Dans la maison des peintures
il se met à chanter
il essaie le chant
il répand des fleurs
il égaie le chant.
Le chant résonne
les grelots se font entendre
et nos sonnailles fleuries
leur répondent.
Il répand des fleurs
il égaie le chant.
Sur les fleurs chante
le superbe faisan,
son chant se déploie
à l’intérieur des eaux.
Viennent lui répondre
plusieurs oiseaux rouges
le bel oiseau rouge
chante superbement.
Ton coeur est un livre peint
tu es venu chanter
tu fais résonner les tambours
c’est toi le chanteur.
A l’intérieur de la maison du printemps
tu réjouis les gens.
Toi seul répartis
des fleurs qui enivrent
des fleurs précieuses.
C’est toi le chanteur.
A l’intérieur de la maison du printemps
tu réjouis les gens.
traduit du Nahuátl
(Miguel León-Portilla)
Recueil: Poésie du Mexique
Traduction: Jean-Clarence Lambert
Editions: Actes Sud
Battant des ailes un corbeau peint dans le ciel.
Guinzburg dans les buissons épie Arina avec ses jumelles.
Voici que son corps blanc tel un lit de plumes se révèle,
D’une main potelée elle a jeté son jupon dans la corbeille,
Voici que l’autre main gratte ses chaudes cuisses,
Voici qu’avec ses seaux dans la rivière elle se glisse,
Ondulant et s’ébrouant toute vive
Voici qu’elle ramène seaux et cuisses sur la rive.
Le corbeau peint toile sur toile avec ses ailes,
Guinzburg dans les buissons épie Arina avec ses jumelles.
***
Ворона взмахами крыла пишет в небе картину
Гинсбург в длинный бинокль смотрит в кустах на Арину,
Вот уж раздела белое тело Арина похожее на перину,
Вот уж сорочку сбросила пухлой рукою в корзину,
Вот уж рукою другого чешет жаркие бедра,
Вот уж в воду идет, неся c собою ведра,
Вот уж колыхаясь и фыркая бодро,
Из речки на берег выходят и ведра и бедра.
Ворона летая все пишет и пишет картину,
Гинсбург в длинный бинокль смотрит в кустах на Арину
(Guennadi Gor)
Recueil: Blocus
Traduction: Henri Abril
Editions: Circé
Le soleil les roseaux
La pèlerine bleue du cher douanier Rousseau
Le monde
A peine une île
Tout cet amour donné par les mains inhabiles
La fleur peinte à l’envers
Et l’envers du rideau
Et plus haut que les yeux le cil bleu d’un oiseau
Beau matin de novembre
Avec toi
Dans le cadre en bois neuf de ta chambre
Les toits glissent vers nous
L’église de Lormont tremble entre nos genoux
Plein d’enfants sous la table
La fraîcheur et la joie de la première étable
Il n’y a pas un mot de vrai dans tout le vent
Pas un mot
Mais les yeux du nouvel arrivant
Je te vois à travers un ciel inimitable
(René Guy Cadou)
Recueil: Poésie la vie entière
Traduction:
Editions: Seghers
Brumes enchanteresses
laissez monter en moi le souvenir
des antiques cités
Le soleil comme un oeil brillant accroche
les brumes épaisses
déchirant la toile de l’oubli
Je vois une coupole d’or
et la silhouette au crayon bleu des toits de la ville
un port rond comme un oeuf relié à la mer
d’où s’échappent des bateaux longs
Inondant l’azur frère de l’eau
la lumière est si forte
qu’elle en brûle d’une flamme blanche
ma pauvre mémoire
Je sais pour sûr que c’est une ville
aux rues fraîches et tortueuses
mère de nos médinas
C’est pourquoi comme une pauvresse
je reste à son seuil de lignes peintes
attendant qu’elle rouvre ses portes
Brumes enchanteresses
laissez monter en moi le souvenir
des antiques cités
Le lierre entre dans la chambre sans amour
table blanche, feuille blanche, âme blanche,
les morts du mur le regardent écrire
le lierre sait aussi qu’il faudra mourir.
Le sang glisse du coeur à la main
il appelle la vie en mots inconnus:
l’amour qu’il peint est-il pour demain
jour de soleil où tout sera nu ?
Sur les paravents du soir
les oiseaux peints les fleurs se regardent
l’homme dénude sa compagne
heureux d’être au monde
et l’histoire a la taille d’un instant
sans vaincu ni victoire
forts prénoms au bas du ciel
que la lumière paraphe.