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ÉPITAPHE (Nuno Jùdice)

Posted by arbrealettres sur 2 février 2021




    
ÉPITAPHE

Ils moururent de l’épidémie, les meilleurs : les uns,
la peste les emporta; d’autres, la grippe que l’on
appela espagnole ; et il y eut ceux de la
danse de Saint-Guy ; ceux de la lèpre, ceux de la
phtisie, galopante ou non. Et cela, quand
ils ne se tiraient pas un coup de feu dans la tête, ne se
pendaient pas à un réverbère, ne se jetaient pas
dans le fleuve. Il y eut encore ceux qui cessèrent
d’écrire; ceux qui burent jusqu’à perdre
la raison ; ceux qui, purement et simplement,
renoncèrent sans explication. Comme si
la vie dépendait de si peu —
des lignes griffonnées sur du papier brouillon,
des phrases qui pouvaient rimer ou non,
des pensées… qu’ils auraient pu
garder pour eux-mêmes. Cependant,
quand je les lis, je comprends leur
désespoir. La beauté n’apparaît pas
tous les jours aux yeux d’un homme;
la perfection ne paraît pas toujours
une chose de ce monde. Oui :
je monte les escaliers jusqu’en haut,
d’où l’on voit la ville, bien que
le temps soit à la tempête. Que
se passe-t-il, en cet instant, sous
ces toits ? Quelle épidémie, plus
subtile, saisit au sol ceux qui,
naguère encore, rêvaient de s’envoler?

(Nuno Jùdice)

 

Recueil: Un chant dans l’épaisseur du temps suivi de méditation sur des ruines
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard

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À CÉLIMÈNE (Alphonse Daudet)

Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2020



Illustration: Konstantin Razumov
    

À CÉLIMÈNE.

Je ne vous aime pas, ô blonde Célimène,
Et si vous l’avez cru quelque temps, apprenez
Que nous ne sommes point de ces gens que l’on mène
Avec une lisière et par le bout du nez ;
Je ne vous aime pas…depuis une semaine,
Et je ne sais pourquoi vous vous en étonnez.

Je ne vous aime pas ; vous êtes trop coquette,
Et vos moindres faveurs sont de mauvais aloi ;
Par le droit des yeux noirs, par le droit de conquête,
Il vous faut des amants. (On ne sait trop pourquoi.)
Vous jouez du regard comme d’une raquette ;
Vous en jouez, méchante…et jamais avec moi.

Je ne vous aime pas, et vous aurez beau faire,
Non, madame, jamais je ne vous aimerai.
Vous me plaisez beaucoup ; certes, je vous préfère
À Dorine, à Clarisse, à Lisette, c’est vrai.
Pourtant l’amour n’a rien à voir dans cette affaire,
Et quand il vous plaira, je vous le prouverai.

J’aurais pu vous aimer ; mais, ne vous en déplaise,
Chez moi le sentiment ne tient que par un fil…
Avouons-le, pourtant, quelque chose me pèse :
En ne vous aimant pas, comment donc se fait-il
Que je sois aussi gauche, aussi mal à mon aise
Quand vous me regardez de face ou de profil ?

Je ne vous aime pas, je n’aime rien au monde ;
Je suis de fer, je suis de roc, je suis d’airain.
Shakespeare a dit de vous : « Perfide comme l’onde » ;
Mais moi je n’ai pas peur, car j’ai le pied marin.
Pourtant quand vous parlez, ô ma sirène blonde,
Quand vous parlez, mon cœur bat comme un tambourin.

Je ne vous aime pas, c’est dit, je vous déteste,
Je vous crains comme on craint l’enfer, de peur du feu ;
Comme on craint le typhus, le choléra, la peste,
Je vous hais à la mort, madame ; mais, mon dieu !
Expliquez-moi pourquoi je pleure, quand je reste
Deux jours sans vous parler et sans vous voir un peu.

(Alphonse Daudet)

 

Recueil: Les amoureuses
Traduction:
Editions:

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AMRUTLAL (Udayan Thakker)

Posted by arbrealettres sur 8 novembre 2020




    
Poem in French, Dutch, Spanish, English, Italian, German, Portuguese, Sicilian, Romanian, Polish, Greek, Chinese, Arab, Hindi, Japanese, Farsi, Bulgarian, Icelandic, Russian, Filipino, Hebrew, Tamil, Kurdish, Bangla, Irish, Gujarati

Poem of the Week Ithaca 651
« Amrutlal », Udayan Thakker, India

– All translations are made in collaboration with Germain Droogenbroodt –

***
AMRUTLAL *

A l’encre verte, parfois rouge,
Amrutlal écrivit ses poèmes,
de façon soignée, d’un trait élégant,
dans un journal relié en cuir.
Parfois il avait un cauchemar
qu’il mourait de la peste
que ses poèmes ne seraient jamais publiés,
jamais découverts

Mais Amrutlal vécut une longue vie
(Il était mon ami)
Durant sa vie il vit
la naissance de ses Poèmes Réunis
il vit aussi
leur vieillesse et leur fin.

* Nom d’une personne (littéralement ‘ Immortel’)

(Udayan Thakker)

Traduction Elisabeth Gerlache
Translation into French by Elisabeth Gerlache

***

AMRUTLAL *

Met groene inkt, soms met rode,
schreef Amrutlal zijn gedichten neer,
zeer zorgvuldig, in keurig handschrift,
in een in leder gebonden dagboek.
Soms had hij een nachtmerrie
dat hij stierf aan de pest
dat zijn gedichten nooit gepubliceerd,
nooit ontdekt zouden worden

Maar Amrutlal leefde een lang leven.
(Hij was mijn vriend.)
Tijdens zijn leven zag hij
de geboorte van zijn Verzamelde Gedichten,
hij zag ook
hoe ze verouderden en stierven.

* Naam van een persoon (Letterlijk ‘Onsterfelijk’).

Vertaling Germain Droogenbroodt
Translation into Dutch by Germain Droogenbroodt

***

AMRUTLAL *

Con tinta verde, a veces con roja,
escribía Amrutlal sus poemas
con mucho cuidado, con una escritura limpia
en un diario encuadernado en cuero.
A veces tenía esta pesadilla
que murió de la peste
que sus poemas nunca fueron publicados
ni siquiera se encuentra

Pero Amrutlal vivió una larga vida.
(Era mi amigo.)
Durante su vida vio
el nacimiento de su Colección de Poemas,
también los vio
envejecer y morir.

* Nombre de una persona. (Literalmente, Immortal)

Traducción Germain Droogenbroodt

***

AMRUTLAL *

With green ink, sometimes with red,
Amrutlal would very carefully, in neat handwriting,
write down his poems
in a leather-bound diary.
Sometimes he had a nightmare
that he died of the plague,
that his poems were never published
not even found.

But Amrutlal lived a long life.
(He was my friend.)
During his lifetime,
he sawthe birth of his Collected Poems.
But he also saw them
age and die.

* Name of a person. (Literally, ‘Immortal.’)

Translation Udayan Thakker – Stanley Barkan

***

AMRUTLAL *

Con inchiostro verde, o a volte rosso,
Amrutlal con attenzione, con calligrafia chiara,
scriveva le sue poesie
su un diario dalla copertina di pelle.
A volte sognava
di morire di peste,
e che le sue poesia non sarebbero state pubblicate
nemmeno mai trovate.

Ma Amrutlal visse lunghi anni.
(era un mio amico.)
nel corso della sua vita,
vide la nascita delle suePoesie scelte.
Ma le vide anche
invecchiare and morire.

* nome proprio il cui significato letterale è Immortale

Traduzione Luca Benassi
Translation into Italian by Luca Benassi

***

Amrutlal *

Mit grüner, manchmal mit roter Tinte,
schrieb Amrutlal seine Gedichte nieder
sehr sorgfältig, in sauberer Handschrift,
in einem ledergebundenen Tagebuch.
Manchmal hatte er diesen Albtraum
dass er an der Pest starb,
dass seine Gedichte nie veröffentlicht,
nie entdeckt wurden.

Aber Amrutlal lebte ein langes Leben.
(Er war mein Freund.)
In diesen Jahren sah er
die Geburt seiner Gesammelten Gedichte,
er sah sie auch
altern und sterben.

* Name einer Person, (Wörtlich “Unsterblich“’).

Übersetzung Wolfgang Klinck
Translation into Germain by Wolfgang Klinck

***

AMRUTLAL *

Com tinta verde, às vezes vermelha,
Amrutlal escrevia os seus poemas
com muito cuidado, a escritura limpa,
num diário encadernado em couro.
Tinha muitas vezes este pesadelo:
tinha morrido da peste
sem que os seus poemas fossem publicados
nem encontrados jamais

Mas Amrutlal sobreviveu muitos anos.
(Foi meu amigo)
em vida pode ver
o nascimento de sua Antologia de poemas,
também os viu
envelhecer e morrer.

Tradução ao português: José Eduardo Degrazia
Translation into Portuguese by José Eduardo Degrazia

***

AMRUTLAL *

Cu nchiostru virdi, quacchi vota russu,
Amrutlal scriveva lentamenti
e cu calligrafia pulita
li so puisii
nta nu diariu
câ cupertina di peddi.
Quacchi vota ci vineva
un incubu unni iddu mureva di la pesti
eunni li so puisii non vinevanu mai pubblicati
e mancu truvati.

Ma Amrutlal appi na vitalonga
(era un amicu)
Mentri era ancora vivu
Vitti la nascita di li so Puisii Cugghiuti.
Ma li vitti puru
nvicchiari e moriri.

Traduzioni in sicilianu di Gaetano Cipolla
Translation into by Gaetano Cipolla

***

AMRUTLAL *

Cu cerneală verde, uneoriroșie
și-a scris cândvaAmrutlal poeziile,
trecându-le pe curat, foarte atent,
într-un jurnal legat în piele.
Îl bântuia,din când în când,coșmarul
că ar muri de ciumă, timpuriu,
iar poeziilesale ar rămâne
uitate, nedescoperite.

Dar Amrutlal a avut viață lungă.
(Mi-a fost prieten.)
În anii care i-au fost dați, a apucat să vadă
cum se năștea propria luiCulegere de Poezii
dar și cum ele
au îmbătrânit și au murit.

* Numele unei persoane, (tradus literal: “Nemuritorul”)

Traducere: Gabriela Căluțiu Sonnenberg
Translation into Romanian by Gabriela Căluțiu Sonnenberg

***

AMRUTLAL/NIEŚMIERTELNY *

Zielonym, a niekiedy czerwonym atramentem
Amrutlal bardzo uważnie, misternym pismem
notował swoje wiersze
do oprawionego w skórę dziennika.
Nierazmiewałkoszmary
że umiera od zarazy,
że jego wiersze nigdy nie zostały wydane
nawet ich nie odnaleziono.

Amrutlal żył jednakdługim życiem.
(Był moim przyjacielem)
Zażycia
zobaczył narodziny swychWierszy zebranych.
Ale zobaczył też,
jak się starzeją i umierają.
.
* Imię osobowe w Indiach (dosłownie ‘Nieśmiertelny ‘)

Przekład na polski: Mirosław Grudzień – Małgorzata Żurecka
Translation into Polish by : Mirosław Grudzień – Małgorzata Żurecka

***

ΑΜΡΟΥΤΛΑΛ ο Ποιητής

Με πράσινο μελάνι, και μερικές φορές κόκινο
έγραφε τα ποιήματα του ο Αμρουτλάλ
στο ημερολόγιο με το δερμάτινο κάλυμα.

Μερικές φορές είχε κι εφιάλτες
πως είχε πεθάνει από λιμό
και πως κανείς δεν είχε βρει
τα ποιήματα του.

Μα ο Αμρουτλάλ έζησε πολλά χρόνια
(ήταν και φίλος μου)
Έζησε να δει μια συλλεκτική έκδοση
όλων των ποιημάτων του
αλλάέζησεναδεικαιτηνπαρακμήτους.

* Name of a person. (Literally, ‘Immortal.’)

ΜετάφρασηΜανώληΑλυγιζάκη
Translation into Greek by Manolis Aligizakis

***

阿姆鲁特拉尔 *

用绿墨水,有时用红墨水,
阿姆鲁特拉尔会非常仔细,工整地,
写下他的诗歌
在一个皮革壳的日记本里。
他曾做过一个噩梦:
他死于瘟疫,
他的诗从未出版
甚至找不到了。
但阿姆鲁特拉尔活得很长。
(他曾是我的朋友。)
在他有生之年,
他看到了自己诗集的诞生。
但也看到了诗集的
衰老和死亡。
原作:印度尤达彦·特哈克
英译:尤达彦·特哈克-斯坦利·巴坎
汉译:中国周道模

*一个人的名字。(字面意思是“不朽”。)
Translation into Chinese by William Zhou

***

أمروتلال

بحبرأخضر،وأحياناأحمر،
وبخطأنيقبمنتهىالعناية،
دوّنأمروتلالقصائده،
وسطرهابدفترمذكراتمنالجلد.
أحياناكانيراودهكابوس
بأنهماتبالطاعون
ولمتنشرأشعاره
وماعثرعليهاقط.
لكنأمروتلالعاشحياةطويلة.
(فهوصديقي.)
وخلالحياتهتلك،
شهدولادةمجموعتهالشعرية.
لكنهرآهاأيضا
تشيخوتموت.

أودايانثاكر،الهند
ترجمتهعنالإنجليزيةسارةسليم
Translation into Arab by Sarah Selim

***

अमृतलाल *

हरी स्याही के साथ, कभी-कभी लाल के साथ,
अमृतलाल बहुत सावधानी से, साफ लिखावट में,

उनकी कविताएँ लिखो
एक चमड़े की बाउंड्री डायरी में।
कभी-कभी उसे बुरा सपना आता था

कि प्लेग से उसकी मृत्यु हो गई,
उनकी कविताएँ कभी प्रकाशित नहीं हुईं

मिला भी नहीं।

लेकिन अमृतलाल ने लंबा जीवन जिया।

(वह मेरा मित्र था।)
अपने जीवनकाल के दौरान,

उन्होंने अपनी एकत्रित कविताओं का जन्म देखा।

लेकिन उसने उन्हें भी देखा
उम्र बढ़ने और मरने में।

Translation into Hindi by Jyotirmaya Thakur

***

アムルトラル

緑のインクで、時々は赤のインクで
アムルトラルは革の手帳に
とても丁寧に、美しい字で
詩を書いたものだった
時々彼は悪夢を見た
自分が疫病で死ぬ夢
自分の詩が出版されない夢
さらには詩が消失する夢

アムルトラルは結局長く生きた
(彼は私の友人であった)
そして生前に詩集を出すことができた
しかし、その詩集が古くなり、
朽ちていくことも目にしなければいけなかった
*アムルトラルは人の名
(ウダヤン・タッカー,インド)

Translation into Japanese by by Dr. Manabu Kitawaki

***

امروتلال *

با جوهرى سبز، گاهى قرمز،
امروتلال با دقت بسيار ،
و دست خطى منظم،
اشعارش را مى نوشت
در دفتر خاطرات چرمى اش.
گاهى كابوس مى ديد
كه از طاعون مرده است،
و اشعارش هرگز چاپ نشده
و حتى پيدا نشده.

اما امروتلال عمری طولانی کرد.
( او دوستم بود.)
در زمان حياتش،
او تولد مجموعه اشعارش را ديد.
اما مرگ و پير شدنشان را هم دید.

اودايان تاكر، هند
ترجمه: سپیده زمانی

* نام شخص ( ادبی، جاودانی.

Translation into Farsi by Sepideh Zamani

***

Амрутлал*

Със зелено мастило, понякога с червено,
Амрутлал написа много внимателно,
с изящен почерк своите стихотворения
вбележник с кожена подвързия.
Понякога той имаше кошмар,
че умира по време на епидемия,
че стиховете му не бяха публикувани,
нито дори намерени.

Но Амрутлал живя дълъг живот.
(Той беше мой приятел.)
Докато беше жив
той видя раждането на своите „Събрани съчинения“.
Но той също ги видя
даостаряватида умират.

превод от английски: Иван Христов
Translation into Bulgarian by Ivan Hristov

***

EILÍFUR

Með grænu bleki og stundum rauðu
skrifaði Eilífur ljóðin sín
vandlega með snoturri rtithönd
í dagbók með leðurbandi.
Stundum fékk hann martröð
og fannst hann deyja í plágunni,
og að ljóðin hans væru aldrei gefin út
og fyndust ekki einu sinni.

En Eilífur lifði langa ævi.
(Hann var vinur minn.)
Og hann lifði það
að sjá Heildarsafn ljóða sinna gefið út.
En hann sá þau líka
eldast og deyja.

Translation into Icelandic by Þór Stefánsson

***

Амрутлал *

Зелеными и красными чернилами
записывал Амртулал свои стихи.
Сверхаккуратно, четкимпочерком
в красивой кожаной тетради.
Бывало, ночьювидел онкошмары,
чтоумираетотчумы,
а стихи так и не опубликованы,
никто их даже не нашел.

Но Амрутлал прожил долгую жизнь.
(Яснимдружил).
За свою долгую жизнь виделон
как рождался Сборник его стихов,
и также видел он,
как его стихистарились и умирали.

* Имя человека (буквально «Бессмертный»)

ПереводнарусскийязыкДарьиМишуевой
Translation into Russian by Daria Mishueva

***

AMRUTLAL *

Kulayberdengtinta, minsankulay pula
MaingatnamaingatsiAmrutla, samaayosnasulatkamayisinusulatniya angkanyangmgatulasakanyangtalaarawangtakipnayarisabalat ng hayop.
Minsanbinabangungotsiyanasiya ay namataysasalot,
at ang kanyangmgatula ay hindinailathalahindi man natagpuan.
Pero mahaba ang nagingbuhayniAmrutlal (Siya ay akingkaibigan)
Sa panahongsiya ay nabubuhay,
Nakita niya ang pagsilang ng mgakoleksyonn’yangtula.
Subalitnakitarinniyaitongtumanda at namatay.

* Name of a person. (Literally, ‘Immortal.’)

Translation into Filipino by Eden Soriano Trinidad

***

נצח *

בִּדְיוֹיְרֻקָּה, לִפְעָמִיםאֲדֻמָּה,
נֶצַח,בִּזְהִירוּתרַבָּה, בִּכְתַב-יָדמְסֻדָּר,
כּוֹתֵבאֶתשִׁירָיו
בְּיוֹמָןבִּכְרִיכַת-עוֹר.
לִפְעָמִיםהָיָהלוֹסִיּוּט-לַיְלָה
שֶׁהוּאמֵתבְּמַגֵּפָה,
שֶׁשִּׁירָיולֹאפֻּרְסְמוּמֵעוֹלָם
אֲפִלּוּלֹאנִמְצְאוּ.

אֲבָלנֶצַחחַיחַיִּיםאֲרֻכִּים
(הוּאהָיָהחֲבֵרִי).
בִּימֵיחַיָּיו
רָאָהאֶתהַלֵּדָהשֶׁלמִבְחָרשִׁירָיו.
אַךְהוּאגַּםרָאָהאוֹתָם
מַזְקִינִיםוּמֵתִים.

Translation into Hebrew by Dorit Weissman

***

அம்ருத்லால்

பச்சை மையினால், சில நேரங்களில் சிகப்பு
அம்ருத்லால் கவனமாக , அழகான கையெழுத்தில்
அவருடைய கவிதைகளை எழுதுவார்
ஒரு அழகாக பைண்டான டயரியில் நாள் குறிப்பேட்டில்
சிலநேரங்களில் கொடுங்கனவு வரும்
அவர் ப்ளேக் -கொள்ளை நோயால் இறந்ததாக.
அவருடைய கவிதைகள் என்றுமே பிரசுரிக்கப்படாமலே
எங்கு இருக்கிறது என்பது கூடத்தெரியாமல்.
ஆனால் அம்ருத்லால் நீண்ட வாழ்க்கை வாழ்ந்தார்
(அவர் எனது நண்பர்)
அவரது வாழ்நாட்களில்
அவரது கவிதைத் தொகுப்பு பிறந்ததைக் கண்டார்
அவைகளும் யது ஆகி இறந்ததையும்
கண்டார்.

Translation into Tamil by by Dr. N V Subbaraman

***

AMRUTLAL *

Bi divîtakesk, carna bi yasor,
Amrutlalhelbestênxwe
pirbibaldarî û bipaqijî di deftereke
bergpêstkirî, rojmêrî de dinivisîn.
Carnaewdikete nav şevbestê,
kuewê bi reşavêbimire,
û helbestênwînetênebelavkirin,
netênaskirin.

Lê Amrutlaljiyanekdirijbihurand.
(Ewdostê min bû).
Di salênjiyanaxwe de
wîderketinaçapa
helbestênxwedît
wîpîrîtî û mirin jîdît.

Navêmirov e, bi wateyanemir,

Translation into Kurdish by Hussein Habasch

***

অমৃতলাল *
কখনোসবুজআবারকখনোলালকালিতে,
অমৃতলালখুবযত্নেরসাথেপরিচ্ছন্নহাতেরলেখায়,
রচনাকরতেনতাঁরকবিতাগুলি
তারচামড়ারবাধাইকরাডাইরিতে।
কখনোতারদুঃস্বপ্নে
তিনিমৃত্যুবরণকরতেনপ্লেগমহামারীতে,
আরতারকবিতাগুলিকখনোহতোনাপ্রকাশিত
কখনো আরখুঁজেপাওয়াযেতনাতারকবিতাগুলিকে।
কিন্তুঅমৃতলালদীর্ঘজীবীছিলেন।
(তিনিছিলেনআমারসখা।)
তারজীবদ্দশায়,
তিনিদেখেছিলেনতারসংগ্রহীতকবিতাগুলোরপ্রকাশ
তবেতিনিপ্রত্যক্ষকরেছেনতারকবিতাগুলির
বার্ধক্যআরমৃত্যু।
উদয়নথ্যাকার,ভারত
অনুবাদ:উদয়নথ্যাকার- স্ট্যানলিবারকান
* একজনব্যক্তিরনাম। (সাহিত্যিক, ‘অমর।’)

Translation into Bangla by Tabassum Tahmina Shagufta Hussein

***

Amrutal*

Bhreacadh Amrutal síos a chuid dánta
I ndúch glas, uaireanta dearg,
É an-chúramach, lámhscríbhneoireacht néata,
Ina dhialann de chumhdach leathair.
Thagadh tromluí uafásach air anois is arís
Gur cailleadh sa phlá é
Nár foilsíodh a chuid dánta
I ndiaidh a bháis
Nár thángthas orthu fiú

Ach bhí saol fada ag Amrutal
(Cara liom ab ea é)
Le linn dó a bheith beo
Chonaic sé a bhailiúchán dánta i gcló
Chonaic sé ag dul in aois é chomh maith
Is ag fáil bháis

[*ainm duine a chiallaíonn ‘Neamhbhásmhar’ sa Ghúisearáitis].

Translation into Irish by Gabriel Rosenstock

***

અમરતલાલ

અમરતલાલ બહુ ચીવટથી કવિતા લખતા
અને લખ્યા પછી નોટબુકમાં ઉતારી લેતા
એમને ઘણી વાર એક ભયાનક સ્વપ્ન આવતું

સ્વપ્ન પણ કેવું ?
તો કે પોતે જાણે મરકીના રોગમાં મરી ગયા
ને પોતાની કવિતાઓ છપાઈ કે વંચાઈ નહીં
અરે, કોઈને હાથ જ ન ચડી !
પણ અમરતલાલ સ્વયં તો ઘણું લાંબુ જીવ્યા
(મારા મિત્ર હતા )
પોતાની જિંદગી દરમિયાન તેમણે
પોતાના કાવ્યસંગ્રહને
જન્મતો, વૃદ્ધ થતો
અને મરતો જોયો.

-ઉદયન ઠક્કર

Translation into Gujarati by by Udayan Thakker

(Udayan Thakker)

 

Recueil: ITHACA 651
Editions: POINT
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Coeur de bois (René de Obaldia)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2020



Illustration
    
Coeur de bois

Amandine si hautaine
Amandine au coeur de bois
Ce soir, je serai ton Roi.
Si tu veux, tu seras la Reine.

J’ai ôté mon tablier
J’ai mis mes plus beaux souliers
Dans ma poche des sous neufs
Pour les distribuer aux veufs

Comme trône j’ai le fauteuil
Du Grand Oncle Cancrelat
Qui fume dans son cercueil
Une pipe en chocolat.

Ma couronne vif argent
Vient tout droit du pâtissier.
Sur mes épaules flotte un drap
On se cachera dedans.

Le fauteuil est à roulettes
Quelle aubaine pour un Roi !
Je le déplace et les traîtres
Frappent au mauvais endroit.

Amandine, tes yeux verts
Illuminent toutes mes nuits.
Je voudrais t’écrire en vers
Quand je serai plus instruit

Amandine, tu m’as dit .
« Je viendrai sept heures sonnées.
Je viendrai dans ton grenier
Avec ma chemise à plis. »

L’heure passe et je suis là
Ma couronne pour les rats !
Ah ! ce bruit de patinette !
Mais non, ce n’est pas ici.

Le sang me monte à la tête
J’entends les cloches aussi.
Et pourtant, je suis le Roi !
Tu devrais, genou en terre,

Baiser le bout de mon drap
Et pleurer pour la manière !
« Madame, relevez-vous »
Te dirai-je noblement !

Et sur tes lèvres de houx
T’embrasserai jusqu’à cent.
L’heure fuit , mes oripeaux
Juste bons pour les corbeaux !

Amandine, tu te moques
Tu te ris toujours de moi.
Quand tu remontes tes socques
Je tremble et ne sais pourquoi…

Amandine, je vais mourir
Si vraiment tu ne viens pas.
Je t’ordonne de courir
De grandir entre mes bras !

Le silence, seul, répond
Aile blanche sur mon front.

Le grenier comme un navire
Se balance dans la nuit.
Le trône vide chavire
L’Oncle fume en son réduit.

Amandine sans foi ni loi
Amandine ne viendra pas.
Jamais elle ne sera Reine
D’Occident ou de Saba

Jamais elle ne régnera
Sur c’qu’il y a de plus sacré.
Peste noire ou choléra
Jamais ne pourra pleurer.

Et pourtant comme je l’aime
Amandine des chevaux d’bois
De Jean-Pierre et de Ghislaine
De tout le monde à la fois !

Et pourtant comme je l’aime
(À mes pieds tombe le drap)
Amandine si hautaine
Amandine au coeur de bois.

(René de Obaldia)

 

Recueil: Innocentines
Traduction:
Editions: Gracet & Fasquelle

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EST-CE DE L’AMOUR (Attila József)

Posted by arbrealettres sur 14 juin 2018



Illustration: Bernard Fideler
    
EST-CE DE L’AMOUR

Qu’on te regarde… et de fureur,
Mes rudes poings veulent s’abattre.
Je hais le goût du miel douceâtre.
Seul ton visage est baigné de splendeur.

Que me vaut le vent de la vie, infâme peste !
Je méprise des yeux tout l’horizon céleste.
Et quand il faut pleurer… tarde, tarde mon pleur.
Et tout sentiment m’abandonne.
Suis-je amoureux?… je ne sais plus vraiment.
Mais je sais bien que je deviens dément.
Ma lèvre de bronze frissonne,
Implore un baiser… quelques riens,
Ma lèvre s’évertue,
Mendiante et têtue.
Mais toi, sauve-toi de mes mains !
Ou je te traînerai partout, gare à ma pogne !
Youpi! je tue ! je cogne !

Orgueilleuse, regarde un peu
Ces lâches poings qui laissent des blessures.
Sur les restes des morts tout noircis par le feu,
Baise-moi follement! Et que, de mes mains dures,
J’enroule ton cheveu.
Je veux goûter ta lèvre si pulpeuse.
Qui doutait, je te prie, que tu tiendrais, heureuse,
La vie entre tes bras ? J’en suis le jeune dieu!

(Attila József)

 

Recueil: Aimez-moi – L’oeuvre poétique
Traduction: Georges Kassaï
Editions: Phébus

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Hésite (Jacques Izoard)

Posted by arbrealettres sur 29 mai 2018




    
Hésite avant d’énumérer
tes tabous, tes transes, tes terreurs…
On te croira malade de la peste
ou lépreux qu’il faut fuir.
Mais langue en bouche est rebelle.
Tu ne peux rien garder pour toi.

(Jacques Izoard)

 

Recueil: Lieux épars
Traduction:
Editions: De la Différence

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Qu’est-ce qu’on n’emportera pas au paradis ? (Jo Hoestlandt)

Posted by arbrealettres sur 30 avril 2018


P

Qu’est-ce qu’on n’emportera pas
Au paradis ?
On n’emportera pas la pauvreté,
Ni les pleurs, ni les peines,
Ni les problèmes.
On n’emportera pas les punitions,
Ni la peste, ni les prisons,
Ni la poudre à canon.

Alors, qu’emportera-t-on au paradis ?
Un peu de pluie,
Juste un peu de pluie
Pour la poésie.

(Jo Hoestlandt)


Illustration: Marc Chagall

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LE COEUR BRISÉ (John Donne)

Posted by arbrealettres sur 17 mars 2018



    

LE COEUR BRISÉ

Il est fol a lier, qui dit
Être amoureux depuis une heure :
Non que l’amour si tôt se meure,
Mais peut en moins de temps dévorer plus de dix.
Qui me croira quand je proteste
Que depuis un an j’ai la peste?
Qui ne rirait de moi si j’allais déclarer
Que j’ai vu poire à poudre au long d’un jour brûler?

Ah! c’est peu de chose qu’un coeur
Quand aux mains d’Amour il se trouve :
Tout autre mal que l’on éprouve,
Ne prenant que sa part, laisse aux autres la leur.
Lui ne vient point, mais nous arrache,
Nous avale, et jamais ne mâche;
Il fauche rangs entiers, comme un train de boulets,
Et nos coeurs sont fretin pour ce tyran brochet.

Sinon, qu’est mon coeur devenu
Le jour où je t’ai rencontrée?
J’en avais un à mon entrée,
Mais lorsque je sortis je n’en possédais plus.
S’il s’était mis chez toi, je gage
Qu’il eût au tien appris l’usage
D’un peu plus de pitié pour moi; c’est donc, hélas,
Que comme verre Amour d’un seul coup le brisa.

Rien pourtant ne s’anéantit,
Et le vide absolu n’existe;
Je crois donc qu’en mon sein subsistent
Encor tous ces morceaux, bien qu’ils ne soient unis.
Comme on voit aux glaces brisées
Cent images rapetissées,
Mon coeur peut, en lambeaux, désirer, adorer,
Mais après tel amour il ne peut plus aimer.

***

THE BROKEN HEART

He is Starke mad, who ever sayes,
That he hath beene in love an honre,
Yet not that love so soone decayes,
But that it can tenne in Jesse space devour;
Who will beleeve mee, if I sweare
That I have had the plague a yeare 1
Who would not laugh at mee, if I should say,
I saw a flaske of powder burne a day?

Ah, what a trifle is a heart,
If once into loves hands it come !
All other griefes allow a part
To other griefes, and aske themselves but some
They come to us, but us Love draws,
Hee swallows us, and never chawes:
By him, as by chain’d shot, whole rankes doe dye,
He is the tyran Pike, our hearts the Frye.

If ’twere not so, what did become
Of my heart, when I first saw thee ?
I brought a heart into the roome,
But from the roome, I carried none with mee:
If it had gone to thee, I know
Mine would have taught thine heart to show
More pitty unto mee: but Love, alas,
At one first blow did shiver it as glasse.

Yet nothing can to nothing fall,
Nor any place be empty quite,
Therefore I thinke my breast hath all
Those peeces still, though they be not unite;
And now as broken glasses show
A hundred lesser faces, so
My ragges of heart can like, wish, and adore,
But after one such love, can love no more.

(John Donne)

 

Recueil: Poèmes
Traduction: J.Fuzier et Y. Denis
Editions: Gallimard

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Proverbes de l’Enfer (1) (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2017



Illustration: William Blake
    
Proverbes de l’Enfer (1)

Étudie au temps des semailles, enseigne à la moisson,
amuse-toi en hiver.

Fais passer ta charrette et ta charrue sur les os des morts.

Le chemin de l’excès mène au palais de la sagesse.

La Prudence est une vieille fille, riche et laide,
courtisée par l’Impuissance.

Qui désire et n’agit pas engendre la peste.

Le ver coupé pardonne à la charrue.

Plonge dans la rivière celui qui aime l’eau.

Un sot ne voit pas le même arbre qu’un sage.

Celui dont le visage est sans lumière
ne deviendra jamais étoile.

***

In seed time learn, in harvest teach, in winter enjoy.
Drive your cart and your plow over the bones of the dead.
The road of excess leads to the palace of wisdom.
Prudence is a rich ugly old maid courted by Incapacity.
He who desires but acts not, breeds pestilence.
The cut worm forgives the plow.
Dip him in the river who loves water.
A fool sees not the same tree that a wise man sees.
He whose face gives no light, shall never become a star.

(William Blake)

 

Recueil: William Blake
Traduction: Georges Bataille
Editions: Fata Morgana

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Amour, tu es aveugle et d’esprit et de vue (Philippe Desportes)

Posted by arbrealettres sur 11 mai 2017



Lauri Blank -    (28)

Amour, tu es aveugle et d’esprit et de vue,
De ne voir pas comment ta force diminue,
Ton empire se perd, tu révoltes les tiens,
Faute de ne chasser une infernale peste
Qui fait que tout le monde à bon droit te déteste,
Pour ne pouvoir jouir sûrement de tes biens.

C’est de ton doux repos la mortelle ennemie,
C’est une mort cruelle au milieu de la vie,
C’est un hiver qui dure en la verte saison,
C’est durant ton printemps une bise bien forte,
Qui fait sécher tes fleurs, qui tes feuilles emporte,
Et, parmi tes douceurs, une amère poison.

Car, bien que quelque peine en aimant nous tourmente,
Si n’est-il rien si doux, ne qui plus nous contente,
Que de boire à longs traits le breuvage amoureux ;
Les refus, les travaux, et toute autre amertume
D’absence ou de courroux font que son feu s’allume
Et que le fruit d’amour en est plus savoureux.

Mais quand la Jalousie envieuse et dépite
Entre au coeur d’un amant, rien plus ne lui profite,
Son heur s’évanouit, son plaisir lui déplaît,
Sa clarté la plus belle en ténèbres se change :
Amour, dont il chantait si souvent la louange,
Est un monstre affamé qui de sang se repaît.

Hélas ! je suis conduit par cette aveugle rage ;
Mon coeur en est saisi, mon âme et mon courage.
Elle donne les lois à mon entendement,
Elle trouble mes sens d’une guerre éternelle,
Mes chagrins, mes soupirs, mes transports viennent d’elle,
Et tous mes désespoirs sont d’elle seulement.

Elle fait que je hais les grâces de Madame ;
Je veux mal à son oeil, qui les astres enflamme,
De ce qu’il est trop plein d’attraits et de clarté,
Je voudrais que son front fût ridé de vieillesse ;
La blancheur de son teint me noircit de tristesse
Et dépite le Ciel, voyant tant de beauté.

Je veux un mal de mort à ceux qui s’en approchent
Pour regarder ses yeux qui mille amours décochent,
A ce qui parle à elle, et à ce qui la suit.
Le Soleil me déplaît, sa lumière est trop grande ;
Je crains que pour la voir tant de rais il épande,
Mais si n’aimai-je point les ombres de la nuit.

Je ne saurais aimer la terre où elle touche,
Je hais l’air qu’elle tire et qui sort de sa bouche,
Je suis jaloux de l’eau qui lui lave les mains,
Je n’aime point sa chambre, et j’aime moins encore
L’heureux miroir qui voit les beautés que j’adore,
Et si n’endure pas mes tourments inhumains.

Je hais le doux sommeil qui lui clôt la paupière,
Car il est (s’ai-je peur) jaloux de la lumière
Des beaux yeux que je vois, dont il est amoureux.
Las ! il en est jaloux et retient sa pensée,
Et sa mémoire, aussi, de ses charmes pressée,
Pour lui faire oublier mon souci rigoureux.

Je n’aime point ce vent qui, folâtre, se joue
Parmi ses beaux cheveux, et lui baise sa joue.
Si grande privauté ne me peut contenter.
Je couve au fond du coeur une ardeur ennemie
Contre ce fâcheux lit, qui la tient endormie
Pour la voir toute nue et pour la supporter.

Je voudrais que le ciel l’eût fait devenir telle
Que nul autre que moi ne la pût trouver belle.
Mais ce serait en vain que j’en prierais les Dieux,
Ils en sont amoureux : et le ciel qui l’a faite,
Se plaît, en la voyant si belle et si parfaite,
Et prend tant de clarté pour mieux voir ses beaux yeux.

(Philippe Desportes)

Illustration: Lauri Blank

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