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Posts Tagged ‘Pénélope’

PÉNÉLOPE (Lucie Spède)

Posted by arbrealettres sur 5 décembre 2020



 

PÉNÉLOPE

Toujours à son métier
le ver à soie lassé
soupira : «J’en ai assez ».
Et il fila
se reposer.

(Lucie Spède)

Illustration

 

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Pétronille (René de Obaldia)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2020



Illustration: Valérie Renoux
    

Pétronille

Je suis une petite fille
Mais je mets des pantalons.
J’ai beau m’appeler Pétronille
J’aime mieux être un garçon.

Quand la crémière m’interpelle
Bonjour ma petite demoiselle »
Exprès je lui réponds
« Bonjour M’sieur Potiron. »

Quand le boucher s’écrie
« Qu’est-ce que veut aujourd’hui
Ma petite escalope ? »
Je fronce les sourcils
Et lui dis . « Du persil,
Mademoiselle Pénélope. »

Ça crée la confusion.

J’ai beaucoup d’caractère
Beaucoup de formation

Et sous mes petits airs
Se cache un grand garçon.

Je n’aime pas les filles
Aux réflexes sanguins
Moites sous les charmilles
Et pâles dans les trains.

Quand on est un garçon
On siffle dans ses doigts
On est Ali-Babas
On grimpe sur les toits.

On s’en va sur les mers
Où y’a plein de moutons.
On vole dans les airs
Avec les électrons.

Et devant ces exploits
Tout l’monde reste baba.

« Non Maman, pas ma robe, je veux mon pantalon
Ma ceinture de cuir, mon colt, mes munitions .
Je vais faire un hold-up
A Plessis-Robinson. »

(René de Obaldia)

 

Recueil: Innocentines
Traduction:
Editions: Gracet & Fasquelle

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SI TU NE M’AIMES PAS (Mihai Beniuc)

Posted by arbrealettres sur 9 juin 2020



Illustration: Titien
    
SI TU NE M’AIMES PAS

Si tu ne m’aimes pas,
Je suis le Pharaon
Qui voit ses armées englouties
Par la Mer Rouge.
Si tu ne m’aimes pas,
Je suis Sisyphe
Qui remonte sans trêve son rocher
Au long de la montagne,
Pour à chaque fois, le voir dévaler.
Si tu ne m’aimes pas,
Je suis Tantale,
L’éternel assoiffé de l’eau
Qui s’éloigne de ses lèvres.
Si tu ne m’aimes pas,
Je suis Ulysse
Que Pénélope n’attend pas
En tissant, défaisant la toile de l’amour.
Si tu ne m’aimes pas,
Je suis Orphée,
Sans Eurydice.
Si tu ne m’aimes pas,
Aie donc au moins pitié
Et laisse-moi rester dans l’enfer de ton coeur
Pour les siècles des siècles.

(Mihai Beniuc)

 

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LE FIL (Kathleen Raine)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2018




    
LE FIL

Seule la vierge connaît l’histoire de la vie,
Le mythe implicite dans le bourgeon soyeux
Dont les feuilles sont les pages jamais ouvertes du coeur.

Les filandres de son rêve flottent dans la nuit;
Leurs fils fragiles portent la somnambule
(Que nul n’éveille ma bien-aimée, ou elle est perdue).

Quand l’ange est venu elle connaissait son visage
Et à une question étrange de l’étranger
Elle donna la réponse de tout temps prédestinée.

Les jeunes araignées tissent d’abord des toiles parfaites
Puis avec l’âge leur travail devient moins sûr.
La vieillesse tisse des haillons, des lambeaux, des loques.

Mater Dolorosa, à la fin d’un mythe usé,
Se souvenant du passé, mais non du futur,
A perdu son fil, telle une vieille araignée.

Car le temps nous défait, l’obscurité efface
Les figures du rouet nocturne de Pénélope.
Les étoiles qui tournent cassent les fils ténus de la rêverie
Et la vieille fileuse emmêle ses écheveaux de mort.

***

THE CLUE

Only the virgin knows the life story,
The myth implicit in the silk-spun bud
Whose leaves are the unopened pages of the heart.

The gossamer of her dream frets out across the night;
Its fragile thread upholds the somnambulist —
(Let none awaken my beloved, or she is lost)

When the ange’ came, she knew his face
And to the stranger asking a strange thing
Gave the answer predestined before time.

Young spiders weave at first their perfect webs,
Later, less certain, they weave worse.
Old age spins tattered cobwebs, rags and shreds.

Mater Dolorosa, at the end of a spent myth,
Remembering the part, but not the future,
Has lest ber due, like an old spider,

For time undoes us, darkness defaces
The figures of Penelope’s night loom.
Revolving stars wind up the tenuous threads of day-dream
And the old spinner ravels skeins of death.

(Kathleen Raine)

 

Recueil: Sur un rivage désert
Traduction: Marie-Béatrice Mesnet et Jean Mambrino
Editions: Granit

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Un poil dans l’âme (Jean-Michel Robert)

Posted by arbrealettres sur 5 septembre 2017



Un poil dans l’âme

Il s’est souvent demandé
si sa fatigue

liberté ceci
volonté cela

et maladie
et patata

il n’a toujours pas
trouvé de réponse

trop fatigué

*

Depuis le big-bang
ce long chemin étoilé
vers la conscience humaine

Tout ça m’a épuisé

se dit-il en tapotant
l’édredon

*

Son cauchemar
bien sûr
escalader l’Everest

Son rêve
tomber infiniment
dans la facilité

Entre les deux
la vaisselle sale s’entasse

*

Pour trouver
la sérénité
le fainéant ne fouille pas les poubelles
de ces philosophies
plus ou moins exotiques

Un bon canapé lui suffit
il reste ainsi des heures
vautré
dans son plus beau sourire

tandis que son esprit essaye
un un
tous les coussins de l’absolu

*

Si vraiment l’avenir
appartient à ceux
qui se lèvent tôt

le reste
appartient aux autres

Franchement
l’affaire
le fainéant la trouve
plutôt bonne

*

Des rêves de grandeur
il n’en nourrit
que pour son lit

Pour le reste
il veut bien
vivre en chien de fusil

*

Pour la beauté
c’est différent
Il n’a qu’à se laisser
transporter

*

De la fenêtre de sa chambre
des heures durant
il admire
l’élévation patiente
l’orgueil
la noblesse des arbres

Les arbres

la seule élite
respectable

*

Rien ne sert de courir

Nul besoin de fable
pour en persuader le fainéant

qui ajoute volontiers
rien ne sert de partir
rien ne sert d’arriver
ce pâté de lièvre est excellent

*

Évidemment
il grossit

rajoute chaque jour
un peu de gras

entre le monde et lui

*

Il n’est pas pour autant
pressé de mourir

Le sommeil
à de telles profondeurs
ne le tente pas encore

Nul n’est parfait

*

Faire son marché
suffit à épuiser
son besoin d’aventure

Dans le cabas
son odyssée
pèse moins que la laitue

D’ailleurs sa Pénélope
supporte mal
les attentes prolongées

*

Sa ligne de conduite
n’exige
qu’une géométrie minimale

Pourquoi perdre son temps
le long des droites
des courbes ou des brisées ?

Dormir
est le plus court chemin
d’un point au même point

*

Il s’affale
dans son fauteuil
gauloise
dans une main
verre
dans l’autre

Vingt heures
la télé
l’informe
de la santé
du monde

Écoutez
dans le whisky
le bonheur
fait craquer
les glaçons

(Jean-Michel Robert)

 

 

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Les Plaisirs du Reniement (Marie-Anne Bruch)

Posted by arbrealettres sur 5 janvier 2017



Les Plaisirs du Reniement

J’ai jeté ce matin mes robes démodées
Et les autres habits dont jadis je rêvais ;
L’espace d’une nuit et de quelques ondées
Mes livres préférés sont devenus mauvais.

J’ai sauté par dessus mes meilleures idées,
Suis passée à côté du peu que je savais ;
Mes questions d’hier sont ce soir éludées
Et j’efface mes pas des endroits où je vais.

Je détruis mes travaux, en sage Pénélope,
Plus vite que le Temps qui cependant galope,
Et chaque jour qui vient c’est ainsi que j’agis.

J’adore mes amis pourvu que nul ne reste,
Et rien de ce que j’ai n’échappe à ce gâchis,
Même pas mon amour, qu’aujourd’hui je déteste.

(Marie-Anne Bruch)

Découvert ici: Lucarne Poétique

Illustration: Helene Knoop

 

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Si J’avais les jours à compter (Valérie Rouzeau)

Posted by arbrealettres sur 31 décembre 2016



Si J’avais les jours à compter je marquerais soir après
soir mes petites croix de récompense
Je tiendrais des mois des saisons mon calendrier de
forçat mon agenda de Pénélope
Ca me ferait ni chaud ni froid juillet janvier en
solitaire je traverserais les années
Si grand d’amour était en vue ou à revenir quel beau jour
je l’appellerais mon cher Ulysse et puis je choisirais
la danse plutôt que la tapisserie
Je bouserais les mauvais génies en faisant jazzer mon seul coeur
Je mettrais le chagrin en boîte avec un jeu de mots facile
Je trangerais l’éternité pour en découdre avec les nuits
tchatchatchatcherais jusqu’au matin dans une autre
histoire aussi vrai si j’avais de quoi de l’espoir

(Valérie Rouzeau)

Illustration: Gilbert Garcin

 

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PÉNÉLOPE (Sophia de Mello Breyner Andresen)

Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2016



PÉNÉLOPE

je défais pendant la nuit les mailles du chemin.
Je n’ai point tissé la vérité,
Mais le temps, pour remplir ce temps si mort.
Et chaque jour je m’éloigne et chaque nuit je me rapproche.

***

PENÉLOPE

Desfaço durante a noite o meu caminho.
Tudo quanto teci não é verdade,
Mas tempo, para ocupar o tempo morto,
E cada dia me afasto et cada noite me aproximo.

(Sophia de Mello Breyner Andresen)

 

 

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Ulysse (Louis Guillaume)

Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2016



Ulysse

– Ulysse, Ulysse, arrête-toi,
Écoute la voix des sirènes
Plonge, va trouver notre reine,
Dans son palais, deviens le roi
Mais Ulysse préfère au toit
Des vagues celui des nuages,
Dans la direction d’Ithaque
Son regard reste fixé droit

Et les filles aux longs cheveux
Ont beau nager dans son sillage,
Il demeure sourd, il ne veut

Que la chanson, que le visage
Conservé au fond de ses yeux,
De Pénélope toujours sage.

(Louis Guillaume)

Illustration: Herbert James Draper

 

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