Posted by arbrealettres sur 26 février 2020

Villanelle
Rosette, pour un peu d’absence,
Votre cœur vous avez changé,
Et moi, sachant cette inconstance,
Le mien autre part j’ai rangé :
Jamais plus, beauté si légère
Sur moi tant de pouvoir n’aura :
Nous verrons, volage bergère,
Qui premier s’en repentira.
Tandis qu’en pleurs je me consume,
Maudissant cet éloignement,
Vous qui n’aimez que par coutume,
Caressiez un nouvel amant.
Jamais légère girouette
Au vent si tôt ne se vira :
Nous verrons, bergère
Rosette,
Qui premier s’en repentira.
Où sont tant de promesses saintes,
Tant de pleurs versés en partant?
Est-il vrai que ces tristes plaintes
Sortissent d’un cœur inconstant?
Dieux! que vous êtes mensongère!
Maudit soit qui plus vous croira !
Nous verrons, volage bergère,
Qui premier s’en repentira.
Celui qui a gagné ma place
Ne vous peut aimer tant que moi;
Et celle que j’aime vous passe
De beauté, d’amour et de foi.
Gardez bien votre amitié neuve,
La mienne plus ne variera,
Et puis, nous verrons à l’épreuve
Qui premier s’en repentira.
(Philippe Desportes)
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Posted in poésie | Tagué: (Philippe Desportes), absence, aimer, amant, amitié, amour, éloignement, épreuve, beauté, berger, caresser, changer, coeur, croire, foi, gagner, garder, girouette, inconstance, inconstant, léger, maudire, mensonger, part, partir, place, plainte, pleur, pouvoir, promesse, ranger, saint, savoir, se consumer, se repentir, sortir, triste, varier, vent, virer, volage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 juin 2019
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Posted by arbrealettres sur 18 juin 2019

A pas lents et tardifs tout seul je me promène
Et mesure en rêvant les plus sauvages lieux ;
Et pour n’être aperçu, je choisis de mes yeux
Les endroits non frayés d’aucune trace humaine.
Je n’ai que ce rempart pour défendre ma peine,
Et cacher mon désir aux esprits curieux
Qui, voyant par dehors mes soupirs furieux,
Jugent combien dedans ma flamme est inhumaine.
Il n’y a désormais ni rivière ni bois,
Plaine, mont ou rocher, qui n’ait su par ma voix,
La trempe de ma vie à toute autre célée.
Mais j’ai beau me cacher je ne puis me sauver
En désert si sauvage ou si basse vallée
Qu’amour ne me découvre et me vienne trouver.
(Philippe Desportes)
Illustration: Mark Berens
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Philippe Desportes), amour, aperçu, bois, cacher, découvrir, désir, endroit, flamme, inhumaine, lent, plaine, rêver, rivière, rocher, sa sauver, sauvage, se cacher, se promener, seul, soupir, tardif, trempé, trouver, vallée, vie, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 juin 2019

Sommeil, paisible fils de la Nuit solitaire,
Père alme, nourricier de tous les animaux,
Enchanteur gracieux, doux oubli de nos maux,
Et des esprits blessés l’appareil salutaire :
Dieu favorable à tous, pourquoi m’es-tu contraire ?
Pourquoi suis-je tout seul rechargé de travaux,
Or que l’humide nuit guide ses noirs chevaux,
Et que chacun jouit de ta grâce ordinaire ?
Ton silence où est-il ? ton repos et ta paix,
Et ces songes volant comme un nuage épais,
Qui des ondes d’Oubli vont lavant nos pensées ?
Ô frère de la Mort, que tu m’es ennemi !
Je t’invoque au secours, mais tu es endormi,
Et j’ards, toujours veillant, en tes horreurs glacées.
(Philippe Desportes)
Illustration: Caroline Duvivier
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Posted in poésie | Tagué: (Philippe Desportes), aimer, chevaux, contraire, Dieu, enchanteur, endormi, ennemi, fils, frère, grâce, guider, horreur, invoquer, jouir, mort, nourricier, nuit, onde, oubli, paisible, paix, père, repos, secours, silence, solitaire, sommeil | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 juin 2019

Amour en même instant m’aiguillonne et m’arrête,
M’assure et me fait peur, m’ard et me va glaçant,
Me pourchasse et me fuit, me rend faible et puissant,
Me fait victorieux et marche sur ma tête.
Ores bas, ores haut, jouet de la tempête,
Il va comme il lui plait mon navire élançant :
Je pense être échappé quand je suis périssant,
Et quand j’ai tout perdu, je chante ma conquête.
De ce qui plus me plait, je reçois déplaisir ;
Voulant trouver mon coeur, j’égare mon désir ;
J’adore une beauté qui m’est toute contraire ;
Je m’empêtre aux filets dont je me veux garder :
Et voyant en mon mal ce qui me peut aider,
Las! je l’approuve assez, mais je ne le puis faire.
(Philippe Desportes)
Illustration: Karol Bak
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Philippe Desportes), aider, aiguillonner, amour, approuver, arrêter, assurer, bas, chanter, coeur, conquête, déplaisir, faible, filet, glacer, haut, mal, marcher, navire, perdre, peur, pourchasser, puissant, trouver, victorieux | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 17 juin 2019

C’était un jour d’été de rayons éclairci,
J’en ai toujours au coeur la souvenance empreinte,
Quand le ciel nous lia d’une si ferme étreinte
Que la mort ne saurait nous séparer d’ainsi.
L’an était en sa force et notre amour aussi,
Nous faisions l’un à l’autre une aimable complainte,
J’étais jaloux de vous, de moi vous aviez crainte,
Mais rien qu’affection ne causait ce souci.
Amours, qui voletiez à l’entour de nos flammes
Comme gais papillons, où sont deux autres âmes
Qui redoutent si peu les efforts envieux ?
Où la foi soit si ferme ? où tant d’amour s’assemble ?
N’ayant qu’un seul vouloir, toujours d’accord ensemble,
Fors qu’ils se font la guerre à qui s’aimera mieux !
(Philippe Desportes)
Illustration: Nikolay Butkovskiy
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Posted in poésie | Tagué: (Philippe Desportes), accord, amour, âme, été, étreinte, coeur, complainte, crainte, effort, empreinte, ensemble, fermé, flamme, foi, force, guerre, papillon, rayon, s'aimer, séparer, souci, souvenance, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 juin 2019

Blessé d’une plaie inhumaine,
Loin de tout espoir de secours,
Je m’avance à ma mort prochaine,
Plus chargé d’ennuis que de jours.
Celle qui me brûle en sa glace,
Mon doux fiel, mon mal et mon bien,
Voyant ma mort peinte en ma face,
Feint hélas ! n’y connaître rien.
Comme un roc à l’onde marine
Elle est dure aux flots de mes pleurs :
Et clôt, de peur d’être bénine,
L’oreille au son de mes douleurs
D’autant qu’elle poursuit ma vie,
D’ennuis mon service payant,
Je la dirai mon ennemie,
Mais je l’adore en me hayant.
Las ! que ne me puis-je distraire,
Çonnaissant mon mal, de la voir ?
Ô ciel rigoureux et contraire !
C’est toi qui contrains mon vouloir,
Ainsi qu’au clair d’une chandelle
Le gai papillon voletant,
Va grillant le bout de son aile,
Et perd la vie en s’ébattant :
Ainsi le désir qui m’affole,
Trompé d’un rayon gracieux,
Fait hélas ! qu’aveugle je vole
Au feu meurtrier de vos beaux yeux.
(Philippe Desportes)
Illustration: Lori Earley
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Philippe Desportes), adorer, affoler, avancer, aveuglé, bien, blessé, brûler, clore, contraindre, désir, distraire, douleur, espoir, fiel, flot, glace, gracieux, inhumaine, mal, meurtrier, mort, oreille, papillon, peur, plaie, pleur, rayon, s'ébattre, secours, trompe, vie, voler, vouloir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 mai 2019

Las ! que me sert de voir ces belles plaines,
Pleines de fruits, d’arbrisseaux et de fleurs ;
De voir ces prés bigarrés de couleurs,
Et l’argent vif des bruyantes fontaines ?
C’est autant d’eau pour reverdir mes peines,
D’huile à ma braise, à mes larmes d’humeurs,
Ne voyant point celle pour qui je meurs,
Cent fois le jour, de cent morts inhumaines.
Las ! que me sert d’être loin de ses yeux
Pour mon salut, si je porte en tous lieux
De ses regards les sagettes meurtrières ?
Autre penser dans mon coeur ne se tient :
Comme celui qui la fièvre soutient,
Songe toujours des eaux et des rivières.
(Philippe Desportes)
Illustration: ArbreaPhotos
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Posted in poésie | Tagué: (Philippe Desportes), arbrisseau, argent, bigarré, couleur, eau, fièvre, fontaine, fruit, humeur, inhumaine, larme, las, lieu, meurtrière, mort, peine, plaine, regard, reverdir, rivière, salut, songer, soutenir | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 mai 2019

L’âpre fureur de mon mal véhément
Si hors de moi m’étrange et me retire
Que je ne sais si c’est moi qui soupire,
Ni sous quel ciel m’a jeté mon tourment.
Suis-je mort ? Non, j’ai trop de sentiment,
Je suis trop vif et passible au martyre.
Suis-je vivant ? Las ! je ne le puis dire,
Loin de vos yeux par qui j’ai mouvement !
Serait-ce un feu qui me brûle ainsi l’âme ?
Ce n’est point feu : j’eusse éteint toute flamme
Par le torrent que mon deuil rend si fort.
Comment, Belleau, faut-il que je l’appelle ?
Ce n’est point feu que ma peine cruelle,
Ce n’est point vie, et si ce n’est point mort.
(Philippe Desportes)
Illustration: Robert Liberace
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Posted in poésie | Tagué: (Philippe Desportes), appeler, âme, âpre, étrange, ciel, cruelle, deuil, feu, flamme, fureur, mal, martyre, mort, peine, retirer, sentiment, soupirer, torrent, tourment, véhément, vif | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 août 2018

Icare est chu ici, le jeune audacieux,
Qui pour voler au Ciel eut assez de courage :
Ici tomba son corps degarni de plumage,
Laissant tous braves coeurs de sa chute envieux.
Ô bienheureux travail d’un esprit glorieux,
Qui tire un si grand gain d’un si petit dommage !
Ô bienheureux malheur, plein de tant d’avantage
Qu’il rende le vaincu des ans victorieux !
Un chemin si nouveau n’étonna sa jeunesse,
Le pouvoir lui faillit, mais non la hardiesse ;
Il eut, pour le brûler, des astres le plus beau.
Il mourut poursuivant une haute aventure,
Le ciel fut son désir, la mer sa sépulture :
Est-il plus beau dessein, ou plus riche tombeau ?
(Philippe Desportes)
Illustration
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