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Poésie

Posts Tagged ‘permanent’

Les vers (Varlam Chalamov)

Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2022



Illustration: Xavier de Fraissinette
    
Les vers – ce n’est pas que le reflet
En petit des grands événements,
Ils sont pour déplacer cette terre,
Un levier soudain trouvé.

Les vers – ce n’est pas qu’une illumination,
Une lanterne dans les brumes et ténèbres.
Ils sont la création en mouvement
Permanent et l’obstination du rêve.

Les vers c’est toujours une note d’enfance,
En même temps que la douleur d’hier,
C’est la quenouille artisanale
Qu’on a reçue en héritage.

(Varlam Chalamov)

 

Recueil: Cahiers de La Kolyma
Traduction: du russe par Christian Mouze
Editions: Maurice Nadeau

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Nirvâna (Sri Aurobindo)

Posted by arbrealettres sur 5 janvier 2021



Illustration
    
Nirvâna

Tout est aboli, hormis le Seul muet.
Le mental affranchi de la pensée et le coeur de la peine
deviennent dès lors étonnamment inexistants ;
il n’y a plus ni Je, ni Nature, connu-inconnu.
La ville, théâtre d’ombres sans couleur,
flotte et tremble, irréelle ; des formes sans relief
passent comme de vagues silhouettes dans un film ; tel un récif
sombrant dans les abysses sans rivage, le monde n’existe plus.

Le Permanent illimitable, seul,
est ici. Une Paix prodigieuse, sans visage, immobile
remplace tout — ce qui naguère était Je, est en Elle
un vide sans nom, silencieux, satisfait
de disparaître dans l’Inconnaissable
ou de plonger dans l’extase des mers lumineuses de l’Infini.

(Sri Aurobindo)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust

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Déclaration (Georges Moustaki)

Posted by arbrealettres sur 24 octobre 2019



Didier Delamonica - French Mystical Fantasy painter -    (37) [1280x768]
Illustration: Didier Delamonica
    
Déclaration

Je déclare l´état de bonheur permanent
Et le droit de chacun à tous les privilèges.
Je dis que la souffrance est chose sacrilège
Quand il y a pour tous des roses et du pain blanc.
Je conteste la légitimité des guerres,
La justice qui tue et la mort qui punit,
Les consciences qui dorment au fond de leur lit,
La civilisation au bras des mercenaires.
Je regarde mourir ce siècle vieillissant.
Un monde différent renaîtra de ses cendres
Mais il ne suffit plus simplement de l´attendre :
Je l´ai trop attendu. Je le veux à présent.
Que ma femme soit belle à chaque heure du jour
Sans avoir à se dissimuler sous le fard
Et qu´il ne soit plus dit de remettre à plus tard
L´envie que j´ai d´elle et de lui faire l´amour.
Que nos fils soient des hommes, non pas des adultes
Et qu´ils soient ce que nous voulions être jadis.
Que nous soyons frères camarades et complices
Au lieu d´être deux générations qui s´insultent.
Que nos pères puissent enfin s´émanciper
Et qu´ils prennent le temps de caresser leur femme
Après toute une vie de sueur et de larmes
Et des entre-deux-guerres qui n´étaient pas la paix.

Je déclare l´état de bonheur permanent
Sans que ce soit des mots avec de la musique,
Sans attendre que viennent les temps messianiques,
Sans que ce soit voté dans aucun parlement.

Je dis que, désormais, nous serons responsables.
Nous ne rendrons de compte à personne et à rien
Et nous transformerons le hasard en destin,
Seuls à bord et sans maître et sans dieu et sans diable.

Et si tu veux venir, passe la passerelle.
Il y a de la place pour tous et pour chacun
Mais il nous reste à faire encore du chemin
Pour aller voir briller une étoile nouvelle.

Je déclare l´état de bonheur permanent.

(Georges Moustaki)

 

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L’INTERHUMAIN (Jean Rousselot)

Posted by arbrealettres sur 6 avril 2019




    
L’INTERHUMAIN

Tous les abonnés sont absents. Qu’ils disent.
Par la voix d’une indulgente aux griffes rouges, qui promet,
ça n’engage à rien, de transmettre mon message.

Non, non, pas de message ! Je voulais seulement leur dire… leur dire…

Leur dire que je suis là. Avec le vent. Avec le temps. Avec le sang. Que je suis là, battant.

Avec deux T, comme une porte ouverte ?

Va pour la porte ouverte !
O Dieu femelle en ton standard ! Peut-être ai-je mis la main sur ta cuisse, un jour, au cinéma.
Tu sens la permanente, j’entends grouiller ton ventre.

Et dire qu’il faut en passer par là. Toujours par là !
Raccrochez donc, Essence du Monde !

(Jean Rousselot)

 

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Les empressés (Rainer Maria Rilke)

Posted by arbrealettres sur 4 avril 2019



 

Maggie Taylor - Garden

Les empressés nous sommes,
Mais la marche du temps,
tenez-là comme rien
au sein du permanent toujours.

tout ce qui est vitesse
ne sera que déjà passé ;
car c’est ce qui séjourne
qui seul nous initie.

Jeunesse, oh ! ne le jette pas
ton cœur dans la rapidité
pas aux tentatives du vol.

L’obscur et la clarté,
la fleur comme le livre :
tout est repos.

***

Wir sind die Treibenden.
Aber den Schritt der Zeit,
nehmt ihn als Kleinigkeit
im immer Bleibenden.

Alles das Eilende
wird schon vorüber sein ;
denn das Verweilende
erst weiht uns ein.

Knaben, o werft den Mut
nicht in die Schnelligkeit,
nicht in den Flugversuch.

Alles ist ausgeruht :
Dunkel und Helligkeit,
Blume und Buch.

(Rainer Maria Rilke)

Illustration: Maggie Taylor

 

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De vous, par vous (Emmanuelle Le Cam)

Posted by arbrealettres sur 10 juillet 2018



Illustration: Auguste Rodin
    
De vous, par vous,
voie royale
vers les mots.

Permanent souvenir.

Tatouage.

(Emmanuelle Le Cam)

 

Recueil: Unique demeure
Traduction:
Editions: Le dé bleu

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Lorsque tu examines le monde (Boddhisattva Mahâmati)

Posted by arbrealettres sur 28 juin 2018




    
Lorsque tu examines le monde avec ta sagesse et ta compassion,
il est pour toi comme la fleur de l’éther,
dont nous ne pouvons dire si elle est créée ou évanescente,
car les catégories de l’être et du non-être lui sont inapplicables.

Lorsque tu examines toutes choses avec ta sagesse et ta compassion,
elles sont au-delà du mental et de la conscience,
car les catégories de l’être et du non-être leur sont inapplicables.

Lorsque tu examines le monde avec ta sagesse et ta compassion,
il est éternellement comme un rêve,
dont nous ne pouvons dire s’il est permanent ou sujet à la destruction,
car les catégories de l’être et du non-être lui sont inapplicables.

(Boddhisattva Mahâmati)

 

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Un entier effet de la grâce (Albert Camus)

Posted by arbrealettres sur 19 mai 2018



Jeune, je demandais aux êtres plus qu’ils ne pouvaient donner :
une amitié continuelle, une émotion permanente.

Je sais leur demander maintenant moins qu’ils peuvent donner :
une compagnie sans phrases.

Et leurs émotions, leur amitié, leurs gestes nobles
gardent à mes yeux leur valeur entière de miracle :
un entier effet de la grâce.

(Albert Camus)

Illustration: Bernard Rolland 

 

 

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Souveraine (Béatrice Douvre)

Posted by arbrealettres sur 18 avril 2018



Illustration: Alexander Nedzvetskaya
    
Souveraine

Parente
Et souveraine de l’exil
Un grand désordre d’astres te comblait

De tes pas nus tu froisses les oiseaux du serment
Et je suis la mesure éclaircie de tes mains
Je suis dans la fragilité des vergers
Sous les pas
Et toi le souvenir aggravé de la lumière

Un arbre permanent servait ton grand courage
Et tu es parmi ceux pensifs et abrasés
Qui ont sombré plus bas
Que la rosée d’été qui meurt sous l’orage

Parente et souveraine la nuit te dit l’ardente
Tes pas nus sont au-delà des forêts les plus sombres

Ils traversent ma voix avec un chant du monde
Aux limites de ma voix de roches
Et de pensées.

(Béatrice Douvre)

 

Recueil: Oeuvre poétique
Traduction:
Editions: Voix d’Encre

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C’est tout près des rails que j’habite (Attila Jozsef)

Posted by arbrealettres sur 23 mars 2018



C’est tout près des rails que j’habite,
près du va-et-vient permanent
des vitres de ces trains en fuite
dans le vent nocturne ondoyant.
Dans la nuit éternellement,
Foncent les jours qui se font suite.
Dans chacun des compartiments
c’est moi qui m’accoude et médite.

(Attila Jozsef)

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