Aucune philosophie au monde n’arrive à la hauteur d’une seule marguerite,
d’une seule ronce, d’un seul caillou
discutant comme un moine rasé
en tête à tête avec le soleil
et riant, riant, riant
(Christian Bobin)
Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2022
Aucune philosophie au monde n’arrive à la hauteur d’une seule marguerite,
d’une seule ronce, d’un seul caillou
discutant comme un moine rasé
en tête à tête avec le soleil
et riant, riant, riant
(Christian Bobin)
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Posted by arbrealettres sur 2 février 2021
PHOTOGRAPHIE (extérieur)
Auparavant la vérité
descendait la colline sur les paroles du berger ;
et les brebis n’étaient pas seules à les saisir. Je me
souviens
de ces collines vertes
sous les pluies du printemps, glaciales par vent
d’avril et lumineuses comme le soleil du nord. C’était
un matin. Les femmes préparaient encore le
four à pain — et déjà un rythme obscur annonçait
la naissance des fruits, c’est-à-dire,
l’équivoque de la faux au moment
de la récolte.
C’étaient bien ses paroles. Un
mouvement qui parcourait la surface
des rizières, qui ridait l’échine
des dunes, qui repoussait les mouettes vers
l’estuaire. Cependant, les vieux
le comprenaient; et quelques innocents, dont
l’esprit se confondait à la transparence
de l’eau, répétaient ce qu’il disait en un murmure
de ruisseau. Mais ce n’était pas à eux qu’il
s’adressait.
Il évita l’ambiguïté, les sens complexes
de la philosophie, le fond noir
du poème. De fait, il n’allait jamais jusqu’au bout
de ses histoires — comme s’il ne pouvait pas
les terminer.. ou qu’il ne savait plus rien, au-delà
de ce que nous savons, maintenant que nous sommes peu
à se souvenir de lui. Moi, pourtant, je l’ai revu —
assis sur ce banc de gare, feuilletant un vieux
journal et suçant un vieux mégot —
avec le souffle avide d’un apprenti
en hésitations.
(Nuno Jùdice)
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Posted by arbrealettres sur 15 octobre 2020
Illustration: Thérèse Bisch
L’aube serait belle
Sans la plainte
Sans ceux que l’on a fusillés
Quand le jour se lève
Sans ceux écartés
Contre toute raison de justice
La vérité ne peut pas rencontrer
La philosophie
Cette dimension ici et là
Traverse le cancer de toutes les gorges
Sous l’eau froide du lac
Grouille une vermine étincelante
Parler avec si peu
Pour ceux qui seraient beaucoup
(Gérard Lemaire)
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Posted by arbrealettres sur 2 septembre 2020
Illustration: Elena Kolotusha
Il n’y a qu’une manière aujourd’hui
de parler de spiritualité,
c’est de l’allier à l’humour, à la poésie,
à une philosophie au pied vif.
Ce qui est lourd n’a pas d’avenir.
(Christiane Singer)
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Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2020
Illustration: Gotlib
la planète serait bien plus pacifique si nous étions tous athées.
La nature humaine étant ce qu’elle est,
il est clair que d’autres prétextes ne manqueraient pas à toutes les bisbilles possibles et imaginables,
mais nous serions libérés de cette idée infantile et ridicule de croire
que notre Dieu est le meilleur de tous les dieux qu’on trouve par ici
et que le paradis qui nous attend est un hôtel cinq étoiles.
Plus encore, je crois que nous réinventerions la philosophie.
(José Saramago)
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Posted by arbrealettres sur 26 février 2019
PULVIS
Éternité, ô infini,
Toi, chaos, qui rassembles tout…
En ton vide il y a folie,
Et de nous tous tu fais des fous.
Devant toi je suis un poltron.
Eternité, ô infini,
J’aime une fille, oui, un tendron,
Apprends-moi la philosophie.
Éternité, ô infini,
Tandis que je tremble d’amour,
Tu me fais voir, triste ironie,
Un cimetière, au carrefour !
(George Bacovia)
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Posted by arbrealettres sur 24 janvier 2019
Les murs ne tombent pas
[19]
Il est peut-être même le Juif authentique
sorti de Vélasquez ;
ces paupières chez Vélasquez
sont baissées sur des yeux
qui, ouverts, méduseraient, dérouteraient
et nous frapperaient d’un ancien sentiment de culpabilité
et de peur, mais la terreur de ces yeux
voilés dans leur agonie est terminée ;
je t’assure que les yeux
du crucifié de Vélasquez
te regardent à présent dans les yeux,
et qu’ils sont ambre et qu’ils sont feu.
[20]
Or il apparaît clairement
que le Saint-Esprit,
mystérieuse énigme de l’enfance
est le Rêve ;
cette voie d’inspiration
est toujours ouverte,
et ouverte à tous ;
il agit en intermédiaire, interprète,
il explique les symboles du passé
en images d’aujourd’hui,
il fusionne l’avenir lointain
avec la plus lointaine antiquité,
énonce économiquement
en une simple équation-rêve
la plus profonde philosophie,
divulgue le secret de l’alchimiste
et suit le Mage
dans le désert.
***
He might even be the authentic Jew
stepped out from Velasquez;
those eye-lids in the Velasquez
are lowered over eyes
that open, would daze, bewilder
and stun us with the old sense of guilt
and fear, but the terror of those eyes
veiled in their agony is over;
I assure you that the eyes
of Velasquez’ crucified
now look straight at you,
and they are amber and they are fire.
Now it appears very clear
that the Holy Ghost,
childhood’s mysterious enigma,
is the Dream;
that way of inspiration
is always open,
and open to everyone;
it acts as go-between, interpreter,
it explains symbols of the past
in to-day’s imagery,
it merges the distant future
with most distant antiquity,
states economically
in a simple dream-equation
the most profound philosophy,
discloses the alchemist’s secret
and follows the Mage
in the desert.
(Hilda Doolittle)
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Posted by arbrealettres sur 16 décembre 2018
Ce Monde n’est pas une Conclusion.
Il y a une Vie au-delà –
Invisible – comme la Musique –
Mais positive – comme le Son –
Elle fait signe, elle déconcerte –
La Philosophie – connaît pas –
Et, à travers une Enigme, enfin –
La Sagacité finit par se faufiler –
La deviner tourmente les clercs –
Pour l’avoir, les Hommes ont enduré
Le mépris des Générations
Et la Crucifixion montré du doigt –
La Foi glisse – et rit reprend des forces –
Rougit, devant témoin –
Tire sur une brindille de Preuve –
Demande à une Girouette, le chemin –
Des grands Gestes, de la Chaire –
Roulent de puissants Alléluias –
Aucun Narcotique pour calmer la Dent
Qui grignote l’âme –
(Emily Dickinson)
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Posted by arbrealettres sur 15 octobre 2018
Prologue
De la pensée aux mots,
un monde.
Dès qu’ils viennent en gros,
la ronde.
De la phrase à la phrase,
la stance.
Des couplets qui s’embrasent,
la danse.
Du chagrin à l’oubli,
un antre.
Sous toute philosophie,
le ventre.
Des coulisses aux décors,
un voile.
Du trépas à la mort,
un râle.
De la graine à l’épi,
un germe.
Du néant à la vie,
le sperme.
Du mineur au ministre,
un rang.
Et du lord jusqu’au cuistre,
un temps.
Du génie au crétin,
un gène.
Du raté au malin,
la veine.
Du gendarme au voleur,
un rôle.
En tout un, son tricheur,
son drôle.
Du vice à la vertu,
un tour.
De la mode au rebut,
un jour.
De ta main à la mienne,
un choix.
De l’amour à la haine,
un pas.
De la phrase à la phrase,
la stance.
Des couplets qui s’embrasent,
la danse !
(Esther Granek)
Posted in poésie | Tagué: (Esther Granek), antre, épi, chagrin, couplet, crétin, cuistre, danse, décor, génie, gêne, germe, graine, lord, mer, mineur, ministre, mode, mot;monde, oubli, pensée, philosophie, phrase, prologue, râle, ronde, s'embraser, temps, trépas, veine, ventre, voile | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2018
Il ne suffit pas d’ouvrir la fenêtre
Pour voir les champs et la rivière.
Il n’est pas suffisant de ne pas être aveugle
Pour voir les arbres et les fleurs.
Il faut n’avoir aucune philosophie.
Quand il y a philosophie, il n’y a pas d’arbres: il y a des idées sans plus.
Il n’y a que chacun de nous, à la manière d’une cave.
Il n’y a qu’une fenêtre fermée, avec le monde entier au-dehors;
Ainsi qu’un rêve de ce qui pourrait être vu si la fenêtre s’ouvrait,
et qui n’est jamais ce qui est vu lorsque s’ouvre la fenêtre.
(Fernando Pessoa)
Posted in méditations | Tagué: (Fernando Pessoa), arbre, au-dehors, aveuglé, cave, champs, fenêtre, fleur, idées, monde, ouvrir, philosophie, rêve, rivière, s'ouvrir, voir | Leave a Comment »