

Je te reconnaîtrai quand tu viendras pieds nus
sur les sentiers brûlants d’odeurs et de soleil
les cheveux ruisselants sur tes épaules nues
et les seins ombragés des palmes du sommeil

Je laisserai alors s’envoler les oiseaux
les oiseaux long-courriers qui traversent les mers
Les étoiles aux vents courberont leurs fuseaux
les oiseaux très pressés fuiront dans le ciel clair.

(Claude Roy)

Recueil: Claude Roy Poésies
Editions: Gallimard

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UNE VIE À PAS COMPTÉS (Roland Giguère)

Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023



Illustration: Pablo Picasso
    
UNE VIE À PAS COMPTÉS

Une vie entière passée en murmures
en une infinité de légers soubresauts
en peu de paroles en moindres gestes
au milieu de hordes criardes et déchaînées

une vie repliée sur quelques visages aimés
sur une paupière qui bat et se ferme à minuit
comme une persienne de bois usée
une vie lente aux roues brisées.

(Roland Giguère)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

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Toc toc toc (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 3 mai 2023



Illustration: Danièle Schulthess
    
Toc toc toc
Il pleut sur la terre;

Toc toc toc
Il fait noir et clair;

Toc toc toc
Tu bats des paupières;

Toc toc toc
Tu fais des éclairs;

Toc toc toc
Voici le tonnerre.

(Anonyme)

Recueil: Petites Comptines pour tous les jours
Editions: Nathan

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CONJUGUANT LE VERBE ÊTRE (Henrique Huaco)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023




    
CONJUGUANT LE VERBE ÊTRE

Ce que je suis, étais,
depuis bien longtemps.

Je viens depuis dedans, je viens
depuis que les choses sont.

Je porte mon enfance
dans ma poche :
amulettes,
billes,
anneaux,
un morceau de ficelle
pour attacher ma toupie
un cerf-volant dans la main.

Ma tête de chiffon surgit
en continu et se renouvelle.
Ma tête de chiffon en feu
me suit,
me poursuit
par-derrière les arbres.
Elle me guette depuis les vitres
peintes dans les collines;
dans les maïs,
avec les chevaux somnambules.

Le soir, je rencontre ma tête
dans le fond obscur des citernes.
Je suis moi, se mirant dans l’eau
la première tristesse au visage.
Je suis moi, la nuit douce et terrible
Sous les paupières.

Ce que je suis, étais,
depuis bien longtemps.

Je viens de dedans, je viens
depuis que les choses sont.

***

CONJUGANDO EL VERBO SER

Lo que soy, era,
desde hace mucho,

Vengo desde adentro, vengo
desde que las cosas son.

Traígo mi infancia
en mi bolsillo ;
amuletos,
globos,
anillos,
un pedazo de pita
para amarrar mi trompo,
un corneta de papel en la mano.

Mi cabeza de trapo surge
continuamente y se renueva.
Mi cabeza de trapo ardiendo me sigue,
me persigue
por detrás de los árboles.
Me aguaita desde los vidrios
pintado en las colinas ;
en los maizales,
junto a caballos sonámbulos.

Al anochecer encuentro mi cabeza
en el fondo oscuro de las cisternas.
Ese soy yo, mirándose en el agua,
con la primera tristeza en el restro.

Ese soy yo, con la dulce y terrible
noche bajo los párpados.
Lo que soy, era,
desde hace mucho.

Vendo desde adentro, vengo
desde que las cosas son.

Recueil: La peau du temps
Traduction: Anne-Marie Vindras
Editions: des Crépuscules

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Chocolat chaud (Virginie Colpart)

Posted by arbrealettres sur 17 avril 2023




    
chocolat chaud
sous les paupières fermées
maman

(Virginie Colpart)

Recueil: Un haïku chaque jour
Editions: Points

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FAUSSE ÉLÉGIE (Rosario Castellanos)

Posted by arbrealettres sur 12 avril 2023




    
FAUSSE ÉLÉGIE

Nous ne faisons que partager un lent désastre.
Je me vois mourir en toi, en d’autres, en tout
et pourtant je bâille et je suis distraite
comme à un spectacle ennuyeux.

Les jours se défissent,
les nuits se consument avant qu’on s’en rende compte :
ainsi finissons-nous.

Rien. Il n’y a rien
entre lever et fermer les paupières.

Mais si quelqu’un vient à naître (son annonce,
la possibilité de son imminence,
son poids de syllabes dans l’air)
il bouleverse ce qui existe,
il est plus fort que le réel
et déloge les vivants dans leur corps.

(Rosario Castellanos)

Recueil: Poésie du Mexique
Traduction: Jean-Clarence Lambert
Editions: Actes Sud

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UNE FEMME CRÉAIT LE SOLEIL (Joyce Mansour)

Posted by arbrealettres sur 10 avril 2023




    
UNE FEMME CRÉAIT LE SOLEIL

Une femme créait le soleil
En elle
Et ses mains étaient belles
La terre plongeait sous ses pieds
L’assaillant de l’haleine fertile
Des volcans
Ses narines palpitaient ses paupières se baissaient
Empesées par le lourd limon de l’oreiller
C’est la nuit
Et l’égratignure tranquille où meurt le vide haletant
Se bat se débat s’ouvre et doucement se ferme
Sur la verge dodelinante de Noé l’explorateur

(Joyce Mansour)

Recueil: Le livre d’or de la poésie française contemporaine
Editions: Marabout

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Lasse du jardin (Sappho)

Posted by arbrealettres sur 24 février 2023



Illustration: William Bouguereau
    
Lasse du jardin où je me souviens d’Elle,
J’écoute mon cœur oppressé de parfum.
Pourquoi m’obséder de ton vol importun,
Divine hirondelle ?

Tu rôdes, ainsi qu’un désir obstiné,
Réveillant en moi l’éternelle amoureuse,
Douloureuse amante, épouse douloureuse,
Ô pâle Procné !

Tu fuis sans espoir vers la rive qui t’aime,
Vers la mer aux pieds d’argent, vers le soleil.
Je hais le Printemps qui vient, toujours pareil
Et jamais le même !

Ah ! me rendra-t-il les langueurs de jadis,
L’ardente douleur des trahisons apprises,
L’attente et l’espoir des caresses promises,
Les lèvres d’Atthis ?

J’évoque le pli de ses paupières closes,
La fleur de ses yeux, le sanglot de sa voix,
Et je pleure Atthis que j’aimais autrefois,
Sous l’ombre des roses.

(Sappho)

 

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