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Poésie

Posts Tagged ‘pensée’

FLORILÈGE (Rosemonde Gérard)

Posted by arbrealettres sur 5 juin 2023




    
FLORILÈGE (extrait)

[…]

Pardon ! Pardon Si j’en oublie…
J’en vois encor sur le chemin,
Et des livres de poésie
Resplendissent entre leurs mains.

Ah! Je voudrais les garder toutes
Dans ce jardin que je construits,
Car si parfois je les écoute,
Je les entends mieux aujourd’hui.

[…]

Je veux que la plus effacée,
La plus oubliée aujourd’hui,
Sente, un instant, que ma pensée
À côté d’elle me conduit,

Et sache, la pauvre petite,
Qu’en terminant j’écris tout bas,
– Comme une fleur qu’on ressuscite –
Son nom, que je ne connais pas !

(Rosemonde Gérard)

Recueil: Les Muses Françaises
Editions: Fasquelle

Recueil: Je serai le FEU (Diglee)
Editions: La ville brûle

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JE SUIS VERTICALE (Sylvia Plath)

Posted by arbrealettres sur 23 mai 2023




    
JE SUIS VERTICALE

Mais je voudrais être horizontale.
Je ne suis pas un arbre dont les racines en terre
Absorbent les minéraux et l’amour maternel
Pour qu’à chaque mars je brille de toutes mes feuilles,
Je ne suis pas non plus la beauté d’un massif
Suscitant des Oh et des Ah et grimée de couleurs vives,
Ignorant que bientôt je perdrai mes pétales.
Comparés à moi, un arbre est immortel
Et une fleur assez petite, mais plus saisissante,
Et il me manque la longévité de l’un, l’audace de l’autre.

Ce soir, dans la lumière infinitésimale des étoiles,
Les arbres et les fleurs ont répandu leur fraîche odeur.
Je marche parmi eux, mais aucun d’eux n’y prête attention.
Parfois je pense que lorsque je suis endormie
Je dois leur ressembler à la perfection —
Pensées devenues vagues..
Ce sera plus naturel pour moi, de reposer.

Alors le ciel et moi converseront à coeur ouvert,
Et je serai utile quand je reposerai définitivement:
Alors peut-être les arbres pourront-ils me toucher,
et les fleurs m’accorder du temps.

(Sylvia Plath)

Recueil: Quelqu’un plus tard se souviendra de nous
Traduction: Françoise Morvan et Valérie Rouzeau
Editions: Gallimard

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COMME UN LABOUR (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 13 mai 2023




    
COMME UN LABOUR

Je me revois au coeur d’une maison d’amour
Où mon père et ma mère à l’intuitive flamme
Nous chérissaient des yeux en éduquant notre âme
Sachant la cultiver comme on fait au labour.
Très sûrs d’enraciner en elle l’espérance
Montraient qu’en toute vie apparaît la souffrance
Leur exemple entraînait bien mieux qu’un long discours
Si même au fil des ans subsiste un long parcours.
Oui, près d’eux je reviens comme pour rajeunir
Accorder ma pensée et refaire ma force
Rien ne semble plus fort qu’un vivant souvenir
Tant fut marqué mon cœur en sa première écorce…

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

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NE PAS MANQUER D’AMOUR (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 12 mai 2023




    
NE PAS MANQUER D’AMOUR

On peut manquer d’argent, mais un manque d’amour
Brise un plus beau miroir au soleil de la vie

On peut manquer de pain, mais un manque d’amour
Vous retient affamé même à table servie

On peut manquer de sel, mais un manque d’amour
Fait d’un goût insipide un festin indigeste

On peut manquer de vin, mais un manque d’amour
Rend plus triste le coeur et la main et le geste

On peut manquer d’espoir, mais un manque d’amour
Attache à notre coeur un épine plus rude

On peut manquer d’amis, mais un manque d’amour
Est le pire désert dans l’âpre solitude

On peut manquer de feu, mais un manque d’amour
Recouvre le foyer de bûches consumées

On peut manquer de fleurs, mais un manque d’amour
Partout dans la maison rend sombres les pensées

On peut manquer de tout,
mais il nous faut l’amour !

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

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PENSEE (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 12 mai 2023




    
PENSEE

Du destin de la vie à la simple clairière
Si nous allions entendre un silence parler
De la joie intérieure un ciel nous consoler
Tendre ami de nos cœurs en la rose bruyère.

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

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Chaque soir laissez la porte entrouverte (Claude Esteban)

Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023




    
Chaque soir laissez la porte entrouverte,
il se pourrait qu’un souffle d’air veuille entrer
et avec lui peut-être un papillon de nuit, une feuille

tant de choses peuvent renaître
si le temps se promène à son gré
dans le noir des chambres

et s’attarde sur un miroir ou dessine
dans la tête de celui qui dort une autre pensée

le temps n’aime pas les portes
qui se referment pour se rouvrir au matin
comme si l’homme depuis toujours
disposait des heures qui tournent.

(Claude Esteban)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

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Vais à la fontaine (Bernard Noël)

Posted by arbrealettres sur 24 avril 2023




    
vais à la fontaine chercher de l’eau fraîche
croisé un tas de coquilles de noisettes
la pensée de l’écureuil chasse un instant
la pensée de l’impensable

(Bernard Noël)

Recueil: Le reste du voyage et autres poèmes

Editions: Points

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Derrière la peau de pierre (Bernard Noël)

Posted by arbrealettres sur 24 avril 2023




    
Derrière la peau de pierre
on a une pensée pour l’invisible
et comme un coin
on l’enfonce dans le présent.

(Bernard Noël)

Recueil: Le reste du voyage et autres poèmes

Editions: Points

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Le pastoureau (Saint Jean de la Croix)

Posted by arbrealettres sur 18 avril 2023




Illustration: Georges Paul François Laurent Laugée
    
Le pastoureau

Un pastoureau, seul, est en peine,
loin de tout plaisir et contentement,
en sa pastourelle la pensée fixée,
et le coeur d’amour très blessé.

Ne pleure pas que l’amour l’ait meurtri,
car il n’a peine ainsi d’être affligé,
bien qu’en son coeur il soit blessé :
il pleure à la pensée de se voir oublié.

Car rien qu’à la pensée d’être oublié
de sa belle bergère, en grande peine,
en terre étrangère se laisse maltraiter,
le coeur de l’amour fort blessé.

Et le pastoureau dit : « Ah ! malheur
à qui de mon amour s’est fait absent,
et ne veux pas jouir de ma présence
et de mon coeur par son amour blessé ! »

***

El pastorcico

Un pastorcico solo está penado,
ajeno de placer y de contento,
y en su pastora puesto el pensamiento,
y el pecho del amor muy lastimado.

No llora por haberle amor llagado,
que no le pena verse así afligido,
aunque en el corazón está herido ;
mas llora por pensar que está olvidado.

Que sólo de pensar que está olvidado
de su bella pastora, con gran pena,
se deja maltratar en tierra ajena,
el pecho del amor muy lastimado.

Y dice el pastorcico : ¡Ay desdichado
de aquel que de mi amor ha hecho ausencia,
y no quiere gozar la mi presencia
y el pecho por su amor muy lastimado!

Y a cabo de un gran rato se ha encumbrado
sobre un árbol, do abrió sus brazos bellos,
y muerto se ha quedado, asido de ellos,
el pecho del amor muy lastimado.

(Saint Jean de la Croix)

Recueil: Jean de la Croix L’oeuvre poétique
Traduction: de l’espagnol par Bernard Sesé
Editions: Arfuyen

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Celui qui a entendu mes vers (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 9 avril 2023




    
Celui qui a entendu mes vers m’a dit :
« En quoi est-ce nouveau ?
Tout le monde sait bien
qu’une fleur est une fleur
et qu’un arbre est un arbre. »

Mais moi j’ai répondu :
« Ah non, pas tout le monde,
personne. »

Car tout le monde aime les fleurs
parce qu’elles sont belles,
et pour moi c’est différent.
Et tout le monde aime les arbres
parce qu’ils sont verts et donnent de l’ombre,
mais pas moi.

moi j’aime les fleurs
parce qu’elles sont fleurs,
directement.
moi j’aime les arbres
parce qu’ils sont arbres,
sans ma pensée.

(Fernando Pessoa)

Recueil: Poèmes païens
Traduction: du Portugais par M. Chandeigne , P. Quillier et M. A. Camara Manuel
Editions: Points

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