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Il était un musicien juif, un Alexandre Herzevitch (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2021




    
Il était un musicien juif,
un Alexandre Herzevitch
qui faisait tournoyer Schubert
comme un diamant pur.

Du matin jusqu’au soir — et couac !
Ressassant la ritournelle,
la même sonate éternelle
il bassinait les oreilles…

Quoi, Alexandre Herzevitch,
dehors… il fait si noir ?
Laisse, Alexandre Serce-vitch :
Là-bas ? qu’importe va !

Que l’Italienne mignonette
tant que crisse la neige
sur ses jolis traîneaux étroits
vole après Schubert là-bas…
aux accents d’une musique de ciel
la mort ne nous fait pas peur
ni même pendre à la patère,
triste pelisse de corneille…

laisse, Alexandre Scherzo-vitch
là-bas ? qu’importe va!

***

Жил Александр Герцевич,
Еврейский музыкант, –
Он Шуберта наверчивал
Как чистый бриллиант.

И всласть, с утра до вечера,
Заученную вхруст,
Одну сонату вечную
Играл он наизусть…

Что, Александр Герцевич,
На улице темно ?
Брось, Александр Сердцевич, –
Чего там ? Все равно !

Пускай там итальяночка,
Покуда снег хрустит,
На узеньких на саночках
За Шубертом летит :

Нам с музыкой-голубою
Не страшно умереть,
Там хоть вороньей шубою
На вешалке висеть…

Все, Александр Герцевич,
Заверчено давно.
Брось, Александр Скерцевич.
Чего там ! Все равно !

(Ossip Mandelstam)

 

Recueil: Nouveaux poèmes 1930-1934
Traduction: Traduction du russe par Christiane Pighetti
Editions: Allia

    

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RESSURECTION (Mihai Beniuc)

Posted by arbrealettres sur 12 mai 2020



Illustration: Jeanne Balas
    
RESSURECTION

Les uns s’enivrent de sons,
D’autres s’enveloppent dans des couleurs;
Les uns s’entourent de courtisans,
D’autres s’enferment dans le silence;
Les uns se couvrent des pelisses du mensonge,
D’autres s’exposent dans l’aquarium de la vérité;
Les uns se font faire des palais,
D’autres restent tout nus;
Mais, en vérité, tout est transparent
Et chacun, chacun tout seul se décompose
Dans une tombe particulière
Ou dans la fosse commune.
Et à sa place
En ressuscite un autre.

(Mihai Beniuc)

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C’est habité (Werner Lambersy)

Posted by arbrealettres sur 4 août 2018



Le corps a beau oublier
jeter dessus pelisses
voluptés d’astrakan et de loutres
puis bâches
rudes toiles de tente
et même la mort par pelletées
de mottes grasses

Rien n’y fait
l’âme tire aux coutures
faufile sa lumière entre les fentes

Et c’est comme une maison
qui s’allume le soir
sous les portes et les volets


dans la nuit de nos égarements
c’est habité


dans les ténèbres du beau
brûle un feu bien présent

(Werner Lambersy)


Illustration: Suzanne Clairac

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Le portrait du Conquérant (Oktay Rifat)

Posted by arbrealettres sur 15 septembre 2016



 

Le portrait du Conquérant

Sur le dôme de Sainte-Sophie un nuage blanc,
Je regarde, il a filé. Mon chapelet couleur miel,
Jours d’ambre, les feuilles sont tombées, et l’espoir,
La pluie d’automne noeud à noeud sur la vitre descend.

À moi furent les caftans qui flottaient, à moi
L’encolure des chevaux, il n’en reste que du vent !
J’ai touché de la main les pierres des remparts,
À moi était Istanbul, les bastions pareils à moi.

Dans des plats d’or j’ai pris mes repas, j’ai bu l’eau
Dans des coupes d’or, j’ai franchi le Danube fougueux,
Moi, Sultan Mehmet, Avnî, grand par mes aigrettes.

Dans un portrait je suis un nain, ce n’est pas moi,
Mon turban, ma pelisse froide, ma rose sans parfum,
Je cherche, je me cherche par terre, follement.

(Oktay Rifat)

 

 

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